grendelRésumé : Grendel, qui narre l’épopée de Beowulf du point de vue du monstre, s’est imposé en moins de quarante ans comme un des grands classiques de la fantasy anglo-saxonne. Court, brutal, d’un humour ravageur, ce conte philosophique frappe le lecteur avec la force d’une comète, dans l’éblouissement.

Edition : Denoël Lunes D’Encre

 

Mon Avis : Ce livre, j’en ai longtemps entendu parler comme d’un véritable chef-d’œuvre à lire et à découvrir. Il y a donc plusieurs mois j’ai fais entrer ce livre dans ma PAL où il a attendu un petit moment au final. J’avais un peu peur de me lancer dans cette œuvre dont j’avais tellement entendu parler, peur de ne pas être prêt à me lancer dans ce texte qui s’annonçait un peu exigeant, peur d’avoir trop idéalisé ce court roman et me retrouver déçu. Ne voulant pas faire de ce livre un fossile de ma PAL j’ai donc décidé de le lire et de me faire mon avis. En tout cas la couverture, illustrée par Lasth, se révèle vraiment intéressante, représentant l’angoisse qu’est le monstre Grendel.

Alors, je le dis tout de suite de Grendel et la légende de Beowulf je ne connais très peu de choses du poème dont ils sont issus, mis à part quelques films plus ou moins réussis. Pourtant, dès le début j’ai été vraiment captivé par ce récit qui, certes, demande de la concentration pour bien assimiler ce livre à l’histoire dense, ainsi que tous les aspects intellectuels et philosophiques que met en avant l’auteur. Un récit complexe aux multiples interprétations. L’auteur a déjà décidé de prendre le poème de façon différente nous contant ainsi l’histoire du monstre, Grendel, et finalement c’est un peu de sa vie entière, de sa quête qu’on découvre tout le long du récit, de son évolution de sa quasi « naissance » dans le monde des hommes, quand il sort du lac, à sa fin dessinée, écrite et pourtant d’une cruelle ironie face à ce héros qu’est Beowulf.

Mais surtout ce que propose l’auteur c’est la vision des hommes vu par le monstre lui-même. Un monstre qui a autant besoin de l’humanité que l’inverse pour exister et vivre. On découvre ainsi une humanité vaine de sens et de véritables quêtes qui tourne en rond dans une recherche de pouvoir, de domination, d’héroïsme pour être reconnus et devenir légende, pour qu’on parle d’eux. La vision de ce monde à travers les yeux de Grendel se révèle vraiment percutante, pleine d’humour et d’ironie et offre aussi de quoi réfléchir sur énormément de sujets allant de la vie à la mort en passant par soi-même. Le tout est cristallisé par cette scène avec le dragon être avide d’or et cupide, mais qui pourtant nous offre un raisonnement philosophique intense sur le vide du temps et de l’avenir. Une scène primordiale qui va ouvrir les yeux de Grendel sur l’absence d’importance des hommes sur la durée qu’ils compensent par la magie des mots et du souvenir.

Grendel possède plusieurs visages, qui se révèlent autant fascinants que repoussants. Ils mettent clairement en avant son côté monstrueux à travers les différents massacres qu’il perpétue. Des passages beaucoup plus philosophiques, passionnants et intenses, mis en avant au cours des différentes étapes de sa vie, étonnent le lecteur. Un personnage qui surtout remet clairement en perspective les autres protagonistes qui gravitent autour de lui. On s’en rend principalement compte dans la scène finale avec Beowulf, jamais nommé dans le récit, qui se révèle n’être qu’une caricature du héros et qui sert qu’à mettre fin à un cycle pour en commencer un autre. Grendel cherche clairement quel est son rôle dans un monde qui tourne sans personne aux commandes et il va le découvrir, il est celui qui permet aux hommes de plonger dans une fois vide de sens, dans le rassemblement, dans la science et dans une quête d’héroïsme sans aucune récompense.

Un roman qui se révèle percutant, intrigant, dérangeant et intelligent, mais voilà le fait de ne pas connaître grand-chose de l’œuvre original du poème a aussi eu une influence sur la lecture, donnant l’impression quelquefois de ne pas totalement comprendre ce que veut mettre en avant l’auteur. Rien de bien gênant, car on peut très bien apprécier ce livre, mais offre tout de même une petite limite de compréhension sur quelques passages. De plus parfois j’ai trouvé que l’auteur en faisait un tout petit peu trop à travers ses axes de réflexions et de philosophie qui parfois se révèlent un peu suranné ou longuet. Ce qui n’empêche en rien ce roman de posséder énormément de qualités et de se révéler vraiment fascinant.

L’auteur est un spécialiste de la littérature, principalement médiéval, et cela se ressent dans son style qui se révèle vraiment dense, philosophe et réfléchi jouant aussi bien avec les personnages, l’histoire voir même la présentation alternant par exemple le récit , au chant, au poème ou encore au théâtre. Parfois il est peut-être un peu trop solennel dans sa présentation, mais rien de bien dérangeant. Il faut ajouter à ce récit la postface de Xavier Mauméjean qui, finalement, présente le mieux ce récit et cet auteur, une postface à lire et à découvrir qui offre un regard différent sur le récit. Je sors donc de ma lecture ravi, car malgré quelques légers défaut, j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce court roman intense, réfléchi, dérangeant.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce court roman qui nous permet de découvrir le monstre Grendel de la légende de Beowulf. Un récit fascinant, percutant, passionnant, intelligent qui risque de ne pas laisser indifférent le lecteur et qui offre une vision de l’Homme bien particulière. Grendel fascine et effraie à la fois et pourtant se révèle d’une certaine façon attachant par sa vision de voir les choses et de les partager, mais aussi par sa philosophie. L’auteur se laisse parfois un peu aller à en faire un peu trop dans ses axes philosophiques et parfois on sent que la méconnaissance du poème originale empêche la bonne compréhension de quelques passages mais rien de vraiment bien gênant car au final on retrouve une histoire magnifique, poétique, troublante et violente. La plume de l’auteur se révèle vraiment dense et soignée. À noter aussi l’excellente postface de Xavier Mauméjean sur le livre et son auteur.

 

Ma Note : 9/10