
Résumé : Joseph Whitehead est un vieux millionnaire au passé trouble. Un secret le hante depuis la seconde guerre mondiale. Depuis cette fameuse nuit où il fit la connaissance de Mamoulian, le joueur qui ne perd jamais. Et où, dans Varsovie à feu et à sang, ils s’affrontèrent le temps d’une partie dont nul ne sut l’enjeu ni l’issue. Mais aujourd’hui, Whitehead a peur. Car Mamoulian est de retour et, avec lui, les cauchemars et la mort. Joseph engage alors un garde du corps, Marty Strauss. Mais rien n’arrête Mamoulian. Quel fut le vainqueur de cette partie qui, à jamais, lia Whitehead au joueur de cartes ? Et surtout, qui est Mamoulian ?
Edition : Albin Michel
Poche : J’ai Lu
Mon avis : Il va être difficile d’écrire cette chronique. Non pas que mon ressenti concernant ce roman soit compliqué à retranscrire, mais je ne vais pas cacher que ce roman m’a replongé (certes très doucement) dans la lecture. Cela faisait des années que je regardais mes livres, tentait d’en démarrer un et n’arrivait à rien (faute à de multiple facteurs extérieurs). Puis est arrivé ce livre de Clive Barker, trouvé dans une boîte à livre, que j’ai réussi à finir. Sans qu’il me tombe des mains, sans râler, sans protester. C’était une petite victoire. Certes, il m’a bien fallu plus de deux mois pour le lire, mais à chaque fois que je replongeai dans ce livre c’était avec plaisir. Par conséquent Le Jeu de la Damnation aura un petit côté à part.
Mais de quoi parle donc ce livre ? Il alterne entre deux timelines. La première se déroule dans un Varsovie en ruines après la libération par les Russes. Dans un décor de désolation où tout est permis, Whitehead le voleur entend parler d’un joueur de cartes mystérieux qui n’a jamais perdu. Il n’a qu’une seule envie : le rencontrer pour une partie. La seconde se situe dans les années 80, où un certain Joseph Whitehead, magnat milliardaire, prend contact, à travers son secrétaire, avec Marty Strauss, actuellement en prison et bientôt libéré, pour en faire son garde du corps. Sauf qu’une fois dans son nouveau rôle auprès de Whitehead, Marty, en plus d’entamer une liaison avec la fille de son patron, va rapidement se rendre compte que, d’une part, M. Whitehead cache de lourds secrets et que, d’autre part, des phénomènes étranges surviennent.
Le premier point qui m’a fait accrocher à ce livre, plus qu’aux autres romans que j’avais tentés avant, c’est la plume de l’auteur. Je connaissais déjà la plume de Clive Barker, mais j’avais un peu oublié à quel point elle était fluide, efficace et entraînante. On se laisse facilement porter, pour peu qu’on accroche au sujet. Elle arrive aussi à faire oublier en partie les défauts du roman. J’ai ainsi tourné les pages facilement, avec l’envie d’en découvrir plus.
Pourtant, le démarrage du roman aurait pu me faire abandonner rapidement, tant j’ai senti que le récit était loin d’avoir un rythme maîtrisé. Il s’agit d’ailleurs du premier roman de l’auteur, si je ne me trompe pas, et j’ai remarqué qu’il n’a pas encore la maestria présent dans d’autres livres que j’ai lu de lui. Le début prend ainsi clairement son temps, trop même parfois. Cliver Barker donne l’impression dans certains passages de ne pas savoir s’arrêter ou faire des coupes. Il donne aussi l’impression que, plus il va en mettre, mieux ce sera. Alors que non. Pour autant, cela ne m’a jamais dérangé au point de me dire, c’est bon je mets le livre de côté. Comme dit, la plume, mais aussi le travail sur l’ambiance, la représentation, la densité de ce qui est raconté et le travail mis en place ont toujours réussi à plutôt bien compenser ces soucis. Il y a une certaine poésie, certes sombre et décadente, qui s’en dégage et qui m’a accroché.
Concernant les personnages, ils se sont révélés très intéressants à suivre et à découvrir. On découvrir globalement des protagonistes qui s’avèrent denses, complexes et soignés, avec un background efficace qui se dévoile au fil des pages et permet aussi de mieux les appréhender. Alors parfois, c’est vrai, certains paraissent un peu agir de façon surprenante, par rapport à leurs caractères, mais globalement l’auteur a réussi à créer un panel de héros dont on comprend les motivations, ce qui les poussent à agir et pourquoi ils sont là où ils en sont aujourd’hui. Leurs relations sont réalistes, vivantes, parfois touchantes et intéressantes. Après je regretterai peut-être quelques personnages secondaires un peu trop stéréotypés et qui m’ont paru manquer de complexité, mais vu la richesse de protagonistes du livre, c’est un peu à la marge.
L’intrigue est globalement efficace, complexe et pleine de rebondissements. Parfois, je ne le nie pas, elle souffre de soucis de rythme et des longueurs discutés plus haut, mais dans l’ensemble j’ai toujours eu envie d’en apprendre plus, de savoir comment aller s’en sortir les protagonistes et aussi comment allait se clore le récit. L’intérêt est aussi de voir comment les différentes lignes temporelles vont se rejoindre et sur quoi elles vont déboucher. On pourrait regretter des messages parfois un peu trop déjà-vu, trop simplistes que ce soit sur la notion du bien et du mal, leur dualité, la thématique de rédemption voir l’amour, pour autant, sans rien révolutionner, ça fonctionne bien. Le tout est aussi bien porté par une ambiance, comme souvent avec l’auteur, qui s’avère sombre, décadente, par moment sanglante, qui colle toujours (je trouve) parfaitement bien à ses récits. Tout du moins dans tout ce que j’ai l’u jusqu’à maintenant.
Après tout n’est pas parfait. Ainsi la conclusion n’a pas totalement répondu aux attentes que j’avais eu tout du long de ma lecture. Elle m’a paru un peu précipité, ce qui est un comble pour un récit qui jusqu’à ce moment en racontait trop. De plus elle ne m’apportait pas obligatoirement toutes les réponses que j’espérais. Je ne parle pas ici de laisser un sujet ouvert, mais bien d’un manque de réponse sur des points, certes secondaires, mais que j’attendais. Elle m’ aussi donné l’impression de manquer d’impact. Tout a été construit pour arriver à ce final qui donnait l’impression de se révéler explosif, mais qui, sans faire pschitt, n’a finalement pas eu cet aspect franchement marquant. Au final j’ai tout de même passé un bon moment de lecture avec ce roman, où les qualités ont surpassé les défauts présents.
En Résumé : Ce roman m’a rapidement accroché par sa plume fluide, entraînante et efficace qui est l’une des grandes forces de l’auteur. Cela malgré des inégalités de rythme qui auraient pu me bloquer. Concernant les personnages ils s’avèrent denses et complexes, dont les motivations sont bien développées, même si certains personnages secondaires m’ont paru manquer de profondeur. L’intrigue est efficace et pleine de rebondissements, bien qu’elle souffre de quelques longueurs. L’ambiance sombre et décadente est efficace et colle parfaitement au récit. Dommage que la conclusion déçoit un peu par son manque d’impact et de réponses sur certains points. Malgré ces défauts, la lecture reste captivante et plaisante et j’ai passé un plutôt bon moment avec ce roman.
Ma Note : 7/10
Autres avis : Lady Livre, Psychovision, …
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