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Les Dieux Sauvages Tome 1, La Messagère du Ciel – Lionel Davoust

Résumé : Mériane est une trappeuse, une paria, une femme. Autant de bonnes raisons d’en vouloir aux Dieux qui ont puni le peuple de la Rhovelle pour les fautes de ses aïeux. Car depuis la chute du glorieux Empire d’Asrethia, le monde est parcouru de zones instables qui provoquent des mutations terrifiantes, les gens ont faim, et une religion austère qui prêche la haine des femmes soutient un système féodal.
Pourtant, quand les Dieux décident de vider leur querelle par l’intermédiaire des humains, un rôle crucial échoit à Mériane. Pour elle débute une quête qui la verra devenir chef de guerre et incarner l’espoir de tout un peuple.

Edition : Critic

 

Mon Avis : Lionel Davoust est un auteur dont je suis assidument les différentes publications depuis ma lecture de son premier livre La Volonté du Dragon. Il faut dire que, outre sa capacité à proposer des romans accrocheurs et efficaces, la construction de son univers Evanégyre au travers des différentes textes indépendants qu’il propose est vraiment fascinante et complexe. Cela permet aussi de proposer une large panel d’histoires, sur une ligne temporelle assez grande. D’ailleurs pour situer ce texte dans la chronologie il se situe avant Port d’Âmes, mais après la chute Saint Empire d’Asrethia. Cette fois l’auteur nous propose de revisiter  dans cet univers l’histoire de Jeanne d’Arc. Concernant la couverture, illustrée par Alain Brion, colle bien à l’ambiance du roman.

Fées & Automates – Anthologie 2016 des Imaginales dirigée par Jean-Claude Vantroyen

fees & automatesRésumé : Le thème de l’anthologie des Imaginales 2016 ose le face à face entre deux personnages archétypaux provenant de mondes différents. La fée, figure principale de la rêverie médiévale, du fantastique, de la fantasy, et l’automate, un produit de la culture quasi industrielle, de la pensée scientifique, de la science-fiction. Deux univers qui s’opposent sans doute, mais dont la rencontre est propice à l’imagination et fait jaillir des étincelles. Cette anthologie va vous étonner et vous passionner.

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Si vous suivez régulièrement mon blog, vous commencez sûrement à connaître la musique. Chaque année je vais au festival des Imaginales et je repars avec son anthologie que je lis en Lecture Commune avec d’autres lecteurs. Sauf que cette année on a décidé de faire les choses en grands, puisqu’en plus de Snow, et Mariejuliet nous ont aussi rejoint PetiteTrolle et Rose. Concernant la couverture, illustrée par Hélène Larbaigt, je la trouve superbe donnant envie de la découvrir. Cette anthologie comporte treize nouvelles, ainsi qu’une préface qui, j’avoue, ne m’a pas accroché plus que cela ne retrouvant pas obligatoirement ce que j’espère et j’attends dans une préface.

Smoke et miroirs d’Estelle Faye : Cette nouvelle se décompose en trois scénettes. Trois héroïnes qui ont comme ambition de réussir dans le show-business. J’ai bien aimé cette nouvelle, toujours bien porté par une plume efficace et poétique, elle nous happe ainsi facilement. L’histoire ne manque pas d’intérêt avec cette notion, selon moi, de l’oubli du merveilleux pour un monde plus terre-à-terre voir égoïste dans cette chute assez cynique et percutante. Le récit est aussi très typé cinéma que ce soit dans sa construction, comme dans certains clin d’œil comme, je pense, l’automate qui me fait penser à celui du film Big avec Tom Hanks. Pas obligatoirement la meilleure nouvelle de l’auteur, mais un texte réussi et efficace qui ouvre bien l’anthologie.

Le Rouet Noir de Charlotte Bousquet : Cette seconde nouvelle nous plonge dans l’univers de Jadis que je n’ai pas encore lu et qui m’attend dans ma PAL. La plume de l’auteur est toujours aussi dense et soignée et l’univers construit autour donne vraiment envie d’être découvert, mais, je ne sais pas trop, je n’ai jamais réussi à rentrer complètement dans le texte. Je ne sais pas si c’est le fait de ne pas avoir lu Jadis ou pas, mais j’avais l’impression d’être spectateur d’une histoire dont il me manquait certaines clés. Chronique peut-être à rediscuter une fois lu Jadis.

Le crépuscule et l’Aube de Fabien Cerutti : Cette nouvelle nous plonge dans l’univers du Bâtard de Kosigan et nous fait découvrir le destin des fées. J’ai bien aimé cette nouvelle, on sent bien la maîtrise de l’auteur nous proposant un texte pleine de rebondissements et de surprises qui nous happe facilement. L’ensemble se lit vite et avec un minimum de plaisir et d’envie d’en apprendre plus. Je regretterai juste une présence de trop de personnages, principalement chez les antagonistes, ce qui fait qu’ils ont du mal à vraiment « exister », ainsi qu’une ou deux facilités. Rien de bien bloquant tant l’ensemble s’avère divertissant et plutôt efficace.

Le comte et l’horloger de Benoit Renneson : Cette nouvelle nous fait suivre un horloger qui va être mandaté par un comte de venir réparer son automate. Il va alors découvrir quelque-chose de surprenant. Bon, j’avoue, ce récit ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. L’ensemble m’a paru vraiment trop convenu et manquer de surprises pour vraiment arriver à me captiver. L’ensemble manque je trouve d’émotions et de peps, même si sur l’ensemble elle n’est pas non plus mauvaise. Le récit est ainsi plutôt bien maîtrisé et la plume de l’auteur simple et efficace. Au final un texte qui me laisse sur ma faim avec une fin un peu trop happy-end à mon goût.

L’énergie du désespoir d’Adrien Tomas : On suit ici Kimba, chasseuse professionnelle, avec son automate et un apprenti. Leur quête est simple, chasser et ramener des fées pour pouvoir nourrir en énergie la ville qui a subi un attentat. L’auteur nous offre une histoire efficace, bien rythmé, offrant rebondissements et surprises qui possède même le luxe de nous proposer quelques réflexions intéressantes. L’ensemble se révèle fluide et entraînant, bien porté par des personnages hauts en couleurs et percutants, même si parfois il en fait un peu trop. Par contre je regrette une certaine linéarité dans le récit, ainsi que certains rebondissements facilement devinables, mais rien de non plus trop bloquant. Au final une nouvelle agréable et plus que sympathique.

L’étalon de Paul Béorn : Une nouvelle qui nous fait suivre notre héros, enfermé par une fée depuis tout petit et qui va se rebeller. Bon j’avoue ce texte, en soit, n’est pas mauvais, il se laisse lire facilement, l’histoire s’enchaîne bien et ne manque ni de fluidité, ni de rythme . Les idées sont là, mais voilà il lui manque un petit quelque-chose pour se révéler marquant. L’ensemble m’a paru trop classique et manque de surprises, la conclusion je l’ai vu venir assez rapidement et un des rebondissements m’a paru trop facile. Au final une nouvelle que je classe dans le vite lu, apprécié, vite oublié.

Magie de Noel de Gabriel Katz : Cette nouvelle nous fait suivre un père de famille qui décide de braver la loi pour ramener une fée automate interdite de vente. Concernant ce texte il y a pour moi du bon et du moins bon. J’ai beaucoup aimé l’univers avec tout ce no man’s land du seize à la fois étrange, sombre, angoissant, mais aussi un peu le quartier où on trouve de tout. Le principe de la fée automate interdite par la loi apporte aussi quelques réflexions intéressantes et l’ensemble repose sur un rythme vraiment entrainant et haletant. Mais voilà, la conclusion ne m’a pas accroché, trop bordélique, voulant trop en faire et donnant l’impression de contredire les propres bases de son univers. La chute ainsi que le choix final du héros m’ont aussi surpris par une certaine facilité et une non remise en question. Au final une nouvelle avec du potentiel qui aurait, je trouve, mérité un traitement plus long.

Al’Ankabût de Nabil Ouali : De nouveau une nouvelle qui me laisse un sentiment légèrement mitigé. Franchement, l’auteur nous plonge clairement dans un récit à forte connotation sur notre monde actuel, suivant le destin d’une jeune fille qui va voir sa ville se retrouver plonger d’un coup en pleine guerre et va se retrouver à fuir. On ne reste pas indifférent devant ce destin, le tout porté par une plume efficace et poétique, malgré, j’avoue quelques lignes au début qui ne m’ont pas plus accroché que cela. Sauf que, pour moi, là où l’auteur a manqué le coche c’est dans la tentative de son parallèle entre l’art et la guerre, qu’on retrouve régulièrement, mais qui ici n’a pas la force nécessaire pour marquer vraiment et parait même un peu déconnecté du récit. L’ensemble manque aussi d’explication, de liant, ce qui donne une impression à la fin de manquer de cohérence. Par contre l’auteur offre une conclusion complètement ouverte qui s’avère marquante dans son aspect visuel je trouve.

Le tour de Vanderville de Pierre Gaulon : Cette nouvelle nous fait suivre un inventeur qui va, pour la première fois, dévoiler sa dernière trouvaille dans une foire. Il va alors rencontrer un autre forain. J’avoue cette nouvelle démarrait bien, se dirigeant vers le fantastique jouant sur l’étrangeté des foires même si cela manquait de Freak Show. Mais voilà plus j’avançais dans le récit, plus je trouvais que l’auteur avait peur de vraiment se lancer, restant dans un aspect un peu trop classique. Cela a pour conséquence de rendre finalement l’ensemble facilement devinable et linéaire, le tout dans un univers où il manque un petit truc pour vraiment captiver. Dommage, car l’ensemble avait du potentiel. Là je ressors avec le sentiment d’une nouvelle vite lue, un minimum apprécié, mais vite oublié.

AuTOMate de Pierre Bordage : Cette nouvelle nous fait découvrir une fée qui est tombée amoureuse d’un homme, mais dont le couple va très vite tomberdans la routine. De nouveau une nouvelle qui me laisse un petit sentiment mitigé, les idées sont là dans la tentative de dénonciation sur la dérive de l’Homme concernant la nature, ou encore une dépendance accrue à la technologie, mais voilà j’ai trouvé que l’ensemble manquait de finesse et paraissait mal amené. Le récit va trop vite et cherche trop à imposer ses idées j’ai trouvé. De plus, l’auteur tombe un peu dans des clichés caricaturaux. Dommage, car l’ensemble possédait du potentiel.

Son dernier coup d’échec de Jean-Claude Dunyach & Mike Resnick : Cette nouvelle nous fait suivre un automate champion d’échec qui se lie d’amitié avec une humaine et va se retrouver au milieu d’un conflit d’échec que je vous laisse découvrir. J’ai bien aimé cette nouvelle, la construction est efficace, le message se veut simple et percutant et les personnages sont intéressants à suivre dans leurs aventures. La conclusion offre une surprise efficace tout en ayant en fond une légère pointe de mélancolie. Je ne dirai pas que cette nouvelle est révolutionnaire, mais elle est réussie et offre un bon moment de lecture dont, finalement le seul point qu’on pourrait lui reprocher et la très faible présence de la fée.

Tsimoka de Cindy Van Wilder : Comme toujours avec l’auteur on se retrouve avec un texte bien construit, dense et avec des héroïnes et des personnages secondaires qui ne manquent pas d’attrait et marquent assez facilement le lecteur dans leurs quêtes. L’ensemble se situe ainsi dans l’univers des Outrepasseurs, mais voilà j’ai trouvé l’intrigue un peu convenu et manquant d’un peu de force pour franchement nous offrir plus qu’un simple récit très sympathique et agréable. Par contre, j’ai bien aimé la mythologie que construit l’auteur derrière, avec en message sous-jacent l’esclavage, mais il aurait, je pense, mérité d’être encore plus présent.

Le plateau des chimères de Lionel Davoust : On termine cette anthologie avec un auteur habitué, puisqu’il s’agit de la nouvelle Lionel Davoust qui nous revient dans son univers Evanégyre. J’ai bien aimé cette nouvelle, que ce soit dans sa construction comme dans la confrontation des deux personnages qui se révèlent bien plus que de simples protagonistes, avec, en fond, une confrontation entre la Nature et la Technologie. L’ensemble est ainsi très bien maitrisé, j’ai très vite été happé par ce texte offrant de nombreux rebondissements et quelques surprises tout en nous faisant réfléchir sur nos actes. je regretterai peut-être juste que le retournement de situation sur le fin se révèle facilement devinable. Au final un dernier texte qui conclut de très bonne façon cette anthologie.

En Résumé : J’avoue je ressors moins enthousiasme que les années précédentes avec ma lecture de cette anthologie. L’ensemble n’est pas non plus mauvais, mais j’ai trouvé que, mis à part quelques exceptions, les textes sont moins marquant que les années précédentes, avec des hauts et des bas. Après il faut aussi bien admettre que le thème n’était pas non plus des plus facile, l’association automates et fées tombant au final ici facilement dans le convenu ou dans le mal amené. L’anthologie reste tout de même sympathique à découvrir et à lire et quelques textes sortent assez du lot pour donner envie, mais voilà rien de vraiment mémorable, elle ne dépasse pas le sympathique et divertissant à lire. Cela ne m’empêchera pas pour autant de faire rentrer la version 2017 dans ma PAL.

 

Ma Note : 6/10

Avis de mes collègues de LC : Snow, Mariejuliet, PtiteTrolle, Rose

Autres avis : Boudicca (Bibliocosme), Celindanaé, …

Port D’Âmes – Lionel Davoust

port d'amesRésumé : Rhuys ap Kaledán est un héritier déchu.
Tout juste libéré de la servitude et des galères, il rejoint la cité franche d’Aniagrad, où tout se vend et tout s’achète, pour reconquérir l’honneur de sa famille. L’occasion lui en est rapidement donnée : Edelcar Menziel, un ancien ami de son père, lui propose de travailler sur la conversion dranique, un procédé perdu depuis des siècles qui permettrait de réaliser des machines magiques. Résolu à tracer son chemin dans la haute société de la ville, le jeune homme s’investit de tout son cœur dans le projet.
Mais bientôt, coincé entre des intrigues politiques et son amour pour une mystérieuse jeune femme qui vend des fragments de son âme pour survivre, Rhuys découvre que le passé recèle des secrets bien sombres et tortueux. Aux prises avec l’ambition, la duplicité et le mensonge, il devra se montrer plus rusé que ses ennemis s’il veut atteindre son but sans perdre son âme.

Edition : Critic

 

Mon Avis : Il y a un an l’auteur publiait La Route de la Conquête, un recueil de nouvelles prolongeant la plongée du lecteur dans l’univers d’Evanégyre découvert lors de ma lecture de La Volonté du Dragon. J’avoue ne pas avoir été déçu par la découverte de cet univers fascinant, dense offrant un mélange passionnant de technologie et de magie, le tout porté par des récits intelligents et soignés. Par conséquent quand il fût annoncé qu’un roman allait être publié par l’auteur dans ce monde, je savais qu’il allait très rapidement entrer dans ma PAL. Mais même sans ces arguments, la magnifique couverture, illustrée par François Baranger, m’aurait obligatoirement fait pencher sur ce livre. Alors attention si vous lisez cette chronique je risque de spoiler, non pas ce livre, ce que j’essaie d’éviter au maximum, mais plus l’univers d’Evanégyre, principalement des informations qu’on retrouve dans La Route de la Conquête sur la chronologie. A noter qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu ses précédents récit dans cet univers pour se plonger dans ce roman, car comme ses textes précédents ils peuvent tous se lire indépendamment.

Ce roman est situé dans une période très lointaine dans le futur de l’univers d’Evanégyre que l’on connait. Dans son précédent recueil, face à sa suffisance, l’Empire d’Asreth c’était finalement éteint, amenant les Âges Sombres ainsi qu’une forte régression aussi bien technologique que sociale. Ici on se retrouve encore bien des années plus tard, les Âges Sombres s’éteignent, la technologie Asreth a complètement disparue et l’Empire est devenue un simple mythe, une légende qu’on raconte comme une fiction. On découvre ainsi Rhuys ap Kaledán, noble déchu, qui revient, après 8 ans de servitude, à Aniagrad espérant y retrouver tout ce qu’il a perdu. Il va très rapidement se rendre compte que rien n’est gratuit.

Première chose qui surprend, c’est le changement radical dans l’univers, on quitte ainsi l’Empire d’Artech et son univers carré, avec son but unique que tout le monde suivait malgré quelques dissensions, il ne faut pas l’oublier, pour un futur qui est d’une certaine façon plus pernicieux, où la guerre va faire son grand retour, où les mensonges, les complots et les trahisons influencent fortement la vie des uns et des autres. Aniagrad en est d’ailleurs le parfaite exemple, la ville où on peut tout acheter, où tout est déclaré et où le contrôle se fait avec une poigne de fer par l’administration et sa milice. Une ville de liberté, mais où on se rend rapidement compte qu’elle est construite comme une toile d’araignée dont on peut très vite tomber dans ses filets et se retrouver acculer. Cela ne veut pas dire que l’Empire et sa technologie a complètement disparu, on le croise, en ligne de fond, à travers des récits, des légendes, des recherches, il va avoir une place dans l’intrigue, mais est loin d’en être le point central. La description de ce monde par l’auteur se révèle dense, soignée, sans non plus se révéler trop lourde ou ennuyeuse, on a l’impression de se plonger dedans, de visiter cette ville pittoresque et hétéroclite, à la fois pleine de surprise, de beauté, mais aussi d’ombre, d’exclusion, de violence. Alors ce changement peut surprendre, si vous êtes habitué aux machines Asreth, mais finalement se révèle très intéressant, permettant ainsi de varier son histoire et aussi d’éviter d’ennuyer le lecteur en racontant toujours la même chose. L’idée du transfert, qu’on avait, d’une certaine façon, déjà découvert dans une autre nouvelle, offre ici quelque chose que j’ai trouvé de très poétique et mélancolique, avec ce besoin de ressentir des émotions ou, selon certains, de les faire disparaitre.

L’intrigue n’est pas non plus en reste par rapport à l’univers, elle se révèle ainsi clairement captivante, offrant tout du long un jeu de manipulation, de pouvoir et de trahisons qui se révèle franchement accrocheur et efficace, tout en se gardant aussi un aspect plus intimiste par l’entremise du personnage principal qui apporte ainsi une touche plus émotionnelle, au plus proche du héros, qui permet de se retrouver facilement happer par les nombreuses aventures qui vont lui arriver. Alors certes, l’histoire et l’univers donne une impression de Fantasy plus classique, mais cela n’empêche pas l’auteur de montrer qu’il s’en sort très bien en nous offrant un récit qui se révèle captivant et entrainant, le tout à un rythme qui monte lentement en tension au fil des pages, des révélations et de l’évolution du personnage principal dans cette quête identitaire qui ne va pas le laisser indemne et le pousser à se remettre énormément en question, oscillant entre amour, naïveté et souffrance. Le récit joue ainsi avec le lecteur pour mieux le surprendre, lui offrir rebondissements et machinations, mais qui aussi n’oublie pas de soulever quelques réflexions intéressantes et efficaces. Que ce soit concernant l’identité, la souffrance, la liberté ou encore sur le jeu des classes sociales et du pouvoir, on ne peut s’empêcher de se poser des questions sur ce qui nous est montré, même si parfois présenté de façon un peu facile. En tout cas une intrigue bien ficelée, maîtrisée, prenante par son ambiance pleine de mystère et de mensonges.

Concernant les personnages il faut bien avouer que je me suis rapidement attaché à Rhuys, jeune homme pleins d’idéaux, d’honneur et de rêves, qui va rapidement se rendre compte que le monde est loin de ce qu’il imaginé, qui va, d’une certaine façon prendre une claque et que pour changer les choses il faut parfois savoir sacrifier certaines choses. Son évolution au fil des pages se révèle captivante, soignée, accrocheuse et surtout réaliste, tant on se retrouve proche de lui dans la façon dont cela nous est présenté. Alors certes je l’admet, parfois on se pose quelques questions, pour un personnage qui a passé 8 ans dans la marine, il apparait un peu naïf dans certaines situations, mais bon rien de bien méchant. Surtout la façon dont il va grandir, passer d’une certaine façon de l’adolescent innocent, à l’adulte s’avère efficace et prenant. Concernant les personnages qui gravitent autour de lui ils se révèlent denses, soignés, offrant une palette large de personnages humains avec leurs bons et leurs mauvais côtés, leurs ambitions et leurs souffrances, avec une mention toute particulière pour la vendeuse, héroïne mystérieuse, torturée, fougueuse, charismatique qui prend son temps pour se dévoiler et surtout prend une place de plus en plus importante dans le récit. Elle vient ainsi apporter une touche de poésie supplémentaire à l’ensemble. La complexité de la relation qu’elle va nouer avec Rhuys est aussi captivante, par ce jeu qui se nous entre ces deux protagoniste, d’une certaine façon semblables, mais pourtant si différents dans leurs visions.

Je ne relèverai que deux points qui m’ont légèrement laissé perplexe, le premier vient de quelques longueurs que j’ai ressenti, rien de bien méchant, ni dérangeant, mais j’ai eu l’impression que l’auteur tirait un peu certains passages, principalement avant certaines révélations. L’autre point est un peu plus, on va dire, personnel et vient d’une des révélations finales que j’ai vu arriver très tôt, ça n’empêche en rien de savourer ce récit ni de l’apprécier vu que cette révélation n’est que secondaire, l’important venant surtout des conséquences, mais ça m’a laissé un léger sentiment de frustration. Rien de bien méchant non plus tant l’ensemble s’avère plus qu’efficace toujours aussi bien porté par une plume fluide, travaillée, prenante et qui happe, je trouve, assez rapidement le lecteur. Au final Port d’Âmes offre une nouvelle vision réussie d’Evanégyre, et me donne encore envie d’en découvrir plus sur cet univers. C’est bien car je crois avoir vu que son prochain récit dans cet univers serait une trilogie.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec cette nouvelle intrusion dans le monde d’Evanégyre, qui se situe, d’un point de vue temporel, dans une époque complètement différente de l’Empire d’Asreth. On se retrouve plonger ainsi dans une histoire qui peut, aux premiers bords paraitre classique, mais qui est maîtrisée, captivante mélange de mensonges, de trahisons, de manipulations et de jeux de pouvoir et qui n’oublie pas aussi de pousser le lecteur à se poser des questions. L’univers, se révèle dense, soigné, nous présentant la ville d’Aniagrad qui oscille entre ombre et lumière et qui donne envie d’en apprendre plus tant elle se révèle tortueuse. On s’accroche très rapidement au personnage principal de Rhuys, naïf adolescent qui va, par la force des choses entrer dans le monde adulte avec tout ce que cela entraine. Les personnages qui gravitent autour de lui se révèlent eux-aussi très intéressants à découvrir, avec une mention spéciale pour la vendeuse, héroïne passionnante, vivante et charismatique, apportant une touche de poésie. Je ne relèverai que deux points, le premier est que j’ai ressenti quelques longueurs, mais rien de vraiment dérangeant tant on est pris dans l’intrigue. Le second vient d’une révélation que j’ai vu venir très rapidement, rien de non plus dérangeant vu que l’intérêt vient des conséquences qu’elle amène, mais tout de même légèrement frustrant. La plume de l’auteur se révèle travaillée, captivante et fluide, nous plongeant avec facilité de nouveau à la découverte d’Evanégyre dont je lirai sans soucis d’autres écrits.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Dionysos, …

La Route de la Conquête – Lionel Davoust

la route de la conqueteRésumé : On la surnomme la Faucheuse. Débarquée trente ans plus tôt dans le sud, la généralissime Stannir Korvosa assimile méthodiquement nations et tribus au sein de l’Empire d’Asreth, par la force si nécessaire. Rien ne semble pouvoir résister à l avancée de cette stratège froide et détachée, épaulée par des machines de guerre magiques.
Parvenue à l’ultime étape de sa route, elle est confrontée à un nouveau continent un océan de verdure où vivent des nomades qui ne comprennent pas les notions de frontières ou de souveraineté. Elle doit pourtant affirmer l’autorité impériale car, dans le sous-sol de la steppe, se trouvent des ressources dont Asreth a terriblement besoin. Mais après une vie de conquête, Korvosa pourrait bien rencontrer la plus grande magie qui soit… et se débattre avec une situation inédite : le pacifisme.

Edition : Critic

 

Mon Avis : Ma première plongée dans l’univers d’Évanégyre fut avec ma lecture de La Volonté du Dragon qui m’avait alors permis de découvrir un univers fascinant, mélange de technologie et de magie et qui offrait une histoire efficace et bien rythmé (ma chronique ici). L’auteur a alors continué à développer cet univers à travers différentes nouvelles présentes dans différents magazines et anthologies. Ce livre a donc pour but de regrouper les différents textes déjà publiés et aussi nous offrir deux inédits, offrant ainsi six textes, à découvrir ou redécouvrir. J’avoue que j’avais hâte de voir comment allait se développer cet univers. À noter la couverture, illustrée par François Baranger, que je trouve superbe et efficace.

La Route de la Conquête : Ce texte inédit est un peu le gros morceau du recueil, avec près de 160 pages cette novella nous permet de retrouver Stannir Korvosa, personnage déjà rencontrée dans La Volonté du Dragon, qui est devenue depuis La Faucheuse célèbre généralissime. Aujourd’hui elle doit soumettre les Umaïs à la vision du dragon, mais elle va alors se retrouver en face d’un peuple pacifiste. Je dois bien avouer que rien que pour ce texte la lecture de ce recueil mérite d’être découvert. On a pourtant l’impression de repartir sur les mêmes bases que La Volonté du Dragon, avec ce peuple d’Asreth qu’on commence à bien connaitre, qui vient assimiler un autre avec en tête l’idéal imaginé par Mordranth l’oracle. Pourtant, la force de l’auteur est justement de traiter ce récit de façon complètement différente. On est loin ici de la diplomatie guerrière de sa première novella, mais plus dans quelque chose de plus profond et de fascinant traitant de sujets vastes, réfléchis et intéressants. Entre réalité et idéal rien n’est simple, peut-on vraiment soumettre un peuple qui vit dans la paix? Surtout qu’une donnée vient entrer en jeu, le sous-sol, qui contiendrait des ressources précieuses. On y retrouve cette dualité, cette ambiguïté habituelle, mais toujours aussi bien traité, entre deux idéaux, deux cultures complètement différentes, entre l’avancée de la technologie, du moderne dans l’ancien et le magique, ou bien encore sur la guerre qui doit tout résoudre, mais on y trouve aussi quelque chose de plus profond qui vient des personnages. En effet chacun des héros présentés se révèlent humains et doivent faire des choix en fonction de leurs doutes, de leurs convictions et de leurs failles. La différence de point de vue entre la généralissime et son aide de camp, à la fois si différents et si proches, apporte aussi un aspect nouveau et intéressant, le doute. C’est une des grandes forces de ce court récit. L’ensemble se révèle aussi parfaitement maitrisé, que ce soit au niveau du rythme, des révélations ou des rebondissements et permet de travailler un univers toujours aussi fascinant, complexe et éblouissant.

Au-delà des Murs : Cette nouvelle a été précédemment publiée dans Victimes et Bourreaux, l’Anthologie des Imaginales de 2011. Elle vient nous parler de la guerre et plus principalement des traumatismes qu’elle peut occasionner avec ce soldat qu’on découvre enfermé dans un hôpital, son esprit ayant fait un blocage suite à différentes batailles et aux horreurs qu’il a vu et vécu. Mais qu’a-t-il vraiment occulté de son esprit? L’auteur se met alors à jouer avec ses personnages et son lectorat, oscillant entre vérité et mensonge, entre folie et raison, tout s’embrouille pour notre plus grand plaisir. On plonge avec fascination dans cet esprit perdu, au bord de la folie, dont la vérité lui fait peur et qui va alors s’imaginer une vision complètement différente. Mais où est la vérité? Un texte à la fois prenant, perturbant et passionnant qui permet aussi à travers des flashback de découvrir un autre peuple, celui des guerriers-miroir qui se révèle clairement intéressant à découvrir. La fin se révèle assez ouverte pour offrir au lecteur de faire ses propres choix sur la suite.

La Fin de l’Histoire : Cette nouvelle nous fait découvrir le journal d’un conservateur, un homme qui suit les armées au fil de leurs conquêtes pour consigner et récupérer tous les aspects culturels des régions assimilés, permettant ainsi de les sauvegarder. Un texte qui se révèle sombre et pourtant emprunt de poésie, nous dévoilant un peuple qui sait que sa fin est proche et qui se retrouve en comité pour se raconter des histoires qui se révèlent touchantes. Un texte qui monte lentement en tension au fil des pages, où l’angoisse prend le lecteur lui offrant aussi des réflexions intéressantes sur les extrémités qui peuvent apparaitre, que ce soit aussi bien d’un côté que de l’autre. L’auteur dévoile aussi une guerre qui ne laisse pas indifférent que ce soit dans n’importe quel camp. Mais voilà malgré tout l’intérêt que possède cette nouvelle, je l’ai trouvé légèrement moins prenante que les précédentes. Rien de bien gênant, car elle reste tout de même efficace et entrainante.

Bataille pour un Souvenir : Concernant cette nouvelle elle se révèle un peu différente des autres puisqu’on ne suit pas ici le peuple d’Asreth, mais les fameux Guerriers-miroirs qu’on avait découvert dans une autre nouvelle. Il y a quelque chose de clairement fascinant dans ce texte justement dans la découverte de cette culture et principalement de ces guerriers qui se servent de leurs mémoires qu’ils brûlent pour devenir plus fort, presque invincibles. Il y a aussi quelque chose de poignant dans la façon dont est construit ce récit, plein d’émotions qui nous dévoilent finalement des hommes qui savent livrer leur dernière bataille, mais qui pourtant donnent le maximum d’eux-mêmes pour toujours exister, pour ne pas finir comme une simple page dans l’histoire d’un empire. Mais voilà il y a aussi quelque chose de frustrant dans cette nouvelle car, pour une fois qu’elle permettait de découvrir une autre culture, j’ai trouvé que certains aspects n’étaient pas assez développés. Alors certes ça permet d’offrir un rythme effréné sans se perdre dans trop d’explications, mais voilà j’ai trouvé cela tout de même dommage. J’espère que l’auteur reviendra sur ce peuple du Hiéral, il y a, selon moi, encore beaucoup à raconter.

Le Guerrier au Bord de Glace : Cette nouvelle est un texte inédit et nous plonge bien loin dans l’avenir, à la fin de cette belle unité qu’est l’Empire du Dragon qui maintenant s’entre-déchire dans des batailles intestines. Il y a quelque chose de tout bonnement fascinant dans ce texte, ce sont les combats de mécha que met en scène l’auteur. Des machines aussi hautes que des immeubles qui font clairement penser à certains mangas, le tout dirigé d’une plume experte et rythmée. Le lecteur en manque de sensation forte et qui apprécie ce genre de machines ne peut que se sentir happer par ce texte. La technologie qui nous est présentée se révèle flamboyante, passionnante et l’idée d’y ajouter une sorte de « conscience » apporte son lot de réflexion. Car oui l’auteur ne fait pas que nous offrir ici une bataille de mécha assez jouissive, non il continue aussi à travailler sur l’Homme, premièrement en montrant que finalement quel que soit son projet et la cohésion qu’il apporte il finit toujours par se détruire, ensuite par la relation entre le personnage principal et sa machine qui est soignée, philosophique et captivante. Une très bonne nouvelle, mélange d’adrénaline et d’idée intéressante avec une fin qui se révèle ouverte réussie.

Quelques Grammes d’Oubli sur la Neige : Cette nouvelle se situe complètement hors de la chronologie qui nous est présenté. Est-ce bien avant ou bien après la conquête du dragon ? En tout cas on retrouve ici une fantasy, qu’on va dire, plus classique, avec un monde médiéval, une ville en train de mourir sous la maladie et le froid avec son dirigeant qui va alors prendre contact avec la sorcière locale pour tenter d’améliorer la vie des siens. Un texte assez intéressant dans les idées qu’il développe, considérant que la technologie et le confort que vont apporter ce roi va peu à peu le rendre unique, égocentrique, avide de puissance et l’amener doucement dans une folie qui va le perdre. Un texte sombre, au final peut-être plus classique et linéaire que les autres, mais qui ne manque pas de charme et apporte un contrepoint intéressant à l’univers plus mécanisé qu’est celui d’Évanégyre.

 

Un des aspects qui passionne vient du fait que la Fantasy que nous offre l’auteur est différente de celle qu’on connait habituellement, mettant clairement en avant la technologie par rapport à la magie, qui doit alors s’éteindre pour le bien de tous. Il offre à partir de là pas mal de réflexions, que ce soit sur l’Homme comme sur la guerre ou encore sur la conscience, le tout dans des histoires qui se révèlent efficaces et captivantes. Mais surtout pour la première fois on découvre une chronologie dans cet univers, près de 1000 ans d’histoire à travers ses différentes nouvelles qui résonnent les unes entre les autres, et on se rend compte qu’il y a encore énormément à raconter. L’univers qui se densifie à chaque fois est de plus en plus passionnant, complexe à découvrir et donne envie d’en apprendre toujours plus. En tout cas un recueil de texte qui m’a offert un très bon moment de lecture et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur qu’ils soient dans cet univers ou pas.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce recueil de nouvelles qui nous propose de découvrir six textes, dont deux inédits, dans l’univers d’Évanégyre. L’ensemble se révèle clairement efficace entre tension, action, adrénaline et réflexion, où l’auteur n’oublie pas pour autant le côté humain proposant régulièrement des personnages complexes avec leurs forces et leurs faiblesses qui se retrouvent à devoir faire des choix. L’univers que développe l’auteur au fil des textes se révèle de plus en plus captivant, dense et j’avoue que la bataille de mécha très stylisé manga m’a passionné, même s’il ne s’agit que d’un petit élément de l’ensemble. Tous les textes ne sont pas tout à fait au même niveau, mais dans l’ensemble ils sont cohérents et réussis. Ce livre nous offre aussi la première chronologie de cet empire qui court sur près de 1000 ans et qui annonce clairement que tout n’a pas encore été raconté, ce qui est une excellente chose, car j’ai encore envie de découvrir et d’en apprendre plus sur l’Empire d’Asreth.

 

Ma Note : 8/10

 

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