Je vous propose ma troisième chronique de ce genre, qui reprend mes avis des nouvelles et novellas que je peux lire à droite et à gauche.

A Burden Shared de Jo Walton : Cette nouvelle nous plonge dans un futur lointain, où la technologie permet de transférer une partie, voir la totalité de sa douleur vers d’autres personnes. On suit ici Penny qui, depuis des années, transfert une partie de la douleur de sa fille depuis sa naissance suite à la découverte d’une maladie incurable. Un texte très intéressant dans les nombreuses questions qu’il soulève, face à cette nouvelle technologie que ce soit dans la notion de douleur, ce qu’on est prêt à faire par amour, la folie qui peut apparaître chez certains et les excès qui peuvent en découler, ou bien encore sur notre société. Il y a aussi un travail émotionnel qui ne manque pas de toucher, je trouve, l’autrice dressant des personnages, certes plutôt simples face au format court, mais qui sonnent juste.

Sauf que voilà pour moi le format nouvelle fait que ce récit manque de puissance et de force. Il se lit bien, il se lit vite et ne laisse pas indifférent selon moi, mais il lui manque un petit quelque-chose pour finalement se révéler marquant. Cela vient du fait que l’intrigue est, pour moi, traité trop rapidement. La plume de l’auteur est simple, efficace et sonne juste. Au final une nouvelle sympathique, avec un message intéressant et qui soulève de nombreuses questions, mais qui aurait, selon moi, mérité d’être traité plus longuement pour éviter ce sentiment d’une histoire traitée un peu simplement et rapidement.

 

Ma Note : 6,5/10
Vous pouvez retrouver le texte en VO ici.

Party Discipline de Cory Doctorow : Cette nouvelle nous fait suivre Lenae et Shirielle dans un futur où la différence des classes et de plus en plus accentuée. Proche d’obtenir leurs diplômes, mais très loin d’être rassurées sur leurs avenirs elles décident avec des amis de mettre en place une “Communist party” dans une usine fermée, qu’elles décident de relancer le temps d’une soirée avant son démantèlement. Cette nouvelle offre un regard assez froid, clinique et réaliste sur notre société je trouve, que ce soit à travers sa notion de classe de plus en plus exacerbée, sa notion de consommation, de surconsommation, mais aussi d’accès aux ressources qui ne sont pas les mêmes pour tous, ou bien encore l’enferment dans des prêts bancaires dès les études. De nombreuses réflexions sont ainsi soulevées, principalement sur l’avenir de notre monde et de chacun, la notion de liberté, la technologie ou bien encore la façon dont nous voyons et nous traitons les autres.

Par contre, pour moi, le soucis vient de l’intrigue qui m’a paru un peu trop simple. Je ne remets pas en cause ces deux étudiantes qui souhaitent s’offrir des sensations dans un monde où leur avenir est de plus en plus opaque, mais cela m’a paru par moment un peu trop facile. Cela se ressent dans la tension, puisque comme tout est calibré pour faire avancer le récit comme le souhaite l’auteur et à travers un format court, il manque un petit côté surprenant. Après rien de non plus trop gênant tant l’ensemble se laisse lire avec plaisir. L’univers donne envie d’en apprendre plus, s’avérant, je trouve, très dense et même parfois un peu trop dans un récit court. La plume de l’auteur est simple, efficace et entraînante. Je pense me lancer rapidement dans son roman qui m’attend dans ma PAL.

 

Ma Note : 7/10
Vous pouvez retrouver le texte en VO ici.

Children of Thorns, Children of Water d’Aliette de Bodard : Cette nouvelle se situe dans le cycle Dominion of the Fallen de l’autrice et se place entre le premier et le second tome. Il est possible de lire cette nouvelle de façon indépendante, même si je considère personnellement qu’il est toujours mieux d’avoir lu le premier tome avant. On découvre ainsi Thuan, un dragon, qui a pour mission d’infiltrer la maison Hawthorn en se faisant passer pour un sans-abri et passer le test d’entrée. Un élément inattendu va survenir en plein milieu du test. Une nouvelle très sympathique, qui nous plonge à nouveau dans cet univers mélangeant Anges, Dragons et de ce Paris en ruine. J’ai à nouveau plongé facilement dans ce monde qui continue à me captiver, me dépayser et à me donner envie d’en apprendre plus. Ce récit permet aussi de mettre un peu en avant la race des Dragons, même si de nombreux mystères restent ce qui donne envie d’en apprendre plus.

Les nouveaux personnages que l’on croise et découvre s’avèrent solides, complexes et efficaces et préparent aussi au second tome. Au final une nouvelle plus que sympathique, divertissante et prenante qui se lit vite et bien et donne envie de lire le tome deux (que j’ai d’ailleurs fini il y a quelques jours), le tout porté par une ambiance juste ce qu’il faut de sombre et dérangeante. Le rythme du récit est entraînant bien porté par une montée en tension efficace. Par contre, je ne crois pas être capable de faire des éclairs en chocolat en moins d’une heure ^^

 

Vous pouvez retrouver le texte en VO ici.

The Darwinist de Diaa Jubaili : Il s’agit ici d’une nouvelle d’un auteur Irakien qui a été traduite en Anglais pour le magazine Strange Horizon. Cette nouvelle nous plonge dons en Irak dans les années 50 et va nous conter la vie de Shafiq, rejetée par sa mère à sa naissance, l’accusant d’avoir fait disparaitre son père un darwiniste, communiste, qui n’est jamais revenu de sa quête de banane pour sa femme. Il a alors été élevé par son oncle. J’ai essayé de résumer au mieux ce texte, mais ne vous arrêtez pas à ces quelques lignes de mon fait, elles sont loin de vraiment décrire cette histoire. On plonge récit construit sous la forme d’un conte ce qui rend finalement la lecture d’une certaine façon assez classique, mais ne l’empêche pas de se révéler intéressant. En effet, comme souvent avec un conte c’est quand on commence à gratter un peu qu’on se rend finalement compte de la densité du texte que propose l’auteur. On découvre ainsi une vision intéressante, en toile de fond, de l’Irak, pays finalement que je connais peu, son aspect social et surtout ses règles ou encore son aspect politique, mais aussi son Imaginaire. L’auteur soulève aussi plusieurs réflexions intéressantes que ce soit sur son pays, mais aussi de façon plus globale sur la gestion du peuple, la notion de changement ou bien encore la folie des hommes.

Il y a ainsi de nombreuses idées dans ce récit, certaines plutôt marquantes, d’autres que j’ai trouvé traités peut-être un peu facilement, mais qui offrent dans l’ensemble de quoi faire réfléchir. Alors après, la structure classique et, je ne vais pas dire vieillotte, mais convenu, rend peut-être un peu la lecture linéaire et sans surprises, mais bon rien de trop gênant je trouve. En tout cas un texte qui m’a fait découvrir l’Imaginaire Irakien et que je ne regrette pas d’avoir lu. Je me laisserai peut-être tenté par le recueil de nouvelles d’auteurs iraqiens qui a été publié récemment en anglais.

 

Ma Note : 7,5/10
Vous pouvez retrouver le texte en Anglais ici.