Les Derniers Jours du Paradis – Robert Charles Wilson

les derniers jours du paradisRésumé : Alors que l’Amérique se prépare à fêter les cent ans de l’Armistice de 1914, un siècle de paix mondiale, d’avancées sociales et de prospérité, Cassie n’arrive pas à dormir. Au milieu de la nuit, elle se lève et va regarder par la fenêtre. Elle remarque alors dans la rue un homme étrange qui l’observe longtemps, traverse la chaussée… et se fait écraser par un chauffard. L’état du cadavre confirme ses craintes : la victime n’est pas un homme mais un des simulacres de l’Hypercolonie, sans doute venu pour les tuer, son petit frère et elle. Encore traumatisée par l’assassinat de ses parents, victimes sept ans plus tôt des simulacres, Cassie n’a pas d’autre solution que fuir.
L’Hypercolonie est repartie en guerre contre tous ceux qui savent que la Terre de 2014 est un paradis truqué.

Edition : Denoël Lunes d’Encre (Parution le 04-09-2014)
Traduction : Gilles Goullet

 

Mon Avis : Je suis un grand admirateur des écrits de Robert Charles Wilson, principalement par sa capacité à offrir une science-fiction mélangeant efficacement l’inexplicable au contemporain et surtout porté par des personnages qui se révèlent humains dans leurs réactions et leurs évolutions. J’ai déjà lu six livres de l’auteur et je n’ai jamais été vraiment déçu, même si tous ne sont pas au même niveau. C’est donc sans surprise que lorsque l’on m’a proposé de découvrir son dernier livre, je me suis rapidement laissé tenter. Il faut bien avouer que le résumé se révèle accrocheur. Concernant la couverture, de nouveau illustré par Manchu, j’avoue être moins fan que d’habitude même si elle reste sympathique.

L’intrigue de ce roman rappelle clairement les histoires de SF d’il y a quelques années, celle où la terre se révèle infiltrée par un organisme supérieur, pour des raisons que personne ne connait, et qui manipule l’humanité à l’insu de son plein grès. Malgré ce côté assez classique, l’auteur s’en sort très bien dans la construction de son histoire, dès le premier chapitre il nous happe à travers Cassie qui se retrouve à fuir suite à la mort par accident d’un sim devant chez elle. On se retrouve alors plongé dans une fuite en avant, qui monte doucement en tension et en intensité face à cette traque et cette envie de survie de nos héros qui va alors les pousser parfois aux pires exactions. Une aventure pleine de suspens qui fait qu’on tourne les pages avec un minimum d’envie. L’utilisation de deux points de vue dans l’histoire, avec le premier qui suit le groupe jeune que comprend Cassie et l’autre plus adulte que comprend son Oncle Ethan, permet aussi d’offrir un plus à l’ensemble, que ce soit dans ces différents sentiments d’insécurité qui les obligent à toujours courir, comme dans les différents angles d’explication qui se dévoilent au fur et à mesure, aussi bien concernant l’Hypercolonie que sur le monde et la résistance de certains.

L’univers que construit l’auteur nous propose un monde parallèle où la guerre a quasiment disparu depuis l’armistice de 1914, offrant ainsi un monde qui devrait paraitre plus sûr, géré de façon complètement différente et offrant des alliances que personne n’imaginait, le tout bien entendu manipulé par l’Hypercolonie. J’avoue qu’il y a quelques chose de fascinant dans la construction de cette Histoire alternative que l’auteur dévoile lentement, insérant des indices et des éléments ici ou là au milieu de son intrigue. Un monde qui donne une impression un peu désuète, style années 60, comme si la technologie était mauvaise pour l’homme.  L’auteur nous offre alors des réflexions qui ne manquent pas d’intérêt comme par exemple sur le libre arbitre, sur le fait que l’humanité se laisse aller avec une facilité déconcertante dans le conflit et la destruction. Qu’est-ce qui est le plus intéressant, d’avoir la sécurité, mais sous le contrôle d’une entité supérieure ou avoir la liberté en sachant que cela mène souvent à des conflits mondiaux? L’auteur propose aussi un aspect scientifique intéressant comme par exemple ce parallèle avec certaines castes d’insectes, expliqué de façon simple et compréhensible. Mais voilà malgré ces points qui se révèlent réussis, j’aurai pourtant aimé en savoir plus sur ce monde, l’auteur ne construisant parfois que ce dont il a besoin pour son histoire et offrir un minimum de densité, mais laissant certaines questions en suspens comme par exemple concernant la géopolitique ou encore, pourquoi pas, la démographie.

Concernant les personnages il s’agit, comme souvent avec l’auteur, d’un des points forts de ce roman. Il nous offre comme toujours des héros qui s’annoncent denses, complexes et profondément humains au fil des pages. On arrive à s’attacher où à s’intéresser facilement à chacun d’eux, offrant une palette de point de vue assez large et diversifiée. Chaque protagoniste possède ses doutes et ses certitudes, guidé par ses émotions et son vécu ; entre Cassie jeune fille d’à peine 19 ans qui a  toujours vécue à la marge de la société, dans la peur, suite à la mort de ses parents ou bien encore Ethan son oncle scientifique qui a perdu énormément et qui cherche pourtant d’une certaine façon à avancer à lutter. Tous vont se retrouver à devoir faire des choix pas toujours faciles et qui vont les marquer durablement et c’est là-dessus qu’ils arrivent à nous captiver, devant la façon dont chacun va devoir évoluer, leurs interactions les uns les autres face aux différents problèmes qui se posent à eux. Un des aspects intéressant vient aussi de leurs différentes perceptions qu’ils ont de cette Hypercolonie, allant du très scientifique à un aspect peu-être un peu plus romantique d’un monde meilleur.

Pourtant, malgré pas mal d’aspects plutôt positifs, ce livre se révèle loin de m’avoir marqué autant qu’a pu le faire Spin ou Julian du même auteur qui sont, ses meilleurs romans dans ceux que j’ai lu. On y retrouve cependant un certain parallèle avec Spin, cette main supérieure qui influence l’humanité, mais j’ai eu l’impression que l’auteur restait un peu trop en surface, cherchant peut-être plus à offrir un roman de science-fiction qui recherche un public plus large, ce roman pouvant se lire très facilement par un adolescent. De plus j’ai trouvé que par moment l’auteur se répétait un peu, principalement dans certains dialogues qui ressassaient les même questionnements et argumentations; mais de façon différente. J’avoue aussi avoir remarqué une petite facilité, que je ne peux dévoiler sans spoiler, mais qui contredit une statistique qui parait importante, mais sur ce point rien de bien gênant. Au final ce roman se lit tout de même facilement, on y retrouve pas le côté fascinant et émerveillant de certains de ces romans, mais cela n’empêche pas à ce livre d’être divertissant et d’offrir un agréable moment de lecture.

La plume de l’auteur est toujours aussi efficace, fluide, entrainante et plus on avance dans le livre et plus on se sent emporter, le tout pour aboutir à une conclusion que j’ai trouvé fascinante, explosive et évitant le happy-end qui aurait été un peu facile. Finalement j’ai un peu l’impression d’avoir le même ressenti qu’avec Blind Lake, un roman très agréable, efficace avec un concept de départ intéressant et de bonnes idées, mais qui aurait pu être meilleur, manquant peut-être d’un peu plus d’ambition. Peut-être que j’attends un peu trop de l’auteur aussi. En tout cas cela ne m’empêchera pas de lire d’autres écrits de Robert Charles Wilson car l’ensemble se révèle toujours aussi prenant.

En Résumé : J’ai passé un agréable moment de lecture avec ce roman, certes il n’est pas le meilleur de l’auteur, mais cela ne l’empêche pas d’offrir une histoire qui se révèle efficace, pleine de suspens où la tension monte au fil des pages pour happer le lecteur, même si construite sur des bases classiques. L’univers parallèle que développe l’auteur est très intéressant même si j’aurai aimé avoir plus d’informations concernant certains aspects. Les personnes construit au fil des pages sont, comme souvent avec l’auteur, humains et attachants face à leurs évolutions et leurs choix pas toujours facile. La plume de l’auteur se révèle fluide et efficace pour aboutir à une conclusion fascinante, pleine d’émotion et explosive. Je reproche en fait à ce roman certaines répétitions dans certains arguments, mais surtout un léger manque d’ambition par rapport à ce que proposait l’auteur ces dernières années, peut-être aussi pour viser un public plus large. Cela n’empêche pas pour autant ce roman d’offrir une lecture divertissante et efficace. Je lirai sans soucis d’autres romans de l’auteur.

 

Ma Note : 7/10

 

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