Une Pluie sans Fin – Michael Farris Smith

une pluie sans finRésumé : Après des années de catastrophes écologiques, le sud des États-Unis, de la Louisiane à la Floride, est devenu un véritable no man’s land. Plutôt que de reconstruire sans cesse, le gouvernement a tracé une frontière et ordonné l’évacuation de la zone. Au sud de la Ligne se trouve désormais une zone de non-droit ravagée par les tempêtes et les intempéries incessantes – sans électricité, sans ressources et sans lois.
Cohen fait partie des rares hommes qui ont choisi de rester. Incapable de surmonter la mort de sa femme et de l’enfant qu’elle portait, il tente tant bien que mal de redonner un sens à sa vie, errant sous une pluie sans fin. Des circonstances imprévues vont le mettre en présence d’une colonie de survivants, menée par Aggie, un prêcheur fanatique hanté par des visions mystiques. Celui-ci retenant contre leur gré des femmes et des enfants, Cohen va les libérer et tenter de leur faire franchir la Ligne. Commence alors un dangereux périple à travers un paysage désolé, avec pour fin l’espoir d’une humanité peut-être retrouvée.

Edition : Super 8

 

Mon Avis : Je dois bien avouer que ce livre me tentait depuis sa sortie avec son résumé très post-apocalyptique (genre qui me tente toujours) offrant comme idée originale d’imaginer une « fin du monde » liée à la nature, la pluie et les tempêtes. De plus les premiers retours que je découvrais à droite et à gauche se révélaient, globalement, positifs. Par conséquent quand j’ai vu que Babelio proposait de découvrir ce livre lors de son dernier Masse Critique, j’ai décidé de tenter ma chance et j’ai eu la chance d’être sélectionné. Je remercie donc Babelio et les éditions Super 8 de m’avoir permis de découvrir ce roman. Concernant l’illustration de couverte elle révèle assez simple, mais plonge directement dans l’ambiance humide du récit.

Comme certains l’ont déjà fait, je vais moi aussi enfoncer le clou concernant l’aspect marketing (aussi bien Anglais que Français), qui compare ce livre à La Route de McCarthy, ce qui n’est pas le cas. Si vous vous lancez dans cette lecture en pensant y retrouver La Route, vous risquez d’être frustré, certes c’est du post-apo et on y retrouve aussi une  certaine tentative de profondeur et de réflexions, mais on se rend très vite compte que les deux histoires sont complètement différentes et surtout ne cherchent pas du tout la même chose.

On se retrouve ainsi ici à suivre Cohen qui, depuis la mort de sa femme, vivote dans cette zone sauvage et de non droit qu’est devenue le sud des Etats-Unis, ravagée par les pluies incessantes et les tempêtes dévastatrices. Sa vie va alors changer après avoir été volé un peu naïvement par un couple de jeunes gens. Mais voilà, une fois la dernière page tournée je n’ai jamais vraiment réussi à entrer dans l’histoire et je sors légèrement déçu de ma lecture. Pourtant ça démarrait bien, certes le héros est naïf (voir un peu concon disons le clairement), mais on sentait bien cette solitude, cette souffrance, cette abandon et ce besoin de survivre, sauf que voilà la suite m’a rapidement fait déchanter. Attention il y a de gros risques de SPOILER dans ma chronique.

Déjà le premier point qui m’a un peu bloqué vient de l’ambiance que cherche à mettre en place le récit, cette pluie qui tombe sans arrêt, qui doit rendre l’ensemble humide aux nombreuses conséquences et péripétie que cela occasionne. Sauf que voilà de conséquences, il n’y en a pas, ou si peu et seulement quand ça arrange l’auteur. Car oui, quand je vois des gars allumer un feu ou s’allumer des clopes à l’extérieur, tranquillement, alors que l’air doit être saturé d’humidité et qu’il pleut sans arrête c’est aberrant. Pareil niveau inondation, coulées de boues, apparition de zones traitres et de marais on oublie, nos héros marchent toujours sur un sol bien dur, juste de quoi se salir les pompes et râlé car on a les vêtements trempé. Niveau post-apo, franchement on repassera et niveau prophétique ou éveil d’une conscience écologique vu que l’auteur n’en parle jamais il n’y en a pas. Ensuite, j’aimerais comprendre comment, dans une région abandonnée et sans plus aucune loi depuis 3 à 5 ans on peut encore penser à se servir de billets de banque comme monnaie pour faire ses courses. Dans la partie civilisée c’est logique, mais bon sang celle qui est abandonnée, surtout depuis si longtemps, j’ai du mal à y croire. D’ailleurs en parlant de « civilisé », pour des mecs qui ont été abandonnés par leur pays à leurs sorts, oubliés et ne possédant plus que ce qu’ils peuvent sauver, ils m’ont paru bien gentillet, c’est limite s’ils ne se disent pas bonjour et ne vous tiennent pas la porte en vous souriant en se retrouvant tous chez le receleur du coin. Après j’exagère un peu, il y a bien une ou deux personnes qui tentent de jouer les vilains pas beau, mais bon pas de quoi faire frémir mon petit coeur de lecteur.

Autre point qui m’a dérangé vient de la façon dont l’auteur chercher à construire ses rebondissements, ses épreuves, que vont rencontrer nos héros, car entre celles qui sont traitées beaucoup trop rapidement (comme toute la partie Aggie qui aurait sûrement mérité plus) et celles qui sont très très mal amenées et limites aberrantes, très peu ont réussies à me happer, surtout que l’auteur les gère aussi sans aucune véritable intelligence. Pour vous donner un exemple de certaines incohérences je vais vous conter la vie de Bébé, personnage du livre. Nos héros se retrouvent un moment à se poser dans une maison, tranquillement, sauf que voilà Bébé hurle, il est brulant de fièvre (telle que c’est limite si l’auteur ne compare sa température corporelle à l’enfer), sauf que voilà pas de bol la faute à un autre personnage un peu concon (c’est bon les gars vous pouvez monter un club) ils doivent fuir la maison avec Bébé hurlant à la mort. Coup de chance, ils trouvent une fermette un peu plus loin et, énorme second coup de chance, elle a l’eau courante. Cool, c’est bon ils vont pouvoir s’occuper de Bébé, le soigner, le panser, le laver …. Euh. En fait non, on se retrouve plutôt devant une bande d’ado qui se foutent mais comme de leur dernière chaussette sale de Bébé et qui braillent à tout va qu’ils vont enfin pouvoir prendre un bain se battant pour savoir qui va passer le premier. Vraiment? Oui vraiment car pendant 50 pages on ne parlera plus de Bébé, le temps que tout le monde prenne son bain et sortent tout propres, on le retrouvera alors avec deux personnages féminins au QI de bulot qui tentent de philosopher pour savoir si finalement il ne pleure pas parce qu’il est aussi malheureux. Il. Est. Malade. bon sang. Enfin cela a permis à l’auteur de grappiller 70 pages et de s’offrir un rebondissement. D’ailleurs Bébé prouvera son utilité un peu plus tard en disparaissant avec ses deux bulots, emmenés par les militaires vers un hôpital loin, très loin pour ne plus jamais réapparaitre.
Pourquoi les militaires n’ont pas emmené nos héros aussi et ainsi les sauver? Ne pose pas de question malheureux. NON, ne la pose pas on te dit. Je suis un peu méchant, j’avoue, mais franchement qu’on soit clair c’est aberrant.

Concernant les personnages Cohen n’est pas en soit un mauvais héros, avec son côté fragile, brisé par la mort de sa femme, qui vit avec ses fantômes, il arrive à nous intéresser, limite à se révéler attachant au point qu’on est prêt à lui pardonner sa naïveté et son côté sauveur biblique qui vient libérer son peuple des eaux. Le soucis vient par contre des autres protagonistes qui eux se révèlent plats, fade et ennuyeux. Franchement il n’y a pas un seul autre protagoniste qui a réussi à ce que je m’intéresse à lui. Seul Aggie aurait pu être intéressant, même si très archétypé, sauf qu’il disparait trop vite pour commencer à s’affirmer. On évitera de parler des personnages féminins, tant aucune n’arrive à se révéler plus qu’une caricature ou se révèlent inutiles et ennuyeuses. Seule Mariposa aurait pu apporter quelque-chose, mais elle perd de son charisme au fil des pages et de sa liaison avec le héros pour devenir une simple petite chose fragile qu’il faut protéger.

Concernant le style de l’auteur je dois bien avouer que je l’ai trouvé long, mais long. Là où justement La Route épurait au maximum son texte pour se révéler percutant et prenant dans son intrigue comme dans le travail des personnages, Michael Farris Smith, lui se lance dans de longues logorrhées, limite soporifiques, qui plus est n’arrêtant pas de se répéter dans ce qu’il cherche à faire passer et tombant dans des descriptions lourdes à mon goût. La scène de flashback à Venise m’a aussi paru complètement inutile, l’auteur cherchant, je pense, à faire un parallèle entre deux mondes couverts d’eau mais qui traine et n’apporte rien, et le rebondissement du dernier tiers m’a paru trop gros. Pourtant, et c’est ce qui sauve le récit de la noyade, je dois bien avouer que ce dernier tiers a réussi à me sortir légèrement de ma torpeur, offrant enfin un peu de tension dans son intrigue, une fuite en avant qui se révélait enfin efficace et entrainante malgré ses défauts. Dommage que j’ai du attendre si longtemps. Certains me diront que ce roman est plus philosophique que post-apo dans son approche, sauf que je suis désolé mais même de ce point de vue là l’auteur n’a pas réussi à me toucher.

En Résumé : Je dois bien avouer que je ressors de cette lecture avec un sentiment de déception et d’être passé complètement à côté du livre. Entre l’ambiance qui doit se révéler humide poisseuse et pluvieuse, mais dont l’auteur ne respecte aucune logique, l’intrigue qui repose sur des rebondissements peu efficaces, souvent mal amenés et surtout souvent mal traités, et un style que j’ai trouvé long, très long, trop long où l’auteur se perd dans de longues logorrhées verbales, qui auraient mérité qu’on coupe dedans, et des flashbacks inutiles, j’ai vraiment eu du mal à accrocher à cette histoire. Concernant les personnages, seul Cohen surnage dans la platitude ambiance, offrant un héros brisé intéressant à suivre. Dommage, car certains autres protagonistes, comme Aggie ou Mariposa, avaient du potentiel, mais soit ils disparaissent trop vite, soit ils tombent dans une mauvaise caricature. Il faudra attendre le dernier tiers pour que je commence à m’intéresser au récit, devenant enfin entrainant et un peu plus percutant, dommage que j’ai du attendre si longtemps.

 

Ma Note : 4/10

 

Autres avis : Xapur, Cornwall, Lune, Gruz, Louve, …

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  1. Bam, Blackwolf a parlé !

  2. Tu t’es bien lâché, ça aura au moins servi cette lecture !

  3. Ta chronique est très intéressante, je suis ravie de voir quelqu’un qui n’a pas le même avis que tout l’monde, et qui s’en explique bien comme il faut !

    Je suis d’accord avec toi pour les incohérences concernant le côté apocalyptique.
    Il me parait également évident que le côté dictature d’Aggie était un super point et a été bâclé.

    Après je n’avais pas forcément pensé plus que ça à la condition du bébé mais c’est vrai que ça n’a pas l’air de les inquiéter plus que ça.

    Je trouve l’ambiance du roman réussie, mais en effet l’histoire aurait pu être bien mieux exploitée…!

    • Après c’est toujours pareil, si on ne rentre pas dans le récit alors on relève plus facilement tous les petits points mal négociés. Concernant l’ambiance elle est sympathique, mais on peut mieux faire car elle reste tout de même gentille. Rien que La Route (vu qu’il est cité comme référence) offre une ambiance plus poignante et réaliste.

      En tout cas merci de ton commentaire, ça fait toujours plaisir.

  4. Je n’ai pas lu La Route et j’avais à peine entamé le film, mais ça me donne envie de me pencher dessus. 🙂

    • J’espère qu’il te plaira. Ce qui peut « rebuter » c’est le style assez froid et épuré mais moi j’ai passé un excellent moment avec ce livre.

  5. Je ne manquerai pas de te faire un retour. =)

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