janua-veraRésumé : Chaque nuit, Leodegar le Resplendissant se réveille en hurlant dans son palais. Quelle est donc l’angoisse qui étreint le conquérant dans son sommeil ? S’agit-il d’un drame intime, ou bien de l’écho multiple des émotions qui animent le peuple du vieux royaume ?

Désenchantement de Suzelle, la petite paysanne, devant la cruauté de la vie ? Panique de maître Calame, le copiste, face aux maléfices qui somnolent dans ses archives ? Scrupule d’Ædam, le chevalier, à manquer aux lois de l’honneur ? Hantise de Cecht, le housekarl, confronté aux fantômes de la forêt ? Appréhension de Benvenuto, le maître assassin, d’être un jour l’objet d’un contrat ? Ou peurs primales, peurs fondamentales, telles qu’on les chuchote au Confident, qui gît au plus noir des ténèbres…

Edition : Les Moutons Électriques

 

Mon Avis : Jean-Philippe Jaworski est un auteur qui a vraiment réussi à me convaincre et à me fasciner dès son premier roman, Gagner la Guerre, qui offrait une histoire vraiment soignée, dense, efficace et surtout un véritable travail sur l’écriture. J’avais donc envie de découvrir son recueil de nouvelles, Janua Vera, mais voilà je souhaitais l’édition des Moutons et mon budget n’a pas toujours été en adéquation avec mon envie. Voilà maintenant chose réparée, ce livre ayant rejoint ma PAL il y a quelques mois. À noter que l’édition que je viens de lire comporte 10 nouvelles et, en tout cas je trouve la couverture, illustrée par Howard Pyle, vraiment réussie.

Avertissement au Lecteur : Ce texte n’est pas une nouvelle, mais sert d’introduction au recueil, en fait on retrouve Benvenuto dans un texte ou l’auteur joue sur la réalité et la fiction, qui est vrai de qui est faux entre Benvenuto et l’auteur. J’avoue je n’ai pas complètement accroché à ce texte car il donne l’impression que Benvenuto remet en cause les histoires de ce vieux royaume même si je comprends le travail de l’auteur sur cette introduction.

Janua Vera : Cette nouvelle sert véritablement de texte d’introduction à l’univers de l’auteur, car il s’agit, chronologiquement, du texte le plus ancien de ce royaume. Un texte qui nous dévoile un Roi-Dieu en prise avec son premier cauchemar. Un texte vraiment intéressant, épique et mystérieux qui offre une conclusion vraiment surprenante, passionnante et possédant sa dose de cynisme. Mais voilà j’ai aussi trouvé le texte un peu froid et surtout j’ai eu du mal à complètement plonger dans ce personnage de Roi-Dieu tellement contradictoire. Pas que le texte soit mauvais, loin de là mais ce n’est pas la nouvelle que j’ai préférée de ce recueil.

Montefellóne : Voilà un texte que j’ai trouvé vraiment intéressant et passionnant du début à la fin, nous plongeant dans une guerre, à travers une époque proche du Moyen-Age, où l’on suit un général un peu forcé de se battre pour faire plaisir à son roi. Un texte intense, qui monte en tension au fil des pages qu’on tourne avec grand plaisir et qu’on savoure, pour finir de façon vraiment surprenant et pleine d’ironie pour le personnage principal. Une excellente nouvelle.

Mauvaise Donne : Sûrement la meilleure nouvelle de ce recueil à mon goût, mais elle partait avec un avantage, l’avantage de retrouver Benvenuto et de découvrir comment il a rejoint Leonide Ducatore. Une nouvelle, mélange habile d’action, d’intrigue et jeu de pouvoir, toujours magnifiquement porté par le personnage passionnant de Benvenuto, héros mélangeant gouaille, finesse, violence et folie maîtrisée. Une histoire pleine de rythme, de surprise et parfaitement maîtrisée du début à la fin.

Le Service des Dames : Cette nouvelle repose en fait sur un chevalier qui croit ferment au code d’honneur de la chevalerie, et c’est là-dessus que l’auteur construit son texte, mettant à mal de façon sournoise, surprenante et efficace ce code d’honneur. Le personnage principal est vraiment déroutant, mais pourtant captivant à découvrir au fil des pages, principalement sur sa façon de gérer la situation. Une nouvelle cynique à souhait et qui m’a ravi.

Une Offrande Très Précieuse : Une nouvelle intéressante peut être légèrement en dessous des trois précédentes, mais qui se révèle intimiste nous contant l’histoire de ce barbare au terrible secret. Une nouvelle traitée tout en finesse avec un mélange de fantastique et de divinité poussant le héros à faire une introspection sur lui-même et qui trait de la mort et du deuil de façon vraiment intéressante. Pas la plus bouleversante ni la plus passionnante des nouvelles du recueil, mais une nouvelle efficace.

Le Conte de Suzelle : De nouveau une nouvelle intimiste nous plongeant dans la vie de Suzelle qui va, un beau jour, rencontrer ce qu’elle croit être son prince charmant, celui qui changera sa vie. Un texte vraiment poignant, prenant et cruel qui va se révéler vraiment efficace et bien maîtrisée par l’auteur, malgré un rythme assez lent, sachant rendre la vie de ce personnage vraiment attachante. On suit son évolution jusqu’à cette conclusion étonnante et crue.

Jour de Guigne : Voilà une nouvelle offrant un ton plus léger et qui nous offre une histoire de malchance des plus pittoresque et pleine d’humour. On suit un personnage qui va subir une sorte de malédiction et qui va aligner les bévues et les malchances. Un texte vraiment drôle, et plein de finesse, hommage un peu à Pratchett, qui se révèle vraiment réussi et détend parfaitement le lecteur, surtout que la nouvelle est idéalement placée vers le milieu du recueil.

Un Amour Dévorant : On quitte le registre de l’humour pour cette fois plonger dans le registre du fantastique et des fantômes avec cette nouvelle qui possède son côté angoissant, mais qui se révèle vraiment intéressante à découvrir. Surtout le lecteur tourne les pages pour essayer d’en apprendre plus sur le sort tragique des héros.

Comment Blandin fut Perdu : A travers cette histoire on nous raconte la vie d’un peintre qui un jour a pris un apprenti talentueux, mais miné par un amour inconditionnel qui fait qu’il ne peint que le visage de sa bien-aimée. Encore une fois l’auteur nous plonge dans une nouvelle dense et détaillée, nous plongeant dans l’art, un art par moment éblouissant et de toute beauté. L’intrigue monte doucement en tension au fil des pages offrant une conclusion efficace, mais que j’ai trouvé un peu convenue.

Le Confident : Une nouvelle qui nous plonge dans une histoire sombre et parfois angoissante. On suite un membre du culte du desséché qui a décidé de se priver de toute lumière et va devenir un confident. Une nouvelle qui oscille de façon efficace et prenante entre rêve et réalité et nous dévoilant un personnage vraiment intéressant. La conclusion ouverte se révèle vraiment intéressante.

 

Ce qui marque toujours le lecteur avec les écrits de l’auteur c’est le travail qu’il effectue sur l’écriture, mais aussi tout le travail mis en avant, que ce soit dans la présentation des personnages, les descriptions ou encore la découverte de tout cet univers qui se révèle fascinant. Une écriture vraiment dense, soignée et élégante, mais le tout sans jamais tomber non plus dans un style ampoulé ou un peu trop lourd, trouvant toujours parfaitement la justesse de ton qui emporte le lecteur dans ces textes. Dans tous les cas voilà un recueil de nouvelles vraiment passionnant à découvrir qui nous plonge dans un univers vraiment passionnant et dense pour suivre des personnages humains et attachants. Les annexes apportent aussi un vrai plus à ce recueil. Un recueil qui mérite vraiment d’être lu.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil de nouvelles qui nous plongent dans des histoires toutes plus passionnantes les unes que les autres, vraiment efficaces et prenantes. On suit des personnages souvent torturés, qui se révèlent passionnants et plein de surprises. L’univers est vraiment captivant à découvrir et donne envie d’en savoir plus. La plume de l’auteur est toujours aussi travaillée, dense, raffinée et pleine de justesse, mais surtout l’auteur sait jouer de tous les styles, aussi bien le burlesque que le côté angoissant. Un recueil de 10 nouvelles qui mérite vraiment d’être découvert.

 

Ma Note : 8,5/10

 

chalenge

Challenge JLNN 5ème lecture