sourcellerieRésumé : La magie, c’est de la bouillie pour les chats. Voici la sourcellerie, la puissance thaumaturgique de l’Aube des Temps ! Elle pénètre le Disque-Monde par l’entremise du huitième fils d’un mage (défroqué, oui !).
Disons-le tout net : casse-cou.
Faudra-t-il compter sur Rincevent pour sauver les meubles ? Il a plus d’un tour dans son sac percé. Il a aussi une équipe de choc, avec le pusillanine Bagage ? tellement humain ! ? et le subtil bibliothécaire de l’université des mages – tellement simiesque !
Avec Nijel le Destructeur, jeune héros par correspondance, et Conina, la fille du plus célèbre Barbare, par qui tombent les coeurs et les coups. Et, en prime, un séjour inoubliable dans la cité d’Al Khali, sous la houlette du Sériph Créosote.

Edition : L’Atalante
Poche : Pocket

 

Mon Avis : Après pas mal de lectures qui se sont révélées soit assez denses, soit qui m’ont laissé perplexe, j’avais clairement envie d’un roman détente. À partir de là, quoi de mieux que de retourner dans l’univers loufoque de Terry Pratchett et s’offrir un bon petit divertissement. Justement le cinquième tome des Annales du Disque-Monde m’attendait dans ma PAL. Je dois bien avouer que les quatre premiers tomes ne m’ont pas déçu un seul instant, m’ayant bien fait marrer, je me lançais donc avec grand plaisir dans la lecture de ce Sourcellerie. Alors, petit rappel, il n’est pas obligatoire de lire ce cycle dans l’ordre, la majorité des romans, sauf exceptions, peuvent se lire indépendamment, mon esprit est juste un peu trop carré pour le comprendre. Concernant la couverture, toujours illustrée par Marc Simonetti, elle se révèle toujours aussi réussie, explosive et pleine d’humour.

On retrouve ici un héros déjà bien connu du cycle, et pas des moindres, puisqu’il s’agit du plus trouillard et le moins débrouillard de tout le disque : Rincevent. Et notre pauvre héros ne va pas avoir la vie facile, car la Sourcellerie est de retour. La plus puissante des magies, qui peut rivaliser avec les dieux, et va ramener les guerres thaumaturgiques avec toutes les conséquences horribles que cela peut signifier. Notre héros va alors braver froidement cette menace de la meilleure des manières, en s’enfuyant comme il sait si bien le faire. Une chose est sûre avec un roman du cycle, c’est que dès les premières pages on est emporté, happé, par cette avalanche d’aventures, d’action, de péripéties et d’humour ,qu’on a ainsi du mal à lâcher le livre. On se retrouve à tourner les pages dans l’attente d’en apprendre plus, de savoir à quel moment tout va basculer et on le fait avec envie et le sourire aux lèvres. Surtout que l’ensemble, malgré tous les genres qu’il propose, arrive à conserver un équilibre et une cohérence qui font qu’il ne perd jamais le lecteur bien porté aussi par de nombreux rebondissements et retournements de situations maîtrisées ainsi que quelques surprises de taille. En un mot comme en cent c’est toujours un véritable plaisir de retrouver les épopées et les délires du Disque-Monde.

Surtout qu’on va découvrir au fil des pages de nouveaux personnages bien trempés, entraînants, intéressants et toujours aussi loufoques. Outre Rincevent qui a toujours le don de se retrouver dans les pires situations possibles, on découvre ici Conina, la fille d’un célèbre Barbare, qui possède la violence et les quêtes dans le sang, mais qui rêve de devenir coiffeuse, Nijel barbare depuis trois jours qui a tout appris dans un livre ou encore Sériph calife despotique qui n’est finalement qu’un esthète amoureux de la poésie. Chacun apporte un aspect décalé à cette histoire, qui tend de plus en plus au fil de la lecture vers l’apocalypse. Ajouter à cela deux protagonistes habituels que sont le Bagage et l’inconditionnelle Mort, qui sont toujours aussi fascinants, et on obtient là une belle brochette de vainqueur qui ne manque pas de se révéler attachant. Surtout qu’ils sont loin d’être idiots et offrent même des réflexions vraiment intéressante sur la quête de pouvoir ou encore la position de la femme ou de la descendance. Mon seul regret vient de Thune qui m’a paru mal exploité, principalement dans sa dualité et les Chevaliers de l’Apocalypse qui, je ne sais pas trop pourquoi, m’ont trop rappelé ceux de De Bons Présages, mais rien de non plus bloquant ou frustrant.

L’univers du Disque-Monde se révèle toujours aussi intéressant et fascinant à retrouver. Il faut dire qu’il donne clairement l’impression de se renouveler en grande partie à chaque tome. Certes on y retrouve des lieux connus, comme des phares pour aiguiller le lecteur, mais à chaque nouvelle aventure il nous dévoile de nouvelles régions. Cette fois il nous propose de nous faire voyager et de nous faire découvrir Al Khali, capitale du Klatch, ville un peu miroir de Ankh-Morpork, qui se révèle vraiment captivante à découvrir, du moins du peu que l’auteur nous dévoile, que ce soit dans les lieux comme dans la culture. Autre point intéressant, les informations qui nous sont proposées dans ce tome concernant la Magie, cette puissance cachée qui se dévoile avec la Sourcellerie et toutes les conséquences que cela peut avoir pour le disque-monde en entier. On en apprend ainsi un peu plus sur son histoire et ce qui a amené la magie à être finalement devenu quelque chose d’un peu pépère. Finalement un univers qui dévoile toujours plus au fil des tomes et qui donne envie d’en apprendre toujours plus.

Je regretterai finalement que deux petites choses qui font que ce tome est légèrement moins bon que le précédent, un certain essoufflement vers le milieu de l’intrigue, beaucoup de fuite en avant et d’explosions, mais encore peu de réponses et l’auteur donne l’impression de traîner un peu, de tirer sur la corde histoire de nous garder le plus longtemps possible, ainsi que cette impression, déjà ressenti dans certains des autres aventures, d’une conclusion qui s’étire un peu trop, partant dans tous les sens et multipliant parfois trop les points de vues. Rien de non plus bloquant ou frustrant, n’empêchant pas ce livre de se révéler plus que plaisant, mais qui se ressent un peu tout de même.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi entraînante, efficace, créant avec facilité, cohérence et envie son propre univers loufoque qui déride sans soucis le lecteur. Surtout qu’il ne tombe jamais dans l’absurde, certes il possède sa propre logique souvent barré, qu’il est le seul a complètement maîtriser, mais il parait ne jamais se contredire, même vis-à-vis des autres tomes, ce qui offre ainsi des assises de plus en plus solide à un monde qui ne demande qu’à être de nouveau visité. Au final j’ai passé un bon moment de lecture avec ce nouvel opus des Annales du Disque-Monde et je lirai la suite sans soucis.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce cinquième tome du cycle des annales du Disque-Monde, qui nous propose une nouvelle aventure pleine de péripéties, d’action et d’humour avec l’apparition de la Sourcellerie, la plus grande magie qui existe, et toutes les conséquences que cela inclue. On retrouve avec plaisir Rincevent, toujours aussi fascinant et couard qui nous offre de bonnes tranches de rigolades accompagnées d’anciens personnages comme de nouveaux qui se révèlent intéressant. L’univers présenté au fil des tomes continue à se densifier pour notre plus grand plaisir et à dévoiler des lieux et des cultures toujours aussi captivantes et entraînantes. Seuls Thune et les Chevaliers de l’Apocalypse m’ont paru en retrait. Surtout l’auteur n’oublie pas d’y glisser quelques axes de réflexions qui ne manquent pas de piquer le lecteur. Je regretterai juste quelques légères longueurs vers le milieu du livre et une fin qui en fait peut-être un peu trop, accumulant les points de vues. La plume se révèle toujours aussi entraînante, fluide et efficace. Je lirai sans soucis et avec plaisir d’autres récits du Disque-Monde.

 

Ma Note : 7,5/10