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Le Premier – Nadia Coste

le premierRésumé : Le Premier
À l’origine, il était humain….
Vaïn n’est pas mort. Pourtant, son frère l’a tué. Est-il ressuscité ? Pourquoi le soleil brûle-t-il sa peau ?
Alors que son désir de vengeance augmente, Vaïn ne tarde pas à imaginer que la Nature l’a sauvé de la mort et rendu différent pour éliminer son frère et sa descendance maudite…
La quête d’un immortel depuis le néolithique jusqu’au début de Rome.

Edition : Scrinéo

 

Mon Avis : J’avoue, concernant ce roman j’ai tout d’abord flashé dessus pour sa couverture, illustrée par Aurélien Police, que je trouve vraiment magnifique dans son côté sombre et qui, je trouve, attire facilement le regard. Après j’ai clairement tergiverser, le premier tome du cycle Fedeylins du même auteur ne m’ayant pas laissé un souvenir impérissable, j’avais du mal à me décider et j’ai  beaucoup tourner autour. J’ai finalement craqué après une discussion avec l’auteur, lors des Imaginales 2015, qui m’a confirmé que ce récit était complètement différent de son cycle.

Urr est quelqu’un a qui tout réussi, il va bientôt passer la dernière épreuve qui va faire de lui un homme et lui permettre d’épouser la belle Milana. Vain, son frère, au contraire et un personnage frêle, maladroit qui est encore considéré comme un enfant par la communauté, rabroué régulièrement, au point qu’il en devient jaloux. Il décide donc de suivre discrètement Urr, rien ne va alors se passer comme prévu et Vain va mourir et revenir à la vie complètement changé. Sauf que son frère aussi a changé. J’avoue ce qui me tentait dans ce livre, c’était l’idée même de poser le mythe du vampire à travers cette idée du tout premier. Celui qui s’est réveillé suite à la malchance (ou chance) avec toutes ses nouvelles capacités, mais aussi ses nouvelles contraintes et ses nouvelles faiblesses qu’il va devoir découvrir et apprivoiser. J’avais aussi l’envie de voir comment allait se construire toute la mythologie sur lui. Je ne reviendrai pas sur l’histoire du vampire, qui repose sur plusieurs hypothèses allant de coutumes parfois un peu farfelus à des références cachées dans la bible, mais j’avais hâte de savoir comment l’auteur allait poser les bases. Je vous parle de tout ça pour une raison, je me suis senti frustré de ne rien avoir de tout ça, ce qui a pu jouer sur le fait que je ne suis jamais vraiment rentré dans ce roman.

Alors oui, clairement, ce livre est complètement différent de Fedeylins, se révélant plus vif, accrocheur, proposant ainsi de nombreux rebondissements et son lot d’action qui peuvent faire qu’on se retrouve à tourner les pages rapidement histoire de savoir comment notre héros va aboutir dans sa quête. Sauf que voilà, selon moi, l’un des principaux défaut du livre vient du fait que l’auteur cherche à, premièrement, trop en faire, et ensuite à surtout donner l’impression de ne rester qu’en surface de ce qu’elle modèle au fil des pages. Rien que pour le mythe du vampire et celui du loup-garou, l’ensemble ne tien qu’en quelques lignes à peine, présentés vite fait histoire de poser les bases nécessaires, mais sans plus de réflexions ni d’envie de travailler l’ensemble, alors que j’aurai tant voulu un travail un peu plus dense sur l’origine. Ce qui fait qu’au bout de quelques pages on se retrouve finalement dans une quête classique qui commence par un calquage du mythe Abel et Caïn, pour terminer dans une quête beaucoup plus vaste entre vampires et loup-garous.

Franchement, si vous prenez ce livre comme un simple page-turner avec son lot d’adrénaline, vous devriez plus accrocher. Sauf que même là, quelques points m’ont dérangé. Je veux dire, par exemple, le héros immortel depuis 1500 ans sans jamais créer de disciple, rencontre un inconnu, un peu louche, qui lui demande de le transformer et il accepte direct, comme ça, sans prendre le temps de le connaître ou autre. Ok il est solitaire et pense qu’un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal, mais quand même tu ne choisis pas le premier « pecnot » venu. Alors bien sûr l’apprenti immortel étant aussi réfléchi que le premier, cela va être le bordel après et permet ainsi d’offrir une réflexion sur notre héros, mais c’est, je trouve, mal amené et pas obligatoirement cohérent. Ou bien encore notre héros qui tombe dans les pommes car poignardé, mais va planter une épée dans le cœur d’un immortel qui ne va même pas bronché. Ou aussi notre héros qui ne sait pas se battre, mais qui élimine un peu facilement un garde expérimenté. Alors c’est vrai ce ne sont que des petits points, mais je pense que le fait que je ne sois pas vraiment rentré dans l’histoire a fait que je les ai repérés facilement.

Concernant l’univers je dois bien admettre que je vais avoir du mal à en parler, que ce soit comme je l’ai dit les mythes du vampire et du loup-garou qui ne sont qu’à peine esquissés, ou bien encore toute l’image de fond, que ce soit dans la période néolithique ou dans la période romaine, qui finalement paraissent un peu creux, j’ai plus eu l’impression que l’auteur ne cherchait clairement qu’à écrire une histoire rapide et entraînante. Et non, le passage de la rebouteuse dans les bois ne remplit pas ce rôle. C’est dommage, car on n’a jamais vraiment l’impression de se sentir transporté dans ces différentes époques, un peu comme si elle avait peur de se lancer dans un travail historique et qu’elle le développe juste assez pour offrir le minimum de background pour ne pas se perdre ni perdre le lecteur, sauf que l’ensemble parait tellement interchangeable avec n’importe quelle autre époque que j’ai trouvé cela frustrant. Il y avait un tel potentiel. Concernant les personnages, le protagoniste principal a un côté un peu antihéros qui aurait pu être tellement intéressant, que ce soit dans la quête morale qu’il se fixe, comme dans sa construction psychologique ou encore dans la vision de son don qu’il ne considère pas vraiment comme « maléfique », mais plus comme une nécessité. Sauf que, encore là, l’auteur ne creuse pas vraiment le sujet, restant en surface de toutes les possibilités ce qui a fait, je trouve, que le héros m’a simplement paru un grand adolescent boudeur qui ne sait pas ce qu’il veut et change d’avis a tout bout de champ et dont on a du mal à accrocher. C’est dommage. Les personnages secondaires ne relèvent pas vraiment le niveau ne servant ici finalement qu’à faire avancer l’intrigue plus que de développer une certaine empathie.

Alors après ma chronique pourrait donner l’impression que ce livre est mauvais, alors qu’il possède tout de même des points intéressants. Je ne suis juste pas le bon public cible. On sent bien que l’auteur possède un véritable sens du rythme, offrant de nombreux rebondissements et retournements de situation font que l’ensemble se révèle un minimum nerveux. L’ensemble est aussi porté par une plume qui se révèle fluide, percutante et visuelle, tout en mettant en place une ambiance sombre et sanglante qui colle parfaitement avec l’histoire. La troisième partie du récit a aussi réussi à plus me happer dans cette quête finale entre notre héros et une louve, avec plus de réflexions et d’intensité, même si l’ensemble reste encore simpliste et aurait, je pense, mérité un récit à lui tout seul. Je suis simplement passé à côté car j’attendais quelque chose d’un peu plus dense, là où le récit cherchait simplement l’action et la surprise, mettant en avant énormément d’idées sans chercher à les travailler en profondeur.

En Résumé : Je n’ai finalement pas complètement accroché à ma lecture de ce roman. Le principe de base se révélait pourtant accrocheur, mais j’avoue que mes attentes étaient complètement différentes de ce qu’a, au final, proposé l’auteur. J’espérais vraiment un travail de fond un minimum dense concernant tout ce qui tourne sur le mythe du vampire et cette idée de premier qui doit en apprendre les codes, mais finalement l’auteur m’a paru rester un peu trop en surface pour offrir plus une histoire page-turner énergique, avec son lot d’action et de rebondissements. L’univers mis en place ne m’a pas non plus plus accroché, se révélant finalement interchangeable, comme si l’auteur avait eu peur de se lancer dans un univers plus complexe de peur de l’aspect historique, ce que j’ai trouvé dommage. Concernant les personnages, le héros principal possède du potentiel dans son rôle d’antihéros, que ce soit dans ses quêtes, dans sa vision de ses pouvoirs ou dans sa psychologie, mais là encore j’ai trouvé l’ensemble trop peu travaillé ce qui fait qu’il m’a plus donné l’impression d’un adolescent indécis et orgueilleux loin d’être attachant. Les personnages secondaires ont du mal à relever le niveau, ne servant finalement qu’à faire avancer l’intrigue. Alors après, tout n’est pas mauvais, l’ensemble se révèle tendu et la troisième partie m’a plus accroché dans sa quête intéressante malgré un côté un peu simpliste. La plume de l’auteur se révèle aussi fluide, percutant et très visuelle, mais voilà je pense que je ne suis pas du tout le public pour ce roman.

 

Ma Note : 4,5/10

 

Autres avis : AcrO, Ours inculte, Amarüel, Phooka, …

Dominion of the Fallen Book 1, The House of Shattered Wings – Aliette de Bodard

the house of shattered wingsRésumé : Paris in the aftermath of the Great Magicians War. Its streets are lined with haunted ruins, Notre-Dame is a burnt-out shell, and the Seine runs black, thick with ashes and rubble. Yet life continues among the wreckage. The citizens retain their irrepressible appetite for novelty and distraction, and The Great Houses still vie for dominion over France’s once grand capital.
House Silverspires, previously the leader of those power games, now lies in disarray. Its magic is ailing; its founder, Morningstar, has been missing for decades; and now something
from the shadows stalks its people inside their very own walls.
Within the House, three very different people must come together: a naive but powerful Fallen, an alchemist with a self-destructive addiction, and a resentful young man wielding spells from the Far East. They may be Silverspires’ salvation; or the architects of its last, irreversible fall . . .

Edition : Gollancz

 

Mon Avis : De l’auteur, j’ai déjà lu quelques écrits, principalement son premier tome des Chroniques Aztèques, ou encore quelques-unes de ses nouvelles publiées dans différents magazines et anthologies, qui ont toujours réussis à me happer et à me donner envie d’en découvrir plus. N’ayant peu de chance de voir la suite des Chroniques Aztèques en VF, Eclipse ayant changé leur ligne éditoriale, et vu que je voulais vraiment découvrir ce cycle j’ai donc décidé de me lancer en VO. On notera aussi l’illustration de couverture que je trouve vraiment réussie.

Bien, mais alors que nous propose ce roman? On suit ici le destin et les aventures de trois personnages différents, Philippe, Madeleine et Isabelle, dans un Paris uchronique post-apocalyptique, plusieurs années après la grande guerre qui a vu s’entredéchirer des anges « déchus ». Des décès inexpliqués vont alors apparaitre et un nouveau jeu de pouvoir va alors se mettre en place dans les différentes Maisons qui gèrent la ville. On est ainsi plus plonger dans ce que je pourrai considérer comme de la Fantasy Urbaine, si on me demandait de cataloguer ce livre, avec une forte dose d’enquête sur des assassinats inexpliqués qui a vraiment réussi à me fasciner du début à la fin. Surtout que l’auteur arrive à construire le tout de façon concise et percutante, on n’est clairement pas dans un jeu de machination étendus à la Game of Thrones et pourtant malgré cette, on va dire, « simplicité » l’auteur arrive à y intégrer toute un aspect de complexité et de fascination à ce jeu politique qui se développe en fond tout en restant cohérent et compréhensible.

L’auteur joue clairement sur le mystère, obligeant, d’une certaine façon, chaque lecteur à essayer de reconstruire lui-même le puzzle qui se dessine, pour ainsi nous dévoiler une machination beaucoup plus complexe que l’on croit. Alors certes, elle ne révolutionne pas le thème de l’enquête, mais cela ne l’empêche pas de se révèle plus que solide et captivante. J’ai vraiment été happé par ce jeu de faux-semblants entre les différents protagonistes, les différentes maisons qui se battent pour le pouvoir. Un mélange réussi de sous-intrigues qui viennent ainsi tracer au gré du récit une intrigue plus dense et accrocheuse. Surtout que l’ensemble, sans tomber dans une allure frénétique où se perdre dans des longueurs comme cela peut arriver, trouve son rythme à la fois dynamique, dense et envoutant, prenant son temps pour dévoiler ses révélations et poser son récit, tout en n’oubliant d’offrir des scènes d’action vive et percutantes.

Là où par contre le récit gagne pour moi en intérêt, c’est à travers l’univers qui est construit. Cette idée de nous offrir un monde où les anges, chassés du ciel, tombent sur terre est clairement intéressante. Les plus anciens ont ainsi formé des grandes maisons, se battant pour le pouvoir, tout en tentant de récupérer les plus jeunes anges pour les intégrer. Car oui, un Ange déchu n’est pas immortel, même s’il possède une très longue vie. Sauf que voilà ces êtres ont complètement bouleversé le monde que ce soit à travers leurs guerres, mais aussi à travers les dépendances qu’ils créent car il est aussi possible aux Hommes de leur voler leur magie mais en se tuant à petit feu, ou bien encore dans l’air vicié de la ville. Il est difficile de vraiment parler de cet univers tant il se révèle dense, soigné, captivant, et travaillé. On sent ainsi clairement au fil des pages l’imagination de l’auteur qui vient ainsi mélanger plusieurs mythologies de façon efficace et cohérente, car oui les anges ne sont pas les seuls « mythes » sur Terre, mais je n’en dis pas trop pour éviter de trop spoiler. Autre point intéressant c’est l’utilisation de la ville de Paris comme théâtre du récit, pas parce-que je suis français et que je me sentirai chauvin, mais parce-que j’ai trouvé qu’il collait ainsi parfaitement à l’intrigue. Que ce soit dans son ambiance à la fois lumineuse et sombre tout en se révélant gothique, mais aussi dans le système des maisons ou encore dans toute la « géographie » qui permet à l’auteur de poser son récit. Paris devient ainsi, d’une certaine façon, un personnage entier du roman. Mon seul regret et que devant la densité de l’univers construit par l’auteur, je me suis senti un peu frustré tant je voulais encore en apprendre plus, mais je ne doute pas que la suite comble mon attente.

Concernant les personnages il s’agit là aussi d’un autre des points forts du récit tant l’auteur nous propose des personnages soignés, complexes et qui s’avèrent très intéressants à suivre. Elle construit ainsi des personnages vraiment humains que ce soit à travers leurs envies, leurs colères, leurs besoins, leurs haines ce qui fait que leurs réactions et leurs actions sont ainsi parfaitement compréhensibles. Que ce soit Philippe, personnage mystérieux qui déteste profondément les maisons mais qui va se retrouver lié à la plus puissante, les Silverspires, un peu contre son gré, Isabelle jeune ange déchue qui se retrouve complètement perdue liée de façon forte à Philippe pour des raisons que je vous laisse découvrir ou bien encore Madeleine, humaine et alchimiste de la maison Silverspire complète accro à la magie d’ange au point de savoir qu’il ne lui reste plus grand-chose à vivre, chacun d’entre eux nous offre ainsi un point de vue complètement différent et nous fait découvrir cet univers. Les personnages qui gravitent autour ne sont pas non plus en reste s’avérant tous attrayants, énigmatiques et entraînants. Surtout, la grande force et ainsi de ne pas vraiment avoir de héros dans le sens premier du terme, chaque personnage à ses forces et ses faiblesses et personne ne cherche à sauver le monde ou a se lancer dans une quête héroïque, chacun cherchant juste à évoluer et avancer face aux évènements qui apparaissent. Alors après, on pourrait peut-être se sentir légèrement frustré d’un léger manque d’empathie avec le lecteur des protagonistes, voir même parfois une impression qu’ils ont un peu de mal à s’imposer dans le cadre, mais franchement rien de vraiment marquant ou dérangeant tant ils se révèlent passionnants à découvrir.

Alors après on pourrait constater un léger soucis de « lenteur » en approchant de la fin du récit, mais là aussi ce n’est en rien dérangeant tant finalement je me suis retrouvé emporté par l’intrigue. Le tout est aussi porté par une plume agréable, soignée, efficace et vivante qui nous plonge ainsi facilement dans ce livre. À noter que l’intrigue principale de ce tome trouve sa conclusion et peut, je dirai, être lu de façon indépendante, même si de nombreux points des intrigues secondaires restent ouvert. En tout cas je lirai la suite avec grand plaisir.

Ce roman sortira en VF courant 2017 chez Fleuve Noir dans son édition Outre Fleuve traduit par Emmanuel Chastellière.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman qui nous offre une Fantasy Urbaine avec une intrigue de jeux de pouvoirs efficace, entraînante et complexe sans non plus se perdre dans trop d’intrigues. On plonge ainsi avec envie dans un jeu de faux-semblants qui dévoile la vérité lentement pour mieux nous happer. L’univers est le gros point fort du récit nous emmenant dans un Paris uchronique contrôlé par des anges déchus sur terres qui se battent pour le pouvoir. Un univers dense, travaillé, passionnant dont on aurait aimé en apprendre encore plus. Les personnages ne sont pas non plus en reste, se révélant humains, captivants et surtout complexes, chacun d’entre eux ayant ses forces, ses faiblesses, qui fait qu’on comprend leurs réactions et leurs actions. On est loin du héros au sens premier du terme, mais plus dans des personnages qui doivent avancer, évoluer, face aux évènements. On pourrait regretter un léger manque d’empathie et de force par moment, mais rien de vraiment gênant. On pourrait aussi ressentir une légère « lenteur » vers la fin, mais rien de marquant tant j’ai été emporté, le tout avec une plume agréable, soignée et vivante. Je lirai la suite sans soucis et avec grand plaisir.

 

Ma Note : 8,5/10

Les Sentiers des Astres Tome 2, Shakti – Stefan Platteau

le sentier des astres 2 shaktiRésumé : Sept hommes, une femme et une enfant.
Ce sont les derniers compagnons qu’il reste au barde Fintan Calathynn pour mener à bien la quête du Roi-diseur, à travers une forêt boréale plus menaçante que jamais. Neuf survivants aux abois, retranchés dans la grotte des Teules, encerclés par l’ennemi. À l’heure où la gabarre livre ses derniers secrets, et où les arbres tremblent de la colère des géants, les fugitifs devront jouer cartes sur table et révéler les ombres issues de leur passé. À commencer par l’énigmatique Shakti…

Edition : Les Moutons Electriques

 

Mon Avis : Ah, ce livre je l’attendais avec impatience. Il faut dire que le premier tome de ce cycle, Manesh, m’avait offert un excellent moment de lecture offrant un récit dense, magnifique et foisonnant, avec des personnages captivants (ma chronique ici). Ensuite l’auteur a publié, toujours dans le même univers, une sympathique et agréable mise en bouche avec Le Dévoreur (ma chronique ), histoire de patienter, mais j’avais clairement hâte de voir ce que l’auteur allait nous proposer avec ce second tome. A noter de nouveau une très belle couverture, illustrée par Melchior Ascaride, ainsi que, comme toujours avec l’éditeur, un très bel objet.

On avait ainsi laissé nos héros en bien fâcheuse posture à la fin du tome précédent, encerclé et poursuivi par l’ennemi, les enfants de l’hermine et leurs géants, ils avaient dû quitter le fleuve pour se cacher dans une grotte de la forêt du Vyanthryr. Ils vont alors devoir trouver un plan pour s’enfuir. Je dois bien avouer qu’on replonge finalement facilement dans le récit, surtout que la première partie va se révéler furieusement entraînante. En effet, on va se retrouver véritablement happé par cette course poursuite entre nos héros et leurs ennemis, cette traque sanglante qui va offrir son lot d’action et de bataille épiques. Un démarrage énergique qui nous plonge aussi dans cette forêt mystérieuse et vient rapidement répondre au cliffangher de la fin du tome précédent concernant Manesh. Le danger est présent, la tension monte au fil des pages pour ainsi offrir une première partie percutante et vivante, avec pour point d’orgue le barde Fintan qui va se dévoiler pour aider les siens d’une façon vraiment surprenante et envoûtante. La seconde partie va se révéler plus calme, plus lente mais tout aussi prenante, reprenant la construction du tome précédent avec un personnage qui va conter sa vie, et son histoire : Shakti la courtisane.

On se retrouve ainsi de nouveau plongé dans ce qui apparaît comme un conte dans le conte, qui va ainsi offrir un dépaysement complet au lecteur. On se retrouve à quitter la forêt du Vyanthryr pour la forêt de l’enfance de Shakti, tout aussi luxuriante et mystérieuse, mais totalement différente dans sa beauté et dans sa représentation. On plonge dans un pays ou la forêt possède ses lois et ses traditions, ses guerres souterraines et mystiques et dont la courtisane en est une chamane. Elle en connaît ainsi les clés, les paroles de passage, d’hommages et d’apaisement. Ici, contrairement à Manesh ou notre héros était à la recherche de son identité et de la vérité sur son côté féérique, le récit de Shakti va tourner plus sur son enfance, la difficulté de l’adolescence, la faute, le rejet face aux traditions qui ont détruit sa famille, mais aussi face à l’amour aveugle. Un récit tout en nuance, où l’héroïne va devoir faire face à ses peurs, ses failles, ses forces et le tout conté par le regard adulte qu’est maintenant la Courtisane, avec ce ton de désillusion. Le passage ainsi d’une adolescente vers l’âge adulte qui ne se fera pas sans sacrifices, sans souffrances ni sans difficultés. L’auteur nous offre aussi quelques réflexions intéressantes sur le fond que ce soit sur la position de la femme, le respect des traditions anciennes ou encore de la famille.

L’univers que développe l’auteur autour de son récit se révèle toujours aussi fascinant et prenant. Il possède toujours cette beauté sauvage qui rend ce monde attirant, tout en conservant cette part sombre, angoissante, cette part mystérieuse, ce qui lui offre quelque chose de magique. On quitte par contre le fleuve pour en découvrir plus sur la forêt qui en devient alors la toile de fond du récit. Que ce soit Vyanthryr ou la forêt de la courtisane, chacune va ainsi se révéler plus qu’une simple forêt, que ce soit à travers la magie, êtres mystiques ou encore par son aspect, on va dire, « surnaturel », féérique. Chacune d’entre elle va ainsi s’imposer dans la lecture. On traverse ainsi des lieux à la fois luxuriants, mais qui cachent une zone d’ombre, une zone d’angoisse. L’auteur continue aussi au fil du récit à travailler sa mythologie que ce soit, dans un premier temps concernant les anciens, les solaires et tout ce qui tourne autour de notre héros, puis ensuite à travers le peuple de Teules qui va se révéler un peuple fascinant, original dont je ne dévoilerai rien pour éviter de spoiler et qui m’a offert de très belles surprises et ouvre pas mal de questionnements, et enfin dans cette nouvelle mythologie liée à la courtisane qui devrait prendre de l’ampleur dans le prochain tome et se rattacher, je pense, à l’intrigue principal. De nouveau on sent tout le soin qu’apporte l’auteur à travailler sur cet univers, où le moindre détail va se révéler avoir son importance et offrant ainsi quelque chose de dense, de complexe et d’envoutant qui donne envie d’y plonger à nouveau et d’en découvrir encore plus.

Le travail sur les personnages n’est pas non plus en reste, outre la courtisane dont j’ai déjà pas mal parler et qui captive, on retrouve avec plaisir les autres protagonistes qui continuent à se densifier au fil des pages. Certains sortent ainsi du lot, comme Fintan la barde qui va nous révéler pas mal de surprises, mais aussi d’autres héros comme Brun dont on va nous dévoiler une partie de son passé des plus divertissant, offrant une légère dose d’humour au milieu du récit épique. Dans tous les cas on découvre des personnages humains, denses, complexes et touchants, avec leurs envies, leurs quêtes, entre trahisons, solidarité, mensonges et passions ils vont facilement nous happer dans leurs aventures, leurs quêtes de survie. On est aussi loin des grands héros aux grandes destinées, plus des hommes lancés dans une mission dont ils n’imaginaient pas les tenants et les aboutissants, ce qui, je trouve, les rends encore plus attachants. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, comme principalement les Teules qui nous offrent une vision de société complètement différente.

Alors après je dois bien avouer un point m’a tout de même légèrement frustré, le fait de me sentir dans ce que j’appellerai un tome de transition, avec simplement une introduction à la vie de Shakti. J’avoue, je ne m’étais pas renseigné ni vraiment suivi la communication sur le cycle, je n’ai pas non plus tilté en remarquant que ce second tome faisait une centaine de page de moins que le premier, mais une fois la dernière page tournée et quelques recherches effectuées j’ai appris que la trilogie était devenue tétralogie. Ce second tome est ainsi coupé en deux ce qui crée ainsi, je trouve, un léger décalage au niveau du récit de vie de la courtisane qui parait légèrement séparé de l’intrigue principal. Attention, cela n’enlève en rien les qualités du récit, mais me laisse un sentiment de trop peu devant le cliffangher dévoilé et l’esquisse de vie de la courtisane qui va devoir plonger dans des villes qui vont, selon moi, la transformer. Dans tous les cas ce second tome se révèle réussi, toujours porté par une plume aussi soignée, dense, poétique et captivante, qui plonge facilement le lecteur dans cette histoire pleine d’aventures et de surprises. Je lirai la suite avec plaisir.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec le second tome de ce cycle qui offre une première partie captivante, suite direct de la fin du premier tome avec cette traque. Une course poursuite entraînante, prenante, pleine de tension qui happe rapidement le lecteur pour connaître un point d’orgue vraiment surprenant et envoutant avec le barde Fintan. La seconde partie va se révéler plus calme avec Shakti qui va conter sa vie, se révélant tout aussi fascinante, nous dévoilant de nouvelles contrées dépaysantes et nous montre une héroïne adolescente qui va découvrir que tout n’es pas blanc ou noir et va difficilement entrer dans l’âge adulte. L’auteur n’hésite pas non plus a offrir quelques réflexions sur l’amour, la famille ou encore la position de la femme. L’univers construit se révèle toujours aussi fascinant et magique, avec cette fois comme image de fond la forêt qui va se révéler bien plus qu’un décor à la fois accueillante et sombre. Les personnages, outre la courtisane, se révèlent toujours aussi soignés, complexes et attachants, offrant au fil des pages des héros humains, face à leurs envies et leurs doutes. Mon seul regret et que finalement le découpage de la trilogie en tétralogie fait que ce tome m’a paru un peu de transition, n’offrant finalement que l’introduction de la vie de la courtisane. Cela n’enlève rien à la qualité du texte, mais m’a paru légèrement frustré. L’ensemble est toujours porté par une plume travaillée, dense, poétique et captivante et je lirai la suite sans soucis et avec grand plaisir.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : joyeux drille, …

Le Sang des Princes Tome 1, L’Appel des Illustres – Romain Delplancq

le sang des princes t1 l'appel des illustresRésumé : Le destin des ducs Spadelpietra est assuré. Inexorable. Une ascension déterminée vers le pouvoir, vers la couronne, vers la place qui leur revient de droit à l’avant-garde du monde. Ils sont les pacificateurs, les bâtisseurs, les gouverneurs de Slasie. Ils sont les Illustres.
Mais les nomades Austrois y font à peine attention. Leur monde n’est fait que de théâtre, de musique, d’art et d’inventions dont ils gardent jalousement les secrets. Leur vie est une routine maîtrisée, à l’image de leurs automates.
Et pourtant, un tout petit hasard vient gripper la mécanique de l’histoire. Trois fois rien. Une toile découverte par les Spadelpietra qui catapulte son peintre, le jeune Mical, dans une longue fuite… Et pousse le pays, son peuple, ses nobles et ses artistes dans les premiers vents de la plus grande tourmente de leur histoire.

Edition : L’Homme Sans Nom

 

Mon Avis : J’ai découvert ce livre lors d’une soirée consacrée à des éditeurs indépendants où l’auteur était présent pour en faire la promotion. J’avoue que le résumé, ainsi que la façon dont il m’a été vendu, ont fait que j’ai assez facilement craqué, proposant un univers qui s’éloignait un peu de la Fantasy, on va dire, « classique » et du médiéval. Ajoutez à cela une couverture, réalisée par Emile Denis, qui est forte sympathique et il a donc rapidement terminé sa course dans ma PAL.

On suit ici les aventures de Mical, jeune peintre prodige, qui va se retrouver traquer pour des raison obscures par une famille noble. Il va devoir fuir son foyer et va se retrouver à croiser la route des Austrois, peuple de nomade, d’ingénieur et d’artiste. Je dois bien avouer que cette lecture m’a agréablement surpris, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais j’ai trouvé que l’auteur a réussi à construire une intrigue  intéressante et captivante. L’auteur joue clairement sur les mystères de son histoire de façon efficace, s’amusant aussi avec le lecteur qui va se poser de nombreuses questions sur l’importance de Mical et son rôle dans le jeu de pouvoir qui se déroule en arrière plan. On se retrouve ainsi à tourner les pages avec l’envie d’en découvrir et d’en apprendre plus. Surtout que l’auteur maîtrise plutôt bien son récit, offrant ainsi surprises, rebondissements et révélations, ce qui fait qu’on ne se sent jamais frustré de ne pas tout comprendre et maintient ainsi tout l’intérêt du récit. Le rythme se révèle plutôt efficace et entraînant, sans non plus tomber dans le tout action, alternant de façon solide des passages nerveux avec des passages plus calmes de repos et de révélations, le tout avec quelques bonnes idées très intéressantes. Alors après, c’est vrai, certains passages paraissent tirer tout de même un peu en longueur, comme si l’auteur voulait garder la révélation de son cliffangher final, au demeurant percutant et surprenant, le plus tard possible. Cela offre parfois des intrigues secondaires moins intéressantes, un peu convenues, même si rien de non plus trop bloquant ou dérangeant tant le fil rouge me donne envie de lire la suite.

Le gros point fort du livre vient, selon moi, de l’univers que construit l’auteur tout du long. Prenant racine dans un monde fictif très typé renaissance, il se révèle solide et très attrayant. On sent que l’auteur l’a travaillé longtemps pour offrir quelque chose de dense et de soigné. Le plus grand intérêt pour moi vient du peuple Austrois, à la fois ingénieur et artiste, qui est connu aussi bien dans sa capacité à divertir les gens, que dans la qualité des travaux, voir des idées et des constructions qu’ils peuvent réaliser. Un peuple à la fois fascinant et complexe, basé sur le mode de vie plus nomade et reposant sur des familles avec tout ce que cela peut entrainer de conflits et de questionnement. Ils donnent clairement envie d’en apprendre plus sur eux. L’aspect politique n’est pas non plus en reste et, à défaut de se révéler original, ne manque pas de s’avérer plus que solide et entrainant, comme par exemple cette royauté en perte de vitesse suite aux dernières guerres, des familles nobles aimées de tous mais qui cachent de terribles secrets ou encore à travers pas mal de zone encore floues comme certaines batailles, le mystère sur l’appel ou encore ce qui caractérise Mical et attisent notre curiosité pour la suite. L’auteur construit son univers de façon envoutante, offrant des descriptions efficaces et colorées, dévoilant et plongeant le lecteur dans un monde fascinant, même si parfois, j’avoue, il en fait peut-être un peu trop dans les métaphores à rallonge. Rien de non plus dérangeant. Par contre, ce qui est légèrement dommage c’est qu’autant le peuple Austrois et la famille Spadelpietra se dégage fortement, autant certains peuples et certains aspects paraissent à peine esquissés, rien de bien frustrant, mais dont j’espère en apprendre plus par la suite tant il y a du potentiel.

Les personnages ne manquent pas non plus d’attraits, chacun d’entre eux va se révéler travailler, construit, dense et va, au fil des pages, se révéler intéressant et attachant. Surtout on ne tombe jamais dans le manichéisme, avec les méchants d’un côté et les gentils de l’autre, ce qui fait que, même si deux visions différentes se détachent, il est difficile de ne pas non plus comprendre la vision adverse. Alors après il est encore un peu tôt pour pouvoir juger tous les personnages, la révélation finale venant rebattre les cartes présenté et relancer l’intrigue de façon clairement percutante. En tout cas chacun d’entre eux sort son épingle du jeu à un moment ou à un autre et, même si parfois ils se révèlent légèrement caricaturaux, ils ne manquent pas de force et d’intérêt. Une mention spécial à Mical qui nous offre un héros principal proche de nous, humain, dont son talent principal est la peinture.

La plume de l’auteur s’avère soignée, efficace, entrainante, même si on sent le premier roman, cherchant par moment à trop en faire, à vouloir offrir la phrase trop belle au détriment de la fluidité, même si ce n’est en rien dérangeant tant  elle arrive tout de même à se détacher et à happer le lecteur. Alors après, il s’agit clairement d’un roman d’introduction, posant les bases de l’univers ainsi que les nombreux mystères qui tournent autour de Mical, sans répondre aux questions. C’est le but, ça marche plutôt bien et me donne justement envie de lire la suite, tant il a réussi à aiguiser ma curiosité, mais cela pourrait peut-être en bloquer certains. A chacun de voir.

Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce premier tome qui vient offrir une intrigue efficace jouant de façon percutante sur les mystères et les non-dits. L’auteur maîtrise clairement son sujet, offrant rebondissement et surprises pour ne pas perdre le lecteur, même si parfois il traine un peu en longueur histoire de retarder au maximum son cliffangher. L’univers est l’un des gros points forts du roman, se révélant soigné, travaillé et efficace, proposant un monde fictif typé renaissance où les Artois, un peuple d’artiste et d’ingénieur, ont la part belle au milieu de jeux de pouvoirs, même si certains aspects auraient, selon moi, mérité plus de développement. Les personnages se révèlent humains, complexes, entrainants et on s’attache finalement assez rapidement à eux, même si parfois certains tombent un peu dans une légère caricature. La plume de l’auteur est soignée, envoûtante, même si quelques fois on sent le premier roman et l’envie de trop en faire. Ce qui peut, par contre, se révéler un peu frustrant c’est que ce tome fait un peu trop tome d’introduction, n’offrant que des questions et peu de réponse, mais de mon côté cela m’a donné envie de lire la suite surtout au vu de la conclusion surprenante.

 

Ma Note : 7,5/10

Ptah Hotep – Charles Duits

ptah hotepRésumé : Ptah Hotep, prince de Hagaptah, partage sa jeunesse dorée entre l’étude, la recherche spirituelle et la compagnie de la fastueuse courtisane Aset. Mais un coup d’État va contraindre l’adolescent à un apprentissage d’un tout autre ordre : celui de la misère et de l’exil. Dans un décor évoquant à la fois Les Mille et Une Nuits, l’Inde et la Chine médiévales, l’Égypte, la Rome et la Grèce antiques, d’aventures en histoires d’amour, il revêtira l’armure de Soliman pour libérer le monde de la tyrannie.

Edition : Denoël Lunes d’Encre

 

Mon Avis : Bon, je dois bien avouer, ce qui m’a en premier lieu attiré avec ce roman c’est sa couverture, illustrée par Sébastien Hayez, que je trouve vraiment superbe. Ajouter à cela un résumé, certes qui parait assez classique, mais un minimum intriguant, voilà pourquoi ce livre a donc terminé sa course dans ma PAL. Bon comme souvent il a un peu traîné dans ma bibliothèque avant que je décide de l’en sortir et de me lancer dans sa lecture histoire de me faire mon avis.

Ce roman nous propose donc de suivre la jeunesse de Ptah Hotep, à travers ses chroniques qu’il écrit à son Divin Frère l’Empereur et où il va raconter comment il a été manipulé, jeté de son trône par son ministre le plus fidèle et va alors se lancer dans une quête pour tenter de récupérer son dû. Sauf que voilà, sa quête va l’emmener beaucoup plus loin que prévu. Alors je vais être clair dès le départ, Ptah Hotep est clairement un roman différent de ce qui se fait généralement en Fantasy, cela se ressent assez rapidement, et je dois bien avouer qu’il va m’être compliqué d’essayer d’en faire passer mon ressenti tant, ici plus que sur mes autres chroniques, il va se révéler personnel. En effet il s’agit d’un roman qui peut tout aussi bien fasciner, que rebuter le lecteur, tant il ne repose pas sur l’histoire ou la construction du roman, mais sur tout ce qui est autour.

Le principal attrait du roman vient, selon moi, principalement de la construction de l’univers autour, travaillant son esthétique pour offrir au lecteur à la fois quelque chose d’unique,  qui repose sur des bases connues, tout en se révélant à la fois onirique et magique. L’auteur reprend ainsi plusieurs cultures allant de l’Egypte à la Grèce, en passant par Rome et avec même une pointe asiatique, pour imbriquer le tout et offrir un croisement complexe et cohérent. On se retrouve ainsi avec un mélange foisonnant, denses de mythologie, de sociétés et de visions du monde qui se révèlent d’une certaine façon fascinantes. Sauf que voilà, l’un des points qui pourrait facilement bloquer le lecteur vient du fait que l’auteur se révèle exubérant et en fait parfois trop. Que ce soit dans ses descriptions longues ou dans ses présentations j’ai vraiment eu l’impression parfois de plonger dans des phrases sans fin, poussées à leurs paroxysmes de détails et de métaphores, cherchant la poésie au moindre recoin et à envouter le lecteur au risque de le perdre. J’avoue que de mon point de vue cette surenchère, dans un premier temps, au lieu de la trouver lourde et pompeuse a plutôt eue l’effet inverse, me transportant dans ce monde imaginaire, lui offrant ainsi une beauté supplémentaire, le rendant palpable et envoûtant. D’une certaine façon ce qu’on pourrait considérer comme des imperfections, le rend ainsi vivant. Sauf que vous allez voir par la suite qu’il y a aussi le revers de la médaille. L’auteur nous dépeint ainsi un monde « imaginaire », rêvé, qui se révèle assez saisissant et magnétique.

Le style de l’auteur joue aussi beaucoup à cette impression, se révélant assez soigné, dense et « archaïque » on va dire dans sa construction. Clairement, vu qu’il s’agit d’un lettre écrit par le héros, on sent que l’auteur cherche à coller à une époque révolue, accentuant les titres pompeux et ampoulés, tombant dans la surenchère de répétitions, tout en travaillant le verbe et le phrasé pour offrir aussi quelque chose d’unique et de patiné. De nouveau j’ai été surpris, car l’ensemble fonctionne et a réussi à me happer assez facilement dès les premières pages. Il faut dire que j’apprécie énormément les récits où je visualise l’univers se développer au fil des pages, l’imaginer et le construire à travers aventures, anecdotes ou encore batailles et si l’ensemble dégage un certain dépaysement dans l’écriture, cela peut apporter un véritable plus. Voilà clairement ce que propose ce récit, donc si vous ne vous reconnaissez pas dans cette description, alors il vaut mieux passer votre chemin. Si vous êtes intéressé alors tentez votre chance, mais même là il m’est difficile de le conseiller, tant le style peut se révéler fascinant ou rebutant selon les lecteurs, de plus  malgré ces point forts, pour moi, le livre a eu du mal à me tenir en haleine sur la longueur, s’essoufflant au fil des pages.

Le premier soucis vient ainsi, selon moi de son intrigue qui est bateau. C’est bien simple, elle est tellement bateau qu’elle n’en possède aucun intérêt autre que nous dépayser de ses décors et offrir quelques axes de réflexions. Sauf que voilà, malgré le fait que j’ai dit plus haut aimer les univers denses, il me faut aussi un minimum d’intrigue ; hors ici ce n’est pas le cas. Ce n’est pas obligatoirement que l’intrigue soit trop cliché, certes oui le prince devenu roi qui perd le pouvoir et décide de tout faire pour le retrouver c’est déjà vu et revu, mais ce que j’ai trouvé qui plombe le tout c’est l’absence de tension. On n’est jamais inquiété, ni même un tant soit peu stressé ou intrigué par ce qui arrive au héros, excepté peut-être un ou deux passages. De plus l’auteur a décidé de construire son intrigue en trois parties, sur la rencontre de notre héros avec trois femmes différentes. Chacun représentant un peu un moment différent de la vie du héros, la première l’amour passionnel, la seconde l’amour purement physique et la troisième l’amour véritable, celui qui transcende les imperfections. Chacun d’entre elle soulève ainsi des réflexions intéressantes sur l’amour, la vision du héros vis-à-vis des ces femmes, une certaine sagesse et maturité qu’il acquiert avec le temps et les échecs, sauf que voilà je suis resté perplexe tant l’ensemble me parait tirer en longueur et surtout permet à l’auteur de simplement offrir une sensualité qui ne méritait pas obligatoirement, selon moi, d’être si prononcé. Comment on peut s’inquiéter d’un héros qui dès la première jolie femme rencontrée oublie qu’il cherche à venger la mort de son père et la tentative d’assassinat qu’il a subi. On sent ainsi bien que l’auteur met l’histoire au second plan, sauf qu’en faisant cela son roman devient simplement contemplatif, ce qui en fascinera certains je pense, mais qui, moi, au bout d’un moment a fait que j’ai commencé à me lasser. C’est dommage.

Concernant les personnages Ptah Hotep se révèle intéressant dans son développement et dans la façon dont il évolue au fil des aventures qu’il rencontre. Certes on est clairement dans le roman initiatique, avec le héros qui quitte l’adolescente pour devenir adulte, le tout à travers des épreuves parfois douloureuses, mais qui vont le rend plus sage, sauf que voilà j’ai trouvé que cela fonctionnait bien. Après, certaines transitions restent un peu trop métaphoriques à mon goût et auraient mérité d’être plus développé mais rien de bien gênant non plus. Ce qui est par contre dommage c’est que les personnages qui gravitent autour de lui tombent parfois un peu facilement dans la caricature. Au final Ptah Hotep est clairement un roman atypique, qui vaut selon moi pour l’univers, la poésie ainsi qu’une plume surprenante, mais que j’ai trouvé peut être un peu trop contemplatif selon moi pour clairement me passionner du début à la fin.

En Résumé : Je ressors au final pas complètement convaincu par ma lecture, même si elle ne s’est pas non plus révélée mauvaise pour autant. Il s’agit clairement d’un roman différent de ce qui se fait habituellement en Fantasy. Le principal intérêt du récit vient principalement de sa forme que ce soit dans la construction de l’univers, qui se révèle vraiment dense et soignée, comme dans le style qui essaie de coller au récit jouant sur le côté un peu archaïque. En effet on se retrouve plonger dans un monde, mélange de cultures disparates, qui va se révéler complexe, fascinant, onirique et envoûtant. Certes l’auteur pousse le tout à son paroxysme, avec des phrases qui paraissent sans fin, ou l’auteur pousse au maximum le sens du détail et de la métaphore, qui pourrait en dérouter plus d’un, mais qui a réussi à m’attirer. Sauf que voilà au fil des pages l’ensemble s’essouffle. Il faut dire que l’intrigue, pour l’auteur n’est clairement que secondaire ce qui fait qu’il n’y a aucune tension et transforme l’histoire en simple récit contemplatif. Pour moi il me faut tout de même plus. Ensuite autant le personnage de Ptah Hotep est intéressant à suivre par son évolution et ses réflexions, autant j’ai trouvé les personnages secondaires un peu caricaturaux. Il m’est donc difficile de recommander ou non ce livre, si pour vous le travail sur l’univers et le verbe passe avant tout ou si vous cherchez un roman de Fantasy totalement différent, alors tentez votre chance et faites-vous votre avis.

 

Ma Note : 6/10

 

Autres avis : Boudicca, …

Les Outrepasseurs Tome 2, La Reine des Neiges – Cindy Van Wilder

les outrepasseurs t2 la reine des neigesRésumé : Les Outrepasseurs viennent enfin de capturer la dernière fée libre, Snezhkaïa la Reine des Neiges. Ils ignorent qu’ils viennent de déclencher une malédiction qui risque de les anéantir. Peter, qui supporte de moins en moins de se plier à la volonté de Noble, tente de retrouver le Chasseur pour mettre fin à cette lutte séculaire?

Edition : Gulf Stream Editeur

 

 

Mon Avis : Après un premier tome qui m’avait offert un bon moment de lecture avec une histoire solide, efficace, construite de façon légèrement différente que ce qui se fait d’habitude, le tout avec des personnages soignés et un univers riche (mon avis ici), c’est sans surprise que je me suis laissé très rapidement tenter par ce second tome qui trainait dans la bibliothèque de la Marmotte. De nouveau je tiens à souligner le travail soigné de l’éditeur, offrant un très bel objet ainsi qu’une couverture que je trouve superbe.

Cette suite nous propose de nous retrouver un an après la fin du tome précédent, la dernière fée libre, la Reine des Neiges, a été capturée. Cette nouvelle, Peter va avoir du mal à l’accepter, lui qui cherche à s’enfuir des Outrepasseurs et qui pour cela est en quête du Chasseur pour lever la malédiction. Tout va alors s’accélérer avec justement le retour du fé en question. Je me suis retrouvé à plonger facilement et rapidement dans cette suite tant l’ensemble va se révéler nerveux, énergique et entraînant. On sent bien que l’auteur maîtrise son récit offrant des rebondissements et des retournements de situations efficaces et percutantes qui font que je me suis retrouvé happé assez facilement et offre une lecture fluide. Surtout qu’en plus d’offrir une histoire nerveuse, elle nous dévoile aussi une image de fond soignée et prenante, sans trop non plus en faire pour éviter de perdre le lecteur. Pourtant j’ai trouvé ce second tome légèrement moins bon que le précédent. Oh attention, j’ai de nouveau bien accroché à ce second tome, mais certains aspects font qu’il m’a légèrement moins accroché, tout en restant efficace.

Déjà, dans les points qui sont toujours intéressants et passionnants à découvrir, l’univers construit par l’auteur continue à se révéler terriblement efficace. Surtout que l’auteur évite la simple confrontation directe entre fés et Outrepasseurs, car ici la guerre touche à sa fin, la dernière fée Snezhkaïa a été capturée et va pouvoir servir. Non, l’intérêt principal vient justement de l’exploitation de ses fés par les Outrepasseurs qui en font soit des esclaves, soit prélèvent leur magie pour la réutiliser ou l’intégrer dans des technologies. Ces êtres magiques deviennent ainsi d’une certaine façon un personnage important du roman, principalement dans les questionnements qu’ils soulèvent. Des êtres, certes souvent monstrueux et violent, mais finalement à la morale différente, mérite-t-il une telle souffrance? Le retour du chasseur va aussi se révéler intéressant venant ainsi rebattre les cartes pour notre plus grand plaisir. Comme on le voit, un univers sombre, efficace et bien porté par un travail de fond de l’auteur qui parait dense et soigné. On sent bien qu’elle a du effectuer de nombreuses recherches que ce soit à travers des références distillées tout du long, ou bien encore sur une mythologie cohérente et clairement intéressante. Cet univers est d’ailleurs, selon moi, le gros point fort du récit, certes pas obligatoirement à mettre entre toutes les mains, mais qui reste très accessible pour les ados et les plus grands et qui donne envie d’en apprendre plus.

Sauf que voilà, là où je ressors légèrement frustré de ma lecture c’est que le premier tome offrait une construction légèrement différente, jouant sur les flashbacks, alors que ce second tome offre une construction classique, voir même trop classique. Cela a pour effet finalement, selon moi, de rendre l’ensemble un peu trop prévisible. Ensuite ce second tome joue clairement le rôle de tome de transition, ce qui se ressent parfois un peu trop dans la construction, principalement dans les dernières scènes. Après cela ne m’a pas empêché d’apprécier ma lecture et de trouver ce second tome efficace.

Concernant les personnages, Peter devient le héros central de ce second tome. Son refus de devenir Outrepasseurs qu’il cache aux autres le rend ainsi , j’ai trouvé, intéressant, loin de l’élu qui accepte facilement son chemin et sa différence. Sauf que voilà, pour moi Peter reprend un peu trop des stéréotypes de l’ado en série jeunesse ce qui m’a parfois légèrement dérangé, même si rien de non plus trop bloquant. Surtout que finalement les personnages qui gravitent autour compensent ce sentiment, principalement les antagonistes. En effet je trouve le travail effectué, que ce soit sur Le Chasseur ou Noble, vraiment fascinant et convaincant, les rendant ainsi ambigus et évitant de tomber dans le méchant, très très méchant, sans raison. En effet le Chasseur à travers sa relation avec Arnaut, qui va tenter de le changer, et de son amour pour lui va se révéler plus humain qu’on peut le croire initialement et Noble dans sa quête familiale et son amour pour sa femme va ainsi atténuer légèrement son côté violent et dominateur. Au final des personnages attachants, denses, avec leurs bons et leurs mauvais côtés. Les autres protagonistes ne sont pas non plus en reste, offrant quelques bonnes surprises, même si j’avoue j’attendais un peu plus de Sherley et d’Hermeline, mais dont je ne doute pas de l’importance par la suite.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi soignée, entraînante et prenante, jouant facilement sur l’émotion et l’énergie pour happer rapidement et facilement le lecteur. La conclusion solide et efficace me donne envie de lire rapidement la suite pour savoir comment vont s’en sortir nos héros. Au final un second tome énergique et entrainant qui, même si je l’ai trouvé légèrement en-dessous du premier, se révèle plus qu’efficace et divertissant.

En Résumé : J’ai de nouveau passer un bon moment de lecture avec ce second tome des Outrepasseurs qui se révèle, efficace, convaincant et percutant, même si je l’ai tout de même trouvé un chouïa moins captivant que le premier. L’intrigue se révèle nerveuse, pleine de rebondissements et de retournements de situations qui font qu’on tourne les pages facilement. L’univers est l’un des gros points forts du récit, selon moi, que ce soit dans toute la mythologie cohérente et travaillée mise en place comme dans la dualité entre les Outrepasseurs et les fés qui s’avère être captivante et donne envie d’en apprendre plus. Concernant les personnages ils se révèlent attachants et intéressants, même si j’ai trouvé que Peter tombait un peu trop dans certains stéréotypes. Cela est compensé par le travail de l’auteur sur les antagonistes réussis, les rendant ambigus et humains. Je reprocherai juste à ce tome un sentiment de tome de transition, principalement dans certaines scènes vers la fin, ainsi qu’une construction un peu trop classique ce qui rend l’ensemble prévisible, mais rien de bien bloquant. La plume se révèle soignée, entraînante et happe facilement le lecteur pour aboutir à une conclusion solide et qui donne envie de découvrir la suite.

 

Ma Note : 7,5/10

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