Time Was – Ian McDonald

Résumé : A love story stitched across time and war, shaped by the power of books, and ultimately destroyed by it.
In the heart of World War II, Tom and Ben became lovers. Brought together by a secret project designed to hide British targets from German radar, the two founded a love that could not be revealed. When the project went wrong, Tom and Ben vanished into nothingness, presumed dead. Their bodies were never found.
Now the two are lost in time, hunting each other across decades, leaving clues in books of poetry and trying to make their desperate timelines overlap.

Edition : Tor

 

Mon Avis : Pour ceux qui suivent ce blog depuis le début, vous devez savoir que Ian McDonald est un auteur je suis depuis longtemps etqui a toujours réussi à m’offrir de bons voir de très bons moments de lecture avec ces différents textes. D’ailleurs, j’attends avec impatience la sortie du troisième tome de Luna qui devrait sortir en VO courant de l’année en espérant le voir en VF en 2019. En attendant l’auteur publie cette novella, Time Was, dont le résumé ainsi que la couverture m’ont rapidement donné envie de la découvrir. Ayant des doutes sur la possibilité d’une publication en VF, il était donc logique que je fasse rapidement entrer cette version VO dans ma PAL.

Ce roman nous fait suivre Emmett qui récupère et vend des livres sur internet. Un jour, suite à la fermeture d’une librairie londonienne, il va récupérer un petit livre de poème intitulé Time Was. Entre les pages il va y trouver une lettre d’amour de Tom à son petit ami Ben. Intrigué par l’histoire qui pourrait se cacher derrière cette lettre, il va alors effectuer des recherches qui vont l’emmener beaucoup plus loin que prévu. Alors déjà un petit point que je soulève car je me suis rendu compte que ce texte avait des retours très mitigés. Il faut dire que l’éditeur, Tor, l’a vendu comme, je cite, A Queer Love Story Across Time. Même si oui il y a une histoire d’amour gay très intéressante dans ses problématiques et sa construction, même s’il y a du voyage dans le temps, le récit c’est surtout Emmett qui va se lancer dans une quête pour comprendre un mystère qui le dépasse. Par conséquent si vous cherchez l’histoire de deux hommes qui voyagent dans le temps et s’aiment passionnément, oui il vaut peut-être mieux passer votre chemin. Je trouve d’ailleurs cette communication dommage, car elle dessert plus qu’elle ne sert, selon moi, le récit et les attentes du lecteur. Pour ma part j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui, certes, n’est pas le récit le plus percutant, ni le plus marquant que j’ai lu de l’auteur, pour autant il s’avère efficace, soigné, délicat et entraînant.

Le premier point intéressant, selon moi, de cette novella vient justement de l’enquête d’Emmett, du jeu que va mener l’auteur avec le lecteur, du plaisir de la découverte des secrets qui sont dévoilés et des questions qui sont soulevées qui poussent à vouloir en apprendre plus. Je me suis rapidement laissé porté par cette quête, par la folie qui va peu à peu prendre le héros principal, le pousser à s’immerger dans ce mystère au point de parfois s’y perdre. Je ne dis pas pour autant que l’auteur révolutionne le récit de ce genre, mais il le maîtrise très bien pour offrir un récit accrocheur et qui offre même quelques belles surprises. La narration est ainsi un peu construite comme un puzzle, alternant entre le point de vue d’Emmett et le récit de Ben et Tom, chacun amenant son lot de révélations, de réponses, mais aussi de nouvelles interrogations, jouant aussi avec les ellipses pour rester concis tout en offrant une image solide, cohérente et énigmatique. Je me suis ainsi retrouvé à tourner les pages, regardant lentement les pièces s’emboîter pour dévoiler « l’image » qui est construite, jusqu’à aboutir à une conclusion que j’ai trouvé intéressante soignée, même si j’avais vu une des grosses révélations arriver.

Le format court permet d’apporter au récit une certaine tension présente tout du long, offrant une construction finalement assez sobre, qui ne cherche pas à trop en faire, mais qui pourtant s’avère attrayante, solide, que ce soit dans sa représentation visuelle, dans son évolution, comme dans son ambiance à la fois mélancolique et touchante. Ian McDonald, avec ce texte, nous montre aussi, d’une certaine façon et de façon métaphorique, une fascination pour les livres, pour les histoires qu’ils peuvent offrir sans s’en rendre mais aussi pour ses librairies et les trésors qu’ils peuvent parfois recéler. Il y a aussi un travail intéressant, même s’il reste un peu léger à mon goût, de recherche sur la guerre et sur des scènes étranges et des batailles que je ne connaissais pas obligatoirement et qui ont titillé ma curiosité au point de me retrouver à faire quelques recherches. L’auteur m’a ainsi amené à m’intéresser à certaines informations que je ne connaissais pas, le tout de façon intelligente.

Concernant les personnages, nos trois héros principaux, Emmett, Ben et Tom, sont très intéressants à découvrir principalement dans ce côté assez mélancolique, plein d’émotion dans les relations qu’ils mènent. Cette idée d’amour à distance, non pas en kilomètres mais en temporalité, pour mieux se retrouver est prenante. Oui, il y a une histoire d’amour, des instant fugace entre nos deux héros, mais clairement elle n’est pas le sujet principal du récit et ne tombe pas non plus le coeur même du récit. Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Pour autant cela n’empêche pas cet amour étrange, d’une certaine façon impossible, sur la ligne du temps, de toucher un minimum le lecteur. En parallèle on découvre aussi l’évolution d’Emmett très intéressante dans sa gestion des relations, dans sa quête de vérité. Je soulèverai quand même un point frustrant, car même si cette relation entre Ben et Tom touche, elle manque un peu de force quand même, trop peu représenté, ce qui rend une des révélations quand même  moins percutante je trouve ce qui est dommage. L’aspect SF de voyage dans le temps d’avère assez solide, apportant son explication scientifique solide et efficace, tout en restant sobre et ne tombant jamais dans un côté « hard-science » ce qui permet, avec ce format court, de gagner en fluidité et en intérêt je trouve. La plume de l’auteur s’avère toujours aussi soignée, d’une grande richesse, qui captive très rapidement tout en construisant un récit touchant et entraînant. Certes ce texte est peut-être moins marquant que d’autres de l’auteur, paraissant sur un ou deux aspect un peu rapide, restant aussi finalement dans les grandes lignes plutôt convenu malgré toutes ces qualités, il reste pour autant très intéressant à découvrir et m’a offert un bon, voir un très bon moment de lecture.

En Résumé : J’ai passé un bon, voir un très bon moment de lecture avec cette novella qui nous fait suivre la quête d’Emmett, un bouquiniste, qui va découvrir dans un livre une lettre de deux amant à l’époque de la seconde guerre mondiale qui va bouleversera sa vie. On plonge ainsi dans une enquête très intéressante, dans les nombreux mystères qu’elle soulève, dans ce jeu entre l’auteur et le lecteur. La construction du récit, alternant deux points de vies, est comme un puzzle où chaque pièce vient s’emboîter pour dévoiler peu à peu l’image qui est construite au fil des pages. Le récit vient aussi, de façon métaphorique, tenter de montrer l’importance des livres, que ce soit à travers ce va qu’on peut découvrir comme mystère et secret dans un récit, mais aussi à travers ces librairies renfermant parfois de petites pépites. L’aspect SF s’avère solide dans ses explications, sans trop en faire pour garder le côté fluide du récit. Concernant les personnages ils sont très intéressant à découvrir, à voir avancer, à voir évoluer. Ils s’avèrent ainsi rapidement attachants et touchants. L’histoire d’amour entre Tom et Ben n’est, certes, clairement pas le coeur du récit (malgré ce que veut vendre l’éditeur Tor), mais ne manque pas d’attrait, même si elle manque quand même un peu de force. Cela fait qu’une des révélations va se trouver, pour moi, moins percutante. La conclusion est d’une grande finesse et même si j’avais deviné certains points, elle s’avère efficace. La plume de l’auteur est toujours aussi riche, soignée et entraînante et même si ce récit n’est pas le meilleur de l’auteur, qu’il s’avère par certains aspect un peu convenu, voir un peu rapide, il reste pour autant une très bonne lecture.

 

Ma Note : 7,5/10

 

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  1. Je suis d’accord avec toi, il y a des choses assez convenues, y compris la fin que personnellement je n’avais pas vue venir mais qui est évidente dès le début. Mais au final c’est un très beau texte. Lorsque je l’ai lu, il y a une semaine, je ne lui avais mis que 2 étoiles sur 3. Mais depuis je suis monté à trois car en fait il ne m’a pas quitté de la semaine. Étrangement j’y pense encore. Et quand un livre fait ça, c’est qu’il est bon.

    • C’est vrai que de mon côté il continue à me faire réfléchir su plein de nombreux détails. C’est d’ailleurs le côté compliqué quand on note un livre, c’est à la fois le livre en lui-même que je juge, mon plaisir de lecture, la façon dont il me marque ou me touche mais aussi obligatoirement une comparaison avec les autres écrits de l’auteur et justement je l’ai trouvé moins marquant que ce que propose Ian McDonald dans ses romans. J’ai tout de même longtemps hésité entre 7,5 et 8 de mon côté, mais il fallait faire un choix.

  2. T’es à fond su l’anglais en ce moment 🙂

    • C’est vrai, mais après je suis aussi dans des lecture au format assez court (entre 120 et 210 pages) dernièrement, donc ça aide à livre assez rapidement 🙂

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