l'aracane des épées 1Résumé : Un mystère plane sur le grand château du Hayholt, l’ancienne forteresse des immortels Sithis. Le roi Jean, tueur du dragon Shurakai et souverain de toutes les nations humaines, est à l’agonie. Bientôt son fils aîné, le prince Élias, ira siéger sur le Trône du Dragon.
Des complots se trament dans l’ombre. La mort du roi Jean est très attendue. Elle pourrait libérer un terrible maléfice que seul un petit groupe, la Ligue du Parchemin, a pressenti.
Simon, jeune orphelin et apprenti d’un mage de la Ligue, devra jouer un rôle essentiel dont il n’a aucune idée…

Edition : Pocket

 

Mon Avis : L’arcane des Épées fait clairement parti des cycles de Fantasy, sortie courant des années 90, qui sont devenus connus et reconnus avec le temps, voir même considéré comme un cycle majeur dans la lignée du Seigneur des Anneaux ou encore de la Roue du Temps. Autant le dire tout de suite il s’agit pour moi ici d’une relecture, puisque j’avais déjà dévoré ce cycle que j’avais emprunté il y a quelques années. Vu la publication d’intégrale (qui ont quand même réussi à ne pas respecter le découpage VO ce qui est assez fascinant) j’ai décidé de me lancer dans une relecture et par la même occasion les faire ainsi entrer dans ma bibliothèque. Surtout que je trouve la couverture, illustrée par Elian Black’Mor, superbe.

Par contre, avant de me lancer dans ma chronique proprement dite, j’aimerais parler de l’édition qui possède deux-trois défauts. Concernant la préface, par exemple, je l’ai trouvé plutôt fade. On sent que celui qui l’a écrite a adoré le livre, mais on dirait plus une chronique qu’une introduction à l’univers et l’auteur. Concernant les cartes, je me doutais que sur un format semi-poche on ne pouvait pas avoir la carte la plus détaillée qui soit, mais par contre mettre des marges tellement larges que la carte tient finalement à peine sur une demi-page, là ça devient très compliqué. Ensuite, concernant la traduction j’avoue je l’ai trouvé parfois légèrement lourde comme par exemple des phrases qui contiennent une répétition de « et » sur une ligne et plusieurs coquilles traînaient ici où là. Voilà pour les quelques petits points, mais rien de complètement dérangeant non plus pour lire et découvrir ce livre et cet univers.

Bon alors autant de le dire tout de suite si vous n’êtes pas fan de la High Fantasy ainsi que des romans fleuves (l’ensemble du cycle se tenant sur trois tomes et sur un total de près de 3500 pages) alors passez votre chemin. Sur les très grandes lignes l’auteur reste dans le classique, nous proposant une lutte entre le bien et le mal, une prophétie ou bien encore un jeune héros lambda qui se retrouve entrainé, malgré lui, dans une grande quête. Mais voilà cela n’empêche pas l’auteur d’offrir une histoire qui se révèle efficace et entrainante tout en y apportant aussi ses propres variations et ses originalités. Il se permet même de réutiliser les classiques tout en les renouvelant pour les adapter, faire qu’ils collent parfaitement au récit et les rendre captivant. Une des forces du récit est d’ailleurs de ne pas être qu’une simple quête pour détruire le mal, en effet il développe une seconde intrigue, certes lié à la principale, où deux frères qui à la mort de leur père, le Roi, s’entredéchirent le pouvoir et la couronne parfois un peu malgré eux. On se retrouve donc à mélanger de façon prenante et entrainante magie, mystères ainsi que trahisons, batailles épiques et aventures pour mieux rythmer le récit et varier le tout pour éviter au lecteur la monotonie. Un ensemble que, certes, l’auteur construit sur un rythme lent, mais dont il maîtrise les rebondissements et les surprise pour mieux entrainer le lecteur et lui faire tourner les pages même s’l faut quand même l’avouer l’ensemble reste assez linéaire du point de vue de la quête.

L’univers développé au fil des pages se révèle clairement attrayant à découvrir même s’il prend plutôt son temps à se dévoiler. Entre les hommes, les êtres féériques, les trolls et les magiciens tout y est, et pourtant tout parait différent, nouveau et original ; le magicien ressemblant plus à un scientifique curieux, l’être féérique étant un bipède a tête de renard et le troll se révélant être un être sage chevauchant une louve. Chaque archétype est à la fois typique et nouveau. L’auteur a construit ici un univers dense, riche et travaillé, mais il se sert aussi de son monde pour développer une réflexion, plutôt classique mais toujours intéressante, sur la religion, l’importance des mythes et des légendes et sur le rejet des uns vis-à-vis des autres. Chaque peuple se révèle différents des autres, possédants leurs propres coutumes, leurs propres visions ainsi que leurs propres fonctionnement ce qui permet une belle diversité, en plus des êtres imaginaires. Le tout est bien porté par des descriptions plutôt efficaces, principalement au niveau des espaces naturels, que ce soit au niveau des forêts ou encore la quête dans la montagne on sent bien toute la beauté et l’aspect brut, sauvage. J’ai été légèrement moins fasciné par le travail descriptif des villes l’auteur en faisant soit parfois trop, soit parfois pas assez, mais rien de dérangeant. En tout cas un univers riche, solide et efficace qui donne envie d’en apprendre plus.

Les personnages découverts tout au long du récit se révèlent intéressants, soignés et surtout ne laissent pas indifférents le lecteur. Qu’ils soient bons ou mauvais ils possèdent souvent assez de profondeur psychologique pour qu’on les comprenne ou, à minima, qu’on devine ce qui les poussent à agir de cette façon. Pourtant, c’est vrai, j’ai eu un peu de mal à accrocher au personnage principal, Simon, possédant ce que j’appelle le syndrome de Fitz, chouineur, se plaignant assez régulièrement de sa vie, mais ne faisant rien pour changer ou ne se rendant pas compte des évolutions qu’il vit. Certes c’est un ado, mais parfois il donnait envie de le secouer. Mais voilà au fil des pages je me suis attaché à lui justement parce que la vie va le secouer, le pousser dans une quête qu’il ne souhaite pas et ne veut pas. Il évite d’ailleurs le côté lisse du héros qui, une fois la quête acceptée avance malgré lui sans jamais rien dire, lui il la rejette complètement, ce sont les autres qui le forcent à avancer dans ce premier tome ; aucune prophétie ne le désigne. J’ai aussi pas mal accroché aux deux frères ennemis que sont Josua et Elias, ou encore Morgénès le sage mais mon personnage préféré de ce premier tome reste Binabik, le petit Troll qui possède un petit air de Yoda, qui se révèle attachant et passionnant à découvrir. Par contre, à voir par la suite, mais j’attends légèrement plus de personnages comme la princesse. Dans tous les cas les personnages sont nombreux et l’auteur leur offre une profondeur qui annonce des choses intéressantes par la suite.

Alors après je ne le cache pas il y a quand même quelques défauts à cette première intégrale et la principale est que le début prend clairement son temps. Certes je suis d’accord il faut poser le monde, les légendes ainsi que les personnages, mais par moment j’ai senti quelques longueurs quand même ainsi que, parfois, un sentiment de répétition. Mais rien de non plus complètement bloquant de mon côté et qui se fait vite vite oublié une fois passé les 150 premières pages (sur près de 950) et qu’on se retrouve alors plongé dans l’intrigue et les aventures. Ensuite vu que l’aspect High Fantasy reste classique, certains passages restent sans rebondissements et certains sous-intrigues se révèlent facile à deviner, rien de dérangeant tant l’ensemble se révèle fluide et entrainant, mais limite certaines surprises.

La plume de l’auteur se révèle accessible, simple, fluide et entrainante, le lecteur se retrouvant facilement emporté, que ce soit aussi bien par les aventures présentées des personnages ou par les descriptions d’un univers complètement nouveau et qui se crée au fil de la lecture. Je reprocherai juste une propension un peu trop poussé à la métaphore par moments, je ne sais pas si cela vient de la traduction ou de l’auteur, mais il en fait parfois un petit peu trop. Au final voilà donc une première intégrale d’un cycle de High Fantasy qui se révèle plus que solide et efficace, reprenant certes les classiques du genre, mais en y apportant aussi ses originalités et variations. J’ai relu avec plaisir ce livre et je vais rapidement faire rentrer la suite dans ma PAL.

En résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec cette première intégrale d’un cycle considéré comme un classique de la High Fantasy. L’histoire se révèle, certes classique par certains aspects, principalement par la lutte entre le bien et le mal, mais l’auteur arrive à l’étoffer avec une seconde intrigue liée à une quête de couronne et de pouvoir ce qui offre à l’ensemble un peu plus de densité et à offrir quelque-chose de solide et efficace. L’univers que construit l’auteur se révèle vivant, passionnant et surtout dense même si par moment au niveau de la description des villes l’auteur a parfois du mal à trouver le juste milieu. Concernant les personnages ils sont denses, complexes et travaillés. J’ai eu un peu de mal au départ avec Simon, jouant trop l’ado pleurnicheur, mais très vite il s’est révélé attachant et entrainant. Les personnages secondaires se révèlent eux aussi intéressants et donnent clairement envie d’en apprendre plus. Je reprocherai par contre au livre un début lent et, par moments, certains aspect un peu trop facile à deviner, mais rien de dérangeant dans l’ensemble. La plume de l’auteur se révèle simple, fluide et entrainante même si elle m’a paru abusé parfois des métaphores. Un livre à conseiller si vous aimez la Fantasy à la Tolkien où à ceux qui chercheraient à découvrir le genre, pour les autres tentez votre chance et faites-vous votre avis. De mon côté je lirai la suite sans problème.

 

Ma Note : 7,5/10

 

Autres avis : Anassete, nymeria, Tesrathilde, …