Rois du Monde Tome 2, Chasse Royale Livre 3 – Jean-Philippe Jaworski

Résumé : Après avoir défié toute l’armée rebelle pour couvrir la retraite du haut roi, j’ai fini par me rendre. Qu’est-ce qu’un captif, sinon un demi-mort ? Dans les deux camps, on le méprise pour sa faiblesse. Même si on ne le massacre pas de suite, on lui ôte l’essentiel de sa vie. Moi, on me retire mon mauvais cheval, on me soustrait mes dernières armes, on m’arrache mes bijoux, on m’entraîne vers la rivière avec rudesse. Je patauge bientôt sur la rive boueuse. On crie autour de moi, j’ai l’impression que personne ne sait vraiment ce qu’il faut faire. Je crains de plus en plus que n’arrive l’ordre de me noyer. La mort par l’eau, après tout, est une sentence que peuvent prononcer les rois comme les druides…
Qui va décider de mon sort ? Articnos, roi des Éduens, que j’ai été à deux doigts de tuer ? Sa sœur, la mystérieuse Prittuse, haute reine déchue de Celtique ? Ou bien ce sorcier redoutable que jadis on appelait le gutuater et qui vient d’usurper le sacerdoce du grand druide ?

Edition : Les Moutons Électriques

 

Mon Avis : Vous le savez, si vous suivez ce blog depuis le début, je suis un grand admirateur des écrits de Jean-Philippe Jaworski et cela depuis ma lecture de son roman Gagner la Guerre que j’avais trouvé excellent. Par conséquent quand son éditeur avait annoncé que l’auteur se lançait dans une trilogie celtique, j’ai rapidement su qu’elle finirait dans ma PAL malgré, depuis, c’est vrai, de nombreux aléas puisque la notion de trilogie est passée à la trappe. C’est donc sans surprise, quand j’ai appris que ce troisième livre du second tome serait publié, que je savais que ce roman allait terminer dans ma PAL et rapidement entre mes mains pour être lu. (Retrouvez ma chronique de Première Branche, Deuxième Branche 1, Deuxième Branche 2). Concernant la couverture, l’image est la même depuis le premier tome de la seconde branche, seule la couleur du livre change.

Avant de me lancer dans ma chronique, je tenais d’abord à faire un point suite aux dernières informations fournies sur ce cycle et qui me font un peu grincer des dents. J’aimerais pour cela faire un rappel chronologique. Début 2012 Les Moutons Électriques annoncent un nouveau projet de l’auteur, il s’agit d’une trilogie de fantasy celtique pour une sortie du premier tome été 2012. Courant 2015 la suite est annoncée, mais l’éditeur met en avant que l’auteur, finalement plus « bavard » que prévu sa deuxième branche sera coupée en deux tomes minimum (ils ont bien fait de le mettre ce « minimum »). Début 2017, l’auteur fait une interview sur Elbakin et annonce que sa Deuxième Branche sera finalement une trilogie, ce qui est plus logique selon lui, car son récit est tripartite . Déjà là, je commençais à râler niveau communication. Puis, il y a quelques mois l’éditeur annonce que, finalement, le troisième et dernier tome de la seconde branche serait à nouveau coupé en deux, avec un tome 3 en janvier 2019 et un tome 4 en Mai, et que la Troisième Branche (qui était initialement le troisième tome de la trilogie) ne serait pas publié dans l’immédiat, l’auteur retournant dans Les Récits du Vieux Royaume. Selon ce dernier ce n’est pas grave, car cette Troisième Branche est indépendante des deux autres, ce qui n’a jamais été dit jusque-là et qui me donne clairement l’impression d’un cycle mal géré.

Mais ce n’est pas tout, une interview de l’auteur a été publié il y a quelques semaines mettant en avant que le découpage du troisième tome de la Seconde Branche en deux était un choix purement éditorial. Si, d’un point de vue personnel, je couple cette information avec le crowfunding de la maison d’édition de décembre permettant de s’abonner (abonnement d’ailleurs ne comprenant pas justement le livre de Jaworski sortant en mai, j’ai l’impression) ou l’édito mettant en avant de légères difficultés financières, j’ai un peu l’impression que j’ai perdu mon statut de lecteur pour celui de porte-monnaie. Non, parce que bon, un récit d’à peine 230 pages, pour 23 euros avec en plus des coquilles assez énormes et un quatrième de couverture copié-collé du tome précédent et différent de celui mis sur le site de l’éditeur (à un moment j’ai même cru que je m’étais trompé de livre tant on s’y perd dans ces tomes et sous-tomes), cela me donne l’impression que moi, en tant que lecteur, je ne suis pas considéré dans l’équation autrement que par ma capacité à payer un livre. Alors je me trompe peut-être, il y a peut-être des raccourcis que j’ai fais, des incompréhensions, je sais juste qu’au moment ou j’ai lu ce livre et j’écris cette chronique c’est le ressenti que j’ai. Surtout que bon SPOILER ALERT, ce énième découpage se ressent clairement une fois la dernière page tournée.

Pour revenir au roman, j’ai pourtant retrouvé avec plaisir Bellovèse qui, après avoir été capturé et emmené pour être jugé a réussi à s’évader. Il a depuis réussi à trouver quelques hommes qui sont, pour le moment, prêt à l’aider. Sa captivité lui a permis de choisir son camp, ou tout du moins ne pas se laisser imposer un choix et il part donc à la recherche du Haut Roi. Pour cela il se dirige donc vers le gué d’Avara pour le retrouver. Sauf que la forteresse est actuellement assiégée. De nombreuses surprises vont ainsi attendre notre héros. Alors au final, que dire de ce quatrième tome ? On y retrouve les nombreuses qualités que l’auteur sait insuffler à ces textes, ce côté épique, riche et entraînant, pour autant même si l’ensemble reste plus que sympathique, je ressors de ma lecture un peu frustré. On y retrouve aussi une plume qui s’avère toujours aussi soignée, travaillée et entraînante et qui vient offrir à ce récit un sentiment épique dans la façon dont il est conté. Jean-Philippe Jaworski a d’ailleurs, je trouve, un véritable talent pour conter les histoires et il le montre à nouveau. L’intrigue ne manque pas d’offrir rebondissements, embûches et révélation, le tout porté par un rythme soutenu et efficace qui, certes, fait un peu la place à l’action après un tome précédent plus en construction politique et développement des personnages. Cette réécriture du héros celtes continue, pour ma part, à me fasciner me retrouvant à tourner les pages assez facilement avec l’envie d’en apprendre plus.

Concernant l’univers de ce quatrième tome, il s’avère toujours solide et, même si l’aspect nouveauté à disparu, on continue à être un minimum dépayser avec la vie de nos héros, leurs coutumes, leurs visions de la guerre et la façon dont ils vivent. On sent toujours le travail qu’a dû mener l’auteur pour arriver à construire une toile de fond qui ne manque pas de se révéler vivante et réaliste. Un travail dense, soigné qui donne limite vie à cette époque, ces paysages, dont on se retrouve rapidement happé par le voyage. Les gros bouleversements de ce tome viennent surtout d’un point de vue politique avec, sans trop vous spoiler, un changement dans le jeu des forces du pouvoir qui arrive en fin de tome. Alors certes, il était logique et franchement attendu depuis un moment, mais cela annonce clairement que la fin approche, que le climax va toucher à son but et que cette guerre qui décime le royaume risque de connaitre ses dernières batailles. Il faut dire que les bases sont quand même posées depuis le tome précédent, les clans de chaque côté définis, restait plus qu’à jouer le dernier acte pour tirer le rideau comme l’on pourrait dire.

Concernant les personnages, vu qu’on est dans un tome plus nerveux, plus d’action, ils n’évoluent que peu dans ce tome, cela n’empêche pas pour autant des personnages comme Mapillos de gagner en profondeur ou certains héros secondaires comme la Haute Reine de gagner en intérêt et d’amener aussi une certaine réflexions sur cette époque. Les protagonistes sont ainsi toujours aussi solides et intéressants. Bellovèse continue, je trouve, à gagner en charisme au fil des tomes, à s’imposer, offrant un héros qui fait des choix de plus en plus tranchés, qui continue à jouer crânement sa chance avec tous les risques que cela peut occasionner.  Certes il a toujours une certaine fougue de la jeunesse, une énorme combativité, mais il devient plus réfléchi. Il est toujours tiraillé par certaines révélation apparu dans le tome précédent concernant son couple, mais il fait front. Certaines réponse sur son passé apparaissent aussi, mais je ne dirai rien pour ne pas trop en dévoiler. Comme je l’ai dit le personnage le plus intéressant, je trouve, ici dans les héros secondaires c’est la haute reine qui offre une certaine ambiguïté liée à sa position actuelle et son combat, mais je ne peux rien dire sans spoiler. J’avoue être par contre resté plus de marbre concernant l’animosité entre Bellovèse et un personnage du Gué qui m’a paru peut-être, tout du moins dans ce tome, un peu trop artificiel, cherchant à placer une nouvelle sous-intrigue dans un récit déjà dense.

Sauf que voilà, et je suis désolé s’il va y avoir redite, mais finalement le gros soucis de ce tome vient de son nouveau découpage, car finalement on est ici clairement dans une nouvelle transition. Je trouve même que la transition, où ce qu’on pourrait appeler comme une introduction du chapitre final, est bancale, paraissant surtout d’une certaine façon trop attentiste et gagnant du temps avant la révélation du dernier tome. Ce que j’entends par là c’est que, même si la scène du gué d’Avara apporte quelques nouvelles cartes, que des pions ont bougé, elles étaient en soit prévisible et ne méritait pas, en l’état, un tome à lui tout seul pour moi. Sans dire qu’on se retrouve au même point que la fin du tome précédent, on n’a pas non plus énormément avancé. J’ai été vraiment frustré une fois la dernière page tournée et, même si le talent de conteur de l’auteur et la qualité du récit compense en partie ce sentiment, j’attendais plus de ce tome. Au final reste une lecture sympathique, qui a fait bouger un ou deux élément et a mis tout en place pour le dernier acte. Je lirai le prochain tome, mais clairement l’éditeur a perdu une partie de la confiance que je pouvais avoir envers ses projets.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment avec ce nouveau tome du cycle celtique de l’auteur, pour autant je n’y ais pas retrouvé toute la fascination que je pouvais avoir dans les tomes précédents la faute à quelques aspects frustrants. J’ai pourtant replongé avec plaisir dans la vie de Bellovèse qui, après avoir été capturé, à réussi à s’évader et part à al recherche du Haut Roi. On est dans un tome qui va se révéler plus nerveux, plus percutant et aussi offrir plus d’action. Je suis toujours captivé par l’histoire de ce héros ce qui fait que j’ai tourné les pages avec un minimum de plaisir. Concernant l’univers, même si l’aspect découvert et nouveau s’est estompé, il reste toujours aussi solide et dépaysant. Les personnages évoluent peu dans ce tome, Bellovèse gagnant encore un peu, je trouve, en charisme. Au niveau des personnages secondaires J’ai apprécié l’évolution d’un ou deux d’entre eux. J’ai moins accroché à l’animosité entre Bellovèse et un personnage du gué qui m’a paru artificielle. La plume est toujours aussi soignée riche et entraînante et l’auteur montre à nouveau son talent de conteur. Maintenant soyons clair, le gros soucis de ce tome vient de son énième découpage. Outre le fait que je sens ne plus être considéré comme lecteur, mais comme consommateur (23 euros pour un livre d’à peine plus de 230 pages), je trouve que couper ce dernier tome en deux  est frustrant. Finalement, ce livre 3 donne l’impression d’une introduction légèrement bancale et surtout terriblement attentiste. On n’a pas énormément évoluer depuis le tome précédent dans les quêtes de chacun, même si quelques mouvements dans les jeux de pouvoir sont apparus. Au final même si les qualités du livre viennent en partie compenser cela, pour moi ce tome m’a laissé un sentiment de frustration. Certes c’est sympathique à lire mais j’attendais plus. Il ne me reste plus qu’à attendre un peu plus de 4 mois pour découvrir le final.

 

Ma Note : 7/10

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  1. L'ours inculte

    Joli point moutons ! 🙂
    Du coup je confirme que j’attendrai que le suivant soit sorti pour enchainer les deux vu ta frustration, et je me tâte toujours pour savoir si j’attendrai pas même le poche.

    • Au bout d’un moment entre une communication mal gérée et des découpages à la hache, j’avoue je ne pouvais pas ne pas en parler.
      Je comprends parfaitement ta position, moi je prendrai le dernier tome quand même car même si je suis agacé j’ai quand même envie de connaître la fin de cette seconde branche.e

  2. Boudicca

    Aïe ! :s Il ne devrait pas tarder à sortir de ma PAL, me voilà prévenue (même si je m’attendais quand même à ce que le découpage ne rende pas service à l’histoire ça reste dommage, surtout pour du Jaworski !).

    • Peut-être que tu le ressentiras que moins, mais oui moi de mon côté j’avais envie de dire tout ça pour ça, mais où est la suite.

  3. Le flou complet quant à la structure de cette série, comme tu le rappelles très bien, est la raison pour laquelle je ne me suis pas lancé dans sa lecture alors que je suis très fan des écrits de Jaworski.

    • Tout était clair au début, c’était une trilogie. Mais après tout a basculé et c’est dommage car maintenant j’ai moins envie de laisser sa chance à la maison d’édition. Je me dis parfois que je finis mes séries chez eux et pour les autres je verrai en format poche.

  4. Je comprends tout à fait ton ressenti concernant la communication et cette impression d’exister essentiellement par la capacité à acheter un livre puis à s’engouffrer dans une série. Je n’ai pas encore attaqué la série car je souhaitais justement que sa parution avance réellement. Bien malgré moi, mon choix a payé bien plus que je ne le pensais. Et j’ai eu de la chance aussi qu’on m’offre le premier tome en poche, les deuxième et troisième ont suivi dans le même format. Folio SF suit le mouvement des Moutons électriques mais leur a donné à tous un « sous titre » qui permet de m’y retrouver bien plus facilement. Je note que le découpage est hasardeux voire malaisant mais que les talents de conteur sur l’ensemble de la saga t’ont séduit.

    • Après si tu as déjà lu du Jean-philippe Jaworski, c’est vrai qu’il sait raconter une histoire, donc oui il est très bon de ce point de vue là. Mais voilà, pour cette série le découpage, surtout là, le dessert quand même.

  5. Erf, dommage que ça impact la lecture cette histoire de découpage.
    Au final je me félicite d’avoir arrêté au tome 1.

  6. Oui, bon je vais attendre un lot pour éviter de finir comme toi.
    Merci! 🙂

  7. Bon billet sur cette communication désastreuse. J’avais acheté et lu le 1 en hardcover mais il est quasi sûr que je vais finir la « trilogie » en poche.
    Je n’ai pas lu la partie qui concerne l’histoire car j’ai quelques trains de retard 😀

    • En espérant que ça puisse les aider à corriger le tir de leur communication.

      Je crois que c’est le mieux, attendre que tout soit publié avant de se lancer.

  8. Ça tombe bien, je m’étais dit que j’attendrai les Imaginales pour acheter les 2 d’un coup! C’est clair que 23 euros pour le nombre de pages ça fait cher, surtout qu’il n’y a pas de traducteur à rémunérer….

    • 23 euros, c’est simple c’est le même prix par exemple que Meijo du même éditeur qui est sorti il n’y a pas si longtemps que cela et qui fait quasiment le double.

  9. Et bah ça fait cher le bouquin… bon bah j’avais un doute mais maintenant c’est sûr, c’est un cycle que je terminerai en poche…

  10. BazaR

    Merci pour l’avertissement. Ça commence à ressembler à de l’édition à la Pygmalion tout ça. Je vais en rester à ma première idée: attendre que tout soit dispo en poche.

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