blood song t1 la voix du sangRésumé : Vaelin Al Sorna, héros légendaire du Royaume Unifié, accomplit son dernier voyage. Sur le navire qui l’emmène vers sa condamnation, il raconte à un jeune chroniqueur impérial les événements qui l’ont conduit à cette tragique conclusion.
Vaelin aurait dû succéder à son père, le célèbre Seigneur de Guerre, mais il était promis à un autre destin. Confronté dès l’enfance au quotidien rude d’un combattant de la Foi, il n’aura désormais pour seule famille que l’Ordre qui l’a recueilli dans ses rangs. C’est là, entre les maîtres sans pitié et les épreuves initiatiques mortelles, qu’il se liera à vie à ses frères d’armes, et à celle qu’il n’a pas le droit d’approcher. Devenu le fer de lance d’un royaume gouverné par le sang, Vaelin est redouté sur tous les champs de bataille. Mais c’est pourtant son humanité qui fera de lui à la fois un héros et un traître…

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : Comme tous les ans les éditions Bragelonne propose de nous faire découvrir leur grand coup de cœur de l’année. Depuis quelques années j’avoue faire de plus en plus attention avec cette appellation ; les dernières années s’étant révélées pas toujours au niveau que j’espérais et pourtant j’avais bon espoir avec la cuvée de cette année, présenté comme du Gemmell raconté dans le style du Nom du Vent. Cela a eu le don de m’intriguer. Par contre qui dit coup de cœur dit communication importante et là je me demande si l’éditeur n’en fait pas un peu trop, présentant l’auteur comme quelqu’un qui laissera certainement sa marque sur le genre de la Fantasy moderne. En tout cas je trouve la couverture, illustrée par Didier Graffet, sympathique même si l’aspect personnage à cape devient un peu redondant ces derniers temps.

Ce premier tome nous propose finalement de découvrir un roman de Fantasy assez classique dans sa construction, avec ce héros qui, par la force des choses, va rencontrer un chroniqueur et va alors lui raconter sa vie. On se retrouve alors avec avec une intrigue qui se révèle initiatique où il va se retrouver abandonner, enfant, par son père à l’Ordre qui va en faire un guerrier de la Foi. Le roman peut se diviser en deux grandes parties, la première sur l’apprentissage, l’amitié, la construction de soi, la découverte de la mort et l’appartenance à un groupe, la seconde où notre héros a évolué, gagné ses galons et va découvrir la guerre, les luttes de pouvoir, les trahisons, l’amour impossible et les manipulations ; l’auteur n’offre donc en soit rien de nouveau sous le soleil. Par contre j’ai trouvé intéressant que l’auteur ne se soit pas laissé tenter d’écrire un roman complet pour chaque partie. Il aurait pu nous faire un roman entier sur l’apprentissage du héros par exemple, même si cet aspect condensé à l’inconvénient de rendre certains passages moins marquants, comme par exemple le coup du camarade rival dont le lecteur ne ressent jamais cette compétition et cette jalousie, elle ne parait jamais exister ni être aboutie.

Pourtant l’ensemble se laisse lire facilement, cela a beau être classique il connait parfaitement les codes du genre pour les reproduire efficacement, offrant un récit entrainant, plutôt bien rythmé avec son lot d’action et efficace. On se retrouve à suivre les aventures de Vaelin Al Sorna avec plaisir et envie d’en apprendre plus. On peut très bien rester très classique et offrir quelque chose d’intéressant et de solide, c’est justement ce que propose l’auteur ici. Mais voilà, je regrette quand même qu’il ne soit pas un peu plus sortis des carcans traditionnels, car au final, à force de rester en terrain trop connu, il balise son histoire et pour quelqu’un qui lit régulièrement de la Fantasy il risque alors de trouver l’ensemble linéaire et sans véritable surprises. De la première à la dernière page aucune des tentatives d’offrir des coups de théâtres n’ont jamais complètement marché tant je voyais les choses arriver à l’amont. L’auteur se laisse aussi aller un peu trop, offrant par moment certaines longueurs inutiles, 50 voir 100 pages de moins aurait apporté un plus je pense, surtout vers la fin où on se retrouve dans du flashback de flashback parfois inutile. Mais rien de non plus bloquant,  compensé par une histoire fluide, épique, pleine d’aventures et de péripéties.

Concernant l’univers là non plus l’auteur ne révolutionne pas le genre avec un Royaume Unifié sous la coupe d’un Roi considéré comme juste et bon, ainsi qu’une foi qui repose sur six ordres allant du guerrier à l’inquisiteur en passant par le soigneur. Un univers qui se révèle solide, complexe et prenant que l’auteur développe de plus en plus au fil des pages et des rencontres que font le héros, le densifiant et dévoilant ensuite manipulations et conspirations. On se rendra très vite compte que de nombreux aspects restent mystérieux, que ce soit aussi bien sur le pouvoir que sur les Ordres, ce qui offre ainsi de nombreuses possibilités de développements à l’auteur, cherchant ainsi à jouer avec le lecteur. La magie que développe l’auteur se révèle elle aussi efficace, mais sans non plus sortir des aspects classiques de la Fantasy, cette voix du sang me faisant un peu penser à ce que proposait Elspeth Cooper avec son chant, quoique en beaucoup plus subtil chez Ryan ce qui est une bonne chose, évitant le syndrome du héros invincible. Je regrette par contre un ou deux points qui manquent de logiques, rien de bien méchant, mais qui m’a fait lever les yeux au ciel. Par exemple ce molosse, soit-disant présenté comme un pit-bull ne vivant que pour son maitre et personne d’autre sous peine de se faire bouffer un bras et qui au fil du récit finit en labrador que tout le monde peut papouiller, où bien un personnage ne voulant pas tuer un innocent qui se dresse devant lui lui coupe la main en lui criant de fuir sinon il va mourir (je dois revoir mon cours de biologie, mais il n’y a pas des artères dans la main), ou encore ce cheval qui attrape une gourde entre ses dents et incline la tête pour boire au goulot (???).

Concernant les personnages l’auteur tente de nous offrir des personnages qui se révèlent complexes, soignés avec un minimum de profondeur et d’intensité pour que le lecteur s’attache à eux. Concernant le héros et ses amis cela fonctionne plutôt bien, on s’intéresse à eux, à leurs souffrances, leurs envies, leurs passés trouble qui se révèle. J’ai juste quelques regrets concernant le héros, l’auteur cherchant à en faire, comme c’est à la mode depuis Robin Hobb, un assassin torturé par ses actes. Le problème c’est que ça ne prend jamais, il ne suffit pas de dire de temps en temps « mon dieu je suis un monstre, un assassin » pour arriver à m’émouvoir, surtout quand il n’y a jamais un minimum d’acte de rébellion ou d’envie de changer. On pourra me dire qu’il est figé dans les préceptes de sa foi ce qui l’empêche de réagir, mais non je ne suis pas d’accord car il va régulièrement, pour d’autres aspects, à l’encontre des règles. De plus l’auteur a beau tenté de faire le maximum pour le rendre fascinant, je ne sais pas trop, il m’a paru manquer de charisme. Il n’arrive pas à atteindre cet attachement que j’ai pour des héros comme Fitz ou Kvothe, principalement dans sa façon de commander qui parait trop simpliste. Ce qui n’empêche pas de suivre ses aventures avec plaisir. Concernant les personnages secondaires il y en a énormément et même si dans l’ensemble ils se révèlent efficaces, parfois ils manquent de profondeur, je pense par exemple à la princesse, dont on cherche à en faire une manipulatrice, mais qui manque de profondeur pour y croire.

La plume de l’auteur se révèle fluide, efficace et un minimum entrainante, offrant ainsi une histoire divertissante. La conclusion, malgré la nouvelle utilisation d’une ficelle un peu trop classique de la Fantasy, se révèle intéressante et soulève assez de questions pour me donner envie de découvrir la suite. Au final ce roman est un roman de Fantasy solide mais qui reste très classique dans sa construction et son déroulement, ce qui fait qu’il est loin d’être la claque annoncée ou LE roman marquant de la Fantasy moderne. Cela ne l’empêche pas d’offrir un divertissement efficace qui peut permettre au jeune lecteur de se lancer dans la Fantasy et aux habitués, pourquoi pas, de passer un agréable moment de lecture. Je lirai le second tome avec plaisir pour savoir ce que va offrir l’auteur par la suite.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture sympathique avec ce livre. L’histoire ne révolutionne pas le genre de la Fantasy, se révélant très classique, mais l’auteur arrive à la rendre solide et efficace malgré une certaine linéarité et un certain manque de véritable surprise pour les habitués du genre. Je regrette par contre certaines longueurs, surtout vers la fin, où Anthony Ryan se lance dans des flashback de flashback inutiles selon moi. L’univers développé par l’auteur se révèle intéressant et ne manque pas de charme, possédant ses secrets, ses trahisons et ses luttes de pouvoir malgré quelques petites incohérences. On découvre pas mal de personnages au fil des pages, le héros et ses compagnons se révèlent complexes, soigné et entrainants, même si je trouve que Vaelin manque un peu de charisme et son aspect torturé m’a paru mal géré. La plume de l’auteur se révèle fluide et efficace dévoilant une conclusion, certes qui apporte de nouveaux aspects classiques, mais qui ne manque pas de charme. Alors clairement ce livre est loin d’être le coup de cœur ou la claque de la Fantasy moderne, mais il est agréable à lire, divertissant et je lirai la suite avec plaisir.

 

Ma Note : 7/10

 

Autres avis : Flo, Lady K, Plumeline, Phooka, …