Étiquette : justine niogret

Fugue en Ogre Mineur – Anthologie dirigée par Anne Fakhouri

fugue en ogre mineurRésumé : Où sont passés les ogres ?
Les forêts ont été déboisées. Les châteaux sont désormais hantés par les touristes. Les grottes par des joueurs de djembé…
C’est absolument faux. N’importe quel enfant vous le dira.
Certains ont squatté nos caves, y apparaissent et disparaissent. D’autres ont choisi de se lancer dans le prêt-à-porter grandes tailles. Les mauvaises langues disent qu’ils s’éclatent aux Etats-Unis. Quelques uns sont restés dans leur propre monde et envoient, de temps en temps, de terribles cauchemars à nos enfants.
Ils vivent à la frontière entre notre monde et le leur.

Edition : ActuSF

 

Mon Avis : Ce court recueil de nouvelles a un peu fini par hasard dans ma PAL. En effet à force de passer devant durant les festivals il m’a toujours intrigué et donné envie de le découvrir, sans que je ne franchisse jamais le pas. Il faut dire que la couverture, illustrée par Fabien Fernandez, ainsi que le sommaire composé uniquement d’auteurs féminins donnaient clairement envie d’en apprendre plus. Lors des dernières Imaginales j’ai donc fini par me laisser tenter et je l’ai fait rentrer dans ma bibliothèque. Le livre démarre sur une préface très intéressante nous expliquant que qui mieux qu’une femme peut parler d’un ogre ?, ainsi que les différentes facettes du monstre. Ce recueil est composé de cinq nouvelles.

L’Ogre de Ciment de Jeanne-A Debats : Cette nouvelle nous fait découvrir Yasmin qui, suit à un traumatisme violent, se retrouve à fuir à travers les souterrains de son quartier. Elle va alors croiser le chemin d’un ogre. Une nouvelle que j’ai trouvé réussie. Certes sur la forme elle se révèle classique et sans surprise, mais c’est sur le fond qu’elle arrive alors à surprendre en nous présentant deux personnages qui paraissent complètement opposés et qui pourtant ne le sont finalement peut-être pas tant que cela. Deux héros remplis de sentiments et d’émotions, solitaires, en pleine fuite en avant, qui dévoilent une vision d’un monde pas toujours rose et pourtant si réaliste où le monstre n’est pas toujours celui qu’on croit et où les hommes peuvent aussi être des ogres. Un texte à la fois poignant et efficace, à la plume entrainante, dont mon seul regret est peut-être une conclusion un peu trop convenue et pourtant logique.

La Chasse à L’Ogre de Stéphanie Gaillard : Cette nouvelle nous plonge dans le récit fait au roi Louis de la dernière chasse à l’ogre. On découvre ici un texte qui se révèle efficace et haletant, nous racontant de façon rythmé comment un groupe de chasseur a traqué et éliminé le dernier ogre. Un récit au rythme soutenu, rempli d’action et de rebondissements, qui se laisse lire avec plaisir mais qui, clairement, se révèle trop classique et sans véritables surprises. Même la tentative de réflexion sur le geste final par le héros manque de percutant. Attention le texte n’est pas mauvais, il se lit facilement et se révèle un agréable divertissement, mais il a du mal à véritablement marquer le lecteur selon moi. Je le rentre facilement dans les vite lu, apprécie et vite oublié.

Les Ogres font-ils de Bons Pères ? de Ida Mars : Cette nouvelle nous propose de découvrir un ogre qui part en chasse. On se rend alors compte qu’il ne chasse pas n’importe quel gibier, mais sa fille qui a décidé de s’enfuir. J’avoue que je ressors plutôt mitigé de ma lecture de cette nouvelle ; l’auteur prend le parti pris de mettre en avant l’humour et pourtant j’ai eu du mal à accrocher à ce type d’ironie que j’ai trouvé finalement mal amené, cherchant l’étonnement et la surprise du lecteur, mais qui est annoncé de façon trop brusque ce qui fait que l’ensemble tombe souvent à plat de mon côté. De plus le titre joue aussi dans le fait que certains rebondissements se révèlent trop faciles à deviner. Les idées sont pourtant bien là et ont du potentiel, mais je ne sais pas, j’ai trouvé que l’ensemble manquait un peu de liant. De plus certains des personnages m’ont paru sous-exploités, ce qui se révélait un peu confus. Un texte qui, selon moi, possède pas mal d’idées mais aurait peut-être mérité un traitement différent.

La Chair Choisie d’Audrey Guillotte : Cette nouvelle nous plonge dans la vie de Larve, jeune Ogresse, fille de Babau qui cherche à faire d’elle son héritière. Mais voilà elle se révèle loin d’être très futée. J’ai bien aimé ce texte, une certaine poésie se dégage le tout dans une ambiance qui se révèle sombre, violente et assez angoissante, mais le tout amené avec un certain humour noir qui ici a réussi à me happer. Une nouvelle dont, certes, on voit la conclusion arriver rapidement mais qui se révèle agréable, bien rythmé, nous dévoilant un univers où les ogres sont les maîtres et les humains sont en fait un troupeau. La relation entre Larve et Baubau, mélange de haine et d’amour, se révèle intéressante même si par moment un peu caricaturale. Surtout le danger ne vient pas toujours de là, ou de qui, l’on croit. Une découverte au final qui se révèle très sympathique.

Les Autres de Justine Niogret : Cette dernière nouvelle nous emmène dans le quotidien d’une jeune fille qui vit dans un orphelinat et se sent différente des autres. La force de cette nouvelle c’est son ambiance, qui monte lentement au fil des pages dans la noirceur, se révélant de plus en plus angoissante, pour finir dans une apothéose de violence et de sang que je vous laisse clairement découvrir. Une nouvelle très sombre qui remplit parfaitement le rôle recherché qui est de mettre mal à l’aise le lecteur, lui rappeler le côté monstrueux tout en tentant une réflexion, légère, sur le rejet des autres. Le problème vient qu’on retrouve ici un texte véritablement ouvert, sans véritables bases sur les personnages ou encore sur l’univers, ce qui est quand même frustrant à mon goût, car l’ensemble manque alors d’un peu de réponses.

 

Cette anthologie nous propose donc cinq nouvelles qui nous offrent cinq visions différentes et qui se révèle dans l’ensemble être au final une sympathique découverte. Ce qui est dommage c’est qu’il manque peut-être un texte qui se révèle porteur de l’ensemble, qui arrive clairement à se démarquer des autres et à marquer le lecteur. Cela ne m’a pas empêché non plus de passer un moment de lecture divertissant avec ce livre.

En Résumé : J’ai passé un agréable moment de lecture avec cette anthologie qui nous propose de revisiter à travers cinq nouvelles le mythe original de l’ogre, qu’il soit aussi bien métaphorique que réel ; l’ogre pouvant être à la fois le monstre connu et reconnu, mais aussi celui qui se cache en chacun de nous. Chaque texte propose ainsi une variation et une vision intéressante du mythe, entre angoisse, horreur et humour, et même si tous les textes ne m’ont pas accroché de la même façon, dans l’ensemble ce court recueil reste plutôt agréable à découvrir même s’il manque tout de même d’éléments percutants et marquants pour passer de lecture distrayante à bonne lecture.

 

Ma Note : 6,5/10

Coeurs de Rouille – Justine Niogret

coeurs de rouilleRésumé : Saxe est un artiste qui survit en travaillant sur les golems actionnés par magie. Dresde est une jolie automate qui n’a connu que le luxe avant que son maître l’abandonne.  Traqués par un tueur mécanique qui écorche les humains pour voler leur peau, ils se lancent dans une course peut-être sans espoir.

Edition : Le Pré aux clercs

 

Mon Avis : Comme vous devez vous en doute, si vous suivez un minimum ce blog, je suis un grand fan des écrits de Justine Niogret. Je n’ai jamais été déçu par les différents romans que j’ai lus de l’auteur, offrant souvent des récits sombres, efficaces, parfois même très introspectifs et qui forcent à réfléchir. Alors, quand j’ai vu que l’auteur sortait un nouveau roman je n’ai pas mis longtemps à le faire rentrer dans ma PAL. Je voulais aussi savoir ce qu’elle pouvait bien proposer dans un registre plus Young Adult (au passage je ne suis toujours pas fan de cette expression). À noter que je trouve la couverture assez sympathique et qui colle bien à l’histoire. Par contre, ne lisez surtout pas le quatrième de couverture (je l’ai modifié sur mon article justement) car il révèle un aspect qu’on découvre qu’à la fin du livre ce qui est dommage.

Il faut bien avouer que l’auteur a vraiment réussie, à travers ce roman, à construire un récit vraiment efficace et complexe qui m’a accroché du début à la fin. À travers un mélange des genres vraiment réussi et efficace elle nous plonge dans une histoire qui se révèle vraiment haletante, passionnante et sans temps morts tout du long. Entre rebondissements, surprises et réflexions l’auteur arrive vraiment à plonger le lecteur, à le happer, à travers un rythme soutenu et efficace. Mais voilà ce récit ne sert pas non plus qu’à offrir une histoire efficace et nerveuse, elle permet aussi à l’auteur de développer des idées qui se révèlent vraiment intéressantes, même si parfois classiques, sur les machines, leurs utilités, la peur qu’elles inspirent aux homme, mais aussi des aspects plus intimes comme l’humanité, son évolution et son rapport vis-à-vis de son milieu de vie.

L’univers mis en place par l’auteur se révèle vraiment fascinant, original, mais surtout sombre, angoissant et violent. Un univers vraiment riche et dense, même si l’auteur se limite au périmètre des personnages. Mais surtout il est porté par un travail et des descriptions vraiment saisissantes et fascinantes, qui donnent vraiment envie d’en découvrir plus sur ce monde en perdition. Un univers qui possède aussi ses différentes origines et ses différentes façons de l’appréhender et le comprendre, que ce soit par le travail de l’auteur sur les golems, mélange de pureté et de machineries, ou bien encore le développement des différents étages de la cité qui rappelle un peu le cercle des enfers, le tout se révèle vraiment passionnant et intrigant pour le lecteur. Des fois le tout est peut être amené de façon un peu trop brusque, comme si une coupe avait été fait ce qui crée un léger accroc dans la description, mais rien de franchement gênant tant on est captivé par la complexité et le travail effectué sur cette cité et sa façon de vivre.

Alors bien sûr, le côté roman Young Adult a tout de même ses limites selon moi. En effet l’auteur, même si comme je l’ai dit, offre toujours une réflexion poussée et intéressante, elle la rend plus accessible, permettant de toucher un public plus large, ce qui fait que parfois certaines idées me paraissent amenées de façon  parfois un peu trop facilement. Ça ne gêne en rien la lecture et je m’en doutais, vu que le roman est annoncé clairement YA, mais bon une ou deux fois je me suis dit que quelques lignes de plus pour développer telle ou telle chose aurait été un plus. Concernant la conclusion elle se révèle vraiment intéressante, pleine d’espoir et de magie même si je la trouve légèrement rapide et un peu abrupte. Par contre, même si le livre vise un public large, il n’est pas non plus à mettre entre toutes les mains, à mon avis, rien que par son univers sombre et angoissant qui ne plaira pas à tout le monde.

Concernant les personnages l’auteur se limite à trois personnages, ce qui est finalement une bonne chose, car ça permet de les développer de façon profonde et ainsi offrir des héros vraiment denses, complexes et passionnants à découvrir. L’auteur joue bien entendu clairement sur les relations entre les hommes et les machines, nous offrant une réflexion, certes classique, mais intéressante sur l’aspect des sentiments et des émotions. Des personnages qui vont développer des relations vraiment ambigus et fascinantes, et on s’accroche à eux au point de tourner les pages avec envie pour savoir ce qui va bien pouvoir leur arriver. Il nous font réfléchir aussi aux questions qu’ils soulèvent au cours de leurs aventures, vis à vis de l’évolution de l’homme, de sa décadence et de son indolence qui l’a menée à ne plus savoir évoluer et même d’une certaine façon à régresser.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi soignée, captivante et possède toujours cette poésie, un peu triste et mélancolique, qui fait que je suis toujours aussi passionné et fasciné par ses différents écrits. Elle arrive clairement à nous faire plonger dans son histoire, à nous fasciner par ses personnages et son univers. Un court roman, certes au public visé plus large, mais qui se révèle intelligent, fascinant et bien porté par un rythme prenant et efficace. J’ai été encore une fois convaincu par l’auteur et je ne manquerai sûrement pas de lire ses prochains romans.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous fait découvrir histoire efficace, prenante, captivante et qui offre pas mal d’axes de réflexions intelligents et intéressants. L’univers développé par l’auteur se révèle vraiment riche, travaillé et donne clairement envie d’être découvert, même s’il se révèle limité au prisme de vue des héros. Les personnages sont limités, ce qui permet à l’auteur de les développer de façon profonde, les soigner et les rendre complexe et attachants. Le côté Young-Adult rend aussi le roman légèrement plus facile d’accès que ce que proposait d’habitude l’auteur, ce qui est parfois un peu dommage, car certains aspects paraissent juste esquissés. La plume de l’auteur se révèle vraiment poétique et entrainante. Je continuerai sans soucis à lire les prochains romans de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : AcrO, Lune, Bouquinautes,

Mordred – Justine Niogret

mordredRésumé : La légende veut que Mordred, fruit des amours incestueuses d’Arthur et de sa sœur Morgause, soit un traître, un fou, un assassin. Mais ce que l’on appelle trahison ne serait-il pas un sacrifice ?
Alité après une terrible blessure reçue lors d’une joute, Mordred rêve nuit après nuit pour échapper à la douleur. Il rêve de la douceur de son enfance enfuie, du fracas de ses premiers combats, de sa solitude au sein des chevaliers. Et de ses nombreuses heures passées auprès d’Arthur, du difficile apprentissage de son métier des armes et de l’amour filial. Jusqu’à ce que le guérisseur parvienne à le soigner de ses maux, et qu’il puisse enfin accomplir son destin.

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Je ne le cache pas, je n’ai jamais été déçu par les œuvres proposées par Justine Niogret jusqu’à maintenant. Elle a toujours réussi à me faire entrer dans ses univers et à me faire passer des très bons moments de lecture, que ce soit par sa fantasy comme son dernier roman SF qui tendait vers l’OLNI. J’avais donc hâte de voir ce que pouvait proposer l’auteur avec ce Mordred, même si je partais avec une légère appréhension concernant le mythe Arthurien qui a été, à mon avis par moment, surexploité. En tout cas je trouve la nouvelle politique d’édition de Mnémos vraiment intéressant offrant un bel objet, même si je trouve que la couverture n’est pas des plus accrocheuses me faisant plus penser à un livre d’histoire.

Pour ce roman, l’auteur a décidé de le consacrer à Mordred, personnage peut être pas aussi compris et connu qu’on pourrait le croire. Surtout elle a vraiment décidé de nous offrir un portrait vraiment intimiste de ce protagoniste, de  dévoiler ses failles, ses amours et ses passions ce qui permet de proposer ainsi une histoire différente d’un simple mythe et de traitrise, prenant ainsi clairement à contre-pied le lecteur tout en offrant un récit vraiment intéressant et envoutant. On découvre ainsi un Mordred à visage humain, à travers ce personnage blessé qui se souvient de sa vie croyant voir la mort arriver, c’est cette proximité et cette découverte d’un héros souvent mal-aimé, haï et détesté par rapport à son destin qui happe le lecteur. Alors, bien sûr, pour cela il faut ne pas être rebuté par une histoire au rythme lent, une histoire avec peu d’action, mais qui offre plus un récit profond, initiatique et personnel.

Concernant l’univers et l’ambiance développée par l’auteur ils ajoutent un véritable plus à cette histoire. Déjà on sent bien que l’auteur est fasciné par le monde moyenâgeux avec son côté rude et violent, on s’en doutait déjà suite à ses autres récits chez Mnémos, ce qui lui permet clairement d’ancrer son histoire, mais surtout de faire partager sa passion pour cette époque. L’auteur n’oublie pas pour autant l’aspect magique et mystique, qui, certes, reste en retrait, n’étant pas l’objet principal du récit, mais ajoute une touche de mystère au récit. Mais surtout un des points vraiment intéressant du récit vient de l’atmosphère que met en avant l’auteur, une atmosphère sombre, emplie de mélancolie et de tristesse, le tout lié à un personnage qui n’est peut-être qu’au final une marionnette du destin. Une ambiance qui colle parfaitement à la fin d’un mythe, la tristesse d’une mort inéluctable et nécessaire.

Et pourtant au final je n’ai pas non plus été totalement convaincu par ce livre. Écrire un livre très court peut avoir des avantages, comme  aider à rendre le rythme plus tendu, mais peut aussi avoir des inconvénients. Ici le fait que le livre possède moins de 170 pages laisse quelques légers regrets. En effet une fois le livre refermé on aurait clairement aimé en savoir plus, l’auteur se consacre sur 4-5 souvenirs, certes charnières pour comprendre le personnage et ses choix, mais ça m’a paru peu. De plus l’aspect court roman, ajouter à la narration entre flashback et présent, fait qu’on a parfois du mal à complètement accrocher aux relations qu’il entretient avec Morgause et Arthur. On assimile bien ce qui les lient, leurs tensions et leurs envies mais émotionnellement le lecteur a parfois du mal à vraiment plonger dans leurs relations. De plus, je ne sais pas, c’est à vérifier, mais je pense que pour bien comprendre cette histoire il faut connaitre les bases de la légende Arthurienne

Concernant les personnages, je dois dire que le personnage de Mordred, sur qui, si on connait la légende Arthurienne on a tous un a priori, l’auteur arrive vraiment à le rendre humain, empli de forces et de faiblesses et surtout un personnage qui possède des émotions, des envies et des sentiments. Un personnage qui va grandir et évoluer au fil des pages. Le lecteur se retrouve facilement attacher à lui, à son histoire, à sa vie et à ses aventures. Par contre, comme je l’ai dit l’aspect court du roman empêche de vraiment développer le potentiel de ses relations avec les autres personnages, ce qui est un peu dommage.

La plume de l’auteur se révèle vraiment efficace, dense, soignée et vient coller parfaitement à l’univers et à l’histoire, avec un style mélangeant habilement le côté rude avec toute la retenue liée au personnage et ces relations. L’auteur joue tout du long de son roman avec les zones d’ombres, les non-dits et l’ambiguïté de cette histoire. Soit ça fascine le lecteur, soit ça bloque, à chacun de voir. Un roman où l’épique est clairement mis de côté pour mettre en avant le côté intimiste et humain des personnages. Si vous êtes un fan des écrits de Justine Niogret vous devriez vous y retrouver dans cette histoire, pour les autres tentez de vous faire votre avis. En tout cas encore une fois l’auteur m’a surpris et m’a offert un bon moment de lecture, même si je le dis clairement, l’aspect court du roman le dessert un peu.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre qui vient nous proposer une présentation de Mordred différente de ce qu’on peut voir d’habitude. Une histoire vraiment humaine et intime le tout porté efficacement par l’univers moyenâgeux dont on ressent bien la passion de l’auteur. Le personnage de Mordred est vraiment intéressant et attachant. Mais voilà le côté cour du livre dessert un peu le récit, l’auteur ne se consacrant que sur 4-5 souvenirs du héros et surtout les relations entre les différents personnages ont du mal à s’épanouir. La plume de l’auteur est vraiment soignée, dense et complexe et colle parfaitement à cette histoire pleine de silence et de zones d’ombres. Je lirai de nouveau avec grand plaisir les prochains romans de l’auteur.

 

Ma Note : 7,5/10

Gueule de Truie – Justine Niogret

gueule-de-truieRésumé : L’Apocalypse a eu lieu. Pour les Pères de l’Église, elle a été causée par Dieu lui-même. Comme la Terre est morte, ils n’ont plus qu’un seul but : détruire le peu qui reste, an de tourner une bonne fois pour toutes la page de l’humanité. À leur service, Gueule de Truie, inquisiteur. Dès le plus jeune âge, on lui a enseigné toutes les façons de prendre la vie. Caché derrière le masque qui lui vaut son nom, il trouve les poches de résistance et les extermine les unes après les autres. Un jour, pourtant, il croise la route d’une fille qui porte une boîte étrange, pleine de… pleine de quoi, d’abord ? Et pourquoi parle-t-elle si peu ? Où va-t-elle, et pourquoi prend-elle le risque de parcourir ce monde ravagé ? En lui faisant subir la question, Gueule de Truie finit par se demander si elle n’est pas liée à son propre destin, et si son rôle à lui, sa véritable mission, n’est pas de l’aider à atteindre l’objectif qu’elle s’est fixé, et peut-être même d’apprendre à vivre.

Edition : Critic

 

Mon Avis : Justine Niogret fait partie de ces auteurs qui, en deux romans de Fantasy, a réussi à me convaincre et à me donner envie de suivre ces prochaines publications. Que ce soit avec Chien du Heaume (Chronique ici) ou Mordre le Bouclier (Chronique ) elle nous offrait deux romans de fantasy sombres, percutants et portés par une écriture pleine et vraiment efficace. Donc quand j’ai vu qu’elle sortait un nouveau roman et, qui plus est, qu’elle quittait un peu la Fantasy pour la SF et le Post-Apocalyptique, je n’ai pas mis longtemps à faire rentrer ce roman dans ma PAL et encore moins de temps à me lancer dans sa lecture. Ajouter à cela une couverture, illustrée par Ronan Toulhoat, que je trouve vraiment réussie, magnifique et qui colle parfaitement avec un univers Post -Apo.

Ce roman débute comme tout Post-Apo classique, la terre a connu une grande catastrophe nommée le grand Flache, personne ne sait, ou ne se souvient, ce qui c’est exactement passé, une chose est sûre depuis l’Eglise cherche à purifier la planète et pour ça elle a sa Cavale, dont Gueule de Truie. Un démarrage vraiment efficace, immersif dans cette histoire à travers ce personnage de Gueule de Truie qui fait penser aux inquisiteurs de l’époque, sans foi ni loi nous offrant des passages sombres, violents, dévoilant un monde décadent et complètement annihilé qui est retourné à un état limite de sauvagerie ou la survie et l’anarchie sont les seules raisons de vivre. À côté de ça on découvre aussi une jeune fille qui se promène à travers ce monde et portant une boite étrange. C’est à partir de la rencontre de nos deux protagonistes que tout va changer.

C’est aussi à partir de ce moment-là qu’il ne devient pas facile de parler de ce livre qui, au fil des pages, va quitter un peu le côté Post-Apo pur et dur pour se lancer dans une histoire, on va dire, plus « philosophique », que chacun vivra et ressentira à sa façon. En effet l’auteur va nous plonger dans des réflexions percutantes et pleines de violences que ce soit sur soi-même, son rapport envers les autres, ou encore  sur l’amour, la solitude la religion ou encore les besoins de chacun. On plonge pleinement dans la tête de Gueule de truie, dans ses pensées, ses envies, ses traumatismes mais aussi les souffrances d’un être qui se retrouve complètement perdu, incomplet, en pleine reconstruction et à la recherche de quelque chose ou quelqu’un. Des passages qui se révèlent vraiment poignants, troublants, mais aussi sombres, violents, plein de haine et qui font réfléchir le lecteur sur les différents raisonnements du héros, sur la haine qu’il porte au monde et qu’il se porte aussi à lui-même.

Un roman qui finalement se révèle vraiment complexe, l’auteur ne cherche pas qu’à distraire le lecteur, mais elle cherche aussi à le pousser, à se remettre en cause et remettre en cause ce qu’il connait. Une histoire qui demande un minimum de compréhension et de concentration plongeant, comme je l’ai déjà dit, dans des aspects philosophiques mais aussi mystiques avec les différentes rencontres que vont faire les protagonistes. Un roman intimiste, sombre qui se situe dans un univers sordide ou très peu d’espoir transparait. Mais voilà, et c’est peut-être là la force de l’auteur, elle arrive à créer une sorte de magie, de poésie avec cette noirceur, ce sordide, elle arrive à le transformer en quelque chose qui certes, viens percuter le lecteur mais dans le bon sens, qui, limite, le force à sortir d’une certaine torpeur et d’un certain carcan de vision. Le problème c’est que parfois l’auteur va tellement loin dans son aspect métaphysique et mystique qu’elle a réussi à me perdre par moment, je n’avais plus l’impression d’être en phase, comme si je comprenais mal ce que voulait me faire voir le roman, ce qui est un peu déroutant.

Les personnages sont vraiment fascinants, on retrouve, comme d’habitude avec l’auteur, des personnages dont la vie les a maltraités, les a cassés, des personnages vraiment sombres et qui collent parfaitement à cet univers poisseux et noir. Entre Gueule de Truie, dont le nom parle de lui-même, qui n’a connu que la haine, la violence et la souffrance et qui se sent incomplet, vide par moment et la Fille qui ne possède pas de nom et qui est le contraire du héros et qui au lieu d’exploser de violence absorbe le tout sans jamais se plaindre ou hurler. Des personnages extrêmes dans un monde extrême et qui vont accrocher le lecteur, on va par moment vraiment s’accrocher à eux, à leurs espoirs, leurs envies de rédemptions. De personnages qui vont vire une vie, en 250 pages, ils vont se rencontrer, s’aimer d’une certaine façon pour mieux se déchirer et se haïr.  Mais voilà autant par moment on va refuser de s’identifier à eux, pas parce qu’on ne les comprend pas, mais parce qu’ils se révèlent dans l’extrême, dans le brutal, qui cherchent justement a percuter le lecteur à laisser exploser leurs sentiments, peut être aussi, car finalement on comprend trop cette explosion de violence et ça fait peur.

La plume de l’auteur est toujours aussi soignée, efficace et entraînante et colle parfaitement à l’univers offrant un style vraiment oppressant, étouffant le tout porté par des phrases courtes et incisives qui offre une lecture vive et percutante, mais qui hache parfois un peu trop le récit j’ai trouvé. On plonge assez facilement dans ce roman ou chaque lecteur s’identifiera différemment à ce que nous présente l’auteur, chaque lecteur y trouvera ses propres réponses. Et c’est peut-être le léger bémol on peut parfois se retrouver à avoir tellement de questions et de réponses qu’on se demande même ce qu’a voulu nous proposer l’auteur. Par contre je préviens d’avance attendez vous à une conclusion complètement ouverte ou chacun aura sa propre théorie et sa propre histoire, ça peut déplaire à certain, moi j’ai apprécié même si je ne suis pas sûr que ma théorie soit la bonne. En tout cas je pense que si on aime la SF qui percute, mais surtout fait réfléchir, alors Gueule de Truie est sûrement un livre à découvrir pour se faire un avis, mais je préviens d’avance un livre très sombre, sanglant et oppressant.

En Résumé : Finalement Gueule de Truie est plus une expérience à vivre avec des réflexions complexes et soignées, qui demande un minimum de concentration, et le tout dans un univers Post-Apocalyptique vraiment sombre, sanglant mais qui surtout se révèle efficace et prenant. J’ai passé un très bon moment avec ce roman surprenant qui plonge dans la folie du héros; où l’auteur nous raconte un cycle. Dommage que par moment je me sois senti égaré par les réflexions qu’exposait l’auteur, comme si mes propres réflexions étaient en décalage avec celle de l’auteur, mais rien de bien grave, car j’ai tout de même été emporté et secoué par ce roman. Les personnages sont vraiment fascinants à découvrir, des personnages traumatisés par la vie, perdues et en pleine quête de soi, du besoin des autres. Mais des personnages parfois vraiment sombres et pleins de haine ce qui fait que par moment on refuse de s’accrocher à eux. Le style de l’auteur se révèle soigné, efficace maniant les phrases courtes et incisives même si par moment le récit légèrement haché amenant à une conclusion ouverte dont chacun en tirera une réponse.

 

Ma Note : 8/10

Chien du Heaume – Justine Niogret

chien-du-heaume.jpgRésumé : On l’appelle Chien du Heaume parce qu’elle n’a plus ni nom ni passé, juste une hache ornée de serpents à qui elle a confié sa vie. La quête de ses origines la mène sur les terres brumeuses du chevalier Sanglier, qui règne sans partage sur le castel de Broe. Elle y rencontre Regehir, le forgeron à la gueule barrée d’une croix, Iynge, le jeune guerrier à la voix douce, mais aussi des ennemis à la langue fourbe ou à l’épée traîtresse. Comme la Salamandre, cauchemar des hommes de guerre…

On l’appelle Chien du Heaume parce qu’à chaque bataille, c’est elle qu’on siffle.

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Je dois dire que je ne savais pas à quoi m’attendre en prenant ce livre en main. On me l’avait fortement conseillé, je me suis donc laissé tenter. Il s’agit ici du premier roman de Justine Niogret et qe dois dire que je trouve la couverture vraiment très belle. Par contre ce roman est, selon moi, loin d’être un roman de Fantasy. Je dirai plutôt une fiction historique se situant au Moyen Age. Mais bon, je n’ai jamais été doué pour mettre des livres dans des cases.

On suit ici l’histoire de Chien du Heaume, c’est le nom qu’elle s’est donnée, elle est mercenaire mais a pour quête de retrouver son véritable nom. Au fil de sa quête elle va rencontrer plusieurs personnes dont le chevalier sanglier qui possède la soeur jumelle de sa hache.

Je dois dire que j’ai eu un doute sur les premières pages, une héroïne ayant pour quête de retrouver son nom, je me suis dis encore une quête. Puis voilà qu’au fur et à mesure des pages la quête passe au second plan remplacé par une description psychologique des différents protagonistes. En effet c’est le point fort du livre : Les personnages. Ils sont parfaitement crédibles, humains et poignants que ce soit dans leurs moments de faiblesses comme dans leurs moments de forces. On se retrouve un peu dans chacun d’eux, on s’accroche à eux tout au long de l’histoire. L’auteur sait attiser les sentiments et nous les faire ressentir. Au fur et à mesure de  de l’histoire et des saison on se rend compte aussi que l’évolution des personnages est totalement cohérent et
maitrisée, que ce soit dans des actes de bravoures ou d’horreurs.

Le style de l’auteur est percutant, simple et incisif. Il nous prend aux tripes dans cet univers médiéval parfaitement travaillé et mis en valeur. On a réellement l’impression d’être au Moyen-Age et l’utilisation de mots ou d’expressions d’époques renforce sur le lecteur cette impression d’immersion dans cet univers. Malgré un rythme lent, on tourne les pages avec envie de savoir la suite. Dans ce roman point de héros, non, on suit l’histoire d’une femme dans un univers sombre et violent, et on la suit avec passion.

Maintenant le roman n’est pas exempt de tout défaut. Comme je l’ai dis, la quête passe au second plan pour trouver une conclusion qui tombe « comme un cheveu sur la soupe » histoire de boucler son intrigue. Ensuite, malgré tout le talent de l’auteur, certaines ficelles de l’histoire paraissent, à de rares moments, un peu grosses.

Mais voilà pour un premier roman on retrouve ici un très bon roman, passionnant et intriguant. On dévore avec passion les 200 pages de cette histoire. A noter que Justine Niogret  a inclue à la fin de son roman un petit lexique écrit à sa façon, et j’ai rigolé du début à la fin.

En Résumé : Un premier Roman d’une jeune auteur Française qu’il ne faut pas louper, selon moi, sous peine de passer à côté d’une très bon moment de lecture. Un roman incisif, prenant avec des personnages parfaitement travaillés et attachants.

 

Ma Note : 8,5/10

© 2010 - 2024 Blog-o-Livre