Résumé : In a small religious community rocked by a spree of shocking murders, Detectives Salvi Brentt and Mitch Grenville find themselves surrounded by suspects. The Children of Christ have a tight grip on their people, and the Solme Complex neurally edit violent criminals – Subjugates – into placid servants called Serenes. In a town where purity and sin, temptation and repression live side by side, everyone has a motive. But as the bodies mount up, the frustrated detectives begin to crack under the pressure: their demons are coming to light, and who knows where that blurred line between man and monster truly lies.

Edition : Angry Robot

 

Mon Avis : Je me suis lancé dans la lecture de ce roman un peu sur un coup de tête. C’est bien simple, je ne connaissais rien de l’autrice avant de me lancer dans la lecture de ce livre, alors qu’elle a pourtant déjà plusieurs romans à son actif. J’ai ainsi été d’abord attiré par le résumé proposé qui avait un petit côté SF-Thriller-Cyberpunk que j’apprécie beaucoup. Deux retours m’ont aussi très rapidement convaincu de le commencer, celui du Guardian et celui de Locus qui ne manquaient pas de s’avérer positifs. Concernant l’illustration de couverture, là par contre je dois bien admettre que j’ai du mal à accrocher, même si finalement elle répond à l’intrigue du livre j’avoue qu’elle me laisse assez froid.

Ce roman nous plonge ainsi dans un futur qui parait assez proche, aux alentours de 2045. On se retrouve à suivre les détectives Brentt et Grenville qui vont devoir enquêter sur un meurtre dans une « ville » devenue religieuse. Cette petite ville a en effet décidé de s’émanciper totalement de la technologie qui corrompt les âmes. L’enquête s’annonce difficile pour nos deux héros qui, eux, utilisent pleinement la technologie. Surtout que les suspects ne manquent pas. Entre les fanatiques religieux, ou encore le lien qui lie la ville à Solmé, la prison locale, qui a trouvé par la technologie le moyen d’enlever toute envie de crime à ses pensionnaires au point de pouvoir les mettre à disposition de la secte pour les petits travaux de leurs habitants, il y a du monde. Cela s’annonce compliqué. Alors, je dois bien admettre que finalement, même si j’étais enthousiaste en me lançant dans cette lecture, je ressors finalement plus déçu que conquis.

On est clairement dans le récit page turner, qui ne cherche jamais au fil des pages à densifier son intrigue, son univers et ses thématiques, mais plus à offrir quelque-chose de rapide, nerveux et sans temps morts. C’est d’ailleurs finalement le point fort du récit, il est percutant, plein d’action et de rebondissements, ce qui fait qu’on tourne les pages tout de même assez facilement. Franchement si vous aimez ce genre de récit sans prise de tête, violent et nerveux vous pourriez apprécier. Maintenant, en comparaison, des auteurs comme Richard Morgan offrent aussi ce genre de SF et, je trouve, le fait avec plus d’intensité, de réflexion, de soin et de complexité que ce que propose ici Amanda Bridgeman. Surtout que si on prend l’intrigue, elle manque quand même de surprises, la fin étant facilement devinable dès le premier quart du livre.

Concernant l’univers on est dans une toile de fond futuriste qui se base un peu sur notre société, où la technologie possède une place importante, un peu cyberpunk, avec tout ce que cela peut brasser comme idées et problématiques. D’un autre côté on plonge dans une petite ville très religieuse, limite secte, qui a banni la technologie, la considérant comme la dépravation ultime, une tentation qui vient souiller l’âme des gens. On est dans un univers très visuel qui, je pense, doit fonctionner à merveille à travers un film ou une série, mais qui dans un roman donne parfois l’impression d’une toile de fond un peu creuse. La problématique principale vient que le récit n’offre finalement qu’une vue primaire, ne fait que rester en surface. Il manque quand même grandement de profondeur et de travail.

Ainsi niveau politique on a aucune information, niveau culturel c’est très limité et niveau social c’est extrêmement simpliste et limité. Pareil on veut nous montrer une police qui utilise à fond la technologie, sauf qu’à part une IA qui centralise et fait les recherches il n’y a rien de franchement fascinant. Si, ils ont des badges  lumineux en 3D ; la classe. L’idée principale du roman vient ainsi normalement de sa prison, de la façon dont elle « rééduque » les criminels et la façon dont elle les remet dans le droit chemin, sauf que finalement là aussi rien de neuf sous le soleil, l’aspect technologique n’ajoutant qu’un joli décorum avec des boutons et de la lumière. D’ailleurs autre point fascinant, on est quand même à San Francisco, c’est fou comme les cinq personnages un peu intéressant du livre arrivent à se croiser, régulièrement et par hasard, à chaque coin de rue

Ce qu’on aurait pu attendre de ce roman, ce sont les réflexions qui, obligatoirement, viennent immédiatement à l’esprit. Je pense bien entendu sur le parallèle entre technologie et religion, l’aspect criminel et la notion de justice et de rédemption, de pardon, voir même sur l’évolution de notre société. Alors, je ne vais pas le nier, ces thématiques sont bien soulevées dans ce récit, mais l’ensemble reste beaucoup trop binaire pour franchement m’accrocher personnellement. Ainsi chaque tentative du récit pour soulever une thématique va se révéler simpliste voir manichéenne et tourner vite court, ce qui est quand même dommage. Franchement, entendre que la religion c’est mal elle veut diriger nos vies, la technologie ça peut être bien mais bon ça peut être mal si des vilains s’en servent aussi, la violence mène obligatoirement à la violence, j’i envie de dire Captain Obvious Bonjour. Voilà le genre d’idées que soulève le roman. Oui, si vous ne cherchez pas trop à réfléchir, à vous prendre la tête, cela pourrait fonctionner, moi par contre j’ai besoin d’un peu plus que des évidences balancées avec la finesse d’un tractopelle pour arriver un minimum à me passionner.

Concernant les personnages, je ne vais pas dire qu’ils sont mauvais, en soit il y a une tentative d’offrir un minimum de densité derrière les deux héros principaux. Pour autant on n’arrive jamais à sortir de cet aspect caricatural et surtout les révélations sur chacun d’entre eux sont quand même grandement téléphonés. Entre le flic qui boit car il a vécu un traumatisme ayant perdu sa fiancée assassinée, sa collègue qui cache un lourd secret, ou bien encore le flic soupçonneux qui est là pour faire douter de la cohésion de nos deux partenaires, alors qu’il n’y a absolument rien de concret mais c’est pas grave ça remplit des pages, on est clairement dans les poncifs du genre. Pareil dans les personnages secondaires, le chef de la police sympa mais, pieds et poings liés face aux puissants, les gens de la secte extrémiste qui, limite, font le signe de croix dès qu’ils voient de la technologie, franchement rien de bien folichon. Surtout, ça manque grandement de complexité, même l’évolution de nos deux héros on la voit venir depuis le début. Certes on se laisse quand même un minimum porter par leurs aventures et je pense que ces poncifs auraient pu être atténués devant un univers et des idées plus profondes et soignées. Vu que tout ne reste qu’en surface les personnages, eux aussi au final, ont du mal à convaincre.

J’ai aussi été frustré par un récit qui, quand même, manque de renouvellement dans sa construction. Franchement entre le fait que nos héros ne font qu’attendre, que les meurtres s’accumulent sans qu’il n’y ait un tant soit peu quelque-chose qui soit fait (du genre mettre une surveillance policière dans la ville ce qui me parait un minimum) une impression parfois de tourner en rond et des dialogues qui ont du mal à convaincre paraissant trop en faire et se révélant surjoué assez souvent, ce roman n’a pas réussi à franchement me captiver. La plume de l’autrice est simple et nerveuse, mais voilà, pour ma part, il me faut plus qu’un page turner simpliste, convenu et sans temps morts pour réussir à me convaincre. Dommage, car je pense qu’il y avait le potentiel pour offrir autre chose. Reste une lecture rapide.

En Résumé : Au final je dois bien admettre que je n’ai pas été plus convaincu que cela par ce roman. Certes on a entre les mains un page turner qui ne manque pas de rebondissements, sans temps morts, mais voilà l’ensemble reste trop convenu, trop binaire et surtout manque beaucoup trop d’un minimum de complexité et de soin pour franchement réussir à me passionner. L’univers futuriste, mélange de technologie, de religion pouvait paraitre intéressant et ne manque pas de potentiel, mais l’ensemble s’avère trop creux. L’idée principale du récit venait de l’idée de prison et de réhabilitations de prisonniers, mais rien de franchement novateur et surtout amené de façon trop simpliste, d’autres récits ont fait mieux. Le récit brasse, c’est vrai de nombreuses thématiques et réflexions, pourtant on a toujours l’impression de tomber dans le binaire et dans le tellement évident et simpliste que le message perd clairement de sa force. Concernant les personnages, je ne vais pas le nier il y a une tentative d’offrir des héros un minimum profond, mais ils sont trop caricaturaux, manquent de complexité et s’avèrent trop prévisibles pour convaincre complètement. Ajouter à cela un récit qui donne un peu l’impression par moment de stagner et de tourner en rond et, j’avoue, je ne ressors pas franchement convaincu. Certes ça se lit vite, la plume est simple et entraînante, c’est page turner, mais j’attendais plus pour ma part.

 

Ma Note : 4/10