metro zRésumé : Emma est excédée quand son métro reste bloqué à la station Châtelet. Déjà qu’elle doit s’occuper de Natan, son petit frère autiste… Quand une explosion retentit dans le wagon voisin, elle se rue, paniquée, dans les couloirs envahis par une épaisse fumée jaunâtre. Emma réalise que tous les accès sont condamnés et que Natan n’est plus avec elle ! Partant à sa recherche, elle observe le comportement étrange et terrifiant des autres passagers : indolents, marmonnant, les yeux dans le vague…

Edition : Rageot

 

Mon Avis : Il y a quelques semaines je me suis laissé tenter par la lecture de L’Évangile Cannibale, du même auteur, qui proposait une variation sur le thème des zombies clairement intéressante, dévoilant comme héros principaux des retraités et qui m’avait offert un très bon moment de lecture (ma chronique ici). Je me suis donc rapidement laissé tenter par son roman jeunesse, qui se situe dans le même univers et offrait un point de vue différent de cette invasion de zombies, en ayant hâte de voir comment l’auteur allait s’en sortir avec une lecture pour un public plus large. En tout cas l’illustration de la couverture nous met directement dans l’ambiance : il va falloir fuir.

Emma jeune lycéenne comme les autres, rentre chez elle avec son frère autiste dont elle s’occupe. Une explosion va alors complètement bouleverser ses plans, elle va se retrouver à fuir pour sa vie et très vite se rendre compte que les autorités ne laisse sortir personne. Pire, dans la panique elle a oublié son frère et doit alors le retrouver dans les méandres du métro avant d’espérer s’échapper. Ici, comme prévu par rapport L’Évangile Cannibale, on change complètement de décor, avec comme héroïne cette fois une lycéenne, mais aussi changement de trame, car on quitte le roman post-apocalyptique pour nous plonger au départ de la crise, au cœur même de l’incident. On se retrouve donc ainsi dans quelque chose d’assez classique sur le papier, avec la fuite en avant pour survivre de l’héroïne et ses amis, mais qui n’empêche pas à l’ensemble de se révéler plus que solide et efficace. L’auteur nous happe dès le début, nous immergeant dans l’action dès le second chapitre pour ne plus nous lâcher jusqu’à la conclusion. Le rythme est tendu et l’ambiance qui se dépeint au fil des pages est de plus en plus angoissante. Emma va devoir braver de nombreuses péripéties si elle espère s’en sortir. Le lecteur se retrouve alors à tourner les pages pour en découvrir plus et savoir ce qui va arriver aux héros.

L’univers qui se développe tout au long du récit se révèle assez efficace, nous dévoilant une France futuriste , où les médicaments sont monnaie courante et sont utilisés pour un rien, où les technologies, de plus en plus intrusives, ont évolué pas toujours en bien et où le pouvoir ne change pas et préfère se protéger que faire face à la crise. Là-dessus l’auteur développe aussi de nombreux axes de réflexions qui se révèlent efficaces, même si parfois traités de façon un peu trop simple. Il évite par contre de se mettre des limites, vis-à-vis de l’âge potentiel du lecteur, et traite de sujets d’actualités voir même de sujet graves. On se retrouve ainsi à réfléchir sur la liberté de la presse qui cherche plus facilement le larmoyant ou le sensationnel, l’acceptation des autres, l’influence des classes sociales dans la vie ou encore la maladie et plus particulièrement l’autisme qui, je trouve, est bien traité, offrant des parallèles originaux et permettant au jeune lecteur de mieux appréhender cette maladie. En tout cas une image de fond efficace qui ne laisse pas indifférent. L’auteur n’oublie pas pour autant qu’il est dans un roman de zombies et offre quelques scènes bien angoissantes et glaçantes ; pour un roman jeunesse j’entends bien.

 Concernant les personnages l’effort a clairement été fait pour éviter de tomber dans une certaine caricature voir même éviter d’offrir certains archétypes des héros de récit jeunesse. En effet les protagonistes qu’on découvre au fil des pages se révèlent humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, dépassé devant les évènements, mais qui n’ont d’autres choix que d’avancer s’ils veulent s’en sortir. On se retrouve ainsi à s’attacher assez facilement et rapidement à Emma, adolescente en manque de reconnaissance depuis la naissance de son frère autiste, qui face à la crise qui apparait va alors se retrouver à faire des choix, parfois d’instinct, mais qui vont la forcer à changer, à avoir un nouveau regard. Mais c’est surtout par sa relation avec son frère qu’elle arrive, je trouve, à nous toucher, son évolution tout au long du récit, nous dévoilant au fil de flashback une relation compliquée, une tension entre eux, mais dont la crise et les conséquences qui en découlent vont les aider à se rapprocher, d’une certaine façon à mieux se comprendre et s’apprécier. Il faut ajouter à cela des personnages secondaires eux aussi intéressants et qui apportent des points de vues et des réflexions différentes.

Là où j’ai légèrement coincé dans ma lecture, c’est concernant certains passages qui se révélaient, à mon goût, un peu trop facile, dont la résolution était amenée un peu trop simplement. Alors je sais bien qu’un roman jeunesse n’aura pas la même complexité qu’un livre plus adulte, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, mais voilà, ici, j’ai trouvé que la fin s’offrait un peu trop de deus ex machina. C’est dommage car ça rend la conclusion un peu frustrante et quelques pages de plus pour s’offrir peut-être quelques rebondissements supplémentaires aurait pu apporter quelque chose en plus. Attention ça n’enlève en rien les qualités de l’histoire qui se révèle plaisante à lire et à découvrir, juste que ça l’empêche de passer un cran au-dessus.

La plume de l’auteur se révèle simple, efficace, entrainante et arrive à facilement capter le lecteur pour ne plus le lâcher, à travers cette ambiance dans les méandres de métro assez angoissante et surprenante. À noter aussi une sorte de supplément à la fin, intégré à l’histoire, qui retrace l’historique du zombie et qui offre aussi une comparaison avec les autres être fantastiques ; certes ça n’apprendra rien au fan du genre, mais ça permettra au néophyte d’en apprendre plus et je trouve l’idée réussie. Au final un roman jeunesse qui m’a offert une lecture très sympathique et qui se lit facilement malgré une conclusion un peu facile. En tout cas je lirai d’autres écrits de l’auteur sans soucis.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture très sympathique avec ce roman qui nous offre une histoire de zombies, certes classique sur la forme avec cette fuite en avant devant la catastrophe, mais qui se révèle efficace et entrainante. L’univers futuriste offert ici est solide et bien porté par de nombreuses réflexions, accessibles à tous et qui se révèlent prenantes et percutantes, que ce soit aussi bien sur la société que sur l’homme. L’auteur n’oublie pas non plus qu’il traite de zombies offrant des scènes angoissantes et une ambiance stressante ; pour un roman jeunesse j’entends bien. Les personnages évitent clairement de tomber dans la caricature ou dans l’archétype du héros jeunesse, pour se révéler humain et attachants. La relation entre Emma et son frère autiste est, je trouve, bien traité et son évolution apporte une touche sensible. Les personnages secondaires ne manquent pas aussi d’attraits et apportes des points de vues différents et intéressants. Mon principal regret viens que l’auteur s’offre, principalement sur la fin, un peu trop de facilité pour faire avancer son intrigue, rien de complètement gênant, mais un peu dommage je trouve. La plume se révèle simple et entrainante offrant, pour les jeunes et les moins jeunes, un roman de zombies agréable. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 7 /10

 

Autres avis : Cornwall, Lelf, Bibliocosme, AcrO, …

 

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