aeternia 1 la marche du propheteRésumé : Leth Marek, champion d’arènes, se retire invaincu, au sommet de sa gloire. Il a quarante ans, une belle fortune et deux jeunes fils qu’il connaît à peine. C’est à Kyrenia, la plus grande cité du monde, qu’il a choisi de les élever, loin de la violence de sa terre natale. Lorsqu’il croise la route d’un culte itinérant, une étrange religion menée par un homme qui se dit prophète, l’ancien champion ignore que son voyage va basculer dans le chaos.
Dans le panier de crabes de la Cité mère qui prêche la Grande Déesse, où les puissants du Temple s’entredévorent, une guerre ouverte va éclater entre deux cultes, réveillant les instincts les plus noirs. La hache de Leth Marek va de nouveau tremper dans le sang…

Edition : Scrineo

 

Mon Avis : Gabriel Katz fait partie des auteurs dont je suis avec assiduité les différentes publications. En effet après avoir réussi à me captiver avec sa trilogie Le Puits des Mémoires (Tome 1, Tome 2, Tome 3), et malgré un sentiment mitigé concernant ma lecture de La Maitresse de Guerre (chronique ici), je dois bien avouer qu’il a toujours réussi à offrir des histoires efficaces et entrainantes. C’est donc sans surprise qu’au moment de la publication de son dernier roman, Aeternia ait rapidement terminé dans ma PAL puis entre mes mains. À noter de nouveau une magnifique couverture, illustrée par Aurélien Police.

On replonge donc dans l’univers que développe l’auteur depuis sa première trilogie, nous proposant de découvrir avec plaisir dans ce nouveau cycle de nouvelles régions et de nouveaux personnages. Ne fuyez pas, il est possible de lire chacune des histoires indépendamment des autres il n’est donc pas obligatoire d’avoir lu Le Puits des Mémoires ou La Maîtresse de Guerre pour se lancer dans ce récit. Ce qu’il y a de bien quand on se lance dans un récit de Gabriel Katz c’est qu’on sait à quoi s’attendre, une histoire qui se révèle énergique, vivante, sans temps mort, bien portée par de nombreux rebondissements et de nombreuses révélations. Il n’oublie pas non plus pour autant l’action, nous offrant des scènes de combat assez percutantes et terriblement efficaces, le tout bien porté par un aspect très visuel. On se retrouve ainsi plongé avec plaisir dans une multitude de manipulations, souvent politiques, humaines et religieuses, pour découvrir ce qui se cache derrière celles-ci et comment certains personnages vont réussir à s’en sortir.

Ce qui, je trouve, devient un inconvénient quand on se lance dans un récit de Gabriel Katz c’est que finalement on sait à quoi s’attendre. Je me répète, je le sais, mais je m’explique. On se rend rapidement compte de la simplicité que propose l’auteur dans le développement de l’intrigue, une sorte de naïveté qui, certes, permet d’avancer très rapidement et de façon énergique, mais qui, d’un point de vue personnel, me frustre tant j’espère parfois plus. Surtout que là on sent bien qu’il cherche à nous faire réfléchir, principalement sur les questions de religions et toutes les conséquences qui gravitent autour de la foi quand elle est aux mains des hommes, mais voilà l’ensemble ne prend jamais vraiment tant il reste trop à la surface du sujet, et surtout de façon simpliste, voir même binaire par certaines explications. Il tombe aussi ici parfois dans certains clichés un peu trop gros pour vraiment m’accrocher. Cela ne rend pas pour autant l’histoire mauvaise, tant elle est entrainante et possède de nombreuses surprises, mais l’empêche clairement de s’élever au-dessus du simple divertissement qui se lit rapidement. De plus j’ai aussi ressenti une sorte de répétition, l’auteur amenant parfois certaines révélations de la même façon que dans ses précédentes œuvres ce qui gâche un peu le coup de théâtre.

Concernant l’univers, sans non plus révolutionner le genre, il se révèle assez solide pour offrir une image de fond efficace et qui colle bien à l’histoire ainsi qu’aux personnages. On découvre ici deux grandes religions, dont les dieux sont La Déesse et Oshin, qui vont venir grandement bouleverser nos différents héros et essayer d’offrir de nombreuses réflexions qui ne sont pas sans rappeler notre Histoire. L’auteur développe aussi un peu plus certains aspects que sont par exemple la nécromancie tout en conservant son ton cynique et rempli d’humour, que ce soit à travers les différents décalages lors des présentations, comme dans les dialogues. Il ne cherche jamais à nous présenter des personnages ou à nous offrir des images parfaites ce qui, je trouve, est une bonne chose. Sauf que voilà, depuis le temps qu’il développe son monde (soit maintenant cinq tomes) j’ai du mal encore à vraiment me l’approprier, il me parait un peu trop servir d’image sans chercher à être plus que cela. Alors rien de bloquant ou de dérangeant non plus, j’ai juste l’impression de me retrouver dans un monde qui manque un peu de vie, n’étant présent que parce qu’il faut une toile de fond à l’intrigue. Je ne saurai trop expliquer le pourquoi de mon ressenti.

Concernant les personnages, ils ne se révèlent pas mauvais, nous offrant des héros un minimum complexes, travaillés, entrainants et souvent marquants voir charismatiques. Sauf que voilà j’ai trouvé qu’ils se révélaient parfois un peu trop stéréotypés, comme par exemple Leth Marek qui a du mal à sortir de son rôle de guerrier au grand cœur bourru qui va se retrouver par la force des choses emporté dans un combat qui le dépasse, ou encore ce jeune fervent de la déesse qui décide de s’engager dans la foi et se rend compte que la religion est très politique loin de l’idéal qu’il s’en faisait, ou bien encore ce guerrier mystérieux. J’ai trouvé qu’ils manquaient d’un peu de folie dans leur construction, même si cela ne les empêche pas d’être solides et intéressants à suivre, offrant aussi de nombreux points de vue qui ne manquent pas d’intérêts. On retrouve par contre la marque de l’auteur au niveau des dialogues, principalement entre Leth et Desmeon, qui sont bien portés par un cynisme et un humour des plus décapant, même si parfois ils tombent légèrement trop dans le familier voir dans l’humour un peu trop second degré.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi simple, efficace, entrainante et pleine d’action, ce qui fait qu’on tourne les pages finalement assez facilement pour en apprendre plus sur cette histoire. Au final ce premier tome offre un divertissement qui se révèle assez sympathique même si, j’avoue, j’attendais peut-être plus de densité et de profondeur de cette œuvre. Le final qui nous est présenté par contre va se révéler vraiment accrocheur, offrant quelques cliffhangers percutants, même si j’en avais vu venir certains, et laissant de nombreuses questions en suspens. Je lirai la suite, rien que pour savoir vers où on va se diriger en espérant peut-être un petit peu plus de complexité.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture assez sympathique avec ce premier tome d’une nouvelle trilogie, mais j’attendais peut-être un peu plus de ce roman de Gabriel Katz. L’histoire n’est pas mauvaise pour autant, on y retrouve les qualités de l’auteur avec une intrigue efficace, bien menée avec de nombreux rebondissements et sans temps morts. Mais voilà, j’y ai aussi retrouvé les lacunes de l’auteur qui, ici, commencent à se ressentir à travers une intrigue par certains aspects un peu trop simpliste, manquant de densité et traitée parfois un peu trop rapidement et facilement pour complètement me fasciner, surtout dans un sujet aussi intéressant que les guerres de religion. L’univers se révèle toujours aussi solide avec de nombreux aspects intéressants, mais cela fait cinq tomes qu’il est développé et j’ai du mal à vraiment me l’approprier, comme s’il lui manquait un peu de vie. Les personnages sont travaillés et soignés, mais tombent un peu trop dans certains stéréotypes et ont par conséquent du mal à en sortir et surtout du mal à surprendre. La plume se révèle simple, efficace et entrainante. Puis arrive le final qui apporte son lot de surprises et son cliffhanger, un final qui donne un minimum envie de lire la suite.

 

Ma Note : 6,5/10

 

Autres avis : Lelf, Dup, Livresse, Lanyla, …