Résumé : All is quiet in the city of Rosewater as it expands on the back of the gargantuan alien Wormwood. Those who know the truth of the invasion keep the secret.
The government agent Aminat, the lover of the retired sensitive Kaaro, is at the forefront of the cold, silent conflict. She must capture a woman who is the key to the survival of the human race. But Aminat is stymied by the machinations of the Mayor of Rosewater and the emergence of an old enemy of Wormwood…

Edition : Orbit

 

Mon Avis : Il y a quelques mois, après avoir beaucoup entendu parler de ce cycle, je m’étais lancé dans la lecture du premier tome qui m’avait offert un excellent moment de lecture. Que ce soit par la construction de son univers, comme à travers le développement son intrigue, j’avais été rapidement happé par cette introduction et la révélation finale efficace m’avait clairement envie de découvrir la suite (ma chronique ici). C’est donc sans surprise qu’au moment de la publication de ce second tome, je me sois rapidement lancé dans sa lecture en me demandant ce qu’allait proposer l’auteur avec cette suite. Concernant la couverture, elle est dans le même ton que celle du premier tome, sympathique et colorée, avec un petit côté organique. Par contre, je préviens d’avance, je risque un peu de spoiler les révélations du premier tome, même si le résumé de ce tome le fait déjà d’une certaine façon.

On se retrouve plongé à la suite du tome précédent, Kaaro a découvert la vérité concernant cette invasion Alien. Cela n’empêche pas pour autant la vie de continuer son cours. Aminat, qui s’est révélée être elle aussi une agent du gouvernement, va se voir confier la mission de retrouver une jeune femme, qui est différente des autres et paraît être importante dans cette invasion. En même temps le maire de Rosewater, Jack Jacques, va se retrouver en conflit avec le président du Nigéria, ce qui va aboutir à l’insurrection de la ville de Rosewater, avec toutes les conséquences que cela va amener. Une fois la dernière page tournée je dois bien admettre que j’ai à nouveau passé un très bon moment de lecture avec cette suite. Au final même si on sent aussi légèrement que c’est un second tome et que, même s’il se passe énormément de choses, certains aspects sont clairement en transition, il reste terriblement efficace, riche et prenant et qui a su offrir quelque-chose de différent. Premier changement, après un premier tome qui nous offrait une construction un peu éclatée, cette suite va offrir quelque-chose de plus classique.

En effet dans le tome précédent on jouait sur une narration à différentes époques, ici ce ne sera plus vraiment le cas puisque ce second tome va clairement se centrer sur l’insurrection de la ville et être d’une certaine façon plus linéaire. Ce n’est en rien une critique, cette narration collant parfaitement à ce que construit l’auteur et s’avérant efficace. Autre chose qui peut surprendre, Kaaro, le héros du premier tome, va se retrouver moins présent, mis un peu au second plan. Attention il reste un personnage central de l’intrigue, mais les chapitres le présentant en tant que narrateur se comptent sur les doigts d’une main, apparaissant plus aussi vers la fin. Cela permet clairement à l’auteur de développer d’autres personnages que ce soit par exemple le maire Jack Jacques ou encore Aminat la compagne de Kaaro. J’ai trouvé cette ouverture des protagonistes très intéressante, permettant d’éviter la lassitude de suivre toujours le même héros, renouvelant le regard du lecteur et offrant des points de vues différents. Autre aspect qui change aussi, ce second tome se construit sur un rythme beaucoup plus rythmé et tendu. Là où le premier tome construisait une narration lente et prenante qui permettait de bien introduire les éléments et la toile de fons, celui-ci avec la guerre civile et ce qui arrive à Worwood offre quelque-chose de plus nerveux, de plus percutant. Alors parfois cela va peut être un peu vite, quelques ellipses sont légèrement frustrantes, mais franchement rien de bien dérangeant tant j’ai été captivé par le récit.

L’univers continue avec ce second tome à se développer, s’enrichir, surtout avec le point de vue d’Anthony lié à Wormwood qui permet  d’avoir un peu plus d’informations concernant les extra-terrestres et d’offrir plus de densité à cette partie. C’est toujours, selon moi, le gros point fort de ce roman, que ce soit dans sa construction SF, mais aussi dans son aspect social et politique, cette toile de fond foisonnante d’idées. On découvre ainsi un univers qui s’avère riche, complexe et fascinant à découvrir, mélange de cyberpunk, d’invasion Alien, avec cette touche culturelle Africaine qui apporte également un plus et une certaine originalité très intéressante au récit. Ainsi Rosewater est un maelström d’idées classiques de SF que ce soit dans le réseau, la notion de médium, de zombies, de technologies, de mercenaires et autre que l’auteur construit de façon logique, cohérente et permet à Rosewater de devenir un personnage à part entière du récit. Cette ville étrange construite à partir du simple dôme extra-terrestre prend ainsi de plus en plus corps au fil des pages.

Il se dégage aussi une vraie diversité dans cette ville, qui n’est pourtant plus au stade de l’ébauche, mais a encore du mal à clairement exister dans le pays. L’aspect politique gagne également en intérêt, avec de nombreuses machinations et de nombreux jeux de pouvoirs qui ne manquent pas d’offrir de nombreux rebondissements et des surprises. L’ambiance à la fois noire, sombre, limite oppressante, étouffante, ne manque pas de captiver et percuter le lecteur, montant en tension au fil des pages. J’ai ainsi trouvé très intéressante la façon dont l’auteur traite de cette insurrection, des différents points de vue apportés et de tout l’aspect militaire et politique qui en découle. J’aurai peut-être juste aimé avoir aussi un contrepoint du gouvernement dans cette construction, mais bon rien de bien méchant. Alors après, l’auteur en fait peut-être par moment un chouïa trop, amenant trop de concept qui, tout du moins dans ce tome, n’ont pas toujours grand intérêt, mais peut-être ce sera le cas par la suite.

Concernant les personnages, comme vous vous en doutez avec le changement de narration, offrant un récit à voix multiples, cela permet de découvrir d’autres héros. C’est un pari que prend l’auteur, mettre un peu de côté le héros du premier tome pour en développer d’autres, mais pour ma part cela a fonctionné. Ainsi deux protagonistes se dégagent clairement des narrateurs : Aminat et Jack Jacques. La première nous présente ainsi une héroïne charismatique, qui a loin d’avoir froid aux yeux et qui doit par moment faire des choix pas toujours facile. Le second cherche à accentuer son emprise sur la ville, mais va se retrouver confronter face au président et un groupuscule dans l’ombre qui ont d’autres visions et qui va s’avérer être à la fois charismatique, mais aussi d’une certaine façon antipathique dans sa vision de pouvoir et du sauveur. D’ailleurs c’est un peu, je trouve, un des points intéressant, arriver à rendre des personnages qu’on n’apprécie pas obligatoirement prenants et donner envie de suivre leurs aventures. Ainsi dans les personnages froids et distants, mais qui pourtant m’ont accroché vient Femi, qui offre un contre-point aux héros très intéressant et amène aussi quelques réflexions intéressantes sur la notion d’humanité. En ce qui concerne les autres protagonistes, Alyssa est plus classique et plus prévisible dans sa construction mais s’avère solide, par contre je suis resté de marbre avec Eric qui ne me parait pas apporter grand-chose. Pour les personnages secondaires ils s’avèrent eux aussi solides.

Le récit s’accélère dans le dernier tiers pour offrir une conclusion qui ne va pas manquer de se révéler percutante et d’offrir de nombreux rebondissements ainsi que son lot d’adrénaline, d’action et de trahisons. Surtout elle amène un changement au niveau de Wormwood, dont je ne dirai rien pour ne pas trop en dévoiler, mais qui devrait changer énormément de choses dans le troisième tome. Le récit continue aussi à nous offrir quelques réflexions qui, sans être révolutionnaires dans le fond, ne manquent pas de se révéler très solides et intéressantes, comme par exemple la façon dont nous voyons les autres, les acceptons ou les rejetons, ou bien encore la notion de pouvoir, d’influence et de richesses. Ainsi à travers cette invasion, cette « colonisation », par une entité technologiquement avancée, qui change les choses, mais se retrouve aussi changé, le récit ne manque pas de faire réfléchir. Alors après c’est vrai, comme je l’ai dit, certains aspects m’ont paru être un peu en transitions et certaines révélations m’ont paru un peu trop prévisibles, mais rien qui n’ait dérangé ma lecture et le plaisir que j’ai pris à découvrir ce second tome. Le tout est porté par une plume simple, incisive et efficace, qui plonge assez facilement, je trouve, le lecteur dans son univers et je lirai le troisième tome avec grand plaisir.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec le second tome de ce cycle qui, c’est vrai souffre peut-être un peu d’un léger sentiment de transition sur certains aspects, mais ne manque pas de se révéler réussi, prenant et entraînant. La narration change complètement, nous faisant suivre d’autres personnages que Kaaro, mais aussi en offrant un récit plus nerveux, plus tendu et percutant avec cette insurrection. L’univers est toujours l’un des gros points forts de ce cycle, se révélant riche, soigné et prenant, la ville de Rosewater devenant au fil des pages un personnage à part entière. Les concepts SF sont, pris de façon séparés, classique, pourtant dans la façon dont l’auteur les utilise ainsi que la touche culturelle Africaine qu’apporte l’auteur rendent le tout réussi et efficace. Les personnages sont toujours très intéressants à suivre et à découvrir. Le fait de changer de narrateur est un pari, mais pour ma part je l’ai trouvé profitable, évitant au lecteur de se lasser de Kaaro et d’offrir d’autres points de vue. Seul Eric ne m’a pas vraiment accroché, mais il est peu présent. Le récit offre aussi quelques réflexions intéressantes sur cette « invasion » d’êtres technologiquement avancés et ce que cela soulève comme question.  La conclusion offre son lot de surprises et de révélations, s’avérant percutante entraînant et amenant un changement qui devrait avoir des conséquences par la suite. Alors après certains aspects m’ont paru être un peu en transitions et des révélations m’ont paru un peu trop prévisibles, l’auteur en fait peut-être aussi un chouïa trop dans les idées qu’il amène à son univers, mais franchement rien de dérangeant tant j’ai passé un bon moment, bien porté par une plume simple et incisive. Je lirai la suite avec plaisir.

Ma Note : 8/10