l'insoumisRésumé : Après avoir sauvé le prince Aleksander – dont il était l’esclave –, et l’empire tout entier, de la menace des rai-kirah, Seyonne est redevenu un homme libre. Mais le retour parmi les siens ne sera pas aussi simple qu’il l’espérait : il a été souillé par sa captivité et son peuple n’est pas prêt à lui rendre sa place de Gardien des Âmes. Il va devoir, une fois de plus, lutter pour regagner la confiance des Ezzariens et, plus que tout, de celle qu’il aime.

Edition : Bragelonne
Poche : Folio SF

 

Mon Avis : Le premier tome de cette série, L’Esclave, s’était révélé vraiment efficace et m’avait offert un très bon moment de lecture, le tout porté par deux héros vraiment opposés mais complémentaire et qui se révèlent charismatiques à leurs façons, et surtout humains et attachants (ma chronique ici). J’ai donc rapidement fait rentrer la suite dans ma PAL, mais vu que le tome 1 avait sa propre conclusion, j’avoue, j’ai mis un peu de temps avant de décider de me relancer dans ce cycle, la faute aussi à une PAL imposante. À noter que je trouve la couverture, illustrée par Yayashin – Bruno Wagner, réussie et efficace.

On se retrouve dans ce tome deux ans après la fin du précédent, Seyonne a beaucoup de mal à se faire accepter de nouveau par son peuple après son asservissement et de nouveaux problèmes se profilent pour lui. On retrouve clairement dans ce récit les éléments qui faisaient la réussite du premier tome, une histoire qui se révèle sobre, soignée et surprenante avec son lot de révélations et de rebondissements. Surtout l’auteur ne cherche pas à plonger dans la surenchère d’action, en effet les éléments de combats sont très peu présents, nous présentant plutôt une histoire qui repose principalement sur des choix. Chacun doit, à un moment ou à un autre, faire des choix, des décisions qui vont grandement influencer toute l’histoire et c’est là-dessus qu’elle arrive à construire quelque chose de vraiment complexe et de dense; sur les choix des protagonistes. Alors bien sûr, le rythme se révèle assez lent, posé, mais le lecteur se retrouve vraiment happer dans les aventures de notre héros, cherchant à deviner et à comprendre la vérité en ce qui concernant les démons. Il va devoir braver ses amis, sa famille ainsi que son peuple pour réussir.

La grande réussite qui fait qu’on se retrouve vraiment happer par ce récit, c’est le style de l’auteur. Je l’avais comparé dans ma précédente chronique à celle de Robin Hobb et je maintiens ce que je dis, elle possède une plume vraiment magnifique, soignée, profonde et parfois même magique et poétique. L’histoire se laisse couler telle une rivière tranquille et efficace, et on se laisse glisser avec grand plaisir à travers ce récit malgré le fait que le tout se révèle parfois un peu linéaire. Mais surtout la ressemblance avec Hobb c’est sa capacité à créer une histoire et des héros humains qui savent toucher le lecteur et se sacrifier pour leurs idéaux. Attention l’auteur ne fait pas que copier Robin Hobb, loin de là, elle possède aussi sa propre voix, sa propre construction qui fait que malgré les ressemblances le tout reste original.

L’univers développé se révèle toujours aussi solide et efficace et surtout l’auteur commence à développer au fil de ce tome l’univers des démons, celui qu’on retrouve une fois la « porte » franchie, qui apporte sont lot de questions, de révélations et de surprises. Les démons ne sont d’ailleurs pas ce que l’on croit et vont se révéler beaucoup plus complexes que de simples monstres en quête de pouvoir. On en apprend aussi plus sur la mythologie Ezzarienne, sa magie et son utilité, mais surtout ce qui se dévoile c’est ce peuple qu’on avait découvert chassé, forcé à se cacher dans le premier tome et qui ici dévoile finalement ce qu’il est, un peuple fier qui croit dure comme fer en ses prophéties qu’elles soient bonnes ou mauvaises, un peuple qui se complait dans l’immobilisme alors que de grands changements apparaissent. Un univers qui, au final, se dévoile lentement au fil des pages à travers des descriptions efficaces, apporte son lot d’interrogation et qui donne clairement envie d’en savoir plus.

Concernant les personnages ils se révèlent toujours aussi complexes, fascinants, attachants, denses et surtout humains dans leur façon d’avancer. On ne respecte peut-être pas toujours leurs décisions, mais au moins on les comprend ainsi que leurs réactions et leurs envies. On retrouve avec plaisir Seyonne toujours autant marqué par son esclavage et qui doit de nouveau se battre. On découvre aussi de nouveaux personnages tels que Fiona qui se dévoile lentement au fil des pages et devient attachante ou encore Blaise, personnage intéressant qui possède ses propres secrets. Je trouve par contre dommage que finalement Alexander soit peu présent dans ce tome, leur duo proposait un équilibre parfait dans L’Esclave entre fougue et calme alors que dans ce tome, vu que Seyonne est clairement mis en avant, on a plus parfois l’impression d’une certaine passivité. On a envie de saisir le personnage, de le secouer pour le faire agir malgré, c’est vrai, la complexité des choix qui se profile. Rien de bien gênant, mais légèrement frustrant.

Et pourtant au final malgré tous ces éléments positifs j’ai trouvé ce tome légèrement moins bon que le précédent. Déjà, il faut bien l’avouer, comme souvent la magie du premier tome s’estompe et ici malgré toutes les qualités du livre cela se ressent légèrement. Ensuite, clairement, même si on se retrouve emporter et fasciné par les péripéties de Seyonne, j’ai trouvé ce tome parfois un peu linéaire dans sa construction, rien de non plus dérangeant, mais qui se ressent. Mais surtout il y a clairement des longueurs dans le récit, car, c’est bien joli de vouloir écrire un roman de 750 pages, mais ici, franchement, une bonne centaine de pages en moins auraient permis de rendre ce livre encore plus intéressant. Même si les descriptions ainsi que la plongée dans ce monde se révèlent magnifiques, parfois le tout n’apporte pas grand-chose, de plus certains aspects sont beaucoup trop développés et donnent l’impression de tourner en rond.

Au final malgré les défauts que je viens de soulever je dois bien avouer que j’ai quand même passé un bon moment avec ce second tome, la conclusion possède de nouveau sa propre fin, même si les questions encore ouvertes donne beaucoup plus envie de lire rapidement la suite qu’à la fin du tome 1. Justement la suite m’attend dans ma PAL et ne devrait pas y trainer longtemps.

En Résumé : J’ai passé un bon moment avec le second tome de ce cycle même si je l’ai trouvé un léger ton en dessous que le précédent. L’histoire se révèle toujours aussi entrainante et intéressante, porté par les choix de personnages le tout sur un rythme lent et efficace. L’univers est toujours aussi solide, captivant et continue à se développer au fil des pages. Les personnages sont toujours aussi attachants et humains, même si le fait qu’Alexander soit peu présent se révèle frustrant tant ils se révélaient complémentaires, alors que Seyonne seul se révèle parfois un peu trop passif. Je regrette aussi des longueurs dans le récit et une certaine linéarité, rien de bien gênant, mais qui rend ce récit un peu moins fascinant que le premier. La grande force de ce récit est toujours, selon moi, la plume de l’auteur qui possède un quelque chose de Robin Hobb dans la construction de récits humains et qui se révèle vraiment fluide, dense et entrainante. Un second tome tout de même efficace et je lirai le dernier tome de ce cycle sans soucis et rapidement.

 

Ma Note : 7/10