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Conséquences d’une Disparition – Christopher Priest

Résumé : 2000. Ben Matson noue une relation passionnée avec Lilian Viklund. Il ne le sait pas encore mais, dans moins d’un an, la jeune femme aura disparu.
Plus de vingt ans après, le décès de Kyril Tatarov, un scientifique de renom que Matson a jadis interviewé, fait la une des journaux, alors que les débris de ce qui ressemble à un avion sont retrouvés dans l’Atlantique, à une centaine de miles des côtes américaines. Ces deux événements, a priori sans rapport, replongent inexorablement Ben dans les souvenirs de son histoire avec Lil. Se pourrait-il qu’il y ait un lien entre la disparition de la jeune femme, celle de Tatarov et celle d’un avion inconnu? Et le monde que nous connaissons serait-il en train d’en subir les conséquences?

Edition : Denoël Lunes d’Encre (publié le 13-09-2018)
Traduction : Jacques Collin

 

Mon Avis : Pour ceux qui suivent mon blog régulièrement, vous devez savoir depuis le temps que je suis un grand admirateur des écrits de Christopher Priest. Pour autant je suis encore loin d’avoir lu toute sa bibliographie et il va falloir que je me bouge un peu. Je suis toujours fasciné par la capacité de l’auteur à jouer sur la réalité, à construire des récits étranges, prenants et envoutants. Il était donc logique, quand j’ai appris que l’auteur publiait un nouveau roman, que je me laisse rapidement tenter. Par conséquent quand on m’a proposé de le découvrir, j’ai rapidement accepté. Concernant la couverture, illustrée par Aurélien Police, je la trouve personnellement très réussie.

L’Archipel du Rêve – Christopher Priest

Résumé : Par-delà le Vortex s’étend l’Archipel du Rêve, une zone de neutralité épargnée par la guerre qui ravage les continents austral et septentrional. On rêve d’y séjourner et, une fois prisonnier de ses langueurs tropicales, on ne peut que succomber à une autre forme de guerre, celle que se livrent les êtres de désir et de pouvoir qui peuplent les différentes îles de cette géographie hors du temps, singulière en diable.

Edition : Denoël Lunes d’Encre (7 nouvelles)
Poche : Folio SF (9 nouvelles)

 

Mon Avis : Cela faisait un petit moment que je ne m’étais pas lancé dans un livre de Christopher Priest. Après vérification sur le blog cela faisait même plus de un an et demi. Il a fallu que je croise l’auteur lors du dernier festival des Imaginales pour me dire que j’avais encore certains de ses livres dans ma PAL, d’autres à acquérir, et qu’il serait intéressant que je les lise. Mon choix s’est donc porté, un peu par hasard, sur L’Archipel du Rêve dont j’ai déjà un peu visité les contrées à travers d’autres écrits de l’auteur. Concernant la couverture, illustrée par Manchu, je la trouve très réussie. Concernant ce livre il s’agit d’un recueil de sept nouvelles (j’ai lu la version Denoël et non Folio SF qui comporte deux nouvelles supplémentaires si je ne me trompe pas) et, pour une fois, je ne vais pas chroniquer chacun des textes, mais plus une chronique plus globale tant je trouve qu’une certaine cohérence ce dégage, même si c’est peut-être moins exhaustif.

L’inclinaison – Christopher Priest

linclinaisonRésumé : Compositeur de musique renommé, Alesandro Sussken est né dans un pays en guerre, clos, dirigé par une impitoyable junte militaire. Parti au front, son frère Jacj n’est jamais revenu. Un jour, on propose à Alesandro une tournée de neuf semaines dans certaines îles de l’Archipel du Rêve, dont la volcanique Temmil, sur laquelle vit And Ante, un guitariste de rock qu’Alesandro considère comme un plagiaire éhonté.
Cette tournée, aux distorsions temporelles incompréhensibles, va changer la vie d’Alesandro d’une façon inattendue. Il va tout perdre : sa femme, ses parents, sa liberté. Pour comprendre sa descente aux enfers, il n’aura pas d’autre solution que de retourner dans cet Archipel du Rêve, aussi séduisant que dangereux…

Edition : Denoël Lunes d’Encre (parution le 13/10/2016)
Traducteur : Jacques Collin

 

Mon Avis : Je me suis lancé il y a plusieurs mois de cela maintenant dans la découverte des écrits de Christopher Priest et je dois dire que pour l’instant je n’ai pas été déçu. L’auteur a toujours réussi à me convaincre, que ce soit à travers une SF d’anticipation, comme à travers une SF plus métaphysique. Donc quand j’ai vu que l’auteur sortait un nouveau roman, je n’ai pas mis longtemps avant de me lancer dans sa lecture même si j’ai tout de même un peu hésité. En effet ce récit tourne autour de l’Archipel du Rêve, qu’il met en avant depuis quelques années et, même si les romans sont indépendants les uns des autres, j’hésitais à me lancer dans une lecture par ordre de publication. Mais finalement non, j’ai craqué sur ce dernier roman à la couverture, illustrée par Aurélien Police, que je trouve magnifique et qui colle bien au récit.

L’Adjacent – Christopher Priest

l'adjacentRésumé : En Anatolie, l’infirmière Melanie Tarent a été victime d’un attentat singulier : totalement annihilée, elle n’a laissé au sol, comme seul vestige de son existence, qu’un impossible cratère noir et triangulaire.
De retour en République Islamique de Grande-Bretagne, son mari, le photographe free-lance Tibor Tarent, apprend qu’un attentat a eu lieu le 10 mai à Londres, qu’il a fait cent mille morts, peut-être le double. Là aussi, la vaste zone touchée était inscrite dans un triangle parfait.
Alors qu’il est emmené dans une base secrète afin d’être interrogé sur ce qu’il a observé en Anatolie (globalement rien, en dehors de l’étrange point d’impact), Tibor entend parler pour la première fois du phénomène d’adjacence. Mais à bien y réfléchir, est-ce vraiment la première fois?

Edition : Denoël Lunes D’Encre

 

Mon Avis : Cela fait quelques mois que je me dis qu’il serait peut-être temps de sortir l’un des nombreux romans de Christopher Priest qui sont coincés dans ma PAL, surtout que le premier roman que j’ai lu de lui il y a quelques temps, malgré ses quelques défauts, me donnait envie de découvrir plus de la bibliographie de l’auteur. Par conséquent quoi de mieux que de se lancer dans son dernier roman publié en France qui, il faut bien l’avouer, propose un résumé assez intriguant et offre une couverture, illustrée par Aurélien Police, que je trouve vraiment très jolie.

Alors je préviens d’avance, maintenant que je me lance pleinement dans ma chronique, L’Adjacent fait partie de ses romans qu’il me sera difficile de chroniquer pour en faire ressortir pleinement mon ressenti. Il faut dire que l’auteur nous propose un récit qui va se révéler dense en réflexion, en questionnement philosophique et pratique, mais aussi en ramification concernant toute l’image de fond et ces théories sur le multivers, tout en proposant quelque chose d’onirique et de mystérieux. Il s’agit aussi d’un roman vraiment ouvert, que ce soit dans le déroulement de ses intrigues, comme dans ses idées et qui laisse par conséquent la part belle au lecteur où, je pense, chacun se fera se forgera sa propre opinion. En gros si je devais faire un résumé en quelques mots de ma lecture j’ai trouvé ce roman passionnant et pourtant une fois la dernière page tournée je reste légèrement frustré.

On plonge ainsi dès les premières pages dans le quotidien de Tibor qui vient de perdre sa femme suite à un attenta étrange et qui revient dans une Angleterre futuriste complètement différente que celle que l’on connait, où les perturbations climatiques ont changé le paysage et où l’Islam a l’air d’avoir gagner en influence transformant la Grande-Bretagne en Royaume islamique de Grande-Bretagne. Sauf que voilà, l’histoire de Tibor n’est pas la seule que l’on va suivre, plusieurs récits vont ainsi se dévoiler, s’entrecroiser parfois de façon abrupte, au fil des parties. J’avoue m’être senti légèrement dérouté à travers les différentes histoires que l’on croise et qui ne paraissent pas obligatoirement être liées les unes entre les autres et je dois bien le dire que j’ai apprécié être ainsi déconcerté, car il permet ainsi à l’auteur de nous offrir de nombreux axes de réflexions tout en nous proposant un voyage superbe.

En effet, pour peu qu’on accroche à cette narration et à la liberté laissé au lecteur, je me suis retrouvé intriguer et emporter par le récit qui va se révéler, si on gratte un peu, plus complexe qu’on peut le penser. Outre le fait que Christopher Priest est un excellent conteur, ce qui fait que chaque récit se révèle fluide et entrainant possédant sa propre vie, l’ensemble offre aussi quelque chose d’universel. Car même si on ne s’en rend vraiment compte qu’à la fin un des fils rouges est finalement une histoire d’amour qui va se révéler d’une grande force, même si parfois, j’avoue, maladroite sur certains aspects. Surtout l’auteur s’amuse clairement avec le lecteur, jouant sur la réalité, sur la possibilité d’exister dans plusieurs espace-temps quantiques à la fois. En fait pour faire simple et reprendre l’idée du livre, Priest joue au magicien, à l’illusionniste, avec le lecteur, le déroutant par l’adjacence, pour finalement mieux le surprendre par la suite tout en le faisait réfléchir sur de nombreux points comme l’identité, la vie, la perception de la réalité ou encore l’avenir et les mondes parallèles. Après je peux comprendre clairement que ce roman puisse dérouter le lecteur, car il s’agit aussi d’un roman perturbant par son aspect  totalement ouvert tout du long ; où chaque lecteur devra y puiser et y « écrire » ses propres réponses.

Les différents univers que l’on croise, que ce soit ce futur imaginaire, la première et la seconde guerre mondial ou encore Parchoux, qui à ce que j’ai compris est présent aussi dans d’autre romans de l’auteur, se révèlent vraiment intéressants à découvrir et surtout solides et bien documentés. On sent bien que l’auteur a pris le temps à chaque fois de travailler son sujet, pour nous offrir une image de fond à chaque fois unique et soignée. Ils partage aussi avec nous sa passion pour la magie, mais aussi par l’aviation et, je dois bien avouer, qu’il arrive à la communiquer de façon efficace, curieuse et vivante, sans jamais tomber dans l’ennui ou la lourdeur. D’ailleurs ces deux passions vont avoir un rôle à jouer dans le récit, mais aussi la notion de temps et d’espace qui sont développés de façon simples, sans trop tomber dans le scientifique, et qui pourtant se révèlent captivante avec cette Adjacent qui en est le point central. Mais une des grandes forces du récit vient de ses personnages qui paraissent tous différents, mais le sont-ils vraiment? Ne sont-ils pas à chaque fois les mêmes personnages qui se perdent et se retrouvent au fil des lieux, des univers et des époques? Le héros est-il le même à chaque fois, qui vit différentes vies? possède-t-il différents avatars dans des mondes parallèles? ou est-il devenu schizophrène et s’imagine des choses? Ou bien s’agit-il simplement de différent personnages à chaque fois qui possèderait la même essence? C’est ce questionnement tout du long qui, finalement, fascine, mais peut aussi repousser le lecteur qui aime les histoires construites de façons à fournir toutes les réponses. L’aspect « romantique » est traitée de façon fine et intéressante, avec cet amour complexe et fort qui se déchire pour mieux se reconstituer.

La plume de l’auteur joue aussi son rôle dans le fait qu’on tourne facilement les pages du livre. En effet ele se révèle poétique, fluide, et entrainante ce qui fait que, malgré un rythme finalement assez lent, on se retrouve véritablement happé par ce récit, emporté par les nombreuses idées que propose l’auteur au lecteur, le poussant ainsi régulièrement à devenir acteur de l’histoire, proposant et disposant de ses propres réponses. Comme je l’ai dit il est un peu difficile pour moi de véritablement retranscrire mon sentiment avec cette lecture tant l’oeuvre se révèle complexe, denses et surtout dépendra aussi fortement du lecteur et de sa façon de s’investir dans ce roman, ou chacun construire le puzzle mis en place par l’auteur à sa façon. Et finalement c’est peut-être là que vient aussi mon léger sentiment de frustration, avoir l’impression de louper une clé du récit, un élément révélateur, mais rien de vraiment dérangeant car au final l’auteur a réussi le pari de me donner envie de relire un jour le roman pour justement essayer de voir si je n’ai pas loupé un point, où si ma vision à ce moment là n’aura pas changé. Il va falloir maintenant que je sorte d’autres romans de l’auteur de ma PAL.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce nouveau roman de Christopher Priest dont il m’est difficile d’en écrire mon ressenti tant l’ensemble se révèle finalement dense et possédant une certaine complexité. En effet l’auteur nous propose ici un récit qui joue avec le lecteur, un peu comme un illusionniste, avec le temps, l’espace et la réalité, proposant ainsi différentes histoires qui paraissent liées entre elles et dont on dévoile un peu plus au fil de la lecture les mystères. Le grand intérêt du roman vient que chaque lecteur, finalement, se fera son propre avis, son propre « puzzle » des pièces laissées par l’auteur, ce qui pourrait déranger ceux qui aiment un récit ou tout est expliqué, mais qui pour m’a part m’a fasciné et offert une lecture différente. Surtout l’auteur nous offre un récit universel, une histoire d’amour, certes qui parait se jouer des frontières physiques, mais qui pourtant se révèle touchante dans son évolution. L’univers construit par l’auteur est solide, efficace où l’auteur nous partage ses passions pour la magie et l’aviation le tout de façon soignée et sans tomber dans les longueurs ou les lourdeurs. Alors après c’est un roman ouvert, où comme je l’ai dit chacun y trouvera ses propres réponses, mais je ne peux m’empêcher de me sentir tout de même légèrement frustré, comme si j’avais l’impression d’avoir manqué une clé ou un élément important. Rien de non plus bloquant, car cela me donne envie de relire ce livre un jour ou l’autre. Il faut dire aussi que la plume de l’auteur fluide, poétique et entrainante y joue aussi pour beaucoup, happant le lecteur assez facilement.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Vepug, Mariejuliet, joyeux-drille, julien le naufragé, Felina, Koré, …

Notre Ile Sombre – Christopher Priest

notre ile sombreRésumé : Je suis sale. J’ai les cheveux desséchés, pleins de sel, des démangeaisons au cuir chevelu. J’ai les yeux bleus. Je suis grand. Je porte les vêtements que je portais il y a six mois et je pue. J’ai perdu mes lunettes et appris à vivre sans. Je ne fume pas, sauf si j’ai des cigarettes sous la main. Je me saoule une fois par mois, quelque chose comme ça. La dernière fois que j’ai vu ma femme, je l’ai envoyée au diable mais j’ai fini parle regretter. J’adore ma fille, Sally.
Je m’appelle Alan Whitman… Et je survis dans une Angleterre en ruine, envahie par des populations africaines obligées de fuir leur continent devenu inhabitable.

Editeur : Denoël Lunes d’Encre (Paru le 13/05/2014)
Traduction : Michelle Charrier

 

Mon Avis : Christopher Priest fait partie des auteurs connus et reconnus dans le monde de la SF, ayant même eu la chance de voir une de ces œuvre adapté au cinéma : Le Prestige. Et pourtant, honte à moi, je n’avais encore jamais lu un seul de ces romans, malgré que certains m’attendent pourtant dans ma PAL. Donc quand on m’a proposé de découvrir le dernier roman publier de l’auteur, qui est en fait une réécriture du premier roman de l’auteur paru dans les années 70 : Le Rat Blanc, j’avoue que je me suis laissé tenter, surtout que le résumé annonçait un roman apocalyptique et que la couverture, illustrée par Aurélien Police, est, je trouve, vraiment magnifique.

J’avoue que dès les premières lignes je me suis retrouvé emporter par ce roman, en effet le récit ouvre sur une double présentation du héros, une avant la catastrophe et une après, la première le montrant comme un cadre moyen là où la seconde comme un sans-abri qui a tout perdu. Qu’est-ce qui a bien pu lui arriver pour qu’il tombe aussi bas? C’est là-dessus que l’auteur capte son lecteur, lui faisant tourner les pages de ce court roman pour savoir ce qui a dérapé, déraillé dans sa vie et à travers le monde. Surtout que l’auteur sait garder son lecteur en haleine, cassant son récit, mélangeant trois lignes temporels pour bien construire son personnage, découvrir son évolution au fil des périodes et surtout sa façon de voir le monde changer entre sa jeunesse, l’époque plus « adulte » où il est marié et père de famille et l’époque après cette grande catastrophe qui a obligé des millions d’émigrant à envahir l’Angleterre fuyant un pays complètement en ruine.

C’est finalement ce point qui fascine le plus dans le roman, cette lente plongée en abyme du héros principal, cette évolution qui va l’amener à rejeter le vernis qui faisait de lui un homme civilisé pour revenir vers ses plus bas instincts pour survivre. On sent ainsi au fil des pages monter la tension, ainsi qu’une ambiance, qui devient de plus en plus sombre et de plus en plus tragique d’un homme qui perd tout au fil des pages. Ce que j’ai trouvé aussi intéressant c’est que, pour un roman des années 70, il possède des aspects toujours aussi contemporains, nous présentant un protagoniste principal qui finalement ne s’intéresse que très peu et de très loin à la politique et considère que tout ne peut que s’arranger avec le temps ; le tout dans un pays où le nationalisme prend de plus en plus d’ampleur à travers une communication  efficace et agressive. Comment ne pas penser à ce qu’on voit parfois aujourd’hui. Cela amène donc obligatoirement à la réflexion sur notre façon de réagir face à une telle catastrophe, que ferions-nous?

Concernant les personnages, Alan Whitman ne manque pas d’intérêt et se révèle très intéressant à découvrir, se révélant le reflet global de la société aveugle et manipulé et dont on découvre au fil des pages son aspect humain, rempli d’émotions contradictoires. Pourtant il n’est pas non plus le personnage qu’on aurait pensé s’attacher, se révélant un adepte de l’adultère et limite obsédé par le sexe, il parait aux premiers abords légèrement antipathique, mais c’est la façon dont il avance le long du récit qui le rend captivant, sa façon de se rendre compte de ce qu’il gagne et qu’il perd, mais aussi des liens qu’il a lié et parfois perdu. Il se remet continuellement en question au fil de sa descente en enfer, sans prendre toujours les bonnes décisions. Le problème vient par contre des autres personnages qui ne sont là que pour faire évoluer le héros et rien d’autre, on ne sait quasiment rien d’eux et de ce qui les anime, que ce soit sa femme, sa fille ou encore Rafiq l’auteur reste toujours en surface, ne se servant d’eux que pour amener le changement d’Alan et c’est dommage je trouve, car certains auraient pu avoir du potentiel.

Concernant l’univers et tout le background que cherche à mettre en avant j’avoue qu’il reste assez classique, mais surtout reste ancré peut-être un peu trop dans les années 70. Il parle de pays africains qui se doteraient de l’arme nucléaire ce qui occasionnerait un conflit qui rendrait la vie sur le continent impossible, hypothèse qui parait peu plausible de nos jours. Alors bien entendu l’aspect intéressant n’est pas tant la cause que les conséquences, mais tout de même c’est un peu frustrant. L’auteur le dit lui-même dans la préface sa révision du texte ne portait pas sur le fond, mais sur la forme, donc pareil tout ce qui est aspect technologique se révèle aussi vieilli. Il est plus difficile d’imaginer de nos jours qu’une fois sorti de chez soi on se retrouve sans communication avec pour seul élément d’information une radio à piles, tout comme il est compliqué d’imaginer que certaines propagandes, mené par des groupuscules, que dévoile l’auteur puisse fonctionner avec les outils qu’on possède aujourd’hui. Cela ne dérange certes en rien et n’enlève pas la façon de réagir des hommes ainsi que les réflexions qu’il y a avec, mais le point de départ reste clairement d’époque. Concernant tout l’aspect politique et social, par contre, il se révèle intéressant et surtout permet à l’auteur de construire une ambiance de plus en plus angoissante et triste au fil des pages.

J’ai lu aussi, que ce soit dans la préface ou sur certains sites, que ce roman était considéré comme raciste, mettant en avant l’invasion des noirs sur l’Angleterre, je ne suis pas d’accord. L’auteur reste clairement neutre dans sa façon de présenter les choses, il ne fait pas de politique, cherchant simplement à montrer les conséquences de choix politiques. Pour cela il a donc imaginé un exode massif et il a choisi le continent Africain, mais cela aurait pu être aussi bien un exode américain, européen ou chinois l’effet aurait été le même. Comme je l’ai dit, ce que cherche à montrer l’auteur c’est surtout les conséquences, l’aspect guerre civile, la profonde dégradation d’un pays considéré comme civilisé qui retombe vers ses plus bas instincts ; que ce soit des deux côtés tout le monde est capable du pire. Cette constatation montre par contre une chose c’est que l’auteur a oublié justement de caractériser ses immigrants, de leur offrir de la profondeur et de l’humanité, excepté parfois à travers le regard du héros, ce qui fait qu’on a parfois du mal à les voir autrement que comme des envahisseurs, une force sombre sans visage, monstrueuse, qui fera tout pour survivre. C’est ce point qui fait que ce roman perd un peu de sa force, se révélant simplement sympathique là où il aurait pu être très bon, c’est de ne pas donner voix aux immigrants. C’est dommage.

La plume de l’auteur se révèle épurée, simple et neutre apportant une impression clinique de l’ensemble et ajoute ainsi une touche d’angoisse au récit. Mais voilà, on sent aussi ici qu’il s’agit d’un premier roman, l’auteur cherche par moment à trop en faire, donnant l’impression de foisonner d’idées sur certains aspects sans jamais les amener au bout et décide même de ne pas répondre parfois aux questions que se pose le lecteur. Au final on obtient un roman avec ses qualités et ses défauts, qui aurait mérité plus de développement tant certains aspects sont sans réponses,  mais que j’ai trouvé tout de même sympathique bien porté par cette réflexion efficace sur la perte du lien social face à un drame.

En Résumé : Finalement, ce n’est peut-être pas le plus grand livre catastrophe que j’ai lu, mais cela reste une lecture sympathique à découvrir avec de très bonnes idées.  L’histoire se révèle intéressante et l’auteur fait monter la tension de façon efficace au fil des pages. On suit avec intérêt la vie du héros, qui est loin du mec parfait, et surtout sa façon de réagir face à cette crise d’ampleur mondiale qui va bouleverser sa vie. Dommage que les personnages secondaires manquent clairement de profondeur. L’univers que l’auteur trace autour de l’histoire se révèle classique, solide, mais peut-être un peu vieillot avec cette idée de conflit nucléaire entre pays africains, conflit qui me parait de plus en plus improbable au jour d’aujourd’hui, et cet aspect technologique un peu dépassé. En fait le gros point qui dérange le plus dans ce roman c’est que l’auteur n’est pas plus caractérisé cette vague d’immigration, on comprend bien, face aux choix du gouvernement, pourquoi on en arrive au conflit, mais ils sont représentés plus comme une ombre que comme des êtres humains. De plus j’ai trouvé que l’auteur a parfois du mal sur certaines idées qu’il cherche à mettre en place. La plume de l’auteur se révèle neutre, simple et colle parfaitement au récit, même si on sent parfois on sent le côté premier roman. Au final un livre sympathique et qui se lit plutôt bien, je lirai d’autres récits de l’auteur.

 

Ma Note : 7/10

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