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Lasser dans les Arènes du Temps – Sylvie Miller & Philippe Ward

lasser dans les arenes du tempsRésumé : 1937, Le Caire. Ils sont fous, ces Romains ! Quand la déesse Isis lui ordonne de partir à Pompéi récupérer une statue volée, Lasser se demande dans quel pétrin il va bien pouvoir se fourrer. Son instinct ne le trompe pas : là-bas, il doit tour à tour frayer avec la Mafia, travailler pour Jupiter, affronter la colère d’un volcan et… devenir l’assistant de Fazimel.
L’affaire se complique encore lorsque, par accident, Lasser est propulsé dans les arènes du temps, là où les dieux eux-mêmes n’osent pas mettre les pieds.
Tentatives de meurtre, complots en tous genres, poursuites échevelées, ces aventures vont faire émerger de nouvelles facettes des deux détectives.

Edition : Critic

 

Mon Avis : Le voilà, le quatrième tome du cycle des aventures du détective Lasser dont, je dois bien avouer, les trois premiers (chronique Tome 1, Tome 2, Tome 3) m’ont offert un bon moment de lecture efficace, sans temps mort et avec des personnages passionnants. C’était donc avec impatience que j’attendais cette suite, surtout qu’un des personnages devait se dévoiler. Par conséquent c’est sans surprise qu’il a rapidement rejoint ma pal, et tout aussi rapidement sauté entre mes mains. Concernant la couverture, illustrée par Ronan Toulhoat, je la trouve vraiment réussie.

Après l’Égypte, après la Grèce, cette fois notre héros va devoir aller en Italie pour enquêter avec sa fidèle assistante Fazimel sur la disparition d’une statue d’Isis. L’histoire se révèle scindée en deux parties, deux enquêtes qui vont finalement se croiser, se lier et apporter leurs lots de révélations et de rebondissements. L’une des grandes questions que je me posais avec ce quatrième tome c’était de savoir si on allait tomber dans une routine, ce qui est un risque avec les longs cycles, et je dois bien avouer que, même si les intrigues sont un peu construites de la même façon dans les grandes lignes, les auteurs arrivent vraiment à se renouveler, à apporter de nouveaux éléments captivants et ainsi à happer le lecteur dans leur récit. Déjà le grand changement, Fazimel prend énormément d’importance dans ce tome, mais surtout en devient aussi une narratrice. On alterne ainsi tout le long du livre entre Lasser et elle, ce qui apporte un véritable plus à l’ensemble, permettant d’offrir des points de vues et des tempéraments différents et contribue grandement au renouvellement de l’intérêt du lecteur, car il fallait bien l’avouer Fazimel ne manquait pas de mystères dans les tomes précédents.

On note aussi dans ce tome une ambiance plus sombre encore que les précédents, certes les cotés léger et amusant est toujours présent, mais on sent que ce tome prend un cap plus grave, plus sérieux, que ce soit face à l’insensibilité des dieux, comme parfois dans les choix que vont rencontrer nos héros ou encore dans l’image de fond. Les enquêtes vont se révéler aussi plus « compliquées », par là j’entends qu’elles reposent moins sur la facilité du héros à rencontrer toujours la bonne personne au bon moment, offrant ainsi plus de difficulté et plus de complexité. Les auteurs savent aussi clairement jouer de surprises en révélations pour faire que le lecteur se retrouve à tourner les pages avec envie d’en apprendre plus, happé par une tension qui monte lentement au fil des pages.

L’univers développé n’est pas non plus en reste et gagne énormément en densité dans ce tome. Surtout, il développe enfin son aspect uchronique, nous dévoilant ainsi plusieurs points de divergence par rapport à notre histoire, aboutissant finalement à la présence de ces différents dieux, offrant ainsi un aperçu qui donne envie d’en apprendre plus dans les prochains volumes. La mythologie continue à gagner en complexité, avec l’apparition cette fois des dieux romains, mais surtout les conflits entrent les dieux et la politique qui tourne autour qui gagne en profondeur, en intérêt et aussi en noirceur. Comme le tome précédent, le fait d’aller en Italie permet de faire varier les lieux visités et découverts, et ainsi d’offrir un nouveau dépaysement au lecteur. En effet que ce soit Rome ou Pompéi chaque lieu apporte son lot d’histoire et de culture revisitées avec panache par les auteurs, sans non plus que cela se révèle imposant ou ennuyeux. Mais le gros intérêt de ce tome vient, sans trop en parler pour éviter de spoiler, de l’hommage qui est fait à des auteurs comme Poul Anderson ou encore H.G. Wells, voir même tout ce qui peut graviter autour du « temps », c’est cette notion qui est véritablement la pierre angulaire, selon moi, de la suite de la série au niveau d’un possible fil rouge et qui vient rebattre les cartes et la vision que l’on avait jusque là de tout cela. On sent bien aussi que les auteurs ne se laissent pas non plus partir dans tous les sens, que de nombreuses recherches ont été menées principalement sur les technologies de l’époque ou encore, comme depuis le début, sur les voitures avec une course-poursuite grandiose à l’Italienne. Oscillant ainsi entre fantasy et science-fiction l’univers prend de plus en plus d’importance et donne clairement envie d’en apprendre plus.

On l’attendait depuis quelques tomes maintenant ; ça y est, Fazimel prend enfin un rôle plus important dans l’intrigue et surtout on en apprend plus sur elle et son passé. Mais parlons d’abord un peu de Lasser, on l’avait laissé à la fin du tome précédent pas totalement remis de trahisons qui l’avaient profondément touché émotionnellement et on se rend compte que dans ce tome il évolue, il va changer. Certes il est toujours ce détective touche à tout, rentre dedans et à la finesse « légendaire », mais il devient plus nuancé et surtout le fait d’avoir le point de vue de son assistante permet aussi de le rendre encore plus humain par certains aspects. Concernant Fazimel, elle se révèle finalement une héroïne à l’opposée de Lasser, plus en réflexion et en nuance, même si elle peut aussi avoir ses « coups de folies ». Son passé qui nous est dévoilé offre, pour peu qu’on y accroche, un nouvel intérêt pour l’héroïne et surtout de nombreuses questions concernant la suite des évènements. Dans tous les cas elle s’impose par ce tome comme un personnage d’importance et se révèle vraiment passionnante à découvrir selon moi. En ce qui concerne les personnages secondaires, le fait de migrer en Italie fait qu’on ne retrouve plus les protagonistes secondaires habituels, renouvelant ainsi un peu les contacts de nos héros et je dois bien avouer que ceux qu’on découvre au cours de ce quatrième tome se révèlent vraiment solides et attrayants à découvrir.

Je reprocherai juste une enquête en première partie peut-être un peu trop « simple », même si ce n’est rien de dérangeant tant elle permet d’introduire la seconde partie qui se révèle intense, ainsi qu’une certaine redondance dans les passages qui suivent Lasser dans la seconde partie. Rien de non plus trop bloquant en tout cas tant j’ai été captivé. La plume à quatre mains fonctionne toujours aussi bien, se révélant fluide, entrainante, efficace et prenante, nous plongeant avec grand plaisir dans les nouvelles aventures de Lasser. Au final un quatrième tome qui quitte la routine des trois premiers pour mieux nous surprendre et qui m’a offert un très bon moment de lecture. Je lirai la suite sans soucis.

En Résumé : J’ai de nouveau passé un très bon moment de lecture avec ce quatrième tome des aventures de Lasser qui propose quelque chose de différent des tomes précédents, mettant aussi en avant le personnage de Fazimel. J’avais un peu peur de tomber dans une routine, mais finalement les auteurs ont réussi à offrir quelque chose de complètement différent, plus dense, plus complexe et plus sombre tout en gardant cette légèreté et en offrant un récit efficace et sans temps mort. L’univers est l’un des gros points forts, mélangeant Fantasy et Science-Fiction habilement, offrant de nombreux hommages et nous faisant découvrir l’Italie. Un univers qui donne envie d’en apprendre plus. Concernant les personnages on en apprend enfin plus sur la mystérieuse Fazimel, pour le plus grand plaisir du lecteur, tandis que Lasser évolue, change face à certaines révélations et conséquences. Je pourrai reprocher une première enquête un peu simple, et une certaine redondance dans les voyages de Lasser dans la seconde partie, mais franchement rien de dérangeant tant j’ai été happé. La plume des auteurs est toujours aussi fluide, entrainante et efficace et je lirai sans soucis et avec grand plaisir la suite.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Boudicca (Bibliocosme), temps-des-livres, …

Feuillets de Cuivre – Fabien Clavel

feuillets de cuivreRésumé : Paris, 1872. On retrouve dans une ruelle sombre le cadavre atrocement mutilé d’une prostituée, premier d’une longue série de meurtres aux résonances ésotériques. Enquêteur atypique, à l’âme mutilée par son passé et au corps d’obèse, l’inspecteur Ragon n’a pour seule arme contre ces crimes que sa sagacité et sa gargantuesque culture littéraire.

Edition : ActuSF

 

Mon Avis : De l’auteur j’ai lu il y a quelques mois ses écrits côté zombies que sont L’Evangile Cannibale (ma chronique ici) et Métro Z (ma chronique ), qui m’avaient offerts de bons moments de lectures, efficaces et entrainants. Par conséquent quand j’ai vu que l’auteur se lançait dans un livre Steampunk, j’étais sûr qu’il terminerait sa course dans ma PAL, surtout que le résumé avait ce je ne sais quoi de vraiment accrocheur. Il faut aussi avouer que rien qu’à sa couverture, illustrée par Ammo, que je trouve magnifique, je me serai penché sur ce bouquin. Il est aussi à noter le superbe travail d’édition mené par ActuSF, qui nous offre un livre vraiment superbe avec couverture rigide et des illustrations intérieures qui viennent enrichir l’objet en lui-même, ainsi qu’une préface et une postface vraiment intéressantes.

Ces Feuillets de Cuivre nous propose ainsi de suivre, à travers plusieurs intrigues différentes, le quotidien de Ragon, policier, qui va enquêter sur plusieurs crimes et délits dans un Paris fin du 19ème siècle qui diffère légèrement du nôtre. L’auteur a décidé ainsi de s’inspirer, d’une certaine façon, des feuilletons policiers d’époque, un peu à la Sherlock Holmes ou encore à la Auguste Dupin, où notre héros se repose en grande partie sur ces capacités intellectuelles, et plus précisément ici sur son amour de la lecture, car toute intrigue est finalement un livre et quand ce n’est pas le cas elle ne mérite même pas d’être traitée, pour faire la lumière sur les mystères qu’il découvre. Et il faut bien avouer que l’ensemble marche vraiment bien, pour peu qu’on apprécie ce genre d’enquêtes. On se laisse ainsi facilement emporter par les différentes intrigues que construit l’auteur et par la façon dont le héros va devoir, par la force de son esprit principalement, reconstruire le puzzle et les résoudre. Certes on est loin du Thriller effréné et frénétique, l’auteur cherchant plus à construire ses récits de façon posé, jouant plus sur la manipulation et le jeu que sur l’action, mais cela n’empêche pas l’ensemble de se révéler fluide, prenant, entraînant et efficace.

Surtout que la construction proposée par  Fabien Clavel en deux parties se révèle vraiment fascinante dans sa construction et son évolution, avec une première qui servira, on va dire, à poser le personnage et l’univers, offrant différentes intrigues qui paraissent déconnectées les unes des autres, puis une seconde partie qui vient apporter un « ennemi » à notre policier et surtout vient aussi lier, d’une certaine façon, l’ensemble des nouvelles, renouvelant alors l’intérêt du lecteur qui se retrouve ainsi encore un peu plus happé par les aventures de Ragon, mais surtout par les questions qui sont alors soulevées et leurs réponses. Alors certes les premières nouvelles m’ont paru se résoudre parfois un peu trop rapidement et certaines intrigues complexes m’ont paru manquer de pages pour être vraiment bien développés, mais franchement rien de non plus bloquant tant j’ai trouvé l’ensemble réussi et soigné.

L’univers steampunk que construit l’auteur au fil des pages se révèle vraiment passionnant, évitant clairement le côté flamboyant et imposant pour offrir quelque chose de plus ténu, de plus discret, mais de bien présent que le lecteur reconnait au détour d’expressions, de machines rencontrées, d’éther, voir même de magie croisée et qu’il s’amuse alors à chercher, à traquer, à dévoiler au fur et à mesure qu’avancent les nouvelles. On plonge ainsi avec grand plaisir dans ce Paris où l’Histoire que l’on connait se mélange avec cet aspect « étranger », différent voir fantastique qui apporte un cachet supplémentaire et donne clairement envie d’en apprendre plus. Surtout que l’auteur rend l’ensemble encore plus crédible et réaliste en y faisant intervenir, parfois de façon détourné, des personnages connus que ce soit aussi bien des chercheurs, des artistes et mêmes des écrivains. D’ailleurs l’écriture, les romans, possèdent une grande importance dans ce livre que ce soit par l’amour du héros pour la lecture qui en devient obsessionnelle, mais aussi dans sa façon de résoudre les enquêtes, elle se révèlera même plus ou moins au centre du fil rouge. On sent ainsi toute la passion que porte l’auteur pour la littérature, la mettant clairement en avant, devenant alors d’une certaine façon un personnage du récit, soulevant par conséquent de nombreux questions et de nombreuses réflexions. L’ambiance présente tout du long se révèle sombre, légèrement angoissante, sanglante ce qui, je trouve, apporte une touche supplémentaire à cet univers et lui va comme un gant. En tout cas un univers qui donne envie d’être retrouvé.

Concernant les personnages, le héros principal qu’est le policier Ragon se révèle très rapidement attachant et passionnant à suivre et à découvrir, se dévoilant lentement, montrant forces et faiblesses. En effet au fil des pages on aperçoit un héros qui possède des blessures liées à la guerre, qui se réfugie dans la littérature pour, d’une certain façon, oublier la vie et qui va même se servir de cette littérature pour guider sa vie. Un personnage aux valeurs fortes, humaines, mais qui pourtant d’une certaine possède des zones d’ombres qui vont se dévoiler au fil des pages. Ragon fascine aussi par son esprit, sa capacité d’analyse, lui qui est une personne du peuple, devenu simple policier, qui va très vite se démarquer, évoluant au fil des pages vers un personnage de plus en plus solitaire, qui se démarque par son physique imposant, se trouve rejeté, mais qui pourtant ne manque ni de charisme, ni d’intelligence. Les personnages qui gravitent autour de lui ne manquent pas non plus d’attrait, même si je dois bien avouer, certains auraient peut-être mérités un peu plus de développement, mais bon rien de bien méchant. Dans tous les cas l’auteur nous propose ici une galerie de personnages des plus attrayante et captivante, qui évolue au fil des intrigues et des années.

La plume de l’auteur se révèle soignée, fluide et entrainante, collant parfaitement bien à l’époque fin du 19ème siècle, début du 20ème et qui, sans jamais tomber dans l’esbroufe ou l’explosif, happe rapidement le lecteur pour ne plus le lâcher. On sent au fil des pages que l’auteur aime les mots et le montre sans non plus se révéler lourd. Au final ce Feuillets de Cuivre s’est révélé être une très bonne lecture, à travers ses différentes nouvelles qui surprend par sa construction entre recueil et roman. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre qui nous propose plusieurs nouvelles des aventures de Ragon policier qui va enquêter sur différents crimes. L’ensemble se révèle ainsi captivant, entrainant et, comme le montre la postface, une construction un peu à la série TV avec une première partie de nouvelles qui viennent poser le personnage et l’univers puis un fil rouge qui se dessine et redéfinit l’ensemble pour surprendre et encore plus happer le lecteur. Alors certes, certaines nouvelles m’ont paru trop courtes et d’autres manqué de pages pour vraiment bien poser leurs histoires, mais franchement rien de non plus trop bloquant ou dérangeant. L’univers steampunk construit par l’auteur se révèle léger, qu’on découvre par à coup au fil des découvertes de l’auteur, mais qui attise la curiosité du lecteur et le pousse à vouloir en apprendre et a en découvrir plus, le tout mâtiné d’une ambiance sombre qui apporte un vrai plus. On sent aussi que l’auteur aime la littérature que ce soit à travers les références comme son utilisation limite en tant que personnage de l’intrigue. Concernant les personnages, Ragon se révèle un héros vraiment fascinant à suivre et attachant et les personnages qui gravitent autour de lui ne manquent pas d’attraits, même si certains auraient mérité un peu plus de développement à mon goût. Rien de non plus bloquant. La plume de l’auteur s’avère soignée, fluide, entrainante et collant parfaitement à cette époque fin 19ème, début 20ème siècle. Au final un recueil surprenant et prenant, je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Lorhkan, Doris, Dionysos (Bibliocosme), …

CRAAA

Challenge CRAAA 4ème lecture

Les Chroniques de L’Etrange Tome 1, Les 81 Frères – Romain D’Huissier

les 81 freresRésumé : Sous les néons de Hong Kong rôdent démons et fantômes.
C’est le quotidien de Johnny Kwan, exorciste. Mais quand un richissime amateur d’antiquités fait appel à lui pour récupérer un manuscrit de sorcellerie volé dans de mystérieuses circonstances, il ignore que de la réussite de son enquête dépendra l’ordre de tout ce qui vit sous le Ciel.
Atteint par la perte de son mentor Eric Tse, illustre exorciste brutalement assassiné, Johnny devra naviguer entre rois-dragons avides et triades vengeresses, mais également combattre ses propres démons.

Edition : Critic

 

Mon Avis : L’Urban Fantasy fait partie des genres que j’aime lire et découvrir, offrant régulièrement des histoires fun, efficaces avec un background souvent dense et complexe qui se développe au fil des tomes. Il est par conséquent logique que j’ai été rapidement attiré par ce nouveau cycle de Fantasy Urbaine, française qui plus est, qui se déroule à Hong-Kong, au résumé accrocheur et que nous propose les éditions Critic. Donc quand on m’a proposé de découvrir ce livre je n’ai pas attendu longtemps avant de me laisser tenter. A noter la couverture, illustrée par Xavier Collette, que je trouve vraiment réussie et qui colle bien à l’ambiance du récit.

On se retrouve ainsi plongé dans la ville de Hong-Kong, où l’on suit Johnny Kwan, un fat-si ou exorciste, qui va se retrouver a devoir mener une enquête qui ne va pas le laisser indemne et même va le pousser dans ses derniers retranchements. Une chose est sûre dès la première page on est directement plongé dans l’ambiance très cinéma hongkongais que cherche à mettre en avant l’auteur, mélangeant les différents genres que ce soit l’action, le récit de mafia et le fantastique, le tout avec une bonne dose d’aventures et de péripéties pour offrir un ainsi un récit qui va se révéler divertissant du début à la fin. Alors après, on ne va pas le nier, l’intrigue en soi reste très classique dans son déroulement et se révèle même par moment assez linéaire, reposant sur une enquête qui va se complexifier au fil des pages, offrant de nombreuses rencontres, pour aboutir à un final explosif, mais l’auteur compense cela par une débauche d’énergie et un récit sans temps morts qui fait qu’on tourne les pages avec un minimum de plaisir et d’envie de connaitre la fin. Certes si vous cherchez quelque chose de dense et d’original il vaut mieux passer votre chemin, pour ceux qui chercherait un récit vif, entrainant et efficace ce premier tome mérite alors, sans non plus se révéler révolutionnaire, qu’on lui laisse sa chance surtout si vous êtes fan de cinéma asiatique. Après c’est vrai que je regrette par moment un léger manque de tension tant notre héros possède toujours la bonne potion, le bon charme ou encore le bon talisman pour s’en sortir, mais franchement rien de non plus bloquant tant j’ai été entrainé dans cette histoire.

Concernant l’univers développé par l’auteur, je dois bien admettre qu’il se révèle vraiment intéressant et donne envie d’en découvrir plus. Commençons déjà par Hong Kong qui, selon moi, se révèle être une ville parfaite pour y poser une histoire d’Urban Fantasy tant il s’agit d’une métropole où on retrouve ce mélange à la fois de modernité et de traditions, où le gens continuent à croire en des rites ancestraux et en de nombreuses divinités, tout en se laissant aller à une société contemporaine. Elle en devient donc ainsi le terreau idéal pour y développer un cycle où vient se mélanger magie, dieux, exorcisme et tout le folklore qui vient autour. On sent bien surtout que l’auteur a pensé et travaillé son univers, rien n’est laissé au hasard et on se rend compte qu’il s’est fortement documenté pour y construire sa mythologie cohérente et un minimum intéressante. Mon seul regret et qu’il m’a paru manquer un petit quelque-chose, pour vraiment rendre cette ville vivante et passionnante, attention elle colle parfaitement à l’ambiance et donne envie d’en apprendre plus, mais voilà elle a un peu de mal tout de même à se dégager pour ressortir comme un personnage à part entière du récit comme c’est le cas parfois dans d’autres romans d’Urban Fantasy. Cela ne l’empêche pas d’avoir un gros potentiel, qui devra, j’espère, se développer par la suite. Concernant tout ce qui tourne autour de la magie et de l’exorcisme, là aussi l’auteur nous offre quelque-chose de solide, s’adaptant aux nouvelles technologies tout en conservant sa part de passé et de « sacré », collant ainsi parfaitement à l’univers construit. Au final un univers solide, certes peut-être par moment un chouïa introductif dans les descriptions, mais qui donne envie d’en découvrir plus.

Concernant les personnages je dois bien avouer que je reste un peu plus sur ma faim de ce côté-là. Autant le héros principal, Johnny Kwan, s’en sort plutôt pas mal, offrant un personnage efficace et entraînant, on se retrouve ainsi à suivre ses aventures avec un minimum de plaisir et d’envie. Alors après c’est vrai il manque un peu de profondeur, ne répondant simplement qu’au « cahier des charges » du héros de roman d’aventures, là où j’aurai aimé un peu plus de travail sur son passé et son caractère histoire de le rendre un peu plus attachant. Mais bon je ne doute pas que ces informations viendront par la suite. Je regrette par contre, mais là ça se retrouve souvent dans ce genre de littérature, c’est le héros un peu invincible qui malgré tout ce qu’il se prend est encore debout et continue le combat. Concernant les personnages secondaires par contre je reste un peu circonspect, ils donnent vraiment l’impression de n’être là que pour faire avancer l’intrigue, se dévoilant toujours au moment le plus opportun. Alors en soit, il n’y a rien de gênant et ne gâche en rien le côté divertissant de l’ensemble, mais pour moi il y avait matière a plus surtout avec un ou deux protagonistes.

Concernant la plume de l’auteur elle se révèle entrainante, simple, efficace et nerveuse ce qui donne au récit une ambiance vive et prenante, plongeant facilement le lecteur dans son récit finalement très cinématographique, avec son lot de rebondissements, d’action, de combats et de surprises, le tout porté finalement par un récit assez court (environ 300 pages agrémenté d’une nouvelle) qui permet une ambiance tendue du début à la fin. Je regretterai peut-être quelques facilités ici ou là, mais bon rien de non plus trop flagrant, ainsi que des combats qui tombent parfois dans un listing de nom d’attaques que dans une véritable chorégraphie, ce que j’ai trouvé légèrement frustrant. En tout cas malgré ces quelques défauts je lirai sans soucis le second tome de cette série pour savoir comment va évoluer notre héros et l’univers qui gravite autour de lui, surtout que quelques questions intéressantes restent en suspend.

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec  le premier tome de cette nouvelle série d’Urban fantasy qui nous propose une intrigue, certes un peu convenue et légèrement linéaire, mais qui se révèle solide et efficace avec son lot de rebondissements, de surprises et le tout sans temps morts. L’auteur nous plonge ainsi dès la première page dans une ambiance de cinéma hongkongais nerveuse  et terriblement efficace. L’univers développé au fil des pages apparait solide et entrainant avec cette ville de Hong-Kong mélangeant modernité et tradition qui colle parfaitement au récit. On sent d’ailleurs que l’auteur n’a rien laissé au hasard et a travaillé son univers, offrant un aspect magie et mythologie intéressant et prenant. Concernant les personnages je dois bien avouer que là, par contre, je reste un peu sur ma faim, car autant le personnage principal s’en sort pas trop mal et on suit ses aventures avec plaisir, autant les personnages secondaires ont du mal à sortir du lot donnant plus l’impression d’être présent pour faire avancer l’intrigue. Par contre, le héros limite invincible qui se relève toujours me laisse toujours un peu perplexe. Je regretterai par contre certaines facilités, ainsi que des combats qui tombent dans le listing de nom d’attaque, mais rien de non plus trop bloquant. La plume de l’auteur se révèle simple, fluide et entrainante, se révélant très visuelle. Je lirai la suite avec plaisir histoire de voir ce que va nous proposer l’auteur concernant son personnage et son univers.

 

Ma Note : 7/10

Récits du Demi-Loup Tome 1, Véridienne – Chloé Chevalier

recits du demi-loup 1 veridienneRésumé : Au bord de l’implosion, le royaume du Demi-Loup oscille dangereusement entre l’épidémie foudroyante qui le ravage, la Preste Mort, les prémisses d’une guerre civile, et l’apparente indifférence de son roi.
Les princesses Malvane et Calvina, insouciantes des menaces qui pèsent sur le monde qui les entoure, grandissent dans la plus complète indolence auprès de leurs Suivantes. Nées un jour plus tard que les futures souveraines auxquelles une règle stricte les attache pour leur existence entière, les Suivantes auraient dû être deux. Elles sont trois. Et que songer de la réapparition inopinée du prince héritier, Aldemor, qu’une guerre lointaine avait emporté bien des années auparavant ? Avec lui, une effroyable réalité rattrape le château de Véridienne, et le temps arrive, pour les Suivantes et leurs princesses, d’apprendre quels devoirs sont les leurs.

Edition : Les Moutons Électriques

 

Mon Avis : Je continue donc ma découverte concernant la rentrée littéraire des Indés de l’Imaginaire, avec cette fois la lecture du dernier arrivé chez les Moutons Électriques. Chloé Chevalier est une nouvelle arrivante dans le domaine de l’écriture, tout du moins de ce que j’en sais, et je dois avouer qu’entre le résumé accrocheur et la couverture, illustrée par Melchior Ascaride, que je trouve sobre et magnifique, j’avais hâte de voir ce qu’allait bien pouvoir proposer ce roman.

On se retrouve plongé dans le monde du Demi-Loup qui, au début du roman, a été séparé en deux par un roi à sa mort entre ses deux fils. On va alors suivre le destin de ce royaume à travers le destin des deux princesses, et plus précisément de leurs suivantes. On oscille ainsi entre récit d’apprentissage et jeux de pouvoir. La grande force du récit, vient, selon moi, de l’angle d’approche que prend l’auteur pour nous présenter son monde et son intrigue. On est ainsi plongé dans une gestion « politique » qu’on découvre de façon plus intimiste, à travers le regard et la vie de ces cinq personnages, les deux princesses et leurs trois suivantes, ne cherchant pas ainsi qu’à mettre en avant manipulations, mais plus de se laisser porter par ses jeunes filles qui grandissent, changent et vont voir leurs visions évoluer au fil de nombreuses rencontres et découvertes, que ce soit aussi bien personnelles que liés à leurs fonctions. On découvre ainsi des intrigues politiques teinté d’une touche « humaine » et surtout évite de tomber dans l’écueil de l’adolescent trop « mature » qu’on retrouve parfois. Cet aspect, si on accroche aux personnages, fait qu’on est ainsi rapidement happé par les différents fils d’intrigue comme par les histoires de chacun.

Le tout est conté sur un rythme lent, prenant, qui colle, je trouve, parfaitement au récit, malgré c’est vrai certains passages qui peuvent paraitre légèrement long. On sent aussi clairement qu’il s’agit ici d’un premier tome, servant principalement d’introduction présentant l’univers, les intrigues et mettant en place les différents protagonistes, mais pour autant évite de trop tomber dans les reproches qu’on pourrait faire souvent à un premier tome. Mon seul regret vient que l’auteur met peut-être un peu trop de temps à mettre en avant son fil rouge central, heureusement vite rattrapé par un dernier tiers intense avec son lot de révélations et de surprises.

L’univers développé au fil des pages se révèle très intéressant à découvrir. Certes dans les grandes lignes il est loin de se révéler révolutionnaire, un monde dans le style médiéval, avec un royaume replié sur lui-même qui ne se rend pas obligatoirement compte des forces qui l’entoure, avec ses jeux de pouvoir et d’intrigues et ses révélations qu’on découvre au fil des pages, mais là ou finalement il se dégage clairement c’est dans l’ambiance que retranscrit l’auteur au fil du récit. Celle d’un royaume en pleine décadence, qui se laisse de plus en plus aller sur lui-même, nonchalant, au bord de l’implosion. Cette vision s’impose facilement et colle parfaitement à l’intrigue et à cette impression que ce pays est en plein bouleversement. La politique sur plus de vingt ans va se révéler assez laxiste, menée par un roi qui parait perdu, mais de nombreux secrets se cachent encore et donne envie d’en apprendre plus. L’autre idée intéressante du récit vient des coutumes qu’on découvre, et plus précisément celle des Suivant(e)s. Chaque membre de la famille royale à sa naissance doit être lié a un autre enfant de même sexe. J’ai trouvé l’idée intéressante dans cette sorte de lien entre un enfant du peuple et de la royauté, mais aussi dans la façon dont s’est présenté avec toutes les possibilités et tous les problèmes que cela peut occasionner. En tout cas un univers qui me donne envie de revenir et d’en apprendre plus, surtout qu’il reste encore de nombreuses zones d’ombres, principalement concernant la situation géo-politique, mais aussi sur les conséquences des actes de certains.

Les personnages se révèlent être le point le plus intéressant du roman selon moi. On se retrouve à suivre ainsi cinq héroïnes, à travers les écrits sous forme de journal des suivantes, qui se révèlent denses, complexes et passionnantes à découvrir. Surtout qu’on les côtoie dans ce premier tome de leurs naissances et sur près de 20 ans, ce qui fait qu’on les voit grandir, s’affermir, évoluer et changer. Passer de l’enfance, à l’adolescente puis l’âge adulte et les voir perdre un peu de leurs candeurs, de leurs visions enfantines, pour découvrir la réalité de la vie politique. Chacun des personnages dévoile ainsi ses forces et ses faiblesses, ses émotions, ses envies et, même ceux qui peuvent paraitre hautains ou légèrement détestables, se révèlent finalement intéressantes, car finalement on peut les comprendre. Certes, j’avoue, parfois on a envie de les secouer, mais finalement c’est ce qui les rend humaines ; leurs erreurs. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste, se révèlent eux aussi soignés, captivants et prenants, principalement dans la seconde partie du roman où ils viennent alors apporter une notion politique globale et permet aussi, d’une certaine façon, de sortir du groupe des cinq filles pour dévoiler quelque chose de plus large. Je regrette juste un manque de variation dans l’écriture, ce qui fait que malgré les caractères différents des personnages il est difficile des les différencier sur leur plume, ce qui parfois peut se révéler confus, et aussi une narration légèrement froide. Rien de bien méchant, mais il manque un tout petit quelque-chose pour qu’on s’attache pleinement aux héroïnes, un peu comme un filtre entre eux et le lecteur.

La plume de l’auteur se révèle fluide, vivante, efficace et entrainante et nous fait plonger facilement dans ce royaume du Demi-Loup qui donne envie d’en apprendre plus, bien porté, il est vrai, par une conclusion surprenante qui laisse de nombreuses questions en suspens. J’ai lu que l’auteur comptait écrire cinq tomes, en tout cas au vu du très bon moment de lecture que j’ai passé avec ce premier tome je lirai sans soucis la suite pour voir ce que va bien pouvoir proposer l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce premier tome de cette série qui, certes, se révèle un tome d’introduction, mais évite de se perdre nous proposant ainsi de lier son intrigue à l’évolution des personnages, passant de l’enfance à l’âge adulte avec tout ce que cela occasionne. L’auteur offre ainsi une intrigue « humaine » qui se révèle efficace et entrainante, le tout sur un rythme posé, lent. L’univers développé ne manque pas d’attrait, avec une politique décadente et surtout des coutumes vraiment intéressantes et originales comme cette idée de Suivant(e)s qui offre une complexité supplémentaire aux jeux de pouvoirs. Les personnages sont l’un des points forts du récit, se révélant complexes, humains, entrainants et captivants  que ce soit les personnages principaux comme secondaires. Je reprocherai une légère difficulté parfois à reconnaitre la narratrice tant chacun parait avoir le même style, et un certain retrait qui fait qu’on a un peu de mal à complètement s’accrocher à elle. Je regrette par contre que le fil rouge mette un peu de temps à se dévoiler, mais bon rien de trop dérangeant. La plume de l’auteur se révèle fluide, vivant et efficace et je lirai sans soucis la suite de ce cycle.

 

Ma Note : 8/10

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Autres avis : Acr0, Plumeline, Boudicca (Bibliocosme), Ptitelfe, …

Les Nefs de Pangée – Christian Chavassieux

les nefs de pangeeRésumé : Pangée, terre immense au milieu de l’océan unique, continent de terre sèche et d’embruns où vit le peuple de Ghiom, dont l’histoire, en ce jour de la dixième chasse à l’Odalim, bascule.
Les Grands de Pangée ont parlé : le monstre marin doit mourir. Pour la paix. Pour l’ordre. Pour la promesse d’une nouvelle ère faste à venir, dans ce monde rongé par les mésalliances et les guerres fratricides.
Pourtant, quand les Nefs s’engagent sur l’Océan, une seule question demeure : si la traque échoue, si l’Odalim survit, si l’union faillit, les enfants de Pangée se dévoreront-ils ? Cette dixième chasse ne serait-elle alors qu’un chant du cygne ?

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : En ce début d’année 2015 je m’étais lancé à la lecture d’un autre roman de l’auteur, paru aussi chez Mnémos, Mausolées, qui m’avait offert un très bon moment de lecture avec un récit post-apocalyptique surprenant, différent et efficace (ma chronique ici). C’est donc sans surprise que, quand j’ai vu que l’auteur proposait en cette rentrée un nouveau roman, récit de Fantasy, je me suis retrouvé rapidement tenté. Il faut aussi bien l’admettre, même sans cela, la couverture, qui est la représentation d’un tableau de John Martin que je ne connaissais pas, donne clairement envie de découvrir ce livre et, ajouté au quatrième de couverture accrocheur, j’aurais de toute façon craqué.

On plonge avec ce roman dans le monde de Pangée, le peuple de Ghiom subit alors un terrible affront, la neuvième chasse n’a pas pu tuer l’Odalim comme le veut la tradition, annonçant ainsi 25 ans de difficultés ; jusqu’à la prochaine chasse. Les peuples décident donc de s’allier pour éviter un nouvel échec avec la dixième chasse et aussi d’envoyer la plus grande flotte jamais formée. Sauf que cette chasse va alors dévoiler des enjeux beaucoup plus sournois et des bouleversements que personne ne présageait. Annoncé comme cela le récit possède un petit air de Moby-Dick, ce qui ne me parait pas usurpé, mais ne va pas s’arrêter là, car l’auteur s’offre bien plus qu’une simple réécriture Fantasy de ce récit. En plus de nous proposer cette chasse qui va se révéler épique, héroïque, sanglante, le combat des habitants de Pangée face à la force de la nature, l’histoire va aussi développer de nombreux autres points qui vont agiter cette société. Que ce soit l’abandon des traditions au profit d’un changement brutal vers une économie de marché, la disparition d’une société égalitaire au profit d’une société pyramidale créant ainsi de nouvelles inégalités, le rejet des autres, ces sujets apportent encore plus de complexité et de densité à un texte qui se révèle déjà épique et entrainant. Je me suis ainsi retrouvé happé par cette fresque fascinante, sur près de 50 ans, de ce peuple qui ne peut que nous faire réfléchir face aux nombreux changements qu’ils vont rencontrer, mais qui nous happe aussi par cette chasse à la fois âpre, nerveuse, pleine de sacrifice et de violence. Un récit qui oscille ainsi entre réflexion et action, sans jamais se perdre ou ennuyer son lecteur.

L’univers que nous propose l’auteur se révèle véritablement dense, mais aussi vraiment surprenant, principalement dans le dernier tiers, par certains aspects que l’auteur amène et que je vous laisse découvrir, pour éviter de vous spoiler, mais que j’ai trouvé vraiment passionnant. Ce continent entourée d’une mer unique s’avère ainsi clairement intéressant à découvrir et offre un décor soigné. J’ai été rapidement captivé par cette civilisation, que ce soit par ses us et ses coutumes, sa politique, ses traditions, sa mythologie mais aussi son langage ; Christian Chavassieux a vraiment créé un peuple unique, certes d’une certaine façon proche du nôtre, mais qui pourtant s’en détache par de nombreux aspects. Les nombreux changements qui vont ainsi être engendrés par ce besoin d’évoluer, de ne pas vouloir stagner, d’oublier des rites ancestraux sauvages, sont amenés de façon logique, cohérente, poétique voir même par moment philosophique, le tout sans jamais trop en faire, s’intégrant au récit de façon fluide et efficace. Il n’oublie pas non plus, comme je l’ai dit, de nous faire réfléchir, tant certains passages ne sont pas sans rappeler, d’une certaine façon, notre société, son évolution, son changement. C’est un peu ça que propose finalement l’auteur, un souffle de transitions importantes qui pose des questions et où la chasse y trouve son point central, cette bataille annonciatrice de l’évolution. Sauf que voilà l’auteur arrive même à nous surprendre, prenant par moment le lecteur à contre-pied. Le tout est porté par des descriptions qui ne manquent pas de densité, de lyrisme et donnent clairement envie de découvrir ce monde, ses particularités et ses mystères, mais aussi cette mer qui prend rapidement de l’importance, se révélant limite un personnage à part entière, principalement, c’est vrai, par ces êtres titanesques qui fascinent et que sont les Odalim que je vous laisse rencontrer.

Concernant les personnages, l’auteur nous offre un panel de protagonistes assez large, tous se révélant, d’une certaine façon, un élément important pour les bouleversements que va rencontrer ce monde. Chacun d’entre eux possède ainsi sa propre personnalité, ses propres convictions, ses propres envies et vont ainsi se révéler denses, soignés et travaillés. La grande force de chacun est aussi de ne jamais tomber dans le manichéisme, certes certains paraissent plus « détestables » que d’autres, mais on se rend vite compte qu’ils possèdent des raisons à cela, ils ne sont pas simplement méchants ou gentils pour remplir une case, ce qui fait que, d’une certaine façon, on comprend chacun des personnages qu’on rencontre, que ce soit dans leurs folies, leurs forces, leurs lâchetés, leurs projets etc… et on les accepte. L’auteur n’oublie pas non plus de leur offrir un passé, une histoire, ce qui permet de mieux assimiler et comprendre leurs évolutions. Après on pourrait peut-être regretter une certaine froideur qui se dégage de l’ensemble, la faute a deux raisons selon moi, le nombre important de personnages qui fait qu’on passe de l’un à l’autre, parfois rapidement, et aussi la narration dans le style « chronique », ce qui offre une certaine distanciation et qui joue parfois légèrement dans les moments à fortes émotions. Mais bon rien de non plus bien méchant tant chacun s’avère intéressant à découvrir et parait maîtrisé.

Alors après il y a, pour moi, quelques imperfections, rien de bien méchant tant j’ai été emporté et captivé par ce récit, mais voilà je dirai que, sur certains passages, ce roman aurait mérité d’être plus long. Que ce soit certaines ellipses temporelles frustrantes, tant tout parait arriver d’un coup, ou une fin un peu trop rapide dans sa résolution, je pense que si l’ensemble avait fait 50 ou 60 pages de plus, cela aurait rendu l’ensemble encore plus efficace, même si, je me doute bien, il y a le risque de perdre ou d’ennuyer le lecteur à trop vouloir traîner. Concernant la plume de l’auteur elle se révèle vraiment poétique, entrainante, dense et propose aussi de nombreuses références, de Flaubert à Hugo (j’avoue ne pas toutes les avoir vus), qui permet de faire ressentir toute sa passion pour le style, qui d’ailleurs happe vraiment le lecteur très rapidement. Alors c’est vrai, parfois il en fait un peu trop, mais ce ne sont que des broutilles, tant l’ensemble parait maîtrisé et entrainant. En tout cas l’auteur confirme tout le bien que je pensais de lui après ma lecture de Mausolées, offrant un récit épique, une fresque fascinante et entrainante. Je lirais sans soucis d’autres de ses écrits.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce récit de Fantasy qui nous propose de découvrir une chasse épique, héroïque, nerveuse face à un être titanesque sournois et intelligent. Mais voilà l’auteur ne s’arrête pas à cette simple réécriture de Moby Dick, il nous offre aussi un travail profond et dense sur les bouleversements que vont rencontrer ce peuple, proposant ainsi de nombreuses réflexions, qui ne sont pas sans rappeler notre société, mais aussi de nombreux rebondissements et de surprises. Une intrigue passionnante et qui a réussi à me happer rapidement et facilement. L’univers développé tout du long se révèle être un des points forts du récit, s’avérant passionnant à découvrir dans sa complexité et la découverte de ces régions et de peuple qui nous ressemble et qui est pourtant différent et unique, le tout porté par des descriptions magnifiques. Les personnages ne manquent pas non plus d’intérêt, à la fois travaillés, loin de tout manichéisme et dont on s’intéresse assez rapidement à leurs évolutions et leurs aventures, je regretterai juste par moment un certain manque d’émotion, mais rien de bien gênant. Mon seul regret vient du fait que, pour moi, le roman est très court tant certaines ellipses temporelles frustre et la fin ‘a paru trop rapide, rien de bien gênant et je me doute qu’il est jamais facile de trouver le juste milieu sans ennuyer le lecteur. La plume de l’auteur se révèle riche, poétique et entrainante offrant ainsi un récit qui m’a fasciné. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8,5/10

 

Autres avis : Lune, …

Le Bâtard de Kosigan Tome 2, Le Fou Prend le Roi – Fabien Cerutti

le batard de kosigan t2 le fou prend le roiRésumé : 1340, au cœur du comté de Flandre. Alors que les premiers feux de la guerre de Cent Ans s’allument, le Bâtard de Kosigan et ses Loups se voient confier, par le sénéchal d’Angleterre, la délicate mission de découvrir les tenants et aboutissants d’un complot qui se trame… autour du roi de France.
Une enquête surprenante et extrêmement dangereuse, mêlant trahisons et forces obscures, dans laquelle l’ascendance surnaturelle du Bâtard, habituellement son plus grand atout, pourrait bien se muer en talon d’Achille.
Cinq siècles et demi plus tard, à la fin de l’année 1899, l’enquête engagée par le lointain descendant du chevalier tente de faire la lumière sur l’inexplicable disparition des puissances magiques. Entre Bruges et Lens, peut-être mettra-t-elle à jour la nature des ombres qui se dissimulent derrière les échos cachés de l’Histoire.

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Il y a quelques mois, je me suis laissé tenter par le premier tome de cette série sur Le Bâtard de Kosigan qui m’avait offert un bon moment de lecture à travers une intrigue vive, sans temps morts et efficace, proposant de nombreux mystères le tout dans un univers uchronique et Fantasy intéressant (ma chronique ici). C’est donc sans surprise que, lors des dernières Imaginales, je me suis rapidement laissé tenter par la suite, surtout que l’auteur a su titiller ma curiosité concernant ce deuxième tome. J’ai donc décidé de sortir ce livre de ma PAL et de voir ce qu’allait bien pouvoir nous offrir ces nouvelles aventures du Bâtard. A noter que ce livre peut être lu indépendamment du premier tome, même si ce serait dommage selon moi, loupant ainsi une ou deux références. Concernant la couverture, illustrée par Emile Denis, elle reste dans la même veine que le premier et se révèle toujours aussi sympathique.

Avec ce second tome, l’auteur continue à revisiter l’Histoire de France, car après avoir posé son intrigue sur l’indépendance de la Champagne, cette fois l’auteur nous fait revisiter les prémices de la guerre de Cent Ans et ce conflit pour le trône de France. Alors attention on parle bien d’Histoire Uchronique, que ce soit dans la présence de peuples féériques comme dans les changements historiques qui apparaissent, de nombreux changements sont présents. Si vous cherchez un roman pointilleux historiquement, il vaut mieux passer son chemin. En tout cas une chose est sune j’ai retrouvé avec plaisir les aventures et les péripéties de chevalier de Kosigan qui continuent à se révéler prenantes, sans temps morts, avec de l’action, des rebondissements et son lot de surprises. Dans tous les cas on ne s’ennuie jamais vraiment avec le Bâtard tant ses missions se révèlent semées d’embûches. Le chapitrage court joue aussi sur le fait qu’on se retrouve à tourner les pages avec plaisir et envie d’en apprendre plus. Je regretterai juste un point, qui risque de faire tiquer ceux qui ont lu ma première chronique, c’est que le héros subit un peu trop les évènements, il m’a ainsi paru d’une certaine façon trop attentiste pour prendre finalement des décisions qui paraissent discutable, surtout vu l’intelligence qu’il a déployé dans le premier volume. Alors je sais, dans le premier tome j’avais dit l’inverse, le Bâtard s’en sortait trop bien, son plan paraissait trop parfait. Clairement ici l’auteur a décidé de montrer que le héros pouvait être mis à mal, qu’il pouvait ne pas contrôler toutes les situations, mais sur une ou deux situations on tombe dans l’effet inverse où on se demande s’il réfléchit vraiment à ce qu’il fait. Attention ce n’est en rien dérangeant tant l’auteur maîtrise de nouveau parfaitement le rythme de son récit pour nous happer et donner envie d’en apprendre plus.

Autre point qui m’a dérangé dans l’intrigue, c’est la partie qui se passe, toujours au travers d’une narration par correspondance, en 1899 qui, sans être non plus mauvaise ou inutile, loin de là, manque quand même de punch et surtout parait un peu tirer en longueur. Pas que je souhaite toutes les réponses d’un coup, mais voilà la première moitié de cette intrigue parait un peu répétitive, finalement ne tournant que sur les éléments du premier tome, n’apportant que peu de réponses. Comme si l’auteur essayait de garder le maximum d’informations pour les prochains tomes et en rajoutait. Pourtant, elle n’est pas non plus si inintéressante que cela, les questions qu’elle soulève ne manquent pas de titiller le lecteur, d’essayer de comprendre cette grande différence d’Histoire entre le 19ème et le 14ème siècle. Peut-être que plus condensé cela aurait permis de rendre l’ensemble encore un peu plus efficace. Mais bon rien de non plus trop bloquant.

Concernant l’univers, certes on perd un peu de l’aspect découverte du premier tome, mais l’auteur continue à nous dévoiler un univers qui se révèle solide, efficace, entrainant et prenant. L’auteur continue à parfaitement maîtriser son aspect Historique et surtout arrive à le revisiter et à le modifier de façon vraiment intéressante, logique et cohérente. L’ensemble est porté par un travail de fond et des descriptions qui font qu’on peut plonger dans ce monde, que ce soit dans ce moyen-âge âpre et violent comme à travers ce 19ème siècle plus technologique, avec facilité, sans jamais se sentir perdu ou même ne ressentir de longueurs. Les luttes de pouvoirs sont toujours aussi présentes et notre héros va se retrouver emporté dans des batailles qu’il ne maîtrise pas. Les passages en 1899 ne manquent pas non plus d’attraits, avec leurs machinations, leurs zones d’ombres et de révélations. Concernant l’aspect Fantasy, que ce soit à travers les êtres mystiques ou encore la magie, il reste toujours présent et apporte un véritable plus à l’ensemble, je trouve, surtout que plus on avance dans l’intrigue, plus on se rend compte qu’elle prend de plus en plus d’importance, que ce soit aussi bien dans la politique des nations, dans la vie du Bâtard, comme dans l’Histoire. Au final, un univers qui donne envie d’en apprendre plus, rien que pour savoir jusqu’où l’auteur va aller dans sa réécriture de l’Histoire.

Les personnages se révèlent toujours aussi intéressants à découvrir au fil de l’histoire, même si j’avoue certains m’ont un peu dérangés. On est ainsi toujours autant captiver par le Bâtard de Kosigan qui se révèle un héros charismatique, dépaysant et à la répartie qui fuse. Il ne manque pas d’attrait et plus on avance dans les tomes, plus son passé se dévoile, certes parfois de façon peut-être un peu trop académique à travers des apartés, mais qui viennent densifier et complexifier un personnage vraiment intéressant à suivre. Il tombe d’ailleurs un peu moins, ici, dans le héros « James Bond » que je lui reprochais légèrement dans le premier tome, ce qui fait que je me suis un peu plus attaché à lui. Mon seul regret est que, vu qu’on se concentre principalement sur lui, il est parfois difficile de se passionner ou s’intéresser aux membres de son groupe. Par conséquent quand les choses se gâtent pour ses loups, je n’ai pas obligatoirement ressenti l’empathie nécessaire je pense. Concernant les personnages secondaires, ils ne sont pas mauvais, mais voilà, ont du mal à sortir du moule du simple protagoniste bon à apporter des réponses ou des révélations. Certains arrivent à sortir du lot, principalement vers la fin, mais voilà c’est parfois légèrement frustrant, même si rien de non plus bloquant. Je regrette par contre qu’Adélys de Quiéret, dont je ne dévoilerai rien, mais qui a son importance, manque quand même de profondeur. Elle a du potentiel. A voir maintenant par la suite.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi efficace, vivante, prenante et arrive rapidement et facilement à emporter le lecteur dans son intrigue et dans l’univers qu’il construit. Certes ce second tome possède encore quelques défauts, mais j’ai de nouveau passé un bon moment de lecture avec ces nouvelles aventures du Bâtard de Kosigan qui nous happe facilement, apportant quelques révélations et soulevant quelques mystères accrocheurs. Je lirai sans soucis le troisième tome quand il sera publié.

En Résumé : J’ai de nouveau passé un bon moment de lecture avec ce second tome des aventures du Bâtard de Kosigan qui offre une histoire toujours aussi nerveuse, vivante, sans temps morts avec son lot de rebondissements et de surprises. L’intrigue comporte toujours son lot de manipulations et de jeux de pouvoir qui se révèlent attrayants. L’aspect historique uchronique ne manque pas d’intérêt et se révèle surtout cohérent et logique. Je reprocherai par un intérêt moindre sur la partie qui se déroule en 1899 donnant l’impression de tirer en longueur et aussi une capacité du héros, sur la période de 1340, à trop subir et parfois faire des choix très contestables alors que le premier tome montrait complètement l’inverse. L’univers s’avère toujours aussi solide et entrainant, l’aspect Fantasy y apporter un plus efficace et soulève aussi sont lot de questions, donnant envie d’en apprendre plus. Concernant les personnages, je me suis accroché rapidement au héros qui est toujours aussi charismatique et entrainant, se complexifiant au fil des tomes. Je regretterai par contre des personnages secondaires qui ont un peu de mal à sortir du lot et le fait que le personnage d’Adélys manque légèrement de profondeur. La plume de l’auteur est simple, entrainante et vivante, happant finalement assez facilement le lecteur dans son intrigue. Au final un second tome qui, malgré quelques défauts, se révèle plus qu’efficace et je lirai la suite sans soucis.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : joyeux-drille, louve, Boudicca(Bibliocosme), …

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