L’Epée de l’Hiver – Marta Randall

lepee-de-lhiverRésumé : Dans le pays glacé de Cherek, lord Gambim de Jentesi va mourir, et le chaos menace.
Durant les quatre décennies de sa toute-puissance, Gambin a tenu sa province dans une main de fer. Tandis que complotent ses quatre héritiers possibles, le peuple de Cherek observe avec inquiétude les péripéties de la passation de pouvoir. Car si la puissance de Gambin passe tout entière à ses héritiers, Cherek risque de voir compromises les promesses d’un avenir meilleur et de retomber dans l’obscurantisme. Dans celte atmosphère empoisonnée, un tissu d’intrigues se tisse autour de Lyeth, femme-lige du seigneur de Jentesi, qui déteste l’homme cruel qu’elle a servi.

Edition : Les Moutons Electriques

 

Mon Avis : J’avoue, la première chose qui m’a fait me pencher sur ce roman, c’est sa couverture illustrée par Melchior Ascharide, que je trouve franchement réussie et qui attire le regard que ce soit dans son image, ses couleurs comme dans une certaine sobriété qui s’en dégage. Ensuite, j’avoue que l’idée de ressortir des récits de Fantasy ayant disparu des rayons (ce livre étant  initialement sorti en 1983 en VO et 1986 en VF) est intéressante. Enfin le résumé, même s’il a un côté classique, m’a donné envie de lui donner une chance.

L’intrigue du livre est finalement assez simple, le vieux roi Gambin est en train de mourir. Pour respecter la tradition et malgré l’apparition du télégraphe, Lyreth, Cavalière du roi mourant sillonne le pays pour annoncer la nouvelle et rassembler un comité qui fera allégeance au nouveau roi qui sera présenté. Mais son retour au château de Jeresi ne sera pas de tout repos, se retrouvant coincé au milieu d’intrigues entre les différents enfants du roi pour récupérer le trône. Une fois la dernière page tournée, je dois bien avouer que j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman, mais quelques défauts font que l’ensemble ne dévoile pas complètement, à mon goût, son potentiel. Très rapidement on se rend compte qu’on plonge dans un roman que je qualifierai plus d’ambiance, l’auteur prenant son temps à poser ses personnages et son univers, ce qui fait que la tension et les aventures liées à l’intrigue ne commencent à « décoller » qu’une fois la moitié du roman. Je n’ai pas trouvé cela dérangeant, pour ceux qui me suivent j’aime les récits qui prennent le temps de construire leur monde, qui plus est quand l’ensemble se révèle dense et poétique comme c’est le cas ici. Il est d’ailleurs intéressant de se rendre compte que, même si l’auteur met bien en place un fil rouge, il paraît clairement n’être que secondaire au profit du monde et des héros. D’ailleurs, pour tout dire, même si on trouve quelques surprises, l’ensemble reste assez prévisible. Sauf que voilà, cela ne m’a pas dérangé le moins du monde, car ce n’est pas là que j’y ai trouvé mon plaisir de lecture, mais plutôt dans sa capacité de me transporter dans ce monde qu’elle décrit.

J’ai ainsi été rapidement happé par l’univers qu’elle développe au fil des pages. On découvre ainsi un pays de Cherek à l’atmosphère froide, glaciale et pourtant que j’ai trouvé magnifique à découvrir à travers les voyages de l’héroïne et les lieux qu’elle traverse dans la première partie. Des paysages bien portés par des descriptions denses, soignées et nous happant rapidement. Une ambiance à la fois aérienne, libre et envoûtante. La seconde partie du roman nous plonge ensuite dans le château de Jeresi, nous offrant une ambiance plus oppressante, angoissante où on y retrouve la civilisation avec ses mensonges, ses trahisons et ses jeux de pouvoirs. L’intrigue déploie alors sa toile, y apportant son lot de surprises, tromperies et de souffrances. C’est clairement dans ce jeu d’atmosphère que l’auteur excelle et happe le lecteur. Le monde présenté change un peu, quittant le moyen-âge pour une époque où la technologie commence à se développer doucement, que ce soit le télégraphe ou d’autres technologies. On est aussi dans un roman de changement, de bouleversement. Outre le remplacement du roi, ce royaume se retrouve face à de nombreuses révolutions, où certaines traditions sont en en perte de vitesses, comme les Cavaliers, et où l’expansion commerciale débute avec la découverte de nouvelles îles. Mais surtout l’ensemble s’avère vivant, principalement par la capacité de Marta Randall à insérer des scènes qui ne paraissent pas importantes au premier regard, comme celle des jeux, mais qui permettent ainsi à rendre l’univers unique et palpable. On découvre ainsi la vie de cette cité aussi bien dans ses jeux de pouvoir que dans ses fioritures. Concernant l’aspect politique, sans se révéler révolutionnaire, il ne manque pas de s’avérer solide.

Concernant les personnages ils sont, je trouve, efficaces, denses et attachants. L’auteur arrive ainsi à créer des personnages principaux qui sont soignés, complexes et surtout réalistes. On notera aussi pour un livre des années 80, une héroïne principale, Lyeth, qui je trouve, sort du lot et évite toute caricature. Parfois, c’est vrai, elle peut se révéler énervante avec sa capacité à vouloir éviter tout ce qui est politique ou à refuser de l’aide, mais plus on la découvre et elle se livre à nous plus, d’une certaine façon, on la comprend. Que ce soit dans ses qualités, comme dans ses défauts elle a, au final, réussi à me toucher et à me donner envie de la suivre et la découvrir. Les personnages qui gravitent autour d’elle, même s’ils ne sont pas aussi développés, ne sont pas non plus en reste offrant ainsi des protagonistes efficaces, solides et apportant leurs lot de révélations et de surprises. Alors après, je soulèverai quand même deux points, le premier un personnage qui a un moment va avoir de l’importance n’est même pas esquissé, ce qui est dommage, ensuite certaines évolutions dans les sentiments qui m’ont paru amené de façon trop brusque et sans véritable logique. Je parle principalement de la relation entre Lyeth et Emeris qui évolue d’un seul coup et, même si on le voyait venir et on l’attendait, approfondir un peu plus ce lien aurait apporté un plus je pense. Mais bon rien de trop bloquant dans la lecture non plus je trouve.

En fait là où, pour moi, le roman m’a le plus frustré, c’est dans sa conclusion. Elle n’est pas mauvaise en soit dans les grandes lignes et dans ce qu’elle développe, elle parait juste précipité et un peu trop facile à mon goût. J’avais un peu l’impression d’être dans un épisode de série policière, vous savez ce moment où à la fin de l’épisode rien ne permet de trouver le coupable et pourtant dès le premier interrogatoire d’un suspect, le personnage fait des aveux directs. Bah là j’ai ressenti la même chose, tout le monde se met à parler et avouer d’un coup dans le dernier chapitre, comme si l’auteur avait une limite de pages à remplir et qui plus est pour offrir un happy-end un peu trop convenu. Je regretterai aussi que certains aspects ne soient qu’à peine esquissés, par exemple en ce qui concerne les piégeurs. Cela n’empêche en rien ce roman de se révéler sympathique, agréable et plus que divertissant, mais je pense que quelques pages supplémentaires lui aurait permis d’être encore meilleur. Ou alors c’est le fan de grands cycles de Fantasy qui parle peut-être aussi. L’ensemble est en tout cas porté par une plume vivante, soignée, poétique et entraînante, malgré une certaine familiarité étrange qui apparait parfois dans les dialogues. En tout cas je suis intéressé par découvrir d’autres romans de l’auteur. A noter pour ceux qui en auraient marre des cycles et chercheraient des one-shot en Fantasy, L’Epée de l’Hiver entre dans cette catégorie.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous plonge dans un récit d’ambiance qui, certes possède quelques défauts, mais a réussi à me happer assez facilement. L’intrigue est certes classique, avec un roi en train de mourir et des jeux de pouvoir pour monter sur le trône, mais on sent  qu’elle n’est pas la priorité de l’auteur cherchant plus à construire un monde et des personnages.  L’univers est ainsi l’un des gros points forts du roman que ce soit dans sa première partie à la découverte de lieux magnifiques et bien porté par des descriptions poétiques, comme dans sa seconde plus oppressante dans le château Jeresi où on y retrouve la civilisation ainsi que ses mensonges et ses trahisons. Les personnages sont intéressants à découvrir, j’ai ainsi été rapidement attaché à Lyeth qui, malgré parfois un fichu caractère, s’avère être une héroïne complexe et attachante. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste s’avérant solides et entrainants. Je regretterai juste qu’un personnage un minimum important soit si peu développé et une évolution de certaines relations un peu trop rapides. Mon principal regret concernant ce roman vient par contre de la conclusion qui m’a paru précipité dans ses révélations, tout se débloquant d’un coup dans les dernières pages ainsi qu’un happy-end un peu de circonstance. Je trouve aussi dommage que certains points soient peu développés, comme par exemple les piégeurs. Cela n’enlève en rien le côté très sympathique de cette lecture, ni le plaisir de la découverte de ce monde, mais avec quelques pages en plus l’aurait, je pense, rendu encore plus intéressant. La plume de l’auteur est poétique, entraînante, vivante et nous plonge facilement dans son univers.

 

Ma Note : 7/10

 

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  1. La traduction a été retravaillée ou bien il s’agit d’une « simple » réédition ?
    En tout cas, ça me semble intéressant, ça peut se tenter. 😉

    • Du peu que j’ai flané à droite, à gauche c’est la même traductrice donc pour moi elle n’a pas été retravaillée. Maintenant je ne peux pas l’affirmer.

  2. Ca m’a beaucoup plu, je suis d’accord c’est un roman d’ambiance, et c’est très réussi 🙂 Le plus gros défaut pour moi et qu’il est trop court, il y a encore beaucoup de choses à développer dans cet univers 🙂

    • C’est vrai que l’univers est assez vaste et mériterait plus de développement. Mais cette attente, ça vient sûrement de notre côté lecteurs de Fantasy ^^

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