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Récits en meute ! (2)

Deuxième chronique de ce genre, où je continue à vous parler des nouvelles que je lis à droite, à gauche.

Quantika Tome 3, Origines – Laurence Suhner

quantika t3 originesRésumé : À l’aide d’un astronef de la milice, Ambre et ses compagnons ont pénétré les défenses du Grand Arc, Kalaân l’Ancien, et ils ont atterri à son bord. Pour les scientifiques, la surprise est totale : forêt primaire et océan à perte de vue…
Le Grand Arc est un vaisseau-monde.
Il est bien plus encore. Ne dit-on pas dans le mythe «qu’il ouvre et qu’il choisit le lieu comme le destin?»
Cette fois, les aventuriers ont troqué la glace et le froid de Gemma contre la mer et la chaleur. Ils croient avoir laissé derrière eux l’espace-temps d’AltaMira et la colère du Dévoreur…
Ils se trompent.
Ioun-ké-da a vu le jour sur Timhkâ, dans les profondeurs abyssales qui plongent sous Naha’netché, la Conque du Sud, gigantesque ascenseur spatial d’où sont jadis partis les Ouvreurs – les vaisseaux d’exploration timhkâns.
Au contact de Tokalinan, Ambre se transforme peu à peu. Elle revit son passé et renoue avec ses origines. Elle redevient Kantikâ, la petite-fille de Shânti Divakarûnî.
Mais sa métamorphose l’emmènera plus loin encore. Bien au-delà de l’humain.

Edition : L’Atalante

 

Mon Avis : Ce troisième tome de la trilogie Quantika, je l’attendais avec impatience. En effet, après un premier tome qui m’avait offert un très bon moment de lecture, offrant un planet-Opera efficace, complexe et entrainant (ma chronique ici) et un second tome, certes un peu de transition, mais qui se révélait prenant à travers un rythme plus nerveux et quelques révélations percutantes (ma chronique ), j’avais hâte de voir comment l’auteur allait terminer son cycle. C’est donc sans surprise que ce livre a rapidement terminé entre mains. À noter la couverture, illustrée par Manchu, que je trouve vraiment magnifique. Pour ceux qui le souhaitent vous pouvez retrouver un résumé des deux premiers tomes sur le site internet Quantika ici.

La conclusion du second tome m’avait laissé dans l’expectative, en effet nos héros avaient fui Gemma en plein anéantissement, par la faute de Ioun-Ké-Da, pour rejoindre le Grand Arc, dernier rempart face à la puissance du destructeur. Après un tome 2 tendu, il faut bien avouer que ce troisième tome va se révéler un peu plus calme, moins porté par l’adrénaline, permettant ainsi de prendre son temps pour découvrir le Grand Arc et tout ce qu’il recèle comme surprises, mais aussi de découvertes. Attention cela ne veut pas dire que l’on s’ennuie à travers cette histoire, loin de là, mais l’action et le côté nerveux sont remplacés par une menace qui se révèle plus diffuse, plus pernicieuse, faisant monter la tension, mais aussi une légère angoisse au fil des pages devant l’ampleur et la difficulté de la mission de nos héros.

Un récit que j’ai trouvé aussi plus intimiste, où chaque protagoniste va devoir clairement donner de lui-même et se découvrir pour pouvoir s’en sortir et avancer. On sent tout du long que l’auteur maitrise bien son intrigue, offrant ainsi de nombreux rebondissements et révélations  pour mieux happer le lecteur et lui faire tourner les pages sans jamais l’ennuyer, même si c’est vrai, parfois, elles se révèlent un peu convenues et prévisibles. La conclusion se dessine alors, et avec elle, les nombreuses réponses aux questions que je me posais et je dois bien avouer que l’auteur y répond de façon efficace et parfois surprenante. J’avais un peu peur que le cycle tombe dans la facilité d’un simple combat entre Ioun-Ké-Da et le Dieu Sombre, mais Laurence Suhner a vraiment réussi à me surprendre en élargissant le point de vue, en offrant quelque chose de plus « entier » et de plus réfléchi. Car oui on se retrouve aussi à se poser de nombreuses questions que ce soit sur nous-mêmes, notre individualité et toutes les conséquences qu’elles peuvent engendrer comme par exemple sur la communication ou sur notre évolution.

L’intérêt du récit vient aussi, en plus de l’intrigue, de l’univers qui est construit au fil des pages. En effet on se retrouve ici à quitter la froide et glaciale Gemma pour découvrir un climat beaucoup plus chaud, empli de forêts et de mystères. On va aussi découvrir Timhkâ, planète où tout a débuté, un monde chatoyant qui possède ses propres règles et qui donne envie, d’une certaine façon, d’en apprendre plus malgré les nombreux dangers qui y rôdent. Un changement brutal de décor qui ne va pas se révéler sans conséquences pour nos personnages. Se dévoile aussi un peuple différent du nôtre, malgré un certain anthropomorphisme, avec ses propres us et coutumes et qui surtout n’a pas la même vision du monde que la nôtre, plus spontanée, plus instinctive là où de notre côté l’on est réfléchi, où on dissèque et théorise tout. Deux visions complètement différentes et pourtant pas si éloignée que cela. L’aspect scientifique y est toujours présent, mais ne tombe jamais dans le côté Hard Science, l’auteur prenant clairement le temps de bien expliquer les concepts qu’elle utilise, même si parfois cela crée quelques longueurs quand on les connait déjà, mais rien de gênant. L’auteur continue aussi à saupoudrer un fond de culture hindou qui, je trouve, apporte un plus et se révèle vraiment intéressant, donnant envie de mener des recherches sur certains aspects. Elle cherche aussi à nous faire réfléchir sur notre façon de voir et traiter la Nature.

Concernant les personnages, je dois par contre avouer que j’ai eu un peu de mal avec certains d’entre eux, la faute à certains traits de caractère qui m’ont paru un peu trop poussés à l’extrême pour vraiment réussir à m’accrocher. Je pense ainsi à Haziel et Ambre qui se révèlent par moments égoïstes à un point tel qu’ils donnent l’impression de complètement déconnecter et se lancer à corps perdu sans jamais vraiment réfléchir et, pire, amener le danger vers leurs amis. Alors certes, on peut considérer qu’ils ont des circonstances atténuantes, mais parfois non. Heureusement cela se calme au fil des pages et on se rapproche ainsi un peu plus d’eux. C’est légèrement dommage, car on ne peut pas nier que les personnages se révèlent denses, soignés, efficaces et entrainants, possédant leurs propres émotions, leurs propres histoires, leurs propres besoins et leurs propres envies. Je regretterai peut-être aussi un ou deux personnages un peu trop stéréotypés, mais là rien de très bloquant.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi efficace, soignée, dense, faisant plonger le lecteur aisément dans son récit et son univers des plus passionnants. La conclusion répond de façon passionnante et intelligente aux nombreuses questions que le lecteur se pose, même si j’ai trouvé dommage que soit traité un peu trop rapidement l’aspect qui concerne la milice et Boubakine. Au final un cycle qui m’a offert un très bon moment de lecture, je lirai sans souci d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec le troisième et dernier tome de ce cycle qui offre offrir une histoire efficace et qui vient répondre de façon intelligente aux nombreuses questions que l’on se pose, le tout à un rythme, certes un peu plus lent, mais tendu offrant de nombreuses menaces et rebondissements. L’univers se révèle toujours aussi intéressant à découvrir, on se retrouve ainsi à quitter la glaciale Gemma pour de nouveaux horizons chatoyants et qui donne envie d’être découvert, permettant aussi d’ouvrir une réflexion sur la façon dont on traite la nature. On découvre aussi Timhkâ, avec ses us et coutumes et ses traditions complètement différentes des nôtres. L’aspect scientifique est toujours présent et se révèle toujours aussi accessible par des explications claires et précises, même si parfois j’ai trouvé que cela offrait quelques longueurs vu que je connaissais déjà les théorèmes. Concernant les personnages, ils se révèlent denses, soignés et travaillés même si j’ai eu un peu de mal au début avec Haziel et Ambre qui m’ont paru trop poussés à l’extrême, mais cela se calme au fil des pages. Je regretterai peut-être un ou deux personnages stéréotypés, mais rien de bien gênant. La plume de l’auteur est efficace, entrainante et soignée. Au final une trilogie qui m’a offert un bon moment de lecture. Je lirai sans souci d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

Décade de L’Imaginaire 2014

decade de l'imaginaire 2014Edition : L’Atalante

 

 

 

 

 

Mon avis : Comme proposé l’an dernier (Ma chronique de la Décade 2013 ici) les éditions L’Atlante ont décidé de renouveler leur opération de décade de l’imaginaire. Il y a quelques semaines l’opération proposait donc ainsi de découvrir huit nouvelles gratuites d’auteurs différents et, après avoir mis en avant en 2013 l’imaginaire européen, cette année ce sont les femmes qui ont été misent à l’honneur.

Quand Arriva la Fin du Monde en Fin de Matinée d’Anne Larue : Cette nouvelle nous fait découvrir Jacqueline qui se retrouve seule sur terre suite à la fin du monde, avec pour seule compagnie un livre ; le journal de Virginia Woolf. Un très joli texte, simple dans son idée, qui nous fait découvrir une héroïne pragmatique au possible, qui ne panique pas face à la disparition des autres et se lance dans un programme de survie établi. Il se dégage quelque chose de poétique dans les journées qui défilent pour cette vieille dame, quelque chose de magique qui fait qu’on ne s’ennuie pas, le tout teinté d’humour et d’ironie face à la répartie de ce personnage au regard cynique. Ici l’apocalypse est à peine expliqué, mais ce n’est pas le plus important, car on se retrouve à suivre avec plaisir la nouvelle vie de Jacqueline et voir comment elle avance et évolue. On y retrouve aussi une réflexion plutôt intéressante sur l’humanité, sa grandeur, sa décadence mais aussi sur finalement sa petite place dans l’univers ainsi que sur les énergies, sur la communication, notre façon de vivre ou encore sur le pouvoir des livres, mais l’ensemble aurait peut-être pu être un peu plus poussé selon moi, ce qui est légèrement dommage. Au final une bonne petite nouvelle, agréable et efficace.

Le Miroir d’Électre de Jeanne-A Debats : Une nouvelle très intéressante qui décide de revisiter complètement le mythe d’Electre, déjà en le traitant de façon contemporaine, mais aussi finalement en offrant de jouer sur le destin. On se retrouve donc à suivre le quotidien de Violette, jeune fille, bibliothécaire à mi-temps, qui va régulièrement voir un psychanalyste la faute à un don étrange qui l’oblige presque à vivre recluse. Sa vie va changer après sa rencontre avec Adam. Une histoire que j’ai trouvé efficace, qui se lit bien, on se laisse entrainer par le destin et la vie de cette jeune fille, qui donne l’impression d’être déconnecté de tout, entre amour, famille et trahison. La plume de l’auteur se révèle fluide et entrainante ce qui fait qu’on tourne les pages facilement. Mais l’ensemble se révèle très dense et très riche en clin d’œil et référence, peut-être justement un peu trop dense car je ne suis pas sûr de toutes les avoir comprises. Cela n’empêche pas ce texte de se révéler agréable et d’offrir une variation intéressante sur le destin.

Burgundia Remanence de Danielle Martinigol : Une courte nouvelle qui nous plonge dans un univers futuriste où un couple passe leur voyage de noce dans une planète musée et découvre alors le vin; ainsi que le viticulteur Renay, ce qui va changer leur vie. Un texte sans prétention qui offre pour intérêt premier de traiter du vin, qui joue ici le rôle de perturbateur et d’ouverture vers un meilleur, le tout dans un univers de SF. Un récit qui parle aussi de l’obsolescence et de la façon dont on traite parfois ce qu’on prend pour des outils. Le soucis c’est que l’ensemble est trop rapide, se révèle assez linéaire et j’ai trouvé la conclusion convenue. Cela reste un texte plutôt sympathique qui rentre dans les vite lu, apprécié et vite oublié.

Homéostasie de Laurence Suhner : Cette nouvelle nous fait découvrir un monde futuriste où une neige noire tombe régulièrement sur Terre sans qu’on ne comprenne vraiment pourquoi. Ana, qui possède des pouvoir psy, va être embauché par un groupe de scientifique pour une mission capitale. Un texte qui se révèle très sombre, froid que ce soit dans son ambiance comme dans la présentation de son héroïne qui est cynique et totalement désabusé. Le monde en pleine agonie que nous dévoile l’auteur se révèle assez angoissant et pousse à réfléchir. On se laisse porter par le récit pour savoir où il nous emmène jusqu’à aboutir à cette conclusion inéluctable même si facilement devinable. Dans l’ensemble un texte très sympathique qui aurait quand même, selon moi, mérité d’être peut-être un peu densifié sur certains aspects un peu trop rapidement traité.

Vers les Airs de Camille Brissot : Cette nouvelle est un peu le prologue de Dresseur de Fantômes, le roman de l’auteur (que j’ai lu et chroniqué ici), elle nous fait ainsi découvrir, à travers la quête d’un homme à la recherche de son amour perdu, une planète en pleine apocalypse, confronté à elle-même dévoilant aussi bien le pire que le meilleur même si l’auteur reste un peu gentillette. Un textes où les émotions affluent et que j’ai trouvé plutôt agréable à lire et sympathique, même si l’ensemble est traité un peu trop rapidement à mon goût ce qui l’empêche de se révéler complètement poignant et dense, surtout sur la relation entre les deux héros. Quelques pages de plus auraient peut-être été un plus.

Du Rififi Entre les Oreilles d’Anne Fakhouri : Nouvelle précédemment lue dans l’anthologie des Imaginales 2013 Elfes et Assassins. Une seconde lecture n’a rien enlevé à ce texte bourré d’humour et terriblement efficace. Ma chronique de l’époque ici.

Horizon de Carina Rozenfeld : Ce texte se révèle être un peu la suite du roman Le Mystère Olphite (que j’ai lu et chroniqué ici), où dans un univers futuriste des hommes, les Olphites justement, seront capables de communiquer avec des météorites et les piloter. Deux météorites vont d’ailleurs prochainement se rejoindre, une colonisée qui va se séparer d’une partie de sa population pour coloniser la seconde, et ainsi voyager dans différentes directions de l’espace. Une nouvelle qui nous propose un univers riche, chatoyant et surtout original dans cette façon de communiquer avec les astéroïdes, de les imaginer comme être doué de conscience. Mais voilà deux choses me dérangent, première ce texte me fait penser plutôt à une introduction, l’auteur donnant l’impression qu’elle va revenir dans cet univers vu le cliffangher, et aussi, effet jeunesse probable, une trop grosse dose d’optimiste dans l’ensemble, mais pour ce point-là cela vient surtout de moi je pense. Une nouvelle toute de même agréable qui se lit facilement et qui donne envie de lire la suite, si jamais suite il y a.

Aknaktak de Sylvie Denis : Comme la nouvelle proposée l’an dernier de l’auteur, Aknaktak se situe dans l’univers de Haute École, et comme l’année dernière j’ai eu un peu de mal à rentrer dans le récit qui nous plonge directement dans l’action et dans la trahison dont on a du mal à comprendre les tenants et les aboutissants. Mais contrairement au texte de 2013, celui-ci au fil des pages va finalement prendre son envol et se révéler plutôt indépendant ce qui fait que j’ai plus apprécié ce récit. En effet plus j’avançais dans le texte plus je me suis laissé porter par cette histoire de vengeance et de découverte d’une nouvelle population. L’ensemble se révèle fluide et efficace. Deux points m’ont quand même dérangé, premièrement j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages justement, je pense, parce qu’il me manquait le background pour clairement les comprendre, deuxièmement l’ensemble n’est en fait qu’une introduction qui appelle clairement une suite. En tout cas Haute-Ecole est dans ma PAL, j’espère donc mieux comprendre les nouvelles quand je le lirai.

En résumé : De nouveau l’Atalante nous propose une très belle initiative avec cette décade qui surtout nous permet de découvrir huit nouvelles, certes pas toutes au même niveau, mais qui dans l’ensemble se révèlent sympathique et agréable à découvrir. Cela permet aussi de mettre en avant plusieurs auteurs et me donne envie, pour certains dont j’ai quelques romans qui trainent dans ma PAL, à les découvrir plus en avant ou de lire leurs derniers écrits.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Vert, …

Quantika Tome 2, L’Ouvreur des Chemins – Laurence Suhner

quantika 2 l'ouvreur des cheminsRésumé : Après la disparition d’Ambre dans la cuve où les Bâtisseurs avaient emprisonné le Dévoreur, le cataclysme a gagné la surface. Une torche blanche fulgurante transperce à présent la carapace du Glacier et pointe vers les étoiles. Déplacements de populations, course poursuite entre scientifiques et miliciens… sur Gemma, le chaos règne. Alors que les rescapés de l’équipe Archéa se réfugient auprès des indépendantistes, Ambre revient à elle, veillée par le Dieu Sombre. Malgré ses efforts, ses tentatives de communication avec son sauveur tournent court et la
colère l’envahit.
Pourtant, seul le Dieu Sombre sait.

Edition : L’Atalante

 

Mon Avis : Après avoir été plus que convaincu par un premier tome qui se révélait réussi et offrait une histoire vraiment efficace, palpitante, tout en mélangeant de façon réussie intrigue complexe et aspect scientifique (retrouvez ma chronique ici), j’avais hâte de voir ce qu’allait bien nous proposer ce tome et savoir comment allait évoluer le récit. Pour ceux que cela intéresse l’auteur offre un résumé du Tome 1 sur le site Quantika qui permet de se rafraichir la mémoire, à retrouver ici. Je trouve la couverture, illustrée par Manchu, vraiment soignée et magnifique.

Au démarrage de ce tome on reprend l’histoire là où on l’avait laissé à la fin de Vestiges, la rencontre avorté entre Ambre et Ioun-Ké-Da ouvre la porte à un cataclysme qui commence à ravager la planète. Un second tome qui au final se déroule à un rythme soutenu et vraiment palpitant, tout va vite, très vite et le lecteur tourne les pages avec envie d’en apprendre plus. L’auteur alterne de façon vraiment efficace les passages énergiques avec la milice ou encore ce rayon quantique, et ceux plus calmes comme par exemple ce travail intéressant sur le premier contact entre Ambre et le Dieu Sombre qui se révèle intéressant à travers une construction intelligente, se basant sur l’aspect cognitif, même si parfois peut être un peu trop. Mais surtout la tension continue à monter crescendo au fil du récit et au fil des questions qui sont développées et avancées.

Ce qui fascine surtout c’est la cohérence et la minutie qui a l’air ‘être mis en place par Laurence Suhner tout au long de son récit, on sent bien que rien n’est laissé au hasard, tout à son importance. Les rebondissements et retournements de situations se révèlent vraiment maîtrisés et logiques. Après, je m’avance peut être un peu, mais je trouve par contre un peu frustrant de limiter au final l’intrigue à une simple bataille entre Ioun-ke-da et le dieu sombre là où le premier tome laissait entrevoir plus, mais je préfère attendre le tome 3 avant de me prononcer.

L’aspect scientifique se révèle toujours présent mais partage clairement la place, dans ce tome, avec tous les aspects mythologiques liés aux personnages que sont Ioun-ke-da et Tokalinan. On découvre ainsi plus en avant ce nouveau peuple et ce qui le compose, car la mythologie développée ici possède une véritable importance dans ce tome. En plus de nous offrir un axe intéressant de questionnement sur l’existence de divinité ou pas, le tout lié de façon cohérente cohérente d’un point de vue scientifique, elle met surtout en avant son importance dans le langage, principalement dans sa représentation avec le chant et la danse. L’utilisation de l’hindouisme comme point de référence par l’auteur, avec principalement la figure de Shiva à la fois créateur et destructeur, permet de mieux assimiler le tout, même si parfois certaines connaissances ou des recherches peuvent se révéler nécessaires pour encore mieux appréhender le travail effectué. Autre point vraiment intéressant c’est le travail de l’auteur sur l’homme, cette étude menée à travers le premier contact entre les humains et la race alien qui se révèle vraiment intelligent, dense, complexe et bien mené.

L’univers développé par l’auteur se révèle toujours aussi intéressant à découvrir même si dans ce tome il se révèle un peu plus en retrait, laissant la part belle aux personnages ainsi qu’à l’évolution de l’intrigue principale. Ce monde glacial et froid possède toujours cet aspect fascinant à travers ces reliefs blancs et hypnotiques, fidèlement retranscris dans des descriptions vivantes et sauvages. Un monde où la vie n’est pas facile, où il faut se battre régulièrement pour avancer ce qui offre un aspect vraiment intéressant. On sent bien que l’auteur à l’air de connaitre les montagnes. Les artefacts aliens continuent aussi à se développer dans ce tome, je pense principalement au Grand Arc qui prend un peu plus d’ampleur et, comme on s’en doutait déjà, se révèle être une pièce maîtresse de l’intrigue.

Concernant les personnages je dois dire que je reste sur mon impression du premier tome, ils sont très intéressants, denses, plutôt bien développés, mais ont du mal à complètement m’accrocher. La faute, je pense, à des actions ou des rencontres qui me paraissent parfois légèrement surjoués ou poussent à des réactions tellement extrêmes qu’elles me paraissent parfois légèrement improbables. De plus ils ont un peu de mal à évoluer je trouve, Haziel reste l’amoureux transi, Ambre la scientifique froide qu’on a envie parfois de secouer devant ses réactions, même si on en apprend un peu plus sur son traumatisme, ou encore Kya qui tombe un peu trop dans les stéréotypes de l’adolescente qu’on a parfois envie de baffer. C’est dommage cette ambiguïté, car les personnages sont vraiment bien construits, possèdent leurs motivations propres liées à leurs histoires et leurs évolutions, le tout est logique et porteur, mais, j’avoue, je ne me suis jamais accroché à 100% à eux. De plus, quelque chose qui m’a surpris, c’est parfois l’absence de véritable réactions émotionnelles fâce à la mort, le choc est là, la souffrance aussi, mais le tout parait vite oublié devant l’obligation d’avancer et de passer à autre chose. Comme ça, en un claquement de doigt.

Mais voilà malgré tous les aspects positifs, ainsi que le plaisir de suivre à nouveau les personnages et leurs aventures, j’avoue avoir trouvé ce second tome un ton en dessous du précédent. Déjà l’aspect découverte du premier tome n’est plus là, ce qui fait que, même si l’univers et tout ce qui est développé autour reste intéressant, ils ont perdu ce côté un peu magique de la nouveauté ; ajouté au fait que ce livre est clairement un tome de transition où, une fois la dernière page tournée, le lecteur se retrouve avec plus de questions que d’explications, on se retrouve donc légèrement frustré. Les passages flashback sur la jeunesse de Ambre se révèlent intéressants, mais de la façon dont ils sont présentés hachent un peu le récit et se révèlent facilement devinables. Autres aspect qui m’a un peu dérangé c’est, à un moment, l’utilisation d’un Deus Ex Machina qui permet de sauver tout le monde assez facilement d’une situation problématique. L’auteur apporte bien des explications, mais le tout m’a paru un peu trop simple. Ces quelques aspects n’empêchent en rien ce récit de se révéler tout de même  très sympathique et de me donner envie de découvrir la suite.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi dense, soignée, efficace et alterne de façon vraiment cohérente les aspects scientifiques, mythologiques et d’aventures pour happer le lecteur dans son récit. Un récit à la conclusion ouverte et surprenante qui appelle clairement envie de lire le troisième et dernier tome de ce cycle qui s’annonce comme celui de toutes les réponses. Au final un second tome, certes en dessous du précédent, un tome de transition, mais qui se révèle sympathique et efficace.

En Résumé : J’ai passé un agréable moment de lecture avec ce second tome. Certes il se révèle clairement un ton en dessous du précédent, offrant plus un tome de transition qu’autre chose, mais il ne manque pas d’attrait. On retrouve une intrigue efficace et bien menée où le lecteur ne s’ennuie pas un seul instant, le tout avec un mélange de mythologie et d’aspects scientifiques efficaces et cohérents, sans non plus se révéler trop lourd pour perdre le lecteur. L’auteur nous offre aussi un premier contact qui se révèle vraiment passionnant et aux réflexions intelligentes entre humains et alien. L’univers développé se révèle toujours intéressant par son côté froid, austère et sauvage, même s’il se retrouve un peu en retrait laissant ainsi la place à l’intrigue et au héros. Concernant les personnages je reste mitigé, ils se révèlent denses, complexes et intéressants, mais paraissent parfois surjoués ou tombent dans les extrêmes par moment. Un tome qui pose plus de questions qu’il n’offre de réponses et dont le Deus Ex Machina vers la fin m’a un peu frustré, mais qui se révèle plaisant et me donne envie de découvrir la suite et de connaitre la conclusion.

 

Ma Note : 7/10

Quantika Tome 1, Vestiges – Laurence Suhner

vestigesRésumé : Dans mes rêves, je les appelle les Bâtisseurs.

Les Bâtisseurs.
Une ancienne civilisation qui a visité Gemma – la plus lointaine colonie humaine – il y a douze mille ans, en y laissant des vestiges et un gigantesque artefact en orbite.
Qu’ont-ils bâti en vérité, si ce n’est une machine? Une machine qui détraque la réalité, altère les constantes fondamentales de l’Univers.
Qu’y puis-je? Pourquoi ai-je été choisie? Pourquoi suis-je la seule à entendre cette voix qui surgit des profondeurs? Cette voix qui me pousse à abandonner mon corps au rythme et à la danse.
La voix de Ioun-ké-da.

Celui que, dans leurs mythes, les Bâtisseurs nomment le Dévoreur de réalité

Edition : L’Atalante

 

Mon Avis : Ce livre a fini dans ma PAL un peu sur un coup de chance. J’avais loupé sa sortie et lors des dernières Imaginales je suis tombé sur ce livre un peu par hasard. Il faut bien avouer que je trouve la couverture, illustrée par Manchu, est vraiment magnifique et m’a tout de suite attirée. Je me suis donc lancé dans une discussion avec l’auteur pour mieux essayer de comprendre et cerner ce cycle, je dois bien avouer que j’ai été vite emballé et je suis donc reparti avec mon livre dédicacé.

Il faut bien l’admettre le roman prend vraiment son temps pour se mettre en place. Les 200 premières pages ne servent qu’à poser l’univers, les personnages, mais aussi les enjeux, mais surtout manque un peu d’originalité. Cette lenteur peut en rebuter certains mais j’avoue que moi, ça ne m’a jamais dérangé du moment que le lecteur arrive à se laisser emporter, et là ce fut le plus
souvent cas, même si par moment quelques coupes auraient quand même pu être réalisées. Puis ce serait dommage de s’arrêter a à peine un tiers du livre qui, après, se révèle, en tout cas pour ma part, vraiment palpitant et prenant. L’intrigue autour de ses bâtisseurs, de leurs technologies et de leur histoire disparue est certes, un peu déjà vue en SF, mais se révèle vraiment bien mené et travaillé par l’auteur. La découverte des vestiges va vraiment plonger l’histoire se révèle vraiment captivante l’action se met doucement en place ce qui fait qu’on a du mal à lâcher le livre.

L’auteur cherche à placer son intrigue dans sur un base vraiment scientifique. On sent que d’ailleurs l’auteur se passionne pour la science. Mais attention, on est loin d’être dans la Hard Science, l’auteur ayant une approche, le plus souvent, très imagé, vulgarisé et compréhensible des aspects scientifiques qui plaira autant aux férus de sciences qu’aux novices, même si parfois l’auteur en fait parfois légèrement trop dans les explications. Cet aspect scientifique apporte un véritable plus à l’histoire, la rendant vraiment plausible et surtout assez proche de nous. Ce qui n’empêche pas aussi l’intrigue sur la découverte de cette nouvelle race extraterrestre de se révéler vive et captivante. L’auteur n’oublie pas non plus de nous offrir des trames personnelles efficaces et vraiment prenantes qui font qu’on se laisse facilement emporter par ce livre.

L’univers mis en place par l’auteur joue un rôle vraiment important. La planète de Gemma qui se révèle hostile, glaciale et austère joue un rôle vraiment important de cette histoire. Gemma et son histoire qui, finalement, va se révéler le point principal de l’intrigue, jouant avec les personnages à sa façon. Une planète ayant ses propres règles ou les hommes tente plus de survivre, de s’habituer à la vie sur Gemma. Un univers qui possède aussi ses propres luttes de pouvoir humaines entre scientifiques, militaires et miliciens, chaque camp possédant une vision différente du monde de Gemma. Mais finalement qu’est véritablement Gemma? Dans tous les cas un Univers, blanc, froid, mais qui, je trouve, vaut vraiment le coup d’être découvert, un monde dense, limite angoissant et pourtant vraiment soigné. De plus les rêves de nos protagonistes ajoutés à la culture indienne ajoute une certaine dose de mysticisme et de magie vraiment intéressante, ajouter à cela une race extra-terrestre qui ne manque pas de charme et donne envie d’en savoir plus.

Concernant les personnages je dois dire que c’est quand même l’une des faiblesses du roman j’ai trouvé. Entre Ambre la scientifique rigide et froide qui rejette tout le monde et Kya l’adolescente rebelle qui a du mal à se trouver, on a vraiment du mal à complètement s’attacher à eux et même si dans la dernière partie certaines révélations se dévoilent et certains changements apparaissent, je suis resté assez circonspect. Pas que ces personnages soient mauvais, loin de là, mais ils sont tellement dans leurs rôles de protagonistes frigide voir de peste, que des fois on a envie de les secouer; ils sont un peu « too much ». Haziel quand à lui est vraiment sympathique à suivre même s’il se perd un peu trop dans son rôle d’amoureux transi. Les personnages secondaires sont intéressants à suivre, mais manquent encore un peu de consistance qu’ils devraient trouver par la suite dans les prochains tomes.

Le style de l’auteur se révèle vraiment efficace, assez simple et prenant, elle arrive de façon surprenante entre roman et explications scientifiques sans jamais perdre ou ennuyer complètement le lecteur, même si par moment elle pousse un peu trop ses descriptions. Puis arrive la conclusion surprenante, intense, mais surtout qui ressemble plutôt à un cliffangher et qui donne clairement envie de lire la suite. Je dis qui ressemble à un cliffangher car j’ai aussi eu un peu l’impression que l’histoire s’arrêtait comme si on avait décidé de la couper là, à ce moment-là, et non en lui offrant une conclusion complète. Je ne sais pas, une impression. Dans tous les cas, j’attends maintenant le second tome avec impatience.

En Résumé : Au final j’ai passé un vraiment bon moment avec ce livre qui nous offre un Planet-Opera de qualité malgré quelques défauts. L’histoire est lente à démarrer, mais une fois lancée elle se révèle vraiment soignée, prenante et palpitante mélangeant roman et aspect plus scientifique sans jamais perdre le lecteur. L’univers mis en place est vraiment réussie et se révèle être un personnage important de ce roman avec sa mythologie, son histoire et son mysticisme. Par contre, je suis plutôt mitigé par les personnages, surtout les personnages féminins, Ambre et Kya, qui sont par moment vraiment trop frigide ou parfois antipathiques, même si ça s’apaise lentement au fil des pages et des révélations. La plume de l’auteur se révèle vraiment prenante et simple et on tourne les pages avec plaisir pour atteindre cette conclusion intense, cliffangher qui donne envie de lire la suite rapidement.

 

Note : 8/10

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