Nous qui n’existons pas – Mélanie Fazi

Résumé :« Est arrivé un jour où la fiction n’a pas suffi. »
Aussi curieux que cela puisse paraître, il me semble qu’une des forces de l’œuvre de Mélanie Fazi est que précisément la fiction n’a jamais suffi. Qu’elle a toujours su trouver d’autres biais pour exprimer cette tension personnelle, intime, dont elle nous fait part dans ce livre, et qui est matière de toute sa création.

Extrait de la postface de Léo Henry

Edition : Dystopia

 

Mon Avis : Comme vous le savez, si vous suivez ce blog depuis un certain temps, je suis un grand admirateur des écrits de Mélanie Fazi qui est un peu une voix à part, je trouve, dans l’imaginaire français. Plus novelliste que romancière (elle n’a que deux romans de publiés si je ne me trompe pas), elle a toujours réussi à me captiver et me toucher à travers des textes humains, prenants, étranges d’une certaine façon, à travers un fantastique que j’ai toujours trouvé captivant. Mais cette fois l’autrice revient avec, non pas avec une nouvelle ou un roman, mais un texte de non-fiction. Concernant la couverture, elle a un petit je ne sais quoi que je trouve très accrocheur.

Parler de ce livre n’est pas facile, parce que à travers ce texte de non-fiction, finalement, Mélanie Fazi vient surtout nous livrer une part d’elle-même, avec un écrit intime, mais aussi plein de réflexions. Ainsi justement parce qu’elle se dévoile, parce qu’elle ouvre une « voie » avec ses mots, trop en dévoiler serait, je pense, ternir le message que cherche à faire passer l’autrice. Concernant ma chronique, je ne noterai pas ce livre. On est ici dans une non-fiction intimiste, avant tout comme je l’ai dit personnelle, qui cherche à faire passer un message, à apporter non pas obligatoirement des réponses, mais ses réponses à elle sur certains sujets. J’aurai pu me dire de noter sur mon ressenti la façon dont m’a touché ce petit livre, mais je considère que faire cela aurait « gâché » la teneur du texte. En effet quand je « note » mes chroniques, oui, cela repose clairement sur un ressenti, mais aussi sur des points spécifiques, une construction, un schéma narratif et des attentes, ce qui ici n’est nullement le cas.

Sachez simplement que, comme je l’ai dit, Mélanie Fazi nous offre avec ce texte de plonger dans une partie de sa vie. D’une certaine façon elle nous montre le chemin compliqué qu’elle a parcouru pour simplement, à ce jour, trouver sa place dans la société, mais aussi d’essayer de comprendre qui elle est, que ce soit dans son rapport avec les autres, mais aussi et surtout trouver son identité à elle, que ce soit, sans trop vouloir en dire, à travers la question du genre, de la sexualité, de la vision des autres ou encore des relations amoureuses et tout ce qui tourne autour. J’ai ainsi été touché, marqué, par le message que développe l’autrice au fil des pages, offrant ainsi un message intéressant, important qui cherche à mettre en avant un droit d’exister, d’être qui nous sommes, malgré parfois nos différences, les incompréhensions. D’une certaine façon elle cherche à montrer que notre société est figée dans des idées préconçues et des schémas qui entraînent obligatoirement, je ne dirai pas des « rejets », mais à minima des éloignements, des contradictions. Pour autant elle montre aussi que le chemin n’est jamais terminé, car même si aujourd’hui elle se comprend mieux ce n’est pas pour autant qu’elle ne peut pas changer. La vie est ainsi une constante évolution, la vie est riche, vouloir donc la figer à travers des représentations ou des symboles s’avère réducteur et aussi d’une certaine façon peut devenir intolérant.

Ce texte m’a ainsi au fil des pages marqué, d’une certaine façon touché. Elle a parfois ainsi réussi à mettre des mots sur certaines problématiques et c’est d’ailleurs ce qui, selon moi, rend ce texte très intéressant c’est qu’elle met justement des mots sur des sujets, à travers son expérience son vécu, d’y apporter ses émotions, son ressenti. Ainsi elle offre à ce qu’elle décrit une part d’elle-même, ce qui  fait qu’il sonne très juste. J’ai ainsi été d’accord avec elle sur de nombreux points, j’ai découvert certains aspects soulevés, j’ai aussi parfois été en désaccord avec certains de ses points de vues, sans que pour autant je ne comprenne pas sa réflexion et la trouve légitime. Ainsi même si elle apporte ses réponses, elle cherche surtout à ouvrir le sujet, sans rien imposer. C’est pour cela que je pense que ce court texte mérite d’être découvert, non pas parce que vous allez vous y retrouver, je ne peux le dire vu que l’on est tous différents, mais d’une certaine façon, je pense, il va vous faire réfléchir, vous interroger sur notre société, sur qui nous sommes et à quel point nous cherchons tous à entrer dans des moules déjà pré-conçus. Ainsi au-delà de mettre des mots sur qui elle cherche à être, à décrire son raisonnement personnel et intime, elle vient avec ses réponses nous questionner nous-même.

J’ai aussi trouvé très intéressant la façon dont elle vient  créer un parallèle entre sa quête personnelle et son travail d’écriture. Elle a toujours dit qu’écrire venait d’abord principalement d’elle-même, d’instinct, qu’elle laissait les idées germer avant de les mettre sur le papier et elle le montre un peu avec ce texte, que ses textes finalement ont toujours été plus ou moins une part d’elle même. Il y a toujours eu un échange entre son univers « fictif » et son univers personnel. On se rend ainsi compte que sa quête personnelle était aussi présente dans ses textes, qu’ils résonnaient avec elle-même. Au final, Nous qui n’existons pas est un texte particulier, à la fois intime et poignant, il vient aussi remettre en question, à travers la quête identitaire de l’autrice, certains aspects de notre société parfois rigide. Il vient aussi surtout nous rappeler que le monde est beaucoup plus complexe. Je laisse maintenant à chacun de décider de se laisser tenter ou non, je peux juste vous dire que de mon côté je me suis retrouvé entre ses lignes, se révélant marquantes et captivantes.

En résumé : Nous qui n’existons pas est un texte de non-fiction proposé par Mélanie Fazi qui ne manque pas de s’avérer intime, poignant, intelligent et ne m’a pas laissé indifférent. Outre la quête de l’autrice autour de sa recherche d’identité, dans un monde « cloisonné » qui ne manque pas de s’avérer saisissante et troublante, elle vient ainsi d’une certaine façon tenter de montrer que le monde est beaucoup plus complexe. Elle vient ainsi tenter d’apporter une voie à ceux qui, justement, ont du mal à exister, mais aussi elle vient questionner. À travers les réponses qu’elle a trouvées, elle ne vient ainsi pas nous expliquer comment bien faire, tout dépend toujours de chacun, ni même nous dire ce qu’il faut changer, mais simplement nous ouvrir les yeux sur une réalité qui n’est pas forcément visible. Je me suis aussi en partie retrouvé dans ce livre, trouvant des mots qui résonnaient. Certes une ou deux fois je n’étais pas obligatoirement d’accord avec elle, mais pour autant je comprenais son raisonnement. Il y a aussi un parallèle intéressant entre le travail d’écriture de l’autrice et sa vie personnelle. Pour moi Nous qui n’existons pas mérite d’être découvert pour les questions qu’il pose de façon sous-jacentes. Maintenant je laisse le soin à chacun de voir, car je ne pourrais pas obligatoirement le conseiller tant il s’agit d’un texte difficile à recommander, le ressenti final dépendant, je pense, clairement de chacun.

Autres avis : Cosmo Orbüs, Cyrille, Lhisbei, Sophie, …

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  1. J’aime beaucoup aussi les écrits de Mélanie Fazi. Là j’hésite un peu. Je pense que je le lirai mais pas tout de suite.

  2. Vert

    Dans ma PàL, faut que je me plonge dedans. Ca promet d’être intéressant en tout cas.

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