IRL – Agnès Marot

Résumé : Je m’appelle Chloé Blanche et j’ai grandi à Life City. Comme tous ses habitants, j’ignorais que nous étions filmés en permanence. J’ignorais que nous étions un divertissement pour des milliers et des milliers de foyers. J’ignorais que nous étions les personnages de Play Your Life, l’émission qui fait fureur hors de Life City, IRL. J’ignorais surtout à quel point nous étions manipulés. Puis j’ai rencontré Hilmi, le nouveau à la peau caramel. Le garçon qui faisait battre mon cœur, mais que ceux qui tirent les ficelles ne me destinaient pas. C’est ainsi que j’ai découvert ce que nous étions, à Life City : les personnages d’un immense jeu vidéo.

Edition : Gulf Stream

 

Mon Avis : Ce roman a atterri dans mes mains un peu, on va dire, par un concours de circonstance inattendu. A la base il avait surtout rejoint la bibliothèque de la Marmotte qui, après sa lecture, m’a annoncé que quelques points la dérangeaient et que, si je le lisais, on pourrait en discuter plus facilement. Au vu du quatrième de couverture très SF, proposant manipulation et réflexions sur la technologie et plus principalement sur les IA, j’avoue je me suis facilement laissé tenter et décidé de lui laisser une chance. Le livre est en soit un très bel objet, comme souvent avec l’éditeur Gulf Stream qui, je trouve, propose régulièrement des maquettes très réussies avec des couvertures accrocheuses. Alors, je m’excuse par avance mais pour faire ma chronique je vais devoir spoiler.

Ce roman va ainsi nous plonger dans le quotidien de Chloé Blanche, jeune adolescente qui va prochainement passer le bac. Un jour elle va découvrir découvrir que sa vie est entièrement filmée. Pire elle va apprendre par la suite qu’elle est en fait programme informatique et que tous ces faits et gestes ne lui appartiennent pas obligatoirement, pouvant être dirigée par un humain IRL. Sa vie va alors être complètement bouleversé et elle va alors tout faire pour changer cela. Bon, je suis désolé, mais une fois la dernière page tournée je dois admettre que je n’ai pas du tout accroché à ce récit. Je n’ai jamais réussi à y entrer complètement dedans alors que, je ne peux pas le nier, il possède tout de même quelques bonnes idées. Alors vous allez peut-être vous dire que je ne suis pas un gros lecteur de livres ados et jeunesses, par conséquent je n’étais pas obligatoirement le lecteur cible. C’est vrai, je vous l’accorde. Sauf que là, pour moi, ce n’est pas qu’une question d’attente et de regret face à la simplicité d’un récit pour un public plus jeune. Non. Pour faire simple les nombreuses incohérences, impossibilités, facilités et deux ex machina font que pour moi ce roman ne tient pas debout. Même les réflexions que tentent de soulever l’auteur n’ont jamais réussi à faire mouche, manquant de complexité.

Outre le fait du démarrage clairement convenu, présentant une héroïne à la vie difficile, abandonnée par son père, faisant plutôt parti du groupe des laissés pour compte, mais qui a comme meilleures amies les filles les plus cool du lycée (karma quand tu nous tiens), c’est sa réaction lors de la découverte des caméras qui m’a fait comprendre que la logique j’allais m’asseoir dessus. Imaginez, vous apprenez  que votre vie entière est basée sur un mensonge, que le socle même sur laquelle vous avez construit votre existence s’effondre, car il n’est qu’artifice et fumée, que faites-vous? Je vous laisse quelques secondes pour y réfléchir. Chloé, elle, elle décide de repartir à la conquête d’Himli, l’amour de sa vie, qu’elle a perdu bêtement. Je … non rien finalement j’ai décidé de ne pas chercher à comprendre. Franchement le déni, la haine, la tristesse,la violence,ou autre j’aurai pu accepter beaucoup de choses, sauf peut-être aller tenter de se mettre en couple. C’est sûr que c’est essentiel quand on apprend que des millions de caméras filment ta vie. Et le soucis c’est que plus j’avançais dans le récit, plus ce genre d’incohérences apparaissaient et me déconnectaient un peu plus à chaque fois de l’histoire. C’est bien d’avoir des idées, mais si il n’y a pas une intrigue un tant soit peu solide derrière, désolé mais moi ça me bloque.

Que ce soit l’imprimante à humain qui permet a Chloé de venir dans le monde IRL, mais qui ne repose sur aucune information ni logique. Que ce soit le côté « Bella » de l’héroïne qui dès qu’elle arrive quelque part elle se fait de nombreux amis qui sont prêts à mourir pour elle, simplement pour ces beaux yeux j’ai eu du mal. Mais celle qui m’a complètement déconnecté, c’est la grande scène d’évasion où notre héroïne, après s’être fait arrêter par le grand méchant en train de fomenter un complot pour le faire tomber, se retrouve enfermée chez lui, dans un monde qu’on nous présente comme limite sous surveillance et manipulation constante, décide fièrement d’ouvrir la porte prendre ses affaires puis d’ouvrir la fenêtre et de partir. Car oui tout le monde le sait les vilains ils laissent toujours les portes et les fenêtres ouvertes, sans surveillances et permet au héros de s’échapper comme ça. Là je me suis agrippé aux barreaux de la cage des ratons en leur demandant « Pourquoi? », mais remarquant que je les dérangeais dans leur petite sieste de 20 heures de sommeil, je me suis donc replongé dans ma lecture. Et ce n’était pas fini, on apprendra plus tard que notre méchant pouvait renvoyer l’héroïne dans son monde informatique quand il le souhaitait et, bien entendu, il ne le fait qu’au moment où ça ne sert pas à grand chose mis à part ralentir l’intrigue.

D’ailleurs j’ai trouvé cette troisième partie encore plus illogique pour moi que les deux précédentes. Déjà il va falloir m’expliquer la raison de la salle CSA, salle non connecté qui permet à l’héroïne soit-disant d’avoir des moments libres à elle. Cette salle CSA est une obligation du comité éthique qui ne reconnaît pourtant pas Chloé comme « humaine ». Si elle n’est pas « humaine » à quoi sert donc la salle CSA? Toi aussi tu la sens la grosse ficelle facile? De plus dans un monde informatique encore plus sous contrôle d’Arn, le méchant du récit, personne ne remarque que la styliste de Chloé, qui s’était liée d’amitié avec elle IRL, a créée un personnage exprès pour la retrouver et qu’elles vont gentiment s’enfermer dans la salle CSA alors qu’elles se rencontrent à peine. Tout comme personne ne réagit aux nombreuses phrases que lâche notre héroïne qui dévoile limite son plan. Ou encore, et promis j’arrête là, c’est quoi cette idée de bracelet. Franchement, pourquoi pas, imaginer un bracelet qui empêcherait les IA du jeu de subir les ordres venus d’IRL. J’accepte aussi l’idée qu’il doit être obligatoirement fabriqué à l’intérieur du jeu et vu que le créateur du bracelet, Link, est le fils de Arn, il ne veut en créer qu’un seul, pour protéger la mère de Chloé tout en empêchant l’héroïne de détruire le jeu. Elle ne doit donc pas savoir comment en fabriquer un, pour éviter de le dupliquer. Donc à quel moment il est intelligent que Link, qui prend le contrôle d’un personnage dans le jeu, ne construit pas le bracelet lui-même et demande à Chloé (qui je le rappelle ne doit pas savoir le créer) de le fabriquer.

Concernant les personnages, là aussi j’ai eu du mal à vraiment m’intéresser ou m’accrocher à eux. Entre l’héroïne  qui manque de finesse et de logique, Arn le patron du jeu qui, mis à part avoir un regard et une attitude de méchant très, très méchant, n’a finalement pas l’air très fut fut et les personnages secondaires qui ne servent pas à grand chose mis à part reconnaitre Chloé comme une personne trop géniale et qui se bat pour ses convictions, j’avoue ils m’ont laissé de marbre. Dommage, car il y avait le potentiel pour plus. Concernant l’univers, là aussi de nombreux soucis apparaissent. L’auteur a tellement envie de mélanger Sims et Truman Show qu’elle oublie de construire un univers cohérent. Déjà une IA n’est pas un humain et l’inverse c’est pareil. De nombreux récits de SF ont traités du sujet, et oui une IA devrait pouvoir se faire passer sur de nombreux points pour un humain sans problèmes, cela arrivera sûrement un jour. Sauf que là, Chloé dans sa présentation, dans ses actes et dans sa narration n’est en rien une IA. C’est une humaine qu’on essaie de nous déguiser en IA, histoire d’ajouter des axes de réflexion en se disant que personne ne verra rien.

Ensuite on parle d’un jeu vidéo, donc d’un programme, qu’est-ce-que vous faites quand un de vos personnages ne réagit pas, mais alors pas du tout comme vous l’espérez ou le voulez ? Bah vous éteignez et vous reprenez la sauvegarde précédente, sauf que là personne n’a l’air d’y penser. Mais bon, vu comme l’auteur imagine les hacker, je pense surtout qu’elle n’a pas obligatoirement la base de connaissance nécessaire en informatique et en codage. En effet, le piratage informatique est juste ici un outil pour faire avancer ou ralentir l’intrigue selon les besoins. On modifie les lignes de codes pour créer une nouvelle pièce, ou autre, mais par contre il est impossible de modifier les lignes de codes que composent Chloé sans une « énorme » mise à jour qui demande l’arrêt du jeu et donc laisser un max de temps à notre héroïne pour se libérer. C’est facile. Enfin vient les éléments de références et de pop culture que place l’auteur au fil des pages et qui sonnent trop désuet. On est en 2089 et on a pourtant l’impression que tout l’aspect culturel c’est arrêté dans les années 2010.

Alors après on pourrait me dire que le principal intérêt de ce récit vient des idées qu’il cherche à soulever, sauf que même là ça a eu du mal à passer. L’auteur présente ses réflexions de façon trop binaire et parfois même ils tombent dans le sensationnel. On est un peu dans l’idée que les nouvelles technologies vont nous bouffer la vie et même pire, complètement pirater notre existence en nous manipulant, par conséquent il faut se déconnecter pour se rendre compte de la beauté du monde et de la vie. Mouais. On sent bien une légère influence de Farenheit 451, mais le tout donne l’impression de manquer de finesse et de complexité là où le travail de Bradbury était quand même plus soigné. Au final c’est trop binaire, soit c’est bien soit c’est mal, comme si il n’y avait pas d’entre deux. J’ai aussi eu l’impression de voir certains arguments de journaux qui cherche le sensationnel, du genre les jeux vidéos rendent violents ou les jeux de rôle tendent à désociabilier les gens, alors que c’est beaucoup plus compliqué que cela. Je vais m’arrêter je pense que vous avez compris que ce livre n’était pas fait pour moi.

Je tiens tout de même à dire que ma chronique n’est pas là pour simplement casser ce roman, ce n’est pas mon but. Mes arguments ne représentent finalement que mon simple point de vue qui repose sur les attentes que je pouvais avoir, mais aussi dépend des lectures précédentes que j’ai eu dans ma vie. Ici je n’étais tout simplement pas le public cible. Je sais que de nombreux lecteurs ont adoré ce récit, y ont trouvé matière à réflexions et du plaisir, ce n’est pas parce que moi je suis complètement passé à côté, que le livre est mauvais. Chacun y trouve ce qu’il a envie d’y trouver. Je ne cherche pas à me dédouaner de mes propos, je tiens juste à clarifier ma position qui n’est pas ici de descendre ce récit, mais simplement de montrer ma déception face à des attentes qui n’ont pas du tout été comblées. Je laisse ainsi à chacun le soin de se faire son propre avis s’il a envie, surtout que tout n’est pas non plus mauvais, le traitement de l’adolescence vers l’âge adulte est plutôt intéressant dans ses thématiques secondaires et certains passages s’avèrent efficace. De plus la plume de l’auteur, même si elle n’a rien de révolutionnaire ou de marquant, s’avère simple et plutôt efficace. Voilà, maintenant c’est à vous de voir.

En résumé : J’avoue je suis complètement passé à côté de ce roman qui n’a jamais vraiment répondu aux attentes que je pouvais avoir et dont l’intrigue manque, selon moi, de logique. Ce sont d’ailleurs les incohérences telles que le besoin de l’héroïne a reconquérir son grand amour alors qu’elle vient d’apprendre que des milliers de caméras la filmait 24h sur 24 ou encore sa grande évasion après avoir été attrapé en ouvrant la porte et en partant qui m’ont complètement déconnecté. Et il y en a d’autres. Les personnages ne m’ont jamais paru touchants ou attachants avec Chloé, l’héroïne, qui manque de finesse et de logique, un méchant qui, mis à part lancé des regards de méchants, n’a pas l’air très fut fut et des personnages secondaires qui tombent en pâmoison devant la géniale et magnifique Chloé, j’avoue ça manque un peu de complexité. Ensuite pour tout ce qui concerne l’image de fond, entre l’envie de l’auteur de mettre des références qui donnent l’impression que le monde s’est figé en 2010, des technologies que le lecteur doit accepter sans réfléchir et l’impression qu’elle ne maîtrise pas du tout son sujet, que ce soit sur les IA ou l’informatique, ne m’ont pas convaincu non plus. Après ce retour m’est personnel, je sais que ce roman a plus a de nombreux lecteurs, je ne devais simplement pas être le lecteur cible et de plus, mon bagage de lecture SF a fortement joué sur mon ressenti final. Tout n’est pas non plus mauvais, certaines idées s’avèrent sympathique, mais voilà ce roman n’était tout simplement pas pour moi.

 

Note : 3/10

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  1. Rose

    Je me disais bien que ca n’allait pas être ton type de lecture 😀 Mais c’est bien d’essayer ! Tu met le doigt sur des trucs qui m’ont dérangé sans que je sache bien savoir pourquoi. Globalement ca se lit bien mais je suis d’accord que ca n’est pas assez « lissé » pour être un grand roman.

    • Disons que si l’auteur avait déjà rendu son récit plus cohérent je pense que ça m’aurait un peu plus accroché. Pourtant le résumé donne plutôt envie.

  2. Je ne fais pas partie du public cible à ce que je lis de ta critique. C’est un peu dommage, le concept avait l’air tentant.

  3. Je viens de terminer ma lecture, et je suis TOTALEMENT d’accord avec ta critique, j’ai également été très déçue !! Je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à être passée à côté de ce livre… Toutes ces incohérences que tu évoques (et il y en a bien d’autres !) ont vraiment été rédhibitoires pour moi aussi…

    • Déjà, merci pour ton commentaire ça fait toujours plaisir.
      Après concernant le livre je comprends parfaitement ton ressenti, on n’était clairement pas le public cible de ce roman je pense.

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