a natural history of dragonsRésumé : All the world, from Scirland to the farthest reaches of Eriga, know Isabella, Lady Trent, to be the world’s preeminent dragon naturalist. She is the remarkable woman who brought the study of dragons out of the misty shadows of myth and misunderstanding into the clear light of modern science. But before she became the illustrious figure we know today, there was a bookish young woman whose passion for learning, natural history, and, yes, dragons defied the stifling conventions of her day.
Here at last, in her own words, is the true story of a pioneering spirit who risked her reputation, her prospects, and her fragile flesh and bone to satisfy her scientific curiosity; of how she sought true love and happiness despite her lamentable eccentricities; and of her thrilling expedition to the perilous mountains of Vystrana, where she made the first of many historic discoveries that would change the world forever.

Edition : Tor Books

 

Mon Avis : J’avoue je n’ai découvert cette série que sur le tard, puisque ce premier tome est entré dans ma PAL VO qu’il y a quelques mois seulement alors qu’un quatrième tome va être publié prochainement. En fait c’est surtout en tombant sur différents retours VO du tome 3 que j’ai décidé de me laisser tenter. Il faut dire que je suis un amoureux des dragons, donc je ne pouvais pas, ne pas être attiré par ce récit. De plus j’espérais trouvé ici avec ce roman ce que je n’avais pas complètement trouvé avec le personnage d’Alise dans la Cité des Anciens de Robin Hobb. Concernant le livre en lui-même, les différentes illustrations réalisées par Todd Lockwodd, que ce soit celle de la couverture, comme celles qui sont parsemées dans ce livre sont vraiment magnifiques et ajoute clairement quelque chose à l’ensemble.

Ce livre est ainsi construit comme des mémoires, Lady Trent vient ainsi nous raconter sa vie, son enfance, sa fascination pour les dragons qui va ainsi la forcer, au fur et à mesure qu’elle grandit, à braver les interdits de la société très victorienne qui veulent que les dames restent à la maison à  broder, parler potins et à concevoir ainsi qu’à garder les enfants. Elle va ici nous raconter sa première expédition pour étudier les dragons, qui va se révéler loin de tout repos puisque les dragons locaux attaquent les hommes sans raisons particulières ce qu’ils ne faisaient pas avant. Ce roman va alors se révéler être bien plus que de simple mémoires, comme on se l’attendait, on plonge ainsi dans un roman d’aventures, où on se retrouve à voyager, à découvrir, à étudier, à devoir survivre, où l’héroïne va devoir trouver bravoure et intelligence pour mener à bien cette quête. Alors attention, si vous cherchez un roman sur les dragons nerveux et bourré d’action avec des combats épiques d’êtres de légendes, passez votre chemin, ce n’est pas le but du livre Isabelle n’étant pas obligatoirement une Indiana Jones, même si elle sait trouver du courage quand il le faut. On est plus dans un récit d’aventure posé, qui met en place son intrigue et ses mystères calmement, cherchant plus à faire réfléchir les différents personnages, à les pousser à comprendre qu’à vraiment se lancer dans de l’action effrénée. On est aussi plus dans la découverte en profondeur des dragons. Cela n’empêche en rien ce récit de se révéler plus que plaisant et fascinant, tant ce que construit l’auteur se révèle captivant, que ce soit dans son aspect scientifique comme dans son aspect découverte. On est ainsi clairement plus dans un récit d’exploration on va dire, le tout parsemé d’une enquête pour essayer de deviner ce qui trouble ces dragons.

On découvre ainsi au fil des pages une Terre différente de la nôtre, un univers parallèle mais pas tant que cela, où les noms des pays et des lieux ne sont pas les mêmes et où des animaux fantastiques comme les dragons existent et sont bien vivants. Cela permet ainsi à l’auteur de ne pas non plus se perdre dans l’aspect historique sans pour autant perdre le lecteur. Ce qui est par contre, selon moi, le point fort du récit c’est son aspect scientifique, le côté naturaliste. On ne sait finalement que peu de choses sur ces êtres de légendes, mises à part quelques études, et ce sont des expéditions comme celles menées par Isabella et ses compagnons qui permettent d’en apprendre plus. Cela permet ainsi de découvrir, on va dire, plus en profondeur ces animaux mystiques aussi bien sur leurs anatomies que sur leurs moeurs, qui se dévoilent au fil des pages. Cela permet d’offrir une vraie profondeur supplémentaire à cet univers et surtout à le rendre crédible et réaliste. Le travail sur l’anatomie de dragons ou autre permet vraiment au lecteur de croire à leurs existences, à les rendre palpables.

Concernant l’époque, l’auteur parait s’être fortement inspirée de l’époque victorienne je dirais, avec leurs moeurs et leurs coutumes parfois désuètes (certes pas toutes). Alors certes, cela à déjà été traité, mais on découvre une époque avec ses idées préconçues, ses avancées, ses idées, sa façon de traiter et respecter les étrangers ou les différentes classes sociales et où notre héroïne va justement se battre contre cela, ou va même devoir évoluer face à certaines idées qu’elle avait pour changer. Les lieux que l’on découvre au fil du récit ne manque pas non plus d’attrait, que ce soit dans le parallèle entre le faste de la capitale par rapport au petit village de montagne de Drustanev, mais aussi dans le croisement des deux mondes. Ce regard hautain de l’héroïne, qui se considère civilisée et qui va changer. Drustanev qui n’est pas non plus sans faire écho à certains villages « angoissants » qu’on peut retrouver dans certains fils fantastiques, ce qui offre une touche de tension supplémentaire et intéressante.

L’autre principal intérêt du roman vient clairement d’Isabella qui va se révéler être une héroïne attachante, percutante, soignée et charismatique. Que ce soit dans la plongée dans son enfance et le début de sa passion pour l’étude des animaux, et plus principalement des dragons qui la dévore, ou bien encore sa fougue, ou encore une fois mariée, sa façon de devoir gérée sa passion, de la cacher. Elle se sent clairement coincée dans cette position de « femme » qu’on lui impose et qu’elle n’apprécie pas ; où sa curiosité concernant l’étude doit être cachés pour éviter d’être mal vue. On suit ainsi un véritable « combat » de la jeune femme pour gagner le respect de ses pairs et de tout le monde. Elle va ainsi devoir mettre en avant son intelligence, sa passion, son envie, tout en sachant ne pas aller trop loin tant l’époque patriarcale est pleine de préjugés, souvent contraignants, et elle pourrait tout perdre. Surtout il se dégage une vraie évolution dans le personnage, qui se ressent d’ailleurs encore plus avec le contraste entre la Lady Trent posée, réfléchie qui raconte sa vie et celle présentée plus jeune pleine de fougue et d’envie, cela donne ainsi clairement envie d’en apprendre plus pour comprendre cette évolution. Au final une héroïne pleine de rêves qu’elle nous partage et qui va devoir se battre pour les réaliser. Sauf que voilà, la fait d’avoir une telle héroïne aussi « marquante » fait que les autres personnages paraissent un peu moins captivants. Attention ils ne sont pas mauvais, mais ils me paraissent moins profonds, moins travaillés que notre héroïne, voir parfois être présent que pour mettre en avant Isabella, ce qui est parfois dommage, même si rien de bien bloquant.

Malgré la qualité du récit j’ai quand même noté un ou deux points qui m’ont légèrement dérangés. Dans le dernier quart du livre l’auteur a du mal à tenir l’intérêt du récit, elle donne un peu l’impression de tourner en rond ce qui provoque quelques légères longueurs et se révèle dommage car la conclusion m’a paru, au contraire, légèrement précipité. Tout va se résoudre un peu trop rapidement, même si cela répond à l’ensemble des mystères et complots mis en place, et que l’auteur a réussi à garder aussi pas mal de surprises et de révélations. Rien de non plus trop dérangeant quand même. Au final un tome d’introduction intéressant et efficace, bien porté par une plume qui se révèle soignée, dense, travaillée et qui colle parfaitement bien à l’époque. Je m’en vais de ce pas faire rentrer la suite dans ma PAL.

A noter que ce roman a été publié en VF chez l’Atalante sous le titre Mémoires par Lady Trent, Une Histoire Naturelle de Dragons.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous propose une fantasy, calme, posé, dans une monde parallèle au nôtre, où les dragons existent. L’auteur a vraiment axé son récit sur l’aspect scientifique et naturaliste des dragons, alors on est très loin du côté action qu’on peut parfois attendre de ce genre d’être de légendes, mais, je trouve, offre une vision complètement différente, originale et palpable. On a vraiment l’impression de croire qu’ils existent. Marie Brennan n’oublie pas pour autant d’offrir une aventures, certes sur un rythme lent, mettant plus en avant révélations et réflexions, mais qui se révèle vraiment intéressante malgré un certain essoufflement vers la fin et une conclusion qui m’a paru légèrement précipitée même si percutante. L’autre point fort du récit vient clairement d’Isabella, une héroïne vive, attachante, charismatique, coincée dans un univers victorien aux préjugés bloquants et qui va devoir se battre pour faire vivre sa passion. Cela permet aussi de nous offrir une réflexion sur l’égalité ou encore sur la façon dont sont vus les étrangers. Sauf que voilà cela se révèle aussi à double tranchant, l’héroïne éclipsant un peu les autres personnages, ce qui est parfois légèrement dommage, même si rien de bien bloquant. La plume de l’auteur se révèle vraiment soignée, travaillée, fluide et entrainante et je lirais sans soucis la suite de ce cycle.

 

Ma Note : 7,5/10