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Afterparty – Daryl Gregory

afterpartyRésumé : Vous en voulez ? Vous en aurez ! Plus dingues les unes que les autres ! Car la smart drug revolution est en marche… Muni d’une imprimante chemjet et d’une connexion internet, n’importe quel petit malin en première année de chimie peut désormais synthétiser sa propre drogue et la produire à l’infini. Le résultat ne se fait guère attendre : il pleut des buvards chargés sur le monde ! Jusqu’à ce qu’apparaisse le Numineux, molécule qui décuple le sentiment du divin, enracine une foi inébranlable chez son consommateur tout en provoquant crises mystiques et hallucinations extrêmes — un produit aux mains d’une nouvelle église qui en fait son sacrement, répand sa bombe neurochimique à travers tout Toronto et pourrait bien lâcher sur le monde des légions de fanatiques… à moins que Lyda Rose, qui a contribué à l’élaboration du Numineux au sein de sa propre start-up, ne réagisse et ne se mette en quête des secrets de L’Église du Dieu Hologrammatique… Rien moins qu’un chemin de croix, en somme, dont la première des stations consistera à s’échapper de l’asile psychiatrique dans lequel elle est enfermée…

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : J’ai découvert, il y a maintenant deux ans environ, Daryl Gregory avec sa nouvelle Dead Horse Point parue dans un Bifrost, qui proposait un texte intelligent et percutant (chronique ici). Depuis je suis avec assiduité ses publications tant les deux romans qui ont suivi, L’Education de Stony Mayhall (chronique ) et Nous allons tous très bien, merci (chronique ici), m’ont proposé de bons moments de lectures à travers des intrigues plutôt originales, efficaces, réfléchies et captivantes. Il est donc logique que le dernier roman de l’auteur, au résumé accrocheur, ait rapidement rejoint ma PAL. A noter la couverture, illustrée par Aurélien Police, qui colle parfaitement à l’ambiance du récit.

Utopiales 2015, Anthologie – Collectif

Utopiales 2015Résumé : Construite autour de la thématique « Réalité », cette anthologie officielle des Utopiales, septième du nom chez Actusf, va vous entraîner dans des jungles mystérieuses avec Fabien Clavel, sur un monde aux mœurs singulières avec M. R. Carey ou encore à la rencontre d’êtres venus d’ailleurs avec Laurent Queyssi… Vous y croiserez également d’anciens pilotes communistes qui ont vu des OVNI pendant la Deuxième Guerre mondiale, des petits robots fugueurs, de vieux copains de bistrot aux paris un peu fous et alcoolisés et des maisons en réalité virtuelle à l’intérieur desquelles tout est possible…
Sans oublier Alain Damasio qui nous offre une belle avant-première avec le premier chapitre inédit de son futur roman, Fusion.
Êtes-vous sûr de votre réalité ? Sont-ils vivants et nous morts ?
Treize nouvelles pour douter de tout…

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : C’est devenu une tradition depuis quelques années maintenant, mais à chaque fois que je participe à un festival je repars avec l’anthologie et j’en fais même, selon les festivals, une LC. Sauf que cette année est un peu particulière puisque je n’ai pas pu participer au festival Utopiales de 2015. Cela n’a pas empêché Marie-Juliet de me récupérer et faire parvenir un exemplaire, (dédicacé qui plus est, encore merci), dans le but d’une Lecture Commune. Ce livre comporte ainsi treize nouvelles, ainsi qu’une préface sur le principe de Réalités qui s’avèrent très intéressante, soignée, efficace et ouvre de façon réussie l’anthologie développant de façon intéressante le terme de Réalités.

Les yeux en face des trous d’Alain Damasio : Alors ce texte nous propose de nous plonger dans un groupe d’amis, dans un monde futuriste, dont l’idée de base qui repose sur l’échange de mémoire se révèle clairement intéressant. Le style de l’auteur s’avère toujours aussi efficace, fascinant, soigné et entraînant, même si parfois il en fait peut-être un peu trop dans le jeu de typo. Certes cela offre quelque-chose de plus, principalement dans les souvenirs, l’effet un peu embrouillé, mais parfois il donnait plus l’impression de juste vouloir faire de l’esthétique. Par contre, le point que je trouve frustrant du récit, selon moi vient qu’il s’agit ici du premier chapitre du futur roman de Damasio, ce texte n’a donc pas de « conclusion » comme on pourrait l’attendre d’une nouvelle d’une anthologie.

Immersion d’Aliette de Bodard : Cette nouvelle je l’avais déjà lu lors de sa publication dans l’anthologie Réalité 5.0 dont vous retrouverez ma chronique ici. Je ne reviendrai donc pas dessus, juste pour dire que la seconde lecture m’a conforté dans mon ressenti avec  très bon texte dont l’univers mériterai d’être plus développé.

Welcome Home de Jérôme Noirez : Cette nouvelle nous offre un récit dans un univers où les plus riches peuvent s’offrir un lieu considéré comme en-dehors de la « réalité », où les lois n’ont plus aucunes valeur. Deux potes junkie vont ainsi se retrouver invité à une soirée dans ces subréalités. Un texte que j’ai trouvé efficace, à prendre dans le côté complètement barré, style sexe, drogue & rock’n roll. Certes il ne fait qu’effleurer les notions qu’il soulève sur la moralité et la loi, mais n’empêche pas de faire réfléchir le lecteur. Un texte percutant, prenant dont je regretterai peut-être tout de même certaines facilités ainsi qu’une certaine linéarité qui joue sur le côté surprenant. Au final un bon texte et il faudrait que je sorte d’autres écrits de l’auteur que j’ai dans ma PAL.

Un demi bien tiré de Philippe Curval : Une nouvelle plutôt courte qui propose, à travers un jeu à boire, de traité du paradoxe de Zénon avec humour. Un texte qui, sans se révéler exceptionnel, offre un moment de détente et de divertissement efficace à travers ce délire alcoolique qui termine par une conclusion percutante et surprenante.

Dieu, un, zéro de Joël Champetier : Cette nouvelle nous propose de suivre un mathématicien de renom qui va rejoindre une équipe scientifique dans un ranch. Cette nouvelle offre une idée intéressante avec quelques sujets de réflexions efficaces que ce soit sur la religion, les robots, l’intelligence, mais j’ai trouvé la première partie un peu longue comme par exemple cet acharnement sur la règle à calcul qui aurait pu offrir une réflexion intéressante sur la surutilisation de la technologie et ses contrôles, mais qui perdait de son intérêt devant son incessante répétition. De plus je n’ai pas vraiment compris le rôle du héros face à un problème qui parait déjà résolu face à la conclusion du texte. Pour moi un récit qui, sans se révéler mauvais loin de là, aurait mérité un format plus long je trouve.

Les aventures de Rocket Boy ne s’arrêtent jamais de Daryl Gregory : Un texte qui lorgne plus vers le drame contemporain que vers la SFFF, où l’on suit l’histoire du narrateur à travers une épreuve qui l’a marqué. Un texte touchant, poignant, qui ne m’a pas laissé indifférent développant le sujet de l’adolescence, de l’amitié et aussi la dure réalité de la vie. Le ton de l’auteur s’avère très juste, sans jamais se perdre et offre aussi un amour pour le cinéma, son aspect rêve, imagination, évasion. La conclusion se révèle intéressante avec, selon moi, ce cercle qui, d’une certaine façon, se referme avec le retour de Rocket Boy.

Le vert est éternel de Jean-Laurent Del Socorro : Cette nouvelle nous propose de replonger dans le quotidien de la compagnie du Chariot, présente dans Royaume de Vents et de Colères, en pleine période de l’Édit de Nantes. Une nouvelle qui offre une réflexion sur la différence en pleine guerre de religion, qui n’a pas la force du roman, mais qui se lit vite et se révèle plutôt sympathique avec une héroïne intéressante. À noter aussi une petite réflexion sur la caricature qui n’est pas anodine. Au final un récit qui introduit de façon agréable son univers, même si j’avoue j’espérais peut-être un peu plus.

Coyote Creek de Charlotte Bousquet : Cette nouvelle nous propose de traiter de la maladie d’Alzheimer, jouant ainsi entre vérité et fantastique avec comme fond des légendes indiennes. Un texte touchant, bien porté par une plume efficace, qui offre un texte réussi, même si j’avoue sur le même thème j’avais trouvé le texte de Claude Ecken dans l’anthologie 2012 des Utos m’avait plus marqué. Cela n’empêche pas cette nouvelle d’avoir son propre ton et de mériter d’être découverte, surtout que la plume de l’auteur que j’ai trouvé poétique offre un plus à l’ensemble.

Intelligence extra-terrestre de Stéphane Przybylski : Une nouvelle construite un peu dans le thème de la série X-files, avec une enquête mélangeant fantastique et complot alien. Sauf que voilà le récit a eu un peu de mal à complètement m’emporter. Autant l’auteur a montré que dans un format long il s’en sortait efficacement, autant ici dans un format court je me suis senti frustré comme si j’avais entre les mains un brouillon de résumé d’un roman.

Pont-des-Sables de Laurent Queyssi : Cette nouvelle n’est pas sans rappeler celle de Daryl Gregory, avec une bande d’ami qui vont faire face à un drame, sauf que malgré cette ressemblance, ce texte possède sa propre identité. L’auteur nous offre ainsi un texte intelligent, touchant à travers la quête d’un des personnages. C’est aussi une réflexion intéressante sur le passage à l’âge adulte, tout en proposant un véritable hommage à la SF, au comics, aux jeux de rôle etc… Un très bon texte, à découvrir selon moi.

Versus de Fabien Clavel : Cette nouvelle nous propose de plonger dans une mission militaire qui va mal tourner. Un texte plutôt bien écrit, amusant et agréable à lire, mais qui pêche pas une certaine prévisibilité qui gâche un peu la révélation finale. Un récit tout de même divertissante qui rentre dans le vite lu, apprécié et vite oublié.

Smithers et les fantômes du Thar de Robert Silverberg : Une nouvelle qui nous offre un texte d’aventure en Inde avec la quête d’une cité mystérieuse. Une nouvelle fantastique un peu angoissant très typé qui, sans se révéler des plus marquante ni transcendante, s’est révélé offrir une lecture plutôt sympathique. Les personnages se révèlent intéressant, lié à une époque différente de la nôtre, et portent plutôt bien le récit. De nouveau une nouvelle que je classe dans le vite lu, apprécié, vite oublié.

Visage de Mike Carey : Une nouvelle très SF dans un monde différent du nôtre où un gouverneur écrit une lettre racontant les derniers troubles qu’il a rencontré. Un texte intelligent, traitant de la différence, de la religion, du choix de chacun avec de nombreux aspects intéressant comme cette idée de « visage » qui n’est pas sans rappeler certaines idéologies de notre époque. L’ensemble ne manque pas de subtilité, montrant qu’il n’y a pas obligatoirement de bon et de méchants, principalement dans sa conclusion surprenante. Le tout est porté par un style simple et efficace qui fait que le récit se lit bien et se révèle très réussi.

En Résumé : Un anthologie des Utopiales qui nous offre un cru 2015 assez réussi et qui m’a offert un bon moment de lecture. Alors comme souvent tous les textes ne sont pas au même niveau, certains ont même du mal à se retrouver lier, selon moi, au thème proposé, mais dans l’ensemble il propose de nombreuses nouvelles qui méritent d’être découvert. On pourrait mettre un « bémol » sur le teasing concernant le prochain roman d’Alain Damasio dont ce livre propose le premier chapitre, mais cela ne m’a pas dérangé plus que cela. Au final une anthologie qui mérite d’être découverte et je lirai avec plaisir le cru 2016.

 

Ma Note : 7,5/10

 

L’avis de Marie-Juliet.

 

Autres avis : Xapur, Vert, Boudicca, Shaya, Cyrille, …

CRAAA

Challenge CRAAA 15ème lecture

Nous allons tous très bien, merci – Daryl Gregory

nous allons tous tres bien merciRésumé : Il y a d’abord Harrison, qui, adolescent, a échappé à une telle horreur qu’on en a fait un héros de romans. Et puis Stan, sauvé des griffes d’une abomination familiale l’ayant pour partie dévoré vif. Barbara, bien sûr, qui a croisé le chemin du plus infâme des tueurs en série et semble convaincue que ce dernier a gravé sur ses os les motifs d’un secret indicible. La jeune et belle Greta, aussi, qui a fui les mystères d’une révélation eschatologique et pense conserver sur son corps scarifié la clé desdits mystères. Et puis il y a Martin, Martin qui jamais n’enlève ses énormes lunettes noires… Tous participent à un groupe de parole animé par le Dr Jan Sayer. Tous feront face à l’abomination, affronteront le monstre qui sommeille en eux… et découvriront que le monstre en question n’est pas toujours celui qu’on croit…

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : J’ai découvert l’auteur initialement à travers une nouvelle, Dead Horse Point, publiée dans un Bifrost, qui m’avait captivé par sa justesse et son propos. Il y a un an je me suis donc laissé tenter par son premier roman publié en France, l’Education de Stony Mayhall, qui a confirmé tout le bien que je pensais des écrits de cet auteur, à travers un récit de zombies qui offrait une chronique sociale réussie et prenante (ma chronique ici). C’est donc sans surprise que, quand j’ai vu qu’un nouvel écrit de l’auteur était publié, il a très rapidement terminé dans ma PAL. A noter qu’on se situe plus ici, selon moi, dans la novella que dans un roman, l’ensemble faisant moins de 190 pages, augmenté d’une interview intéressante de l’auteur qu’il faut obligatoirement avoir lu en dernier sous peine de se faire spoiler. Concernant la couverture, illustrée par Aurélien Police, elle se révèle pour moi très sobre et terriblement efficace.

L’idée initiale de cette histoire se révèle vraiment intéressante et surprenante, prendre cinq personnages qui ont connu et survécu à de terribles tragédies, les mettre ensemble et lancer ainsi une thérapie de groupe. L’auteur décidé ainsi de construire son histoire de façon originale, on ne suit ainsi pas le héros vers la quête, mais plus des héros brisés qui cherche tout simplement à se reconstruire. Cela peut surprendre au début, se demandant ce que va bien pouvoir proposer l’auteur, mais très rapidement on se retrouve emporter par chacun des protagonistes qui se dévoile, principalement aussi quand l’aspect fantastique commence à prendre de l’ampleur et de l’étrangeté au fil des pages. Plus on avance plus on se rend compte de la tension qui s’installe captive, cette lente montée de stress et d’angoisse liée au fait qu’on découvre rapidement que chacun d’entre eux ont vu des monstres que la majorité de la population ne voit pas et ont connu des traumatismes. On se retrouve alors pris dans cette histoire qui oscille de façon terriblement efficace entre horreur, humour décalé et cynique, souffrance psychologique, ouverture et acceptation de soi ou les personnages vont devoir lutter à nouveau contre un mal qui les dépasse.

On est ici loin de la profondeur recherchée dans Stony Mayhall, l’auteur cherchant plus à mettre en avant le côté page-turner et terriblement efficace de son récit et que le format court lui permet, condensant ainsi l’ensemble pour le rendre plus nerveux, percutant et entrainant, mais cela n’empêche pas ce récit de se révéler plus que divertissant. On se rend aussi compte que, d’une certaine façon, ce récit est un peu une sorte d’hommage aux films et à la littérature d’horreurs, décidant ainsi d’écrire une suite en suivant le héros face aux traumatismes qu’il a vécu. Surtout il évite de tomber dans la surenchère, proposant plus une horreur psychologique. La première moitié se révèle ainsi véritablement prenante, chaque personnage se développant un peu plus, dévoilant un passé loin d’être joyeux qui ajoute un aspect légèrement dérangeant à l’ensemble, ce qui colle parfaitement avec le sentiment de frisson que cherche à faire passer l’auteur, qui pose ainsi les prémisses de protagonistes attachants, complexes et fascinants à découvrir. Chaque héros dévoile ainsi des failles, des questionnements, de forces.  Sauf que voilà, par la suite j’ai eu l’impression que le soufflé, sans non plus retomber complètement loin de là, avait du mal à continuer à gonfler. C’est bien simple, dès que la chasse aux monstres prend de l’ampleur, l’ensemble reste sympathique, mais ne remplit pas complètement les attentes que j’avais à la lecture des premières pages.

Car finalement ce qui m’a dérangé c’est qu’une fois son image de fond mise parfaitement en place, l’ensemble glisse lentement vers une histoire finalement beaucoup plus traditionnelle de chasse aux monstres. Certes l’auteur s’en sort plus qu’honorablement, jouant efficacement sur la tension et les rebondissements, mais fige un peu tout ce que je trouvais original dans ce récit tel que la thérapie ou encore la lente plongée dans les personnages, leurs traumatismes et leurs guérisons. Car oui, j’étais aussi un peu surpris que la profondeur qui se dévoile des personnages au fil des pages, s’arrête brusquement car il faut accélérer l’intrigue pour pouvoir un dénouement assez rapide, alors qu’il y avait encore, selon moi, beaucoup à dire. Alors après peut-être que je n’ai pas pris ce court roman comme l’aurait souhaité l’auteur en l’écrivant, mais voilà revenir à une « simple » histoire angoissante et d’action après un démarrage tellement original fait que je me suis senti légèrement frustré. Autre point qui peut aussi déranger certains, même si de mon côté j’ai trouvé cela plutôt accrocheur, c’est que, novella oblige, l’auteur reste assez limité en pages, pourtant il développe une intrigue secondaire, que je vous laisse découvrir avec Barbara et le Scrimshander, qui reste totalement ouverte une fois la dernière page tournée. Aucune réponse n’est fournie. Je sais que d’autres écrits existent dans cet univers et que l’auteur n’a pas fini de travailler dessus, donc a voir si on obtient plus de réponses dans d’autres livres, mais cela peut en déranger certains.

Après ne me faites pas non plus dire ce que je n’ai pas dit, Nous allons tous très bien, merci reste un livre que j’ai lu avec plaisir, court, inventif avec des aspects originaux, qui certes n’a pas complètement répondu à mes attentes, mais qui m’a tout de même offert un moment de lecture très agréable et sympathique avec une ambiance sombre et une petite dose de frisson. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi efficace, entrainante et fluide, plongeant ainsi rapidement le lecteur dans son histoire, offrant une narration surprenante, oscillant entre chaque personnage, tout en offrant une voix aux nous du groupe. Je lirai ans soucis d’autres écrits de l’auteur, dont un nouveau roman est déjà annoncé pour 2016, mais qui, par contre, ne devrait pas se situer dans l’univers développé ici.

En Résumé : J’ai passé un agréable moment de lecture avec ce court roman qui, certes, n’a pas complètement répondu à mes attentes, mais qui ne manque pas de se révéler entrainante, percutante et efficace. L’ambiance fantastique qui se développe lentement, se révèle vraiment intéressant, ajoutant une touche d’étrangeté et de mystère à l’ensemble qui colle parfaitement à ce récit qui oscille entre humour, frisson et action. Je trouve juste dommage que tout l’aspect original de l’ensemble, lié à cette thérapie et aux développement de ses personnages brisés en tant que héros, se retrouve figé à la moitié du récit une fois que la chasse aux monstres prend de l’ampleur. Surtout que les personnages ont un énorme potentiel et pouvoir en développer six n’est pas toujours facile. Cela n’empêche pas cette seconde partie de se révéler solide, pleine d’adrénaline et de rebondissements et qui fait qu’on tourne tout de même les pages avec plaisir. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi fluide, entrainante et s’amuse avec la narration offrant une voix à chaque personnages mais aussi au « nous ». Je lirai avec plaisir d’autres écrits de l’auteur en tout cas.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Just A word, …

L’Education de Stony Mayhall – Daryl Gregory

l'education de stony mayhallRésumé : Stony a trois sœurs : Alice, Chelsea, Junie. Et sa mère Wanda, qui l’aime plus que tout. Sans oublier Kwang, son copain de toujours, persuadé que Stony possède un superpouvoir. Parce que Stony est insensible aux flèches que son ami lui plante dans le ventre histoire de rigoler… Il faut dire que Stony ne respire pas. Ne mange pas vraiment. Ne dort jamais. Et pourtant il grandit. Stony ignore ce qu’il est. Il n’a pas pris la mesure de son réel pouvoir. Ça viendra. Reste une interrogation : y en a-t-il d’autres comme lui ? La réponse à cette question emportera tout dans son sillage…

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : De l’auteur j’ai lu il y a quelques mois une nouvelle, Dead Horse Point publiée dans le Bifrost n°74, qui m’avait accrochée par son aspect poignant, humain et aussi par son sujet, traité de façon intelligente et efficace. Donc quand la maison d’édition Le Bélial’ a annoncé qu’il sortirait un roman de l’auteur, qui plus est travaillant la thématique du zombie, je savais que ce livre allait rapidement finir dans ma PAL. Quand Libfly a proposé de le découvrir j’ai tenté ma chance. Je remercie donc Libfly et les éditions Le Bélial’ de m’avoir permis de lire ce roman dans le cade de la voie des Indés 2014. Je préviens d’avance il y a risque de légers spoilers.

On va commencer par poser ce roman, oui il s’agit bien d’un roman de zombie, mais il se révèle complètement différent de ce qui se fait d’habitude. L’auteur a ici décidé de se servir du monstre pour proposer un récit qui se révèle intelligent, parfois philosophique et qui servira à faire réfléchir le lecteur, à apporter un regard neuf sur certains aspects de notre société. Il détourne donc ainsi clairement le symbole habituel des zombies pour offrir au lecteur quelque chose d’original. Par conséquent si vous êtes à la recherche de romans où les zombies sont des êtres simplistes et où le sang coule à flot, passez votre chemin, même si c’est vrai l’auteur ne vous oublie pas pour autant offrant quelques scènes pleines d’adrénalines, des survivants guerriers et même pourquoi pas une petite apocalypse. Posons maintenant le récit, l’invasion des zombies a eu lieu vers la fin des années 60. Elle a été rapidement jugulée par le gouvernement mais aussi par l’apparition de milices populaires. En Iowa une mère et ses trois filles vont alors accueillir un bébé dont elles ont retrouvé la mère décédée en rentrant chez elles. Très vite elles vont se rendre compte que ce bébé est un mort vivant. Il va se révéler différent, pouvant grandir au fil des ans, parler et même penser.

L’idée vraiment originale du récit et sur laquelle repose toute la construction de l’histoire vient de la façon dont sont imaginés les zombies. Ici on ne sait pas vraiment ce qui en est la cause, on sait juste qu’une fièvre les prend pendant 24 à 48h les poussant à mordre chaque personne qu’ils croisent, puis elle retombe et ils retrouvent alors leurs esprits. Ils se rapprochent alors  de l’homme sauf qu’ils sont  morts et contagieux par la morsure. L’auteur va alors construire son intrigue en cinq grandes parties. La première partie est construite de façon classique, c’est celle qui dévoile l’enfance de Stony, son évolution. Alors certes classique mais pourtant c’est la pierre angulaire du récit, elle permet clairement de poser les personnages, de voir justement son éducation, la façon dont on lui fait voir le monde, dont on le protège dans une famille ou il n’est entouré que de femmes. C’est cette partie fondamentale qui va amener à mieux comprendre le personnage par la suite, que ce soit dans ses envies ou ses réactions. Mais c’est aussi une partie qui nous fait réfléchir, sur la différence, l’acceptation des autres. Stony est différent, « malade », il serait rejeté pour ce qu’il est alors qu’au fond de lui il se sent humain. Une réflexion sur la tolérance efficace et bien amenée, justement par ses différents personnages et leurs façons de voir les choses. C’est clairement là qu’on s’attache aux différents protagonistes, des personnages vraiment forts, charismatiques, émouvants qui m’ont touché. L’auteur prend aussi le temps de construire les bases de son univers pour la suite.

Les deuxième et troisième parties vont alors se révéler plus sombres,  mais aussi beaucoup plus ouvertes. Stony découvre qu’il n’est pas seul, des milliers de zombies comme lui vivent à travers le monde, ils se cachent à cause de leur différence, de ce que le passé a montré d’eux, la communication et l’image qu’on montre d’eux les transformant en monstre voir bien pire. Ils sont incompris. L’auteur élève alors sa réflexion : à travers ces deux parties il va se retrouver a traiter aussi bien du racisme, de la maladie que de l’immigration, se servant du monstre comme un symbole pour la philosophie qu’il travaille au fil des pages. Mais surtout Stony évolue, il se rend compte que le monde est beaucoup plus vaste, beaucoup plus complexe et beaucoup plus politisé qu’il le croyait. Même chez les morts-vivants il y a des clans et des visions complètement différentes de l’avenir. C’est un peu l’âge de la perte des illusion. La quatrième partie se révèle plus oppressante et traite davantage des zombies comme terroristes, voir comme ennemis. Il existe des prisons cachées, des camps où ils sont enfermés, étudiés et même torturés. De nouveau l’auteur fait écho à travers son texte à notre société, l’histoire l’ayant bien montré. Alors c’est vrai cette partie se révèle peut-être un peu caricaturale, mais ne manque pas de se révéler percutante.

La dernière partie retombe un peu dans le classique, on va dire, les rêves sont brisés, l’humanisme que cherchait Stony et son besoin de discuter, d’argumenter, de démontrer qu’ils ne sont pas ce que l’on croit a percuté un mur. On se retrouve alors dans des passages plus violents, plus sombres et sauvages. C’est le passage où Stony sait ce qu’il a perdu, ce qu’il doit réaliser et va tout faire pour  réussir. Une dernière partie mélancolique aussi qui se laisse porter au fil des pages, malgré une conclusion évidente. Au final si on s’élève un peu, ce récit est celui de la vie d’un homme, ou plutôt d’un zombie humain, de son enfance joyeuse et crédule jusqu’à la vision d’un homme qui a vécu sa vie et se retourne pour découvrir le chemin parcouru et ce qu’il lui reste à faire.

L’Éducation de Stony Mayhall est donc un roman original, principalement par l’humanisation du zombie qu’il nous propose, l’élevant ainsi à un rang différent du monstre qu’on connait, mais aussi par les nombreux axes de réflexion et la critique sociale qu’il propose, aussi bien sur la vision qu’on a des autres que sur les gouvernements, sur la différence, ou bien encore sur les religions et la foi. Alors parfois certaines réflexions sont, certes, un peu caricaturales, certains aspects un peu simplistes, mais dans l’ensemble j’ai trouvé qu’elles remplissaient parfaitement leur rôle. Autre point intéressant c’est l’aura de mystère que s’amuse à laisser planer l’auteur tout au long du récit, qui forme je trouve un contrepoint intéressant aux différentes explications scientifiques qu’il propose, même si j’ai trouvé que sur certains points il en faisait un peu trop d’un point de vue surnaturel, me frustrant un peu et lui offrant quelques deus ex machina faciles.

Malgré toutes les qualités que possède ce roman, certains passages m’ont quand même dérangé, je pense par exemple aux longues ellipses temporelles entre chaque parties. Autant certaines passaient très bien, c’était fluide autant d’autres m’ont paru hachées, il fallait un peu de temps pour se recentrer sur les personnages qui avaient énormément évolués. Ensuite je reste perplexe sur la conclusion, en soi elle n’est pas mauvaise, et se révèle plutôt efficace, mais je ne comprends pas pourquoi l’auteur a décidé de s’offrir une sorte de happy-end là où il n’y en avait pas forcément besoin. C’est un choix de l’auteur que je trouve légèrement dommage même si je le comprends. Au final rien de complètement dérangeant, cela n’enlève rien à la qualité du roman.

La plume de l’auteur se révèle efficace, entrainante et il montre clairement qu’il joue avec le lecteur variant parfois son style, passant de la troisième personne, à la première ou bien encore en le faisant participer à la construction du récit. J’avoue, j’ai aimé la façon d’écrire de l’auteur qui cherche à varier sa façon de présenter les choses, même si je comprends que cela puisse dérouter. Il cherche aussi à apporter une touche de légèreté et d’ironie à l’ensemble qui, la plupart du temps, marche plutôt bien avec quelques jeux de mots et des blagues, même si parfois ça tombe un peu plat. Mais bon l’humour dépend aussi de chacun. Au final ce roman fut une belle surprise et j’ai passé un bon moment de lecture. Je lirai sans souci d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous présente le zombie de façon vraiment intéressante, offrant une intrigue efficace, soignée et qui nous fait clairement réfléchir sur de nombreux sujets, principalement sur l’acceptation des autres, la façon dont on les perçoit et dont les média nous les font voir.  Une chronique sociale et acerbe aussi sur notre gouvernement, la façon dont il peut traiter les personnes différentes des normes. Si vous cherchez un livre de zombie sanglant et sauvage, passez votre chemin. Le personnage de Stony se révèle vraiment attachant, bien construit, fascinant et complexe, se révélant l’un des gros points forts du récit. La plume de l’auteur est entrainante, efficace et on sent bien qu’il s’amuse avec le lecteur faisant varier sa façon d’écrire. Il teinte aussi au fil des pages son histoire d’ironie et d’humour noir plutôt efficace même si parfois certains passages tombent un peu à plat. Je regrette juste que certaines ellipses temporelles hachent le récit, perdant le lecteur pendant quelques pages et aussi une conclusion, certes pas mauvaise, mais avec un happy-end qui me parait exagéré ici. Au final ce livre reste un très bon récit et je lirai sans soucis d’autres écrits de Daryl Gregory.

 

Ma Note : 8/10

Bifrost n°74 – Spécial Léo Henry

bifrost 74 leo henryEdition : Le Bélial

 

 

 

 

 

Mon Avis : Je continue ma découverte du magazine Bifrost avec, cette fois, la lecture du dernier magazine en date consacré à Léo Henry. De l’auteur je n’avais lu que son recueil de nouvelle Le Diable est au Piano (chronique ici) que j’avais trouvé plutôt sympathique mais qui n’a pas réussi à me convaincre complètement, ainsi que Sur le Fleuve (ma chronique ) court roman qui, lui, m’avait happé dès les premières pages pour ne plus vraiment me lâcher. Ce 74ème numéro du magazine m’a donc permis de continuer ma découverte d’un auteur au style unique et dense, proposant souvent des histoires uniques et parfois déroutantes. À noter la couverture, illustrée par Stéphane Perger, que je trouve vraiment sympathique par son aspect légèrement kitsch. Ce recueil contient deux nouvelles inédites de Léo Henry ainsi que deux autres textes de Olivier Caruso et Daryl Grégory.

Le Cas Julien Declercq-Costa de Léo Henry : Cette nouvelle nous plonge dans un univers qui n’est pas sans rappeler des univers télévisuels connus des années 90, je pense principalement à la série X-Files ou encore les films MIB. Un texte qui va nous plonger dans une enquête un peu spécial et nous faire découvrir un personnage solitaire, morne mais qui au final paraît loin de ce qu’on peut supposer et qui cache bien des choses. Un texte sympathique, où le surnaturel prend son temps pour se révéler, laissant monter l’ambiance et la tension au fil des pages. L’ensemble se lit facilement et se révèle agréable, mais voilà il lui manque un petit truc pour se révéler marquant, car au final on a là un texte divertissant, mais qui rentre dans le vite lu, apprécié, vite oublié.

Pantin de Olivier Caruso : Concernant cette nouvelle j’avoue que je reste réservé et ne sait toujours pas vraiment quoi penser de ce texte. Après l’explosion d’une bombe, deux pouvoirs gouvernent la ville ; les Russes et les Invisibles. Le héros en a marre de sa vie et décide de trouver un boulot peinard et qui rapport. Il veut être cadre, mais se retrouve à masturber de pantin. Niveau barré rien à dire, l’auteur connait bien son sujet et l’ensemble devrait accrocher pour peu qu’on apprécie ce genre d’histoire qui part dans tous les sens sans aucune limite. Le problème selon moi vient de tout le reste qui est à peine esquissé alors qu’on sent bien que l’auteur cherche à offrir pas mal de réflexions, que ce soit par exemple sur la place dans la société ou encore sur la nature humaine. Mais voilà le tout n’est pas assez développé selon moi et surtout le peu qui est travaillé se retrouve étouffé par cette ambiance bizarre et un peu glauque, ce qui m’a empêché d’accrocher. Reste un certain potentiel je trouve.

Dead Horse Point de Daryl Grégory : Cette nouvelle nous fait découvrir Venya qui part retrouver son ancienne coloc Julia  et son frère Kyle, après un appel désespéré de celle-ci. On découvre alors que Julia est une scientifique de renom, mais que pour résoudre ses nombreuses équations elle s’enferme dans son propre monde et devient ainsi complètement fermée aux autres. Surement le meilleur texte du recueil, pour moi qui nous plonge, dans une histoire poignante, pleine de sentiments et de surprises avec des personnages vraiment attachants et prenants. La conclusion m’a véritablement surpris. Une nouvelle qui me donne vraiment envie de découvrir plus de textes de l’auteur.

Le Major dans la Perpendiculaire de Léo Henry : Cette nouvelle rentre un peu dans les nouvelles « hommages » dont j’ai parfois du mal à accrocher offrant ici comme personnage principal Boris Vian. Au final, j’avoue, j’ai bien accroché à ce texte qui nous propose une version alternative modifiée par une technologie inconnue où la SF serait devenue le genre de référence en France et aurait changé la vie entière de la planète. Un texte assez étrange, cyclique qui se laisse lire avec plaisir et qui se révèle vraiment divertissant où les héros deviennent des aventuriers. On y retrouve aussi des éléments importants de la vie de Boris Vian. Mais voilà , j’avoue, je ne connais pas vraiment Vian autrement que par ses romans et quelques controverses, ce qui joue quand même un peu sur ma vision de ce texte car c’est, selon moi, un texte agréable pour tout lecteur, mais qui gagne peut-être encore plus en intérêt si on connait bien cette époque et les personnages.

 

Concernant le reste du magazine on y retrouve comme d’habitude le cahier des critiques à la fois de livres et de magazine, Pierre Stolze qui nous plonge dans l’univers de Stefan Wul à travers ses adaptations récentes en BD ; auteur dont il faut d’ailleurs que je pense à rentrer certains de ses écrits dans ma PAL. Parole de libraire offre une interview intéressante aux libraires de chez Charybde. Concernant le dossier sur Léo Henry, le long échange se révèle vraiment intéressant et permet de mieux découvrir l’auteur, le portrait fait par Alain Damasio se révèle aussi attrayant même si peut-être un peu long et parfois un peu redondant avec des aspects déjà énoncés. Léo henry offre aussi un hommage à Jacques Mucchielli avec qui il a écrit pas mal de textes en collaborations et qui a  disparu il y a peu. Enfin l’article scientifique décide de se pencher sur Gravity. Un numéro de Bifrost agréable et qui permet de découvrir un auteur singulier, même si j’ai un peu moins accroché aux nouvelles que dans les numéros précédents.

Ma Note : 7/10 (Note ne reposant que sur les nouvelles)

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