smog of germaniaRésumé : Germania, début des années 1900, capitale du Reich.
À sa tête, le Kaiser Wilhem, qui se préoccupe davantage de transformer sa cité en quelque chose de grandiose plutôt que de se pencher sur la guerre grondant le long de la frontière française – et pour cause : on dit qu’il n’a plus tous ses esprits. Un smog noir a envahi les rues suite à une industrialisation massive, au sein duquel les assassins sont à l’oeuvre.
Une poursuite infernale s’engage dans les rues et les cieux de Germania le jour où la fille du Kaiser échappe de peu à une tentative de meurtre. Objectif : retrouver les commanditaires. La chose serait bien plus aisée s’il ne s’agissait pas en réalité d’un gigantesque complot, qui se développe dans l’ombre depuis trop longtemps.

Edition : Editions du Chat Noir

 

Mon Avis : Ce roman est entré dans ma PAL un peu sur un coup de tête lors du festival des Imaginales de 2015. La première chose qui a attiré mon regard c’est sa couverture, dont l’illustration est réalisée par Miesis, et que je trouve franchement réussie et accrocheuse. Ajouter à cela une intrigue percutante, mais aussi un univers Steampunk il n’a donc pas fallu longtemps avant que je craque. Bon après comme souvent il a un peu traîné dans ma PAL. Heureusement, vacances aidant, j’ai décidé de lui offrir sa chance.

On se retrouve ainsi plongé au début du 20ème siècle, en Germania. Le monde a suivi le modèle de la vapeur et de l’industrialisation, amenant ainsi l’apparition de zeppelins, mais aussi l’apparition de fortes pollutions. On se retrouve à suivre Viktoria, la fille du Kaiser, qui va se retrouver embarquer dans une histoire qui la dépasse complètement, pleine de trahisons et de mensonges. Pour clarifier un peu les choses, j’ai pris ce livre pour mes vacances, un peu comme un roman de plage. Je ne m’attendais pas obligatoirement à un roman génial et novateur, mais plus à un récit divertissant et efficace et je dois bien avouer qu’il remplit plutôt bien ce rôle. Certes, l’ensemble n’est pas parfait, j’y reviendrai, mais il s’est révélé entraînant, nerveux et j’ai tourné les pages avec un minimum de plaisir et d’envie d’en apprendre plus. L’intérêt principal du roman vient ainsi de l’énergie que met l’auteur dans son récit, on est ainsi assez rapidement happé par cette intrigue pleine de rebondissements, d’actions et de retournements de situations. Tout va vite, très vite pour la pauvre Viktoria qui va se retrouver balancer dans ce complot dont elle ne comprend pas grand-chose. Le rythme est haletant de bout en bout, le tout dans une ambiance assez sombre et efficace.

Concernant l’intrigue, sans non plus se révéler révolutionnaire, elle est solide offrant de nombreux complots, de trahisons et de jeux de pouvoirs. Je ne vais pas dire que la politique est le point fort du récit, car ce n’est pas le cas tant elle reste assez sommaire, principalement dans ses aspects géopolitiques, mais l’auteur arrive à la développer assez efficacement pour qu’elle colle parfaitement à l’ensemble de son récit et nous donne envie de découvrir ce qui se trame. Par contre ce que je trouve dommage, c’est la gestion des révélations pour faire avancer l’intrigue. L’auteur joue une grande partie de son récit sur le mystère, notre héroïne étant balloté d’un endroit à l’autre sans trop comprendre ce qui lui arrive et sans que personne ne veuille trop lui expliquer le pourquoi du comment. C’est un peu lassant, mais surtout ça amène énormément d’explications et de découvertes sur la fin ce qui la rend, je trouve, un peu « bordélique ». Surtout que trop d’informations tue l’information, je pense principalement à celle concernant la femme du Kaiser qui parait ne pas apporter beaucoup d’intérêt à ce moment du récit. Ensuite certaines m’ont aussi paru trop facilement devinables, comme par exemple le « méchant » qu’on découvre à la fin qui est juste prévisible quasiment depuis le début du roman. Ce point n’est pas trop gênant en soit, l’auteur ne jouait pas tout sur cette révélation, mais voilà elle tombe tout de même un peu à plat. Enfin l’auteur en fait parfois un peu trop avec certaines scènes qui m’ont paru pas très utiles. Cela ne bloque en rien le dynamisme du livre, mais empêche tout de même l’ensemble de montrer tout son potentiel.

Concernant l’univers il s’agit, je trouve, du point fort du roman. L’auteur nous offre ainsi un univers Steampunk, assez classique dans sa présentation, mais qui ne manque pas de se révéler efficace, solide, soigné et entrainant avec quelques bonnes idées principalement liées aux « créateurs » qui sont des personnages rares, mais avec un génie hors norme. L’ambiance est clairement sombre, poisseuse, le smog jouant beaucoup a cela, ce qui offre a cet univers un aspect légèrement angoissant, crasseux et étouffant qui lui va comme un gant. La politique est en pleine décadence et même si l’auteur offre de ce point de vue quelques stéréotypes faciles, ça se révèle plutôt efficace. L’industrialisation accélérée liée à la vapeur offre aussi de nouvelles technologies intéressantes bien porté par l’imagination de l’auteur, pleines de rouages et de vapeur. Par contre je suis légèrement déçu par la ville Germania, elle ne sert que vaguement d’image de fond et n’offre pas l’impact d’autres villes comme par exemple Londres ou Paris dans d’autres romans du même genre. L’auteur cherchait sûrement à innover, mais n’a pas voulu trop s’aventurer, je trouve, ce qui est dommage. Autre point qui m’a aussi légèrement frustré, l’apparition tardive de certaines technologies  existantes qui aurait pu avantager nos héros plus tôt, mais bon là je chipote un peu. Dans l’ensemble un univers intéressant qui mériterait d’être plus développé et donne envie d’en apprendre plus je trouve. Sinon ne vous lancez pas dans ce récit si vous cherchez une réécriture uchronique de l’histoire, car ce n’est en rien le cas.

Concernant les personnages je dois bien admettre que j’ai bien accroché aux deux héros que sont Maxwell et Jeremiah, chacun possédant un but à atteindre et dont leurs histoires se dévoilent au fil des pages, les rendant de plus en plus complexe. Tous les deux sont des héros qui peuvent paraître froid, l’un dans sa souffrance et sa douleur, l’autre dans son génie, mais qui ne manquent pas non plus de s’avérer humains. Alors parfois l’auteur cherche à un peu trop en faire, mais dans l’ensemble deux héros assez charismatiques et entrainants. J’ai eu par contre beaucoup plus de mal avec Viktoria, dont le seul rôle du début à la fin est de courir pour mieux se faire secourir. Elle ne comprend jamais rien, s’enfonce dans des théories qui ne tiennent jamais debout et joue sa têtue sur des points tellement peu compréhensibles que cela en inquiétant quand on sait qu’il s’agit d’une des héritières du Kaiser. Alors oui, je pourrais comprendre un côté hautain et cassant, une vision différentes des autres, mais là c’est à se demander ce qu’elle a connue comme éducation. Ou alors c’était cours d’habillement, de maquillage et de « je me promène dans les rues mal-famés pour montrer que je suis une princesse badass ». Alors attention elle n’est pas inintéressante en soit, mais voilà elle m’a paru peu crédible et m’a parfois donné envie de la secouer pour la réveiller. Je ne parlerai pas de l’histoire d’amour qui, je trouve, n’apporte pas grand-chose au récit, se révélant assez archétype, mais qui reste assez en retrait pour ne pas déranger le récit. Le seul intérêt de celle-ci serait dans son message sur l’acceptation des différences des autres, mais même là le message reste convenu. Les personnages secondaires remplissent eux parfaitement leurs rôles avec, je trouve une mention spéciale à Gadoue et Charogne dans leurs rôles complètement décalés, morbides et cyniques.

La plume de l’auteur s’avère simple, efficace, très visuelle et prenante, nous plongeant très facilement dans son récit percutant. Seul petit bémol vient, je trouve, de l’envie de mettre des expressions allemandes régulièrement, ça fait un peu trop. Au final ce roman a bien rempli son rôle de divertissement, offrant une lecture agréable et sympathique qui, certes, ne révolutionnera pas le genre, mais qui s’est lu rapidement à la plage. Je pourrai un de ces jours me laisser tenter par un autre récit de l’auteur dans l’optique d’un roman « détente » entre deux lectures plus denses.

En Résumé : J’ai passé un assez sympathique moment de lecture avec ce roman qui certes, n’a rien de révolutionnaire, mais offre un divertissement efficace et percutant. Le rythme s’avère nerveux et offre de nombreux rebondissements. L’intrigue reste classique, mais malgré certains aspects simplistes s’avère solide, même si parfois elle en fait trop sur le côté mystérieux ou encore que certaines révélations sont un peu trop prévisibles. L’univers est l’un des points forts du roman, offrant un aspect steampunk clairement intéressant et soigné, le tout dans une ambiance sombre, crasseuse et légèrement angoissante qui lui va bien. Je regrette juste que la ville de Germania ne s’impose pas plus. Concernant les personnages j’ai bien accroché à Maxwell et Jeremiah, qui sont travaillés et intéressants à suivre, ainsi qu’aux personnages secondaires avec une mention spéciale à Charogne et Gadoue pour leurs côté dérangeants et cyniques. Par contre, je n’ai pas trop accroché à Viktoria. Certes on suit ses aventures avec envie d’en apprendre plus, mais le personnage en lu même m’a paru un peu trop caricatural. De plus l’histoire d’amour que construit l’auteur ne parait pas apporter grand-chose au roman et s’avère un peu trop convenu à mon goût. La plume de l’auteur est simple, très visuelle et entraînante, je regretterai juste l’envie de l’auteur de vouloir mettre des expressions allemandes. Au final ce roman, même s’il est loin de s’avérer très marquant, a rempli son rôle de me divertir sans que je me prenne trop la tête.

 

Ma Note : 6,5/10

 

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