Jack Glass : L’histoire d’un meurtrier – Adam Roberts

Résumé : Jack Glass est un meurtrier, voilà une certitude.
Dans un lointain futur, où l’humanité a exploré le système solaire, où les corporations et les clans familiaux dirigent l’univers connu, nous allons suivre trois affaires dans un monde inégalitaire dans lequel les riches vivent somptueusement sur Terre, et les pauvres se terrent dans les astéroïdes en orbite autour des mondes colonisés.
Trois affaires qui suivent les codes du roman policier classique : le huis clos, le mystère…
Trois affaires dont on sait qui est le coupable, car Jack Glass nous l’avoue dès les premières pages.

Edition : Eclipse Panini Books

 

Mon Avis : Adam Roberts est un auteur dont j’ai beaucoup entendu parler, mais dont je n’ai à ce jour jamais lu aucun roman . Pendant un temps je pensais tenter ma chance avec son premier roman publié en France, Gradisil, mais les retours mitigés que j’en avais lu ont eu de mal à me convaincre. J’ai ainsi décidé de me laisser plus facilement tenter par ce roman Jack Glass, attiré par l’illustration de la couverture que je trouve superbe, par le résumé que je trouvais intrigant et aussi par le fait que ce livre ait gagné le British Science-Fiction Award, même si je sais bien qu’un prix ne fait pas tout.

L’originalité du roman est ainsi de séparer son récit en trois petites histoires qui vont servir à nous présenter Jack Glass et aussi à définir un fil rouge nous présentant l’avenir de notre univers et tentant de soulever des questions de fond. Ces trois parties se présentent aussi comme des polars, chacune proposant au lecteur une énigme à résoudre. La première l’évasion d’un astéroïde imperméable, la seconde un meurtre mystérieux et la troisième un meurtre en « chambre close ». Un mélange de policier et de SF qui avait de quoi me tenter, qui offrait un premier texte plutôt captivant avec un côté très sombre et qui pourtant par la suite va peu à peu avoir du mal à complètement m’emporter. Pourtant l’ensemble possède une bonne dose potentiel, principalement dans la toile de fond qui nous est présenté, mais voilà j’avoue ne pas avoir obligatoirement accroché par la façon dont l’auteur « tricote » ses intrigues, cherchant à varier les styles, surement pour mieux surprendre, mais qui a eu pour effet finalement de me déconnecter un peu du récit. Cela n’a rien à voir avec le roman, qui a de quoi plaire, mais il ne répondait finalement pas à toutes mes attentes.

Pourtant comme je l’ai dit, la première « nouvelle » est très intéressante, elle nous plonge au cœur d’un astéroïde prison où sept hommes vont devoir survivre tout en transformant l’astéroïde en logement pour leurs geôliers. Déjà d’un point de vue background on découvre un monde sombre, où le profit a l’air d’avoir clairement prit une grande importance au point de transformer les prisonniers en travailleurs forcés sous des conditions extrêmes. Ils ne sont que des bêtes lâchées à s’entretuer, du moment qu’ils remplissent leur boulot et si ce n’est pas le cas pas grave on trouve toujours de telle main d’oeuvre. Ensuite, l’auteur nous plonge dans une ambiance sanglante, violente qui colle finalement parfaitement à ce que laissait entrevoir le titre du roman. Un Jack Glass meurtrier. On découvre ainsi différents personnages qui montrent une humanité qui a conquis le système solaire et s’est diversifié, tout en restant sous la coupe d’un pouvoir central. Une certaine diversité se développe ainsi dans les récit de chacun. Enfin vient la résolution de ce récit, l’évasion qui n’est pas mauvaise, montant lentement en tension pour aboutir à un final que je qualifierai d’explosif. Alors attention, il faut avoir l’esprit ouvert pour la conclusion, car j’émet quand même des doutes sur sa faisabilité, mais elle colle parfaitement au récit et s’avère noire, efficace et nerveuse.

Les deux nouvelles qui suivent sont liées entre elle. On suit une fille d’une des grandes familles, esprit ingénieux et féru de résolutions de mystères policiers, qui va se retrouver à enquêter sur un meurtre survenu sur sa propriété. La troisième étant la suite de la conclusion de celle-ci, où on va enquêter sur la mort d’un homme dans un endroit clos et où la vidéo montre que personne présent à ce moment-là ne l’aurait tué. Déjà les premiers points qui m’ont dérangé par la suite de ma lecture c’est que le premier texte qui m’avait captivé, se révèle quasi complètement déconnecté des deux autres. Servant finalement qu’à présenter le héros Jack Glass qu’on retrouve dans l’ensemble des récits. Mais là où j’ai été frustré c’est dans le changement de ton, la première nouvelle se voulant mature, sombre et violente là où les deux suivantes vont se révéler plus insouciantes, gentillettes et limite, pas enfantines, mais tout du moins adolescentes dans leurs constructions. Surtout que bon, je ne vais pas le nier non plus, cette seconde intrigue repose quand même sur des nombreux changements et de nombreuses évolutions tirées par les cheveux, voir beaucoup top prévisibles. Je ne dis pas que l’ensemble est surréaliste ou impossible, mais voilà ça manque franchement de densité pour rendre le tout cohérent et logique.

Je prends pour exemple l’idée que des parents laissent leur fille, possible héritière de la fortune et du pouvoir, enquêter sur un meurtre survenu à même pas 50 mètres d’elle, ou bien encore les actions de la famille dirigeante qui m’ont paru par moment illogiques ou enfin l’intrigue du troisième texte téléphonée et que j’avais deviné quasiment de suite. Autre point qui a joué dans le fait que je me sois peu à peu déconnecté du récit, l’auteur tire de trop sur la troisième nouvelle, jouant sur des flash-back qui ne sont pas toujours nécessaires et m’ont paru alourdir un peu la structure. Concernant le travail effectué sur les personnages je suis pas non plus totalement convaincu, même s’il se dégage d’eux quelque chose d’efficace et d’un minimum entraînant. Jack Glass sort ainsi du lot, même si je trouve dommage et légèrement frustrant son passage de « monstre » dans la première nouvelle à celle de simple robin des bois des temps modernes qui veut libérer le peuple du joug d’un pouvoir sans scrupules par la suite. Il y avait le potentiel pour plus, surtout au vu du quatrième de couverture. Cela ne l’empêche pas d’offrir un personnage intéressant et un minimum charismatique. Les autres protagonistes m’ont eux par contre paru plus être là justement pour soutenir notre héros, ses besoins et sa quête que franchement travaillé, excepté notre jeune héritière, plus présent et soignée, qui elle a eu un peu de mal à m’accrocher par certains moments devant sa futilité.

A ce point de ma chronique vous devez vous dire que je n’ai clairement pas apprécié ce livre, pourtant il s’en dégage quelque-chose. Pour cela il faut s’attarder sur les détails et principalement sur l’univers que développe l’auteur. Un futur où l’humanité à conquis le système solaire et s’est étendu, où les grandes familles possèdent le pouvoir, où l’ordre est maintenu par des polices privées et des mafias et où le peuple est encore plus exploité et appauvri simple main d’oeuvre. Tout cela va ainsi être bouleversé par la possible existence de la capacité à aller plus vite que la lumière, amenant son lot de manipulations et de trahisons. Sur ce point là, l’auteur offre un vrai travail intéressant, complexe et prenant soulevant aussi de nombreuses réflexions sur la société et la façon dont elle est gérée. Alors parfois il en fait un peu trop dans la construction de ces arguments, cherchant trop à nous tenir la main vers ce qu’il développe, mais rien de trop bloquant non plus. La plume de l’auteur est efficace, entraînante et sait clairement s’adapter à ses différents types de récit, patinant son récit d’une dose de cynisme t d’humour intéressante. Au final j’aurai apprécié que l’auteur se concentre peut-être un peu plus sur son image de fond et son univers, que sur ces trois scénettes, mais l’ensemble aurait perdu ce décalage qui fait sa particularité qui pourrait plaire à certains, mais qui de mon côté a eu du mal à complètement m’accrocher.

En Résumé : Je ressors de ma lecture de ce roman pas complètement convaincu, l’ensemble ne répondant pas obligatoirement aux attentes que j’avais. La particularité de l’histoire repose sur le fait que l’auteur propose trois nouvelles pour présenter son personnage et son univers. Mais voilà autant la première nouvelle m’a accroché dans son côté sombre, mature ainsi que dans ce qu’il développait et proposait, autant les deux suivantes qui changent complètement de ton m’ont peu à peu décroché devant leurs passages convenus et leurs aspects prévisibles et parfois tirés par les cheveux tant ils manquent de densité pour les rendre cohérents. Les personnages ne sont pas mauvais, Jack Glass s’avérant un héros charismatique et entraînant même si j’étais un peu frustré par son côté robin des bois et non pas le meurtrier annoncé. L’héritière a eu un peu plus de mal à me convaincre devant un peu trop de futilité. Les protagonistes secondaires par contre ne servent qu’à soutenir l’intrigue ce qui est légèrement dommage. En fait là ou le récit gagne en intérêt c’est dans les détails et principalement dans l’univers qu’il brosse au fil des pages. Un monde futuriste ou le pouvoir est entre les mains des grandes familles, où le peuple est de plus en plus pauvre et exploité et où la loi se fait par la police et la mafia qui soulève de nombreuses questions. Dommage que ce ne soit pas plus développé, mais le roman aurait perdu son côté décalé. La plume de l’auteur est entraînante, simple et efficace.

 

Ma Note : 5,5/10

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  1. M4tth69

    OUtch ! c’est rare de te voir mettre une si mauvaise note !!

    • Oh j’ai déjà noté plus bas. Après ma déception vient clairement ici que je ne pense pas être le public cible. L’auteur jour clairement sur le côté décalé du récit et sur la construction en épisodes. J’attendais plus.

  2. Chiwi

    Ma lecture du livre commence à dater mais j’ai eu le même ressenti que toi. Ça démarre bien et puis ça tourne en eau de boudin.

    • Tout joue sur le changement de ton, soit on adhère, soit on décroche. Pour ma part j’ai décroché. Dommage car il a de bonnes idées.

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