hysteresisRésumé : Le temps a filé depuis la Panique, la grande, l’incommensurable débâcle qui a couru sur le monde, balayant jusqu’au dernier rêve d’une humanité autocentrée… Le temps a passé, oui, et il a fallu reconstruire comme on a pu. Essayer, en tout cas, et au prix fort : celui du savoir, bien sûr, mais aussi celui de l’espérance… Et quand Jason Marieke arrive à Rouperroux, misérable village accroché à sa survie précaire, lui, l’ancien, celui d’avant la Panique, homme en quête doté de connaissances mystérieuses et aux questions qui dérangent, alors semble sonner l’avènement d’une ère nouvelle, celle des réponses et du cortège d’horreurs qui les accompagne…

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : Ce livre me faisait envie depuis que j’ai découvert sa superbe couverture, illustrée par Aurélien Police, qui se révèle sombre et sauvage. Le quatrième de couverture, annonçant un roman post-apocalyptique, ainsi que les différentes chroniques que j’ai vu apparaitre sur internet ont ajoutés à mon envie de faire entrer ce roman dans ma PAL et de le lire rapidement, même si j’ai eu une légère appréhension sur le fait qu’il s’agissait du premier roman « adulte » de l’auteur plus habitué à écrire pour la jeunesse.

Finalement cette appréhension a très vite disparu et j’ai été rapidement happé par cette histoire d’un homme qui a traversé le monde pour rentrer chez lui et découvrir que son ancien village à complètement changer. Une histoire certes post-apocalyptique, mais concentré sur la vie d’un village, sur leurs évolutions et leurs façons de survivre, malgré un retour en arrière. Cela n’empêche pas non plus l’histoire de se révéler terriblement efficace, bien rythmé et entrainante. Je me suis retrouvé à tourner les pages avec plaisir et envie d’en apprendre plus sur la mystérieuse quête de notre héros qui va aussi soulever de nombreuses interrogations, ainsi que sur ce village à l’ambiance à la fois sectaire, sauvage et rempli de douleurs. L’auteur maîtrise parfaitement son histoire qu’il construit en trois actes, faisant monter la tension et les révélations au fil du récit de façon efficace et passionnante, avec son lot de surprises et de rebondissements. Le tout est aussi porté par une narration que j’ai trouvée intéressante, mélangeant le récit classique avec des morceaux de journaux intimes, variant parfois les points de vue, le tout mâtiné de chants et de poèmes par moment touchants, marquants, qui collent parfaitement au récit.

L’univers présenté se révèle lui-aussi parfaitement réussi, préférant se consacrer pleinement à la façon dont la civilisation à évoluer suite à la grande catastrophe plutôt que de se consacrer à la catastrophe elle-même dont on ne sait finalement pas grand-chose voir un road-trip. On se retrouve alors plongé dans un petit village, vivant comme au moyen-âge, vouant un culte aux arbres et haïssant leurs ancêtres qui ont laissé la planète mourir sans rien faire, ni réagir. Un univers très sombre où la violence et le rejet sont très présents, principalement vis-à-vis justement de ces anciens mais aussi de ceux qui ne respectent pas les règles. Un monde qui s’est finalement refermé sur lui-même, retournant vers le passé, mais aussi vers l’obscurantisme, reniant tout ce qui peut amener l’homme à réfléchir à posséder son propre point de vue et sans réfléchir non plus à l’idée que certaines évolutions et technologies peuvent être bonnes, rejetant tout cela. Mais c’est aussi un monde un peu mystique, un peu troublant, avec ces fées, que seuls les enfants ont l’air de voir, ces êtres mystiques qui considèrent toute avancée comme mauvaise et pouvant les tuer. L’auteur arrive facilement, avec des mots simples, à créer un parallèle fascinant et inquiétant entre ceux qui sont nés après la catastrophe et ceux qui ont connu le monde d’avant qui ont l’ancienne connaissance, l’ont jugée et veulent en récupérer le meilleur pour reconstruire. L’auteur démontre aussi que finalement l’Homme reste fidèle lui-même et qu’il est toujours prêt à tout pour conserver le peu de pouvoir qu’il possède et que tout ce qui vient ébranler ce socle lui fait peur.

Les personnages sont une des grandes forces du récit, se révélant profonds, riches et soigné, mais surtout se révélant finalement humains que ce soit aussi bien dans le meilleur comme dans le pire. Chacun possède ses propres raisons d’être ce qu’ils sont devenus, chacun a été obligé d’évoluer face à la peur et à la violence qui a pris le monde lors de la grande catastrophe. Mais surtout l’auteur nous montre une humanité aux multiples visages avec des hommes qui préfèrent garder le silence devant certains qui crient plus forts que les autres, des hommes qui ont peur, des hommes qui rêvent aussi ou encore des hommes qui ont une vision d’avenir. On retrouve aussi l’amour, un amour impossible et improbable qui ne tombe jamais dans la mièvrerie et vient apporter un léger rayon de soleil au récit.

Chaque personnages possède sa propre facette avec ses doutes et ses forces entre Jason le conteur qui par son chant , ses histoires et ses poèmes paraît un doux rêveur mais qui au final cache une certaine violence en lui, Romain le jeune narrateur qui ne sait pas trop où se situer et qui va se retrouver chambouler dans ses conviction par l’étranger ou bien encore Aurore la guérisseuse qui considère que le monde d’avant mérite d’être complètement oublié et qui cache une sombre colère, mais aussi les jumelles, Mélusine et Mélopée, qui vouent un culte aux fées et qui se révèlent à la fois dérangeante, surréalistes et parfois à la limite de la folie et de la manipulation. On se reconnait en partie dans chacun de ces héros qui nous font réfléchir sur l’avenir et sur nous-même.

Au final un très bon roman de post-apo, un peu intimiste, réfléchi et se révèle même; limite; un dernier appel sur un monde qu’on laisse mourir, même si finalement certains points m’ont quand même dérangés. Je pense principalement aux dialogues, le héros revient des USA et utilise donc facilement des expressions anglaises comme par exemple « Shit » dès qu’il y a un problème, mais voilà quand, vers la fin, tout va mal, et qu’on retrouve l’expression parfois utilisé 3 à 4 fois par pages ça devient lassant ; de plus l’auteur a une façon bien à lui de présenter les dialogues qui doit sûrement représenter une évolution de la narration, mais qui m’a laissé perplexe tout du long. Autre point qui m’a un peu frustré c’est la conclusion, elle monte clairement en tension au fil des pages, s’approchant de plus en plus de la limite de rupture entre deux visions  concernant l’évolution du monde, c’est sombre et parfois pessimiste, j’ai été vraiment pris dedans et là arrive un deus ex machina qui vient inverser la tendance. La conclusion reste bonne, mais pourquoi ce retournement de situation qui offre une fin un peu plus heureuse. C’est un choix de l’auteur, à chaque lecteur de voir ce qu’il en pense.

La plume de l’auteur se révèle fluide, efficace et nous entraine avec facilité dans ce village paisible qui cache de terrible secrets. Surtout il nous plonge dans un univers grave et fascinant, nous posant la question de savoir ce qu’on laisse aux générations futures et ce qu’elles vont penser de nous. À noter aussi que le roman porte bien son nom, finalement, je vous laisse découvrir pourquoi. Au final j’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre et je lirai sans soucis d’autres romans de l’auteur.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec cette histoire post-apocalyptique qui nous plonge dans un village, aux abords paisibles, mais qui cache de terribles secrets. L’intrigue se révèle efficace et bien mené avec son lot de surprises, faisant monter la tension au fil des pages et happant le lecteur. L’univers construit se révèle sombre, sauvage, où l’humanité a régressée suite à une grande catastrophe et qui nous fait réfléchir sur le devenir de notre monde ainsi que sur la force, parfois facile, de l’obscurantisme sur les populations. Les personnages se révèlent denses, humains et surtout intéressants, on peut ne pas tous les apprécier, mais on les comprend. L’auteur offre aussi un parallèle saisissant entre l’ancienne génération qui a laissé faire, là ou la génération d’après est obligée de subir. Je reproche juste que l’auteur utilise un peu trop par moment des expressions anglaises, genre retrouver 4 à 5 fois « shit » sur une page, mais aussi une façon de présenter les dialogues qui ne m’a pas accroché et enfin je trouve légèrement frustrant le deus ex machina de fin. Rien de bien méchant non plus. La plume de l’auteur se révèle simple, efficace et entrainante captant le lecteur rapidement. En tout cas je lirai sans soucis d’autres récits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Louve, Igguk, Cornwall, …