La Cité du Futur – Robert Charles Wilson

Résumé : Pour cinq ans seulement, jusqu’en 1877, la cité de Futurity dresse ses immenses tours jumelles au-dessus des grandes plaines de l’Illinois. Depuis Futurity, des hommes du futur viennent visiter le XIXe siècle. Et, contre une fortune en métaux précieux, les autochtones peuvent dormir dans la tour n° 1, véritable vitrine technologique d’un incompréhensible XXIe siècle.
C’est dans cette cité, construite à partir d’un futur parallèle, que travaille, comme agent de sécurité, Jesse Cullum, un autochtone. Parce qu’il a sauvé le président Ulysse Grant d’une tentative d’assassinat, Jesse se voit proposer une promotion : assisté d’une femme du XXIe siècle, il va devoir mener l’enquête.
Mais que va-t-il réellement découvrir? Un complot pour tuer le président… ou les inavouables secrets de Futurity?

Edition : Denoël (parution le 18/05/2017)
Traduction : Henry-Luc Planchat

 

Mon Avis : J’avoue, depuis ma découverte de Robert Charles Wilson avec son roman Spin, je me laisse facilement convaincre par ses différentes publications qui m’offrent régulièrement une SF intéressante et humaine, bien porté par des personnages efficaces et charismatiques. C’est donc sans surprise que son dernier roman ait rapidement rejoint ma bibliothèque, surtout que le quatrième de couverture se révélait franchement accrocheur. Concernant la couverture, illustrée par Aurélien Police, je la trouve très réussie et colle bien à l’ambiance décalé du récit entre science-fiction et western.

Ce roman va ainsi nous plonger dans un 1877 alternatif, où des hommes du futur venant du 21ème siècle viennent s’installer pendant cinq ans. Le passé et le futur deviennent ainsi lieu de tourisme et des échanges entre le futur et le passé vont commencer à se créer. Bien entendu cela n’est pas sans conséquences et de la contrebande apparait. On se retrouve ainsi à suivre Jesse Cullum, embauché par cette cité du futur pour mener plusieurs enquêtes. Bon j’avoue une fois la dernière page tournée, je n’ai pas détesté ce roman, j’y ai même trouvé un certain plaisir de lecture dans ce qu’il développe et l’ensemble se révèle divertissant, mais voilà je ne l’ai pas trouvé non plus pour autant marquant que ce que j’espérais. Il lui manque, selon moi, un petit quelque-chose qui aurait pu le faire passer de roman simplement sympathique et distrayant, à quelque chose d’un peu plus marquant. Ce qu’on ne peut pas enlever à ce roman c’est qu’il se révèle facile à lire, fluide et un minimum entraînant. On se retrouve ainsi à tourner les pages avec un minimum de plaisir et d’envie d’en apprendre plus, surtout que l’auteur parait partir sur une narration un peu plus « légère », plus humoristique par moment et ça fonctionne plutôt bien.

Concernant l’univers on ne peut pas dire que l’auteur offre quelque chose de révolutionnaire, l’incursion du futur dans le passé avec toutes les notions et idées que cela soulève est plutôt déjà vu, mais cela ne l’empêche pas pour autant de nous offrir quelque chose de solide et d’efficace. L’intérêt principal vient surtout, selon moi, de la façon dont l’auteur amène cette collision entre le passé et le présent. Cela se ressent principalement dans la relation entre Jesse et Elisabeth, ce qui a pour conséquence d’apporter un certain choc des cultures, amené de façon assez subtile et efficace. Surtout un questionnement apparait alors sur l’influence que va obligatoirement avoir les gens du futur sur le passé, mais aussi inversement. Alors c’est vrai, parfois c’est un peu simpliste et, il faut bien l’admettre, Jesse a une capacité de résilience parfois un peu trop surprenante, tant il accepte avec facilité les choses, mais rien de non plus trop bloquant. L’aspect social est aussi intéressant, les changements et les bouleversements que vont apporter cette intrusion dans le passé ne manquent pas d’attrait et soulèvent de nombreuses idées intéressantes. Ce qui est dommage de ce point c’est que ce soit parfois traité qu’en surface. Je prends pour exemple toute la partie sur la fille de Kemp et ses revendications qui manque quand même d’un peu de profondeur, surtout concernant les causes et les conséquences que cela va avoir. L’autre intérêt du récit, je trouve, est de concentrer sa narration sur le passé. On voit des gens du futur, mais on ne va jamais dans ce futur. Celle offre une petite dose de mystère intéressante, et surtout permet une caractérisation des personnages différente je trouve, principalement dans les questionnements.

D’ailleurs, comme toujours avec Robert Charles Wilson, l’un des points forts du roman vient clairement des héros. On y retrouve à nouveau ce côté profondément humain, proche de nous et touchant qui les caractérise toujours dans ces différents romans. Il arrive clairement, en quelques mots, à rendre ses personnages vrais. Cela ne veut pas dire qu’ils ne tombent pas parfois dans certains archétypes, mais voilà il arrive à créer cette alchimie qui fait qu’on s’attache facilement à eux je trouve. Ainsi Jesse, le personnage principal que l’on découvre tout du long, ne manque ainsi pas d’attrait et surtout se révèle intéressant à suivre dans son évolution. Alors certes, comme je l’ai dit il accepte par moment un peu facilement les choses, mais on sent clairement que l’auteur l’a travaillé pour créer un personnage d’époque crédible dans sa vision du monde et dans ses réflexions. Il va aussi offrir de nombreux questionnements, principalement sur cette société futuriste proche de la nôtre avec toutes ces révolutions sociales et à travers les rencontres qu’il fait va montrer que, futur ou passé, le paradis social n’existe pas. Elisabeth ne manque pas non plus d’attrait, même si elle est un peu moins travaillée que Jesse, et se révèle elle aussi complexe, mélange à la fois de mère, de femme et de guerrière sans jamais tomber dans la caricature. Par contre, les personnages secondaires m’ont paru un peu léger, je pense principalement à la famille Kemp qui sans non plus se révéler creuse, l’auteur les travaillant tout de même un minimum, ils auraient quand même mérité, je trouve, d’être un peu plus soigné.

La narration est majoritairement celle contée par Jesse, excepté trois ou quatre passages qui offrent un narrateur différent. Alors j’en comprends l’utilité, elle permet de développer des passages ou Jesse n’est pas obligatoirement présent et surtout offrent aussi un peu d’action différente, mais voilà d’un point de vue personnel ce genre de narration me laisse toujours un peu sceptique. Concernant les réflexions qu’apporte ce récit, comme je l’ai dit, elles ne manquent pas non plus d’intérêt, surtout dans le travail entre le futur et le passé comme par exemple concernant les idéologies sur la position de la femme, le racisme ou encore d’un point de vue on va dire « colonial » ; la population du futur ayant une vision très figée et « sauvage » de cette époque alors qu’ils ne sont finalement pas si différent les uns des autres. Il y a aussi un travail intéressant sur l’Homme et sa capacité à gérer les nouvelles technologies, le voyage dans le temps ne servant finalement ici qu’à créer un grand parc d’attraction dans le passé pour se faire de l’argent. Il y a aussi un travail intéressant sur le côté un peu « divin » de ce voyageur du futur et sur les actes qui sont menés. Doit-il ou non modifier le passé ? Doit-il apporter des technologies et des avancées qui vont obligatoirement bouleverser l’Histoire ? L’auteur laisse, de façon efficace, à chacun le choix de se faire son propre avis.

Ce qui est dommage c’est que parfois ces réflexions sont à peine survolées. Je prends pour exemple cette idée, sans trop en révéler, qui tourne autour de comment a été obtenue la technologie pour voyager dans le temps, qui est franchement intéressante, mais étant à peine développée en devient légèrement décevante. L’auteur voulait peut-être rester dans un format court pour conserver le côté énergique du récit, mais c’est parfois légèrement frustrant. Je regretterai aussi une collusion d’évènements téléphonés qui amènent à la conclusion, je pense principalement à tout ce qui tourne au passé du héros. Enfin un autre regret vient de l’intrigue un peu policière que construit l’auteur sur les enquêtes du héros. Certes elle n’est pas mauvaise, mais bon sang ce que je l’ai trouvé mollassonne. Alors c’est vrai, elle sert simplement à travailler le propos de l’auteur, mais un peu de tension n’est jamais une mauvaise chose, surtout que bon certaines résolutions sont aussi un peu faciles. La plume de l’auteur est simple, efficace et un minimum entraînante. Au final on a là, selon moi, un roman qui n’est pas mauvais, avec de bonnes idées, mais qui aurait pu être tellement plus. Cela ne m’a pas empêché d’avoir passé un sympathique moment de lecture, mais il lui manque un petit quelque-chose, je trouve, pour se révéler marquant, surtout face à d’autres romans de l’auteur, ou alors Robert Charles Wilson recherchait simplement ce côté détente.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce roman qui se lit plutôt bien et assez rapidement, mais j’avoue une fois terminé je pense que j’en attendais tout de même plus. L’univers présenté n’a rien de révolutionnaire, ce qui n’empêche pas l’auteur de le rendre efficace et intéressant, principalement dans le choc des cultures et dans les questions qu’il soulève. Les personnages sont comme souvent un point fort des récit de l’auteur, nous proposant des héros humains, vrais et touchants, même si je trouve que certains personnages secondaires auraient mérité d’être un peu plus travaillés. Les nombreuses idées et réflexions développées ne manquent pas d’attrait, que ce soit dans les différentes comme les ressemblances entre présent et passé, dans la gestion de la technologie ou bien encore dans cette idée un peu « divine » de l’influence des hommes du futur sur l’Histoire. Ce qui est dommage c’est que l’auteur reste parfois trop en surface de ses idées ce qui est par moment légèrement frustrant. Je regretterai aussi quel le recoupement des différentes sous-intrigues dans la conclusion m’a, sur certains points, paru téléphonés et surtout une intrigue policière sur fond d’enquête qui s’avère quand même plutôt mou. Cela n’enlève en rien le côté divertissant du récit et les questions qu’il soulève, mais je trouve qu’il lui manque un petit quelque-chose pour se révéler encore plus marquant. La plume de l’auteur est toujours aussi fluide, entraînante et efficace et même si j’ai trouvé ce roman un peu en dessous par rapport à d’autres de l’auteur, je lirai sans soucis ses autres publications.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Autres avis : Apophis, Yogo, Lune, Le Fictionaute, …

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  1. Ca peut être pas mal, je note !

  2. Pas forcément le meilleur pour faire connaissance du coup ? je note je note !

    • Pour découvrir du Wilson, si ça peut être sympa je pense. Maintenant dans sa bibliographie pour moi il est clairement en-dessous de certains de ses romans comme Spin, Julian et d’autres encore.

  3. Légèrement plus enthousiaste que tu ne l’es, j’ai aussi trouvé quelques petits trucs qui m’ont chagrinés. Je n’ai pas comparé les deux romans lus de cet auteur, mais les deux étant assez différents, j’ai peu de points de comparaison. Je lirai sûrement autre chose aussi ^^

    • Après ce n’est pas un mauvais roman, mais c’est vrai que quand je me lance dans un nouveau roman de l’auteur j’ai peut-être certaines attentes un peu élevées c’est possible. Pour résumé je dirai que La Cité du Futur est ainsi un roman sympathique, mais pas non plus très marquant je trouve.

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