Résumé : With the Crescent Empress dead, a civil war has torn the empire asunder. No one seems able to stop the ruthless Gagargi Prataslav. The five Daughters of the Moon are where he wants them to be, held captive in an isolated house in the far north.
Little Alina senses that the rooms that have fallen in disrepair have a sad tale to tell. Indeed, she soon meets two elderly ladies, the ghosts of the house’s former inhabitants.
Merile finds the ghosts suspiciously friendly and too interested in her sisters. She resolves to uncover their agenda with the help of her two dogs.
Sibilia isn’t terribly interested in her younger sisters’ imaginary friends, for she has other concerns. If they don’t leave the house by spring, she’ll miss her debut. And while reading through the holy scriptures, she stumbles upon a mystery that reeks of power.
Elise struggles to come to terms with her relationship with Captain Janlav. Her former lover now serves the gagargi, and it’s his duty to keep the daughters confined in the house. But if the opportunity were to arise, she might be able sway him into helping them flee.
Celestia is perfectly aware of the gagargi coming to claim her rather sooner than later. She’s resolved to come up with a plan to keep her sisters safe at any cost. For she knows what tends to happen to the sisters of the Crescent Empress.

Edition : Tor

 

Mon Avis : Il y a quelques mois je me suis lancé dans la découverte de ce diptyque de Fantasy qui se basait sur la révolution Russe de 1917, ce qui changeait selon moi des récits de Fantasy médiévaux, et dont le premier tome m’avait offert un très agréable moment de lecture, même si certains points m’avaient paru pas complètement maîtrisés. Il était donc logique que je me laisse rapidement tenté par la suite et fin de ce cycle en faisant entrer ce second tome dans ma PAL. Concernant la couverture, toujours illustrée par Anna et Elena Balbusso, je la trouve très réussie et qui colle parfaitement à l’ambiance du récit.

On plonge avec ce livre dans la suite directe du premier tome qui a vu l’Empire s’effondrer, l’Impératrice mourir et ses cinq filles envoyées en exil à Angefort une résidence isolée dans le nord. Pour autant tout n’est pas encore terminée pour les filles de la Lune, Gargari a besoin de Celestia pour en faire sa femme et asseoir son pouvoir et il parait aussi avoir besoin d’Alina pour son étrange machine. Sauf que voilà, les soeurs ne comptent pas se laisser faire et vont tout faire pour réussir à s’enfuir. Alors, cette suite a-t-elle corrigée les défauts du premier tome, trouvant enfin la justesse entre intrigue et ambiance ? Je dois admettre que non. Je ne dis pas que ce second tome est mauvais, loin de là, il y a clairement quelque-chose qui se dégage et offre un sympathique moment de lecture. Mais voilà, une fois la dernière page tournée, il y a quand même ce léger sentiment de frustration devant un récit qui ne parait jamais arrivé au bout de ses idées, oubliant un peu qu’un livre doit aussi et avant tout raconter une histoire, une intrigue. Il y a pourtant un vrai potentiel dans ce roman et, je pense, que l’autrice si elle corrige ses légers défauts pourra clairement s’imposer. Déjà, sachez-le, ce livre est un récit qui repose sur un rythme très lent, une impression figée qui se dégage ainsi majoritairement de l’histoire. Cela pourra en bloquer certains, surtout si vous aimez les récits qui bougent, mais pour ma part j’ai trouvé que cela offrait une accentuation intéressante concernant cette ambiance d’enfermement, d’exil, d’étouffement et permet aussi de développer vraiment les personnages et l’atmosphère.

Concernant l’univers, je reste clairement sur cette impression que j’avais ressenti dans le premier tome. Un univers étrange, déroutant, poétique et magique qui ne manque pas d’attrait ni d’intérêt. Entre sorcières, fantômes, magie, mais aussi cette idée liée à la Lune qui est finalement l’Empereur de ce monde, ou encore la notion de technologie qui va peu à peu transformer ce monde, il y a un vrai potentiel dans ce que construit l’autrice au fil des pages, sauf que voilà comme dans le livre précédent, il repose trop sur l’acceptation du lecteur. Des fantômes apparaissent c’est normal, la magie existe on ne sait pas trop sur quelles bases ni comment elle fonctionne vraiment, la technologie permet des actions mais a une contrepartie sans qu’on ne sache comment ça marche, ce qui a quand même un côté, je trouve, frustrant. Pourtant l’ensemble est cohérent et colle parfaitement au récit, quelques explications aurait alors pu rendre l’ensemble plus solide, plus logique. Pareil concernant tout ce qui tourne autour de la différence de la petite Alina, elle est capable de manipuler une certaine magie, de ressentir certaines choses sans qu’on comprenne vraiment pourquoi, ni même parfois se rendre compte de ce que cela apporte au récit.

L’autre point de cet univers vient clairement de l’idée de la révolution, et principalement dans sa présentation à travers le point de vue des filles de l’Impératrice, du passage du pouvoir, du faste et de la richesse à l’exil et franchement de ce point de vue là c’est très intéressant. Maintenant le soucis c’est que le récit est un peu trop, justement, centré sur elles, on manque par conséquent de densité dans tous les bouleversement que cela provoque sur le pays, les guerres, les morts ou encore l’aspect endoctrinement qui apparaissent ainsi un peu trop en surface je trouve. Pourtant il y avait la possibilité, à travers certains personnages secondaires que l’on croise, de faire tellement plus. Pareil concernant Gargari, celui qui a fait tomber l’Empire, il pourrait apporter un aspect complexe dans cette révolution, mais pourtant il reste trop dans cette image du grand méchant vilain qui veut le pouvoir. Un peu plus de soin dans la construction de ce point de vue là aurait pu apporter un vrai plus. Alors attention, cela ne veut pas dire que l’aspect politique n’est pas traité pour autant dans ce roman, il y a de vraies bonnes idées, principalement dans l’évolution de la relation entre les deux soeurs Celestia et Elise, mais voilà on se dit qu’il aurait pu faire plus sans que cela soit dérangeant. L’univers reste pour autant intéressant à découvrir, offrant une toile de fond plutôt efficace, mais voilà il ne trouve pas le juste milieu entre mystères et explications je trouve.

Par contre la grande force du récit vient clairement de l’ambiance que construit l’autrice au fil des pages qui s’avère à la fois poétique, magique, envoûtante et captivante. Que ce soit dans le traitement du fantastique, comme dans la façon dont elle tisse le récit il y a vraiment quelque-chose qui se dégage, qui enveloppe et happe assez rapidement le lecteur selon moi. Le tout est aussi porté par une plume que je trouve franchement lyrique, fluide, entraînante, aboutissant au fait qu’on se retrouve finalement à tourner les pages assez facilement avec l’envie d’en apprendre plus. Ajouter à cela une caractérisation des personnages vraiment dense, soignée et très efficace et on se retrouve ainsi à suivre cinq héroïnes très intéressantes à découvrir. La grande force de ce point de vue là est ainsi d’avoir su donner à chacune d’entre elle une voix propre, une personnalité qui lui appartient avec pour chacune d’entre elle ses propres rêves, ses propres secrets, ses propres peurs, ses propres besoins, sa propre personnalité. Je ne vais pas dire qu’on est captivé par chacune d’entre elle de la même façon, mais elles ont toutes réussies, à un moment ou à un autre, à me toucher. On découvre ainsi un certain déchirement qui apparait entre les soeurs qui cherchent pourtant à rester souder, un certain besoin de routine dans un monde qui pourtant s’écroule autour d’eux. Ce qui est dommage c’est que les personnages secondaires restent un peu en retrait de ce cercle, ce qui les rend parfois un peu trop binaires, voir, comme je l’ai dit avec Gargari, manquent quand même clairement de profondeur.

Ce roman ne manque clairement pas d’attrait, que ce soit comme je l’ai dit dans son atmosphère, ses personnages, voir même dans sa toile de fond, mais voilà pour autant il ne manque pas de défaut. Leena Likitalo oublie parfois de construire une intrigue, ce qui fait qu’on a parfois plus l’impression de plonger dans des tranches de vies alors qu’il se passe quand même une révolution. J’ai eu l’impression qu’elle se laissait ainsi plus porter par son ambiance, ce qui fait que le fil rouge principal du récit est par moment étouffé et c’est dommage. Comme je l’ai dit aussi, le récit joue trop sur les mystères et surtout les laisse majoritairement sans réponses. Dans certains cas cela peut avoir un intérêt, mais ici c’est un peu frustrant. Ensuite l’autrice soulève des points d’intrigues secondaires qui ne paraissent jamais trouver leur réponse, je pense à Alina et la machine par exemple. Enfin, je dois admettre que si on connait un peu l’histoire Russe, on sait comment finit le récit, ce qui lui enlève peut-être un tout petit peu de sa force, mais de ce point de vue là rien de bloquant tant finalement la conclusion m’a paru percutante et pleine d’émotions. Au final j’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce diptyque qui, certes, aurait pu être encore meilleur, mais qui ne manque pas pour autant d’attrait. Si Leena Likitalo arrive à rendre son intrigue plus présente, je pense qu’elle pourra offrir des récits magnifiques. En tout cas je me laisserai tenter par ses prochains écrits rien que pour sa plume et l’aura qui se dégage de ses écrits, en espérant qu’elle ait évolué.

En Résumé : J’ai passé à nouveau un sympathique moment de lecture avec ce second tome de ce diptyque, même si on y retrouve aussi les mêmes défauts. On plonge ainsi dans un roman qui a du mal à trouver son juste milieu entre un récit d’ambiance et la construction d’une intrigue. L’univers développé s’avère plutôt intéressant que ce soit dans son aspect fantastique, mythologique et politique, mais se base trop sur le fait que le lecteur doit accepter certaines choses sans les comprendre, et manque parfois de densité. L’ambiance est clairement le point fort du récit, à la fois envoûtante, magique et captivante bien porté par une plume poétique et entraînante ce qui rend l’ensemble franchement fluide et plaisant. L’autre gros point fort vient des héroïnes principales du roman, l’autrice arrivant à offrir à chacune d’entre elle une identité, une voix unique et ainsi, même si elles ne captivent pas le lecteur de la même façon, à nous toucher à un moment ou un autre. Dommage que les personnages secondaires soient un peu en retrait, voir parfois manquent quand même de profondeur. Je regretterai aussi une impression que Leena Likitalose concentre trop sur la mise en place de son atmosphère, ce qui fait que l’intrigue est parfois trop étouffée. Trop de mystère ainsi que trop de fils rouges secondaires restent sans réponse ce qui est légèrement frustrant. Enfin si on connait un peu l’histoire de la Russie on sait comment va finir le récit, ce qui enlève un peu de force à la conclusion, même si cette dernière reste percutante et pleine d’émotions. AU final un roman avec ses qualités et ses défauts, qui aurait pu être meilleur, mais qui reste sympathique à découvrir. A voir comme l’autrice évolue dans ses prochains écrits, mais je trouve qu’elle a du potentiel.

 

Ma Note : 7/10