Bardes et Sirènes – Anthologie 2014 des Imaginales dirigée par Sylvie Miller & Lionel Davoust

bardes et sirènesRésumé : Ensorceleuses précipitant les marins à leur perte, ou symboles d’un amour inaccessible, les sirènes fascinent autant que les abysses dont elles sont issues. Pour ces maîtresses du chant, la rencontre du barde est inévitable ; artisans des mots et de la musique, usés par la route et les tragédies, ils tissent eux même sur le cœur des hommes leurs propres enchantements… Toutes les nuances de la fantasy sont au rendez-vous de Bardes et Sirènes : des racines médiévales du genre à notre époque désenchantée, onze rencontres épiques, émouvantes, drôles ou cruelles vous attendent !

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Depuis 2011 environ j’ai l’habitude de craquer, assez facilement c’est vrai, pour l’anthologie des Imaginales. D’une cela me permet de faire le tour des auteurs présents (d’ailleurs dommage que tous les écrivains au sommaire ne soient pas toujours présents) et de deux elle permet de découvrir une variété de textes, souvent plaisants, sur un thème bien précis. Cette année le thème choisi m’a surpris, j’avoue, il s’agit de Bardes et Sirènes. J’avais donc hâte de découvrir ces différentes nouvelles. Comme l’année dernière cette lecture a bénéficié d’une LC avec Snow et Mariejuliet, aux emplois du temps de Ministres, mais qui c’est révélé très agréable avec de bonnes discussions. À noter que ce recueil comporte au sommaire 11 nouvelles, ainsi qu’un préface qui effectue un peu le bilan de l’anthologie depuis ses débuts ; un passage de flambeau pour les prochains anthologistes .

La Boite à Musique de Carina Rozenfeld : On se retrouve dans cette nouvelle à suivre un barde qui commence à se faire une réputation grâce principalement à sa boite à musique qui reproduit le chant d’une sirène. J’avoue que j’ai trouvé cette nouvelle assez sympathique, nous proposant un récit plutôt efficace et charmant, avec aussi quelques réflexions sur le besoin de l’homme de ne pas reconnaitre le bonheur là où il est, mais plutôt passer son temps à chercher la gloire et la reconnaissance. Dommage que l’ensemble soit peut-être un peu trop gentil, surtout pour la conclusion. Je trouve que cette nouvelle ouvre bien ce recueil, offrant un texte assez doux, agréable et calme.

Plaie Etoilée de Samantha Bailly : Ce texte nous fait découvrir un barde qui possède une drôle de plaie étoilée sur le front. Je suis plutôt mitigé sur ce texte, pourtant dans l’ensemble je l’ai apprécié, mais voilà pour moi il y avait énormément de potentiel que l’auteur ne fait finalement qu’esquisser, comme par exemple cette plaie sur le front ou encore les fameuses « histoires » misent en flacons, l’ensemble aurait pu apporter tellement plus que ça en est légèrement frustrant. Maintenant cela n’empêche pas ce texte de se révéler sympathique à lire, bien rythmé et quand même efficace, amenant le lecteur vers une conclusion certes sans surprise mais intéressante.

Tant que nous Demeurons Ensemble de Yann de Saint-Rat : Cette nouvelle se révèle assez intéressante sur certains points, nous faisant découvrir des sirènes guerrières qui kidnappent régulièrement des humains pour en faire des esclaves ou comme réserve de nourriture. J’avoue que l’idée de transformer les sirènes en monstre guerrier plutôt qu’en tentatrice par leurs charmes ou leurs voix m’a paru intéressant, faisant des humains du bétail apeuré, mais le reste se révèle très (trop) classique j’ai trouvé, avec une conclusion qu’on voit venir dès le début. Un texte tout de même agréable, mais qui, comme les précédents, a du mal à complètement m’emporter et à se dégager.

La Tête de Singe d’Estelle Faye : J’ai énormément apprécié cette nouvelle, sûrement selon moi une des meilleures du recueil, nous proposant de découvrir la fuite d’une jeune fille qui va faire face à de nombreux obstacles. La force du récit est, cette fois, de ne pas mettre le barde et la sirène au milieu de l’intrigue, mais comme simple élément d’évolution pour l’histoire. L’intrigue joue avec le lecteur, l’amenant vers des fausses pistes, des rencontres déroutantes, pour mieux rebondir et happer le lecteur. L’univers mis en place par son aspect mythologique est clairement dense et soigné, avec cette originalité sur les sirènes, et le tout est magnifiquement porté par une plume que j’ai trouvé superbe et sensuelle. Les personnages se révèlent intéressants et surprenants par bien des aspects. Certes l’ensemble reste, sur certains aspects, ouvert, mais je trouve que cela ajoute du charme au récit et à l’imagination. Une nouvelle réussie.

Au Bar des Sirènes de Frédéric Petitjean : J’avoue, je n’ai pas du tout accroché à ce texte. Il nous fait découvrir un barde solitaire dans un univers ou les êtres de légende disparaissent de plus en plus. Le début se révélait pourtant sympathique, proposant une vision du monde féérique pleine d’ironie et de perdition, mais l’ensemble se révèle très rapidement trop simpliste et surtout un peu trop guimauve et rose bonbon à mon goût. De plus j’avoue que certaines réactions de personnages m’ont paru des plus étonnantes et déroutantes. L’univers décrit par l’auteur m’a aussi paru un peu trop surfait, un peu trop cinéma hollywoodien je pense, ce qui n’est pas illogique vu que l’auteur a travaillé sur des séries américaines, mais qui ne m’a pas accroché plus que cela. Dommage.

La Mise en Pièces de Maïa Mazaurette : Comme souvent l’auteur nous propose une nouvelle qui se révèle efficace, entrainante, sanglante, sombre et pleine de surprises et de rebondissements. On suit ici un barde, amant d’une reine sanguinaire et décadente, qui lui conte une histoire sur les sirènes, mais qui est dans l’attente de quelque chose de bien particulier. La tension monte lentement au fil des pages, de l’attente du héros et des révélations qui se dévoilent, pour mieux captiver le lecteur, le dérouter, et même si la conclusion est devinable dans les grandes lignes ça ne l’empêche pas de se révéler percutante et surprenante. La caractérisation des personnages est bien réussie, qu’on les apprécie ou pas on tourne les pages avec envie de savoir ce qui va leurs arriver. Un texte que j’ai trouvé au final très réussi, bien porté par une plume vive et efficace.

Tant qu’il y Aura des Sirènes de Régis Goddyn : Cette nouvelle m’a un peu dérouté par certains aspects et, j’avoue, au final j’en ressors avec un sentiment mitigé même si plutôt positif. En fait j’ai trouvé que les idées sont là avec ce concept de nous présenter les sirènes comme en voie d’extinction dans un monde futuriste qui se délétère, mais voilà la présentation, sur trois lignes temporelles, m’a paru par moment trop brusques, manquant parfois de logique et le style ainsi que la narration m’ont paru par moment un peu trop hachés pour complètement m’accrocher. Au final un texte pas mauvais, plein de potentiel, mélange des genres, avec de bonnes idées et des réflexions intéressantes sur l’écologie, mais qui sur la forme m’a parue un peu trop bancal pour complètement me happer.

Le Chant des Autres de Mélanie Fazi : L’auteur, comme à son habitude, nous propose ici un texte que j’ai trouvé excellent et magnifique. Une nouvelle clairement originale, principalement par sa représentation du barde et de la sirène qui se révèle franchement surprenante, accrocheuse et passionnante dans un univers de fantasy urbaine qui se révèle passionnant et très intéressant à découvrir avec ses règles et ses limitations. Surtout une nouvelle poignante, touchante portée par des personnages qui se révèlent profondément humains avec leurs joies et leurs souffrances, souvent remplis de colère et de douleurs, qui doivent faire des choix. J’ai de nouveau été emporté par la plume poétique, pleine de finesse et sensible de l’auteur. Elle rentre clairement dans les meilleures nouvelles du recueil.

Le Chant du Solstice de Pierre Bordage : On retrouve ici une nouvelle que j’ai trouvé très intéressante, où on découvre un barde en manque d’inspiration, qui doit pourtant effectuer le grand chant du solstice. Mais tout va changer pour lui quand les villageois vont capturer une sirène. Un texte simple et qui se révèle efficace avec son lot de rebondissements et de retournements de situation qui font qu’on tourne les pages pour découvrir la suite même si dans l’ensemble il se révèle assez linéaire. La plume de l’auteur se révèle entrainante et efficace et les personnages offrent leur lots de surprises. Par contre, ce qui dessert un peu cette nouvelle c’est son positionnement dans l’anthologie, elle aurait gagné à être plus vers le début selon moi, et aussi, peut-être, un léger manque de profondeur dans l’ensemble.

Ci-gît mon Cœur d’Anne Fakhouri : Une nouvelle que j’ai trouvé réussie, qui nous propose de découvrir un barde qui par « chevalerie » va se retrouver à aider une sirène dont il est tombé amoureux. Mais tout n’est pas toujours ce que l’on croit. L’ensemble se révèle très bien rythmé, haletant, qui se lit assez facilement, rapidement et avec plaisir, qui happe doucement le lecteur au fil des pages pour lui donner l’envie d’en savoir plus aboutissant alors à une conclusion qui risque d’en surprendre plus d’un tant j’ai trouvé que la révélation finale était inattendue, décalée, cruelle et surtout terriblement efficace. L’ensemble se révèle maîtrisé et bien porté par une plume rythmée et haletante et où les personnages ne sont pas toujours ce qu’ils paraissent être.

Le Guetteur de Nuages de Thomas Geha : Cette nouvelle nous plonge dans un univers où les nuages sont des ennemis envahisseurs et où un barde utilise son chant pour les faire disparaitre. Mais un jour un nuage différent et beaucoup plus résistant apparait. Un texte qui m’a paru intéressant, vif et entrainant à travers cette possibilité, en méditation, de pénétrer dans les nuages et alors les faire résonner grâce au chant pour les dissoudre. L’idée de la sirène se révèle clairement originales et surprenante. Le texte possède aussi une certaine musicalité qui m’a bien accroché, ainsi qu’une légère dose d’ironie avec ce passage sur la sagesse des anciens et la fougue des plus jeunes. Là où j’ai un peu décroché c’est dans la conclusion, l’auteur ayant pris le parti pris d’offrir une sorte de happy-end, c’est un choix, mais je me dis qu’au vu du récit un final peut être un peu nuancé aurait apporté un plus à l’ensemble. Au final un texte agréable et efficace qui se lit bien.

 

Je dois bien avouer que j’ai trouvée cette cuvée 2014 un peu en dessous que celle des années précédentes. Il y a bien quelques textes qui sortent du lot mais les autres se révèlent soit simplement sympathiques sans être vraiment marquants, soit ne m’ont pas complètement accroché. Il faut aussi dire que le sujet était peut-être un peu particulier, pas obligatoirement le premier qu’on pense en parlant Imaginaire. Alors attention la lecture de ce recueil se révèle tout de même agréable et m’a aussi permis de découvrir de nouvelles plumes, juste que dans l’ensemble je l’ai trouvé un petit peu moins accrocheuse que les années précédentes.

En Résumé : J’avoue que j’avais hâte de voir ce que la cuvée 2014 allait bien proposer avec ce sujet sur Bardes et Sirènes, mais voilà, une fois la dernière nouvelle terminée je dois bien avouer que je l’ai trouvé légèrement en-dessous des années précédentes. Alors attention l’anthologie ne se révèle pas mauvaise pour autant et se révèle agréable à lire, avec quand même la présence de quelques textes qui sortent franchement du lot, mais le reste se révèle soit juste sympathique sans non plus être très marquant, soit ne m’ont pas complètement accroché malgré la variation d’idées sur le sujet. Cela vient peut-être aussi justement du choix du sujet. Cela ne m’empêchera de faire entrer dans ma PAL l’anthologie l’année prochaine.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Les avis de mes collègues de LC : Snow, Marijuliet.

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  1. Merci pour cette LC 🙂

  2. On est globalement d’accord sur les nouvelles du recueil. J’ai trouvé le thème original et peut-être pas aussi évident que les années précédentes, ce qui a peut-être joué sur les nouvelles effectivement. Je me rends compte que les textes qu’on a appréciés sont ceux qui réinventent l’image qu’on se fait des bardes et des sirènes, c’est clairement ce que je recherchais dans les nouvelles, alors que ce n’était pas forcément le cas pour Reines & Dragons par exemple. En tout cas les quelques textes qui sortent du lot valait le coup 😉

    • C’est vrai que me thème se révèle original et pas obligatoirement facile à prendre en main par son côté justement classique. D’où, je pense, le fait que j’ai plus accroché aux nouvelles qui offraient quelque chose de nouveau.

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