Pierre-Fendre – Brice Tarvel

Résumé : Un immense château…
On n’y entre pas plus qu’on n’en sort. On y naît, on y vit, puis on y meurt. Un monde clos de murailles infranchissables, chapeauté d’un éteignoir de grisaille. Certains ont l’illusion d’un nid somme toute douillet, d’autres ragent d’habiter une prison. Dulvan et son ami Garicorne appartiennent à ces derniers. Sans savoir ce qu’est vraiment le Grand Dehors, ils aspirent à en percer les mystères et rêvent d’une existence tout autre. Mais, pour ce faire, il convient de faire tomber l’enceinte géante, c’est-à-dire se rendre dans la salle-territoire de l’éternel hiver afin d’arracher la Sommeilleuse à ses songes. Comme le racontent les vieux récits, l’énigmatique endormie est-elle cependant bien une déesse dont les errances oniriques ont fait que le château et tout son contenu soient devenus réalité ?

Editions : Les Moutons Electriques

 

Mon Avis : De Brice Tarvel je n’avais encore jamais lu aucun de ces romans avant de me lancer dans Pierre-Fendre. L’auteur ne m’était pas pour autant inconnu, j’avais  été tenté par la découverte de son diptyque publié chez Mnémos, Ceux des Eaux Mortes, sans qu’il ne rejoigne pour autant ma PAL. J’ai aussi lu deux de ses nouvelles dans des Anthologies du festival Imajn’ère. Concernant ce livre j’avoue que la communication mise en place par l’éditeur, associée à un résumé qui ne manquait pas d’attrait m’ont convaincu de lui laisser une chance. Ajouter à cela une couverture, illustrée par Melchior Ascaride, que je trouve superbe il a par conséquent rejoint rapidement ma bibliothèque. Pour éviter de le voir se perdre dans ma PAL de plus en plus incontrôlable j’ai donc décidé il y a quelques jours de lui laisser sa chance et voir ce qu’allait bien proposer l’auteur.

Ce récit s’avère finalement un récit de Fantasy assez classique dans sa construction. Deux personnages décident de se lancer dans une quête pour réveiller la Sommeilleuse car, selon la légende, c’est elle qui aurait crée le monde dans lequel ils vivent et dont ils cherchent à s’extirper. Car oui ce monde leur parait être une prison, un château fermé, où chaque pièce équivaut à une région autonome et offre de nombreux dangers. C’est donc un vrai périple qui attend nos protagonistes. Sauf que voilà aventure ou pas, périples ou pas, autant le dire tout de suite je n’ai jamais réussi à accrocher, ni à entrer dans ce roman. L’ensemble m’a ainsi clairement paru manquer de cohérence, de complexité et aussi d’intérêt. Déjà commençons par cette fameuses quête. Il existe plusieurs façons de lancer une quête, je ne vais pas toutes les énumérer mais en gros on peut se lancer parce qu’on est poursuivi et qu’on n’a d’autres choix, on peut se lancer car les évènements font qu’on n’a d’autre choix que de partir où on peut pourquoi pas se lancer dans une quête par choix et conviction et donc préparer le voyage et ses périples du mieux qu’on peut. Ici, nos héros se lèvent un bon matin et, parce-que le monde il est tout pourri, se lance dans leur quête avec, quoi, une monture et un slip propre (et encore je ne suis pas sûr pour ce dernier). Car oui, tout le monde le sait, se lancer dans une expédition que jamais personne n’a fait (ou en tout cas n’en est jamais revenu vivant) avec de nombreux périples mortels cela ne demande aucune préparation. Juste comme ça, pour info, j’ai des ratons chez moi, ils ont des plans mieux goupillés et mieux penser pour aller tenter de piquer nos cookies qui est un peu leur saint graal.

Alors oui, d’un point de vue narratif, par contre cela a un intérêt. En effet envoyer à la va-vite nos héros cela occasionne donc obligatoirement d’autres expéditions. Celle de la sœur d’un des héros pour tenter de l’empêcher de faire des bétises et celle de la sorcière qui souhaite les arrêter pour ne surtout pas faire quelque chose de regrettable. Qui dit trois lignes de narrations parallèles, dit par conséquent plus de pages à remplir. C’est dommage, car le démarrage d’un livre joue un rôle important sur le fait qu’on se laisse emporter. Là, l’absence de complexité dans le point du départ du récit a fait que je me suis déconnecté finalement très rapidement du récit. Alors l’auteur aurait pu se rattraper, à travers les nombreuses péripéties et les aventures que rencontrent nos héros, mais même là l’ensemble m’a paru manquer d’intérêt et de consistance et parfois tombent même dans l’absurde. Désolé, je vais spoiler, mais je vais vous donner un exemple de soucis que rencontrent nos héros. Quasi premiers chapitres, nos héros se font capturer par une sorte de clan qui creuse les murs pour découvrir le grand dehors (les murs se résorbant au fur et à mesure). Ils forcent donc nos héros à creuser dans un espace qui leur est inaccessible. Pour s’évader, ils vont alors annoncer qu’ils ont réussi à creuser et que le grand dehors est en fait un lupanar rempli de femmes en petites tenues qui n’attendent que des hommes pour les satisfaire. Bien entendu, les méchants vont alors se précipiter en courant et limite en se marchant dessus, laissant nos deux protagonistes repartir tranquillement. Voilà donc à peu près le niveau d’aventures. Alors je ne doute pas que ça puisse plaire dans le côté ironie et humour, pour ma part je suis resté de marbre. De plus, il y a un énorme manque de tension tant chaque problème est quasiment résolu dans la foulée. C’est bien simple l’auteur termine chaque chapitre avec une difficulté rencontrée qui est résolue au chapitre suivant. Je ne me suis jamais inquiété un tant soit peu pour les personnages tant l’ensemble parait facile et sans surprises.

En ce qui concerne l’univers, franchement l’idée de base ne manque pas d’attrait. Ce château rempli de pièce « fermées », toutes plus dangereuses les unes que les autres. Cela m’a fait pensé dans les grandes lignes au film Cube, mais version Fantasy. Sauf que voilà ce qui est construit tout du long, mis à part servir les propose de l’auteur, ne m’a paru n’avoir finalement que peu d’intérêt et de densité. Certes cette idée de château, finalement prison, ne manque pas d’offrir quelques métaphores et réflexions, avec cette idée d’être enfermée dans son monde, d’oublier de vivre et de profiter de la liberté. Je l’entends bien, mais voilà il ne faut pas pour autant négliger les détails. C’est bien simple : faune, flore et autres personnages rencontrés tout ne parait servir finalement que l’avancée de l’intrigue ou de péripéties et est tout aussi vite oublié. Rien ne sera franchement développé. C’est bien dommage pour un roman qui justement repose sur les différentes salles traversées ainsi que leurs différences.

J’ai ainsi eu l’impression que le livre me disait : bah écoute là j’ai mis des chauves-souris vampire parce que ça en jette et puis cela va créer des problèmes, là j’ai mis des ours hybrides parce que c’est cool quand même, puis c’est fort. Pour ma part j’ai besoin d’un univers qui ait une logique. Je ne lui demande pas qu’il respecte des règles scientifiques ou autres, juste qu’il soit cohérent avec ce qu’il met en place. Là, vu qu’il n’y a jamais un semblant d’explications ou de construction, cela donne l’impression que l’auteur lâche son imagination sans aucune limite. Enfin si, il y en a une d’explication, le monde existe que parce que la Sommeilleuse l’imagine, sauf que cela m’a paru trop simple et mal amené. Oh et il y a de la magie aussi, en effet comme je l’ai dit il y a une sorcière. Enfin la magie, ici, c’est un peu comme le reste, elle ne fonctionne quand ça aide l’auteur et elle ne fonctionne pas quand ça permet au récit d’offrir de nouvelles péripéties. Concernant les réflexions, elles sont d’actualité, c’est vrai et parfois elles fonctionnent pas trop mal, mais dans l’ensemble je ne sais pas si cela vient du fait que je ne suis pas entré dans le récit, mais elles m’ont paru trop souvent rester à la surface des choses.

Concernant les personnages, j’avoue les héros principaux des différents groupes d’aventuriers évitent de tomber dans la caricature, excepté peut-être la sorcière qui elle fait clairement sorcière jusqu’au bout des ongles. L’auteur essaie ainsi de leur offrir une construction intéressante et qui ne manque pas, dans les réflexions que cela peut soulever, de faire écho à notre société. Je prends pour exemple nos deux héros homosexuels, sauf que voilà, là encore pour ma part j’ai trouvé que le récit manquait de complexité et de profondeur. Les personnages secondaires n’apportent pour moi quasiment rien au récit, que ce soit par exemple  le forgeron qui ne sert à rien tout du long avant de tenter vaguement de se réveiller à la fin ou bien encore Clabousse qui n’a de rôle que de prendre des claques avant de disparaitre, aucun n’a réussi à clairement m’intéresser. Au final c’est un peu ce qui ressort, je trouve, de ce roman c’est qu’il donne l’impression, pour ma part, d’avoir été écrit trop rapidement et cherchant peut-être un peu trop le récit rapide et nerveux. Concernant le style, Brice Tarvel a voulu nous tenter une plume qui se veut archaïque avec aussi la création de nouveaux mots pour tenter de nous dépayser. Sauf que voilà, pour ma part, j’ai trouvé l’ensemble plutôt lourd et ampoulé avec aussi une envie de vouloir mettre de l’humour par un côté un paillard qui finalement tombe dans une vulgarité inutile et gratuite. Les dialogues m’ont même paru par moment surréalistes. Pour moi les dialogues c’est un peu comme une musique, il doit en ressortir une sorte de rythmique, une certaine harmonie que je n’ai pas retrouvé ici tant ils m’ont paru surjoués et théâtraux, pour ne pas dire parfois inutiles. Au final, je pense que je n’étais pas le bon lecteur pour ce roman. Je ne doute pas qu’il trouvera son public, j’ai vu plusieurs retours positifs, mais pour ma part je suis complètement passé à côté.

En Résumé : Je dois bien avouer que je ressors de ma lecture déçu, n’ayant jamais réussi à rentrer dans l’histoire que nous propose l’auteur. Je ne remets pas en cause les qualités de ce roman, je pense tout simplement que je n’étais pas le bon lecteur pour le récit qui nous est proposé ici. Je pense que j’ai besoin de récit plus cohérents, plus complexes et plus denses pour me happer. C’est bien simple ici je n’ai pas accroché à la quête de nos héros qui même si elle ne manque pas motivation, parait tellement parti sur un coup de tête alors qu’on parle de voyage mortel. Genre tiens entre le plat et le dessert, si je me lançais dans la quête de réveiller la déesse qui contrôle notre monde. Les péripéties m’ont paru trop simplistes, voir abracadabrantesques et résolues trop rapidement ce qui annihile toute tentative de tension dans le récit. L’univers mis en avant, même s’il n’est pas inintéressant, sert beaucoup trop d’outil aux péripéties et à l’imagination de l’auteur qu’il donne une impression de fouillis sans queue ni tête et manque de profondeur à mon goût. La magie c’est pareil elle fonctionne ou ne fonctionne pas selon les besoins du récit de façon trop flagrante. Concernant les personnages, même si on sent une envie d’offrir des personnages contemporains dans leurs problématiques et qu’ils s’avèrent pas non plus mauvais, là aussi ils auraient, je trouve, mérité d’être plus travaillés et soignés. Concernant les personnages là par contre, aucun ne sort du lot tant ils oscillent entre simples outils et protagonistes n’apportant pas grand-chose. La plume de l’auteur se veut archaïque, se cherchant un style particulier, sauf que pour ma part j’ai trouvé cela lourd, voir ampoulé le tout porté par des dialogues trop théâtraux et parfois vulgaires, sans aucuns intérêts. Après comme je l’ai dit, je ne pense tout simplement ne pas être le lecteur cible de ce livre, j’ai vu de nombreux retours positifs il a donc trouvé son public.

 

Ma Note : 3,5/10

 

Autres avis : Lorhkan, Au Pays des Cave Trolls, …

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  1. J’ai hésité à le prendre, mais tu m’en as finalement dissuadé, les défauts que tu décris vont pas du tout passer, pour moi. Merci !

  2. Et bien, ça ne donne pas envie 😛
    J’avoue que de base je n’étais pas franchement attirée par le pitch qui me faisait trop penser à un conte (et je sais en général que ce genre de fantasy ne me plait pas).
    Du coup je ne pense pas qu’il puisse me plaire non plus donc je l’élimine définitivement de ma liste d’envie potentielles !

    • Après ce n’est que mon avis, d’autres ont l’air d’avoir aimer ce roman. Maintenant oui si les défauts que je souligne peuvent être bloquant pour toi, il vaut peut-être mieux passer ton chemin.

  3. Donc, en gros, tu n’as pas aimé 😉

  4. Le cookie, c’est la vie. 😉
    Pour Pierre-Fendre, je suis censé le lire prochainement, ça ne me redonne pas envie là, mais en même temps je doutais déjà.

  5. Oh la cata ! Je l’ai dans ma PAL, j’espère que j’accrocherai plus que toi… même si pour le coup il vient de reculer de pas mal de crans !!!

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