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Les Furtifs – Alain Damasio

Résumé : Ils sont là parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs. Des fantômes ? Plutôt l’exact inverse : des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre, déchet, animal ou plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes.

Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l’éducation nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka – volatilisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l’armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires. Là, il va découvrir que ceux-ci naissent d’une mélodie fondamentale, le frisson, et ne peuvent être vus sans être aussitôt pétrifiés. Peu à peu il apprendra à apprivoiser leur puissance de vie et, ainsi, à la faire sienne.

Edition : La Volte

Mon Avis : Bon allez, cette fois je rattrape mon retard de chronique avec mon avis sur un gros, voir un très gros morceau. Il s’agit du roman Les Furtifs d’Alain Damasio qui, dire qu’il était attendu, est un doux euphémisme. En effet il a fallu attendre 15 ans entre la publication de son excellent et dernier roman, La Horde du Contrevent, et celui-ci. Certes, on a cru il y a quelques années voir sortir un autre roman de l’auteur, le tout dans une idée de développement transmédia, avec d’autres artistes, mais à la vue des informations, non-officielles je tiens à préciser, que j’ai vu passer à droite et à gauche, je crois que ce projet est enterré. C’est d’ailleurs dommage, car je me retrouve avec un premier chapitre dans une anthologie des Utopiales qui ne me sert complètement à rien. Mais revenons aux Furtifs, vu l’attente que j’avais concernant ce roman, en entendant parler régulièrement depuis des années et étant un très grand fan de la Horde, il est donc logique que je me sois rapidement précipité pour le découvrir. Concernant la couverture, on est clairement dans le même esprit des autres écrits de l’auteur publié chez l’éditeur, qui reste un bel objet, même si l’illustration a un peu de mal à me convaincre.

Utopiales 2015, Anthologie – Collectif

Utopiales 2015Résumé : Construite autour de la thématique « Réalité », cette anthologie officielle des Utopiales, septième du nom chez Actusf, va vous entraîner dans des jungles mystérieuses avec Fabien Clavel, sur un monde aux mœurs singulières avec M. R. Carey ou encore à la rencontre d’êtres venus d’ailleurs avec Laurent Queyssi… Vous y croiserez également d’anciens pilotes communistes qui ont vu des OVNI pendant la Deuxième Guerre mondiale, des petits robots fugueurs, de vieux copains de bistrot aux paris un peu fous et alcoolisés et des maisons en réalité virtuelle à l’intérieur desquelles tout est possible…
Sans oublier Alain Damasio qui nous offre une belle avant-première avec le premier chapitre inédit de son futur roman, Fusion.
Êtes-vous sûr de votre réalité ? Sont-ils vivants et nous morts ?
Treize nouvelles pour douter de tout…

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : C’est devenu une tradition depuis quelques années maintenant, mais à chaque fois que je participe à un festival je repars avec l’anthologie et j’en fais même, selon les festivals, une LC. Sauf que cette année est un peu particulière puisque je n’ai pas pu participer au festival Utopiales de 2015. Cela n’a pas empêché Marie-Juliet de me récupérer et faire parvenir un exemplaire, (dédicacé qui plus est, encore merci), dans le but d’une Lecture Commune. Ce livre comporte ainsi treize nouvelles, ainsi qu’une préface sur le principe de Réalités qui s’avèrent très intéressante, soignée, efficace et ouvre de façon réussie l’anthologie développant de façon intéressante le terme de Réalités.

Les yeux en face des trous d’Alain Damasio : Alors ce texte nous propose de nous plonger dans un groupe d’amis, dans un monde futuriste, dont l’idée de base qui repose sur l’échange de mémoire se révèle clairement intéressant. Le style de l’auteur s’avère toujours aussi efficace, fascinant, soigné et entraînant, même si parfois il en fait peut-être un peu trop dans le jeu de typo. Certes cela offre quelque-chose de plus, principalement dans les souvenirs, l’effet un peu embrouillé, mais parfois il donnait plus l’impression de juste vouloir faire de l’esthétique. Par contre, le point que je trouve frustrant du récit, selon moi vient qu’il s’agit ici du premier chapitre du futur roman de Damasio, ce texte n’a donc pas de « conclusion » comme on pourrait l’attendre d’une nouvelle d’une anthologie.

Immersion d’Aliette de Bodard : Cette nouvelle je l’avais déjà lu lors de sa publication dans l’anthologie Réalité 5.0 dont vous retrouverez ma chronique ici. Je ne reviendrai donc pas dessus, juste pour dire que la seconde lecture m’a conforté dans mon ressenti avec  très bon texte dont l’univers mériterai d’être plus développé.

Welcome Home de Jérôme Noirez : Cette nouvelle nous offre un récit dans un univers où les plus riches peuvent s’offrir un lieu considéré comme en-dehors de la « réalité », où les lois n’ont plus aucunes valeur. Deux potes junkie vont ainsi se retrouver invité à une soirée dans ces subréalités. Un texte que j’ai trouvé efficace, à prendre dans le côté complètement barré, style sexe, drogue & rock’n roll. Certes il ne fait qu’effleurer les notions qu’il soulève sur la moralité et la loi, mais n’empêche pas de faire réfléchir le lecteur. Un texte percutant, prenant dont je regretterai peut-être tout de même certaines facilités ainsi qu’une certaine linéarité qui joue sur le côté surprenant. Au final un bon texte et il faudrait que je sorte d’autres écrits de l’auteur que j’ai dans ma PAL.

Un demi bien tiré de Philippe Curval : Une nouvelle plutôt courte qui propose, à travers un jeu à boire, de traité du paradoxe de Zénon avec humour. Un texte qui, sans se révéler exceptionnel, offre un moment de détente et de divertissement efficace à travers ce délire alcoolique qui termine par une conclusion percutante et surprenante.

Dieu, un, zéro de Joël Champetier : Cette nouvelle nous propose de suivre un mathématicien de renom qui va rejoindre une équipe scientifique dans un ranch. Cette nouvelle offre une idée intéressante avec quelques sujets de réflexions efficaces que ce soit sur la religion, les robots, l’intelligence, mais j’ai trouvé la première partie un peu longue comme par exemple cet acharnement sur la règle à calcul qui aurait pu offrir une réflexion intéressante sur la surutilisation de la technologie et ses contrôles, mais qui perdait de son intérêt devant son incessante répétition. De plus je n’ai pas vraiment compris le rôle du héros face à un problème qui parait déjà résolu face à la conclusion du texte. Pour moi un récit qui, sans se révéler mauvais loin de là, aurait mérité un format plus long je trouve.

Les aventures de Rocket Boy ne s’arrêtent jamais de Daryl Gregory : Un texte qui lorgne plus vers le drame contemporain que vers la SFFF, où l’on suit l’histoire du narrateur à travers une épreuve qui l’a marqué. Un texte touchant, poignant, qui ne m’a pas laissé indifférent développant le sujet de l’adolescence, de l’amitié et aussi la dure réalité de la vie. Le ton de l’auteur s’avère très juste, sans jamais se perdre et offre aussi un amour pour le cinéma, son aspect rêve, imagination, évasion. La conclusion se révèle intéressante avec, selon moi, ce cercle qui, d’une certaine façon, se referme avec le retour de Rocket Boy.

Le vert est éternel de Jean-Laurent Del Socorro : Cette nouvelle nous propose de replonger dans le quotidien de la compagnie du Chariot, présente dans Royaume de Vents et de Colères, en pleine période de l’Édit de Nantes. Une nouvelle qui offre une réflexion sur la différence en pleine guerre de religion, qui n’a pas la force du roman, mais qui se lit vite et se révèle plutôt sympathique avec une héroïne intéressante. À noter aussi une petite réflexion sur la caricature qui n’est pas anodine. Au final un récit qui introduit de façon agréable son univers, même si j’avoue j’espérais peut-être un peu plus.

Coyote Creek de Charlotte Bousquet : Cette nouvelle nous propose de traiter de la maladie d’Alzheimer, jouant ainsi entre vérité et fantastique avec comme fond des légendes indiennes. Un texte touchant, bien porté par une plume efficace, qui offre un texte réussi, même si j’avoue sur le même thème j’avais trouvé le texte de Claude Ecken dans l’anthologie 2012 des Utos m’avait plus marqué. Cela n’empêche pas cette nouvelle d’avoir son propre ton et de mériter d’être découverte, surtout que la plume de l’auteur que j’ai trouvé poétique offre un plus à l’ensemble.

Intelligence extra-terrestre de Stéphane Przybylski : Une nouvelle construite un peu dans le thème de la série X-files, avec une enquête mélangeant fantastique et complot alien. Sauf que voilà le récit a eu un peu de mal à complètement m’emporter. Autant l’auteur a montré que dans un format long il s’en sortait efficacement, autant ici dans un format court je me suis senti frustré comme si j’avais entre les mains un brouillon de résumé d’un roman.

Pont-des-Sables de Laurent Queyssi : Cette nouvelle n’est pas sans rappeler celle de Daryl Gregory, avec une bande d’ami qui vont faire face à un drame, sauf que malgré cette ressemblance, ce texte possède sa propre identité. L’auteur nous offre ainsi un texte intelligent, touchant à travers la quête d’un des personnages. C’est aussi une réflexion intéressante sur le passage à l’âge adulte, tout en proposant un véritable hommage à la SF, au comics, aux jeux de rôle etc… Un très bon texte, à découvrir selon moi.

Versus de Fabien Clavel : Cette nouvelle nous propose de plonger dans une mission militaire qui va mal tourner. Un texte plutôt bien écrit, amusant et agréable à lire, mais qui pêche pas une certaine prévisibilité qui gâche un peu la révélation finale. Un récit tout de même divertissante qui rentre dans le vite lu, apprécié et vite oublié.

Smithers et les fantômes du Thar de Robert Silverberg : Une nouvelle qui nous offre un texte d’aventure en Inde avec la quête d’une cité mystérieuse. Une nouvelle fantastique un peu angoissant très typé qui, sans se révéler des plus marquante ni transcendante, s’est révélé offrir une lecture plutôt sympathique. Les personnages se révèlent intéressant, lié à une époque différente de la nôtre, et portent plutôt bien le récit. De nouveau une nouvelle que je classe dans le vite lu, apprécié, vite oublié.

Visage de Mike Carey : Une nouvelle très SF dans un monde différent du nôtre où un gouverneur écrit une lettre racontant les derniers troubles qu’il a rencontré. Un texte intelligent, traitant de la différence, de la religion, du choix de chacun avec de nombreux aspects intéressant comme cette idée de « visage » qui n’est pas sans rappeler certaines idéologies de notre époque. L’ensemble ne manque pas de subtilité, montrant qu’il n’y a pas obligatoirement de bon et de méchants, principalement dans sa conclusion surprenante. Le tout est porté par un style simple et efficace qui fait que le récit se lit bien et se révèle très réussi.

En Résumé : Un anthologie des Utopiales qui nous offre un cru 2015 assez réussi et qui m’a offert un bon moment de lecture. Alors comme souvent tous les textes ne sont pas au même niveau, certains ont même du mal à se retrouver lier, selon moi, au thème proposé, mais dans l’ensemble il propose de nombreuses nouvelles qui méritent d’être découvert. On pourrait mettre un « bémol » sur le teasing concernant le prochain roman d’Alain Damasio dont ce livre propose le premier chapitre, mais cela ne m’a pas dérangé plus que cela. Au final une anthologie qui mérite d’être découverte et je lirai avec plaisir le cru 2016.

 

Ma Note : 7,5/10

 

L’avis de Marie-Juliet.

 

Autres avis : Xapur, Vert, Boudicca, Shaya, Cyrille, …

CRAAA

Challenge CRAAA 15ème lecture

Aucun Souvenir Assez Solide – Alain Damasio

aucun souvenir assez solide Résumé : Alain Damasio nous invite à la rencontre de grands « vivants », c’est-à-dire de grands claustrophobes, amoureux de l’air et de l’Ouvert. Champions de toutes les aérations, celles de l’espace, du son, des mots, du collectif, et de ce fait totalement libres, entrés en un jeu d’échos fou avec les mouvements du monde, ils tracent et suivent leurs lignes de fuite, tel le surfeur qui n’existe et ne consiste que dans la furtivité.

Edition : La Volte

 

Mon Avis : Pour tous les amoureux de l’Imaginaire je pense qu’il n’est plus besoin d’expliquer qui est Alain Damasio, l’auteur de l’excellent roman La Horde du Contrevent (chronique ici) mais aussi de La Zone du Dehors (qui est dans ma PAL et qui m’attend avec impatience). Alors, quand Libfly m’a proposé de pouvoir découvrir son dernier recueil de nouvelles ainsi que la possibilité de participer à un chat avec l’auteur j’ai sauté sur l’occasion. Je remercie donc Libfly et les éditions La Volte pour la découverte de ce livre. Ce recueil regroupe dix nouvelles, huit qui ont déjà été publiée et deux nouvelles inédites.

Les Haut Parleurs : Cette nouvelle nous dévoile un univers où le langage est devenu payant, seuls quelques mots sont encore libres de droits. De groupes altermondialistes essayent de rendre au langage sa liberté. Un texte empli de liberté qui nous offre une critique acerbe d’un monde qui tend de plus en plus vers la mondialisation et la gestion commerciale que ce soit le langage ou encore la météo. Ce texte se révèle vraiment prenant et efficace principalement grâce à la façon dont a l’auteur de jouer avec les mots, les expressions et les phrases mais aussi par son personnage principal, Spassky, un personnage humain rempli d’émotions et de sentiments qui fait que le lecteur s’attache directement à lui. La tirade finale de Spassky est d’ailleurs, pour moi, un véritable bijou. A méditer.

Annah à Travers la Harpe : L’histoire d’un père qui a perdu sa fille et qui doit partir à sa recherche dans un enfer très technologique. L’auteur critique à travers cette nouvelle, comme à son habitude, toute cette technologie qui finalement nous enferme et nous éloigne de tout le monde. A travers cette enfant surprotégé par la technologie qui devait l’empêcher de souffrir, de se perdre, ce technococon va l’enfermer. D’ailleurs malgré toutes les technologies possibles se père a quand même perdu sa fille et aujourd’hui doit partir à sa rechercher en enfer; un enfer technologique. On y retrouve des personnages pleins de souffrances, de pertes mais aussi d’amours, des personnages qui ne laissent pas indifférents. Un texte vraiment fort et soigné, mais dommage finalement que l’intrigue soit assez convenue et la fin sans surprise. Un texte tout de même très poétique et captivant du début à la fin.

Le Bruit des Bagues : Un homme vendeur marketing décide de changer de vie après avoir rencontré une fille dont il va tomber amoureux. Ce texte nous offre un critique vraiment intéressante de ce marketing profilé, ainsi que le profilage par une bague qui regroupe toutes les informations sur soi et permet un meilleur ciblage pour la vente. Mais il nous offre encore une fois une critique sur ce monde ou le pouvoir des marques et du commerce est devenu dominant. Mais c’est aussi un texte plein de liberté, d’espoir et d’amour à travers une résistance, certes classique, mais dont la puissance des mots utiliser par l’auteur touche. Un texte efficace et prenant qui force à réfléchir.

C@ptch@ : Cette nouvelle est l’une des deux nouvelles inédite de ce recueil et nous offre une histoire dans un univers où les enfants et les parents sont séparés. Régulièrement un enfant tente de traverser la ville sans se faire dématérialiser pour rejoindre ses parents. Un texte véritablement surprenant où l’auteur nous offre encore une fois une critique de la surtechnologisation ainsi que de ce besoin des réseaux sociaux et de pouvoir se démarquer, se faire reconnaitre. Un texte vraiment efficace, nerveux et plein de surprise mais qui au final, pour moi, manque quand même d’émotion et m’a paru un peu froid. Attention je l’ai apprécié, mais il ne m’a pas complètement transporté.

So Phare Away : Pour moi l’un des plus beaux textes de ce recueil avec un univers solide et passionnant où la communication se fait par la lumière Phare, l’auteur traite de la surcommunication, la communication inutile qui vient saturer le réseau et empêche de faire passer les messages vraiment importants. D’ailleurs l’utilisation de la surutilisation de la lumière pour montrer l’obscurité de la communication est vraiment intéressante et surprenante. L’auteur traite aussi de la société et des inégalités entre les personnes les plus riches et les plus pauvres. Au milieu de tout ça, deux personnes tentent de vivre leur amour, chacun dans leur phare, ne pouvant se retrouver qu’à chaque marée. Un amour poignant et sensible. Un texte véritablement poignant, prenant, pleine de sensualité, de magie et émouvant à la conclusion pleine de mélancolie et de surprise.

Les Hybres : Une histoire qui démarre de façon classique avec un artiste en perte d’inspiration qui va se retrouver à la limite de l’oubli, puis l’auteur glisse doucement dans le fantastique en nous dévoilant la source de l’inspiration de l’artiste. Un texte vraiment surprenant qui nous dévoile l’implication de l’art dans la vie de notre héros, sa « chasse » qui va se révéler traquer mais aussi être traqué. La métaphore de l’artiste qui va chasser son inspiration et va figer le tout est vraiment bien trouvé et efficace. Mais voilà, ce texte, comme C@ptch@ manque quand même de sentiment au point de vue des personnages, le texte est plaisant mais on s’accroche pas vraiment aux héros et on n’a pas pleinement l’impression d’être dans le texte.

El Levir et le Livre : El Levir est un scribe et il cherche à écrire Le livre. Alors j’ai eu un peu de mal à entrer dans le texte, j’avoue j’étais un peu perdu et je me demandais ou compter m’amener l’auteur, mais très vite je me suis retrouvé happé par ce texte où l’auteur cherche à montrer que parfois la forme est tout aussi, voir plus intéressante que le fond à travers Le livre que va écrire El Levir. El Levir ne se contente pas de l’écriture fixe et immuable, il nous offre une écriture tout en mouvement et en beauté, d’ailleurs c’est un peu ce qui ressort, pour moi, de cette nouvelle c’est la beauté de l’écriture du scribe. Et il faut toute la prouesse stylistique de l’auteur pour nous offrir et nous faire partager cette beauté. On ne peut que s’accrocher à la quête du scribe et au fait qu’il va donner sa vie de façon spectaculaire pour écrire les derniers mots au Livre.

Sam va Mieux : Un texte qui traite de la folie d’un homme qui se retrouve seul avec un enfant dans une métropole et qui, tous les jours, part à la recherche de possibles survivants. Un texte intrigant qui, j’avoue, m’a parfois un peu perdu l’auteur s’amusant avec différents systèmes de narrations. Très vite on se rend compte que ce système colle bien au personnage qui, devant sa solitude, perd la tête malgré son enfant. Puis très vite on se rend compte que tout n’est pas ce qu’on croit jusqu’à une fin assez efficace et surprenant. D’ailleurs une fin en forme de thérapie le personnage retrouvant certains souvenirs pour retrouver, un temps, la raison et repartir dans sa quête qui parait sans espoir. Mais voilà malgré la force de cette nouvelle encore une fois il y a ce manque d’émotion qui fait qu’on ne rentre jamais à 100% dans l’histoire.

Une Stupéfiante Salve d’Escarbilles de Houille Ecarlate : Second texte inédit de ce recueil qui nous raconte l’histoire de Ile qui a reçu le mu par le Barf une sorte de dieu enfant en forme de chat. Ce mu va le changer et mettre à mal son couple avec Aile une ange. Encore une fois on sent la passion de l’auteur pour le mouvement, le changement et cette fois il le traite de façon classique à travers un pourvoir qui permet à notre héros de changer, de s’adapter. L’auteur traite aussi, à travers le Barf, de l’enfance et de son insouciance et son insensibilité surtout quand on sait que le Barf est un dieu et que tout lui est permis. Un texte qui ne manque pas de philosophie, de magie mais qui reste tout de même assez linéaire dans son développement, je l’avoue.

Aucun Souvenir Assez Solide : Voilà une nouvelle courte qui ne fait que deux pages et qui nous compte la plongée d’un homme dans ses souvenirs pour retrouver un être aimée. J’avoue que j’ai du mal à critiquer ce texte, il y a quelque chose d’intéressant mais voilà il est tellement court qu’on n’a pas le temps de vraiment se l’approprier.

 

Un recueil de nouvelles qui ne manque pas de qualités mais aussi qui nous force à réfléchir que ce soit dans cette surconsommation de technologies qui nous prive de liberté ou ce réseau qui finalement ne nous rend pas plus humain ou intéressant, ou encore qui traite de sujet comme l’art, le livre, l’amour, la communication. L’auteur comme à son habitude nous offre une plume vraiment philosophique, prenante et captivante et surtout l’auteur sait jouer avec la langue nous offrant des textes vraiment surprenants et intéressants. Mais voilà parfois l’auteur cherche tellement à jouer avec l’esthétisme, les jeux de mots et la langue qu’il en oublie son histoire et surtout ses personnages, ce qui rend quelques fois les textes absents d’émotions et légèrement froids. Rien de bien dérangeant mais c’est dommage.

En Résumé : Je dois dire que j’ai passé un bon moment avec ce recueil de dix nouvelles. Alain Damasio sait nous offrir des textes avec des sujets de réflexions et de philosophie vraiment profonds, travaillés et captivants nous forçant à nous poser des questions. Des textes qui ne manquent pas de surprises, de sentiments de sensualités et de magies qui devraient ne pas laisser indifférents. Les personnages et les univers se révèlent vraiment efficaces et captivants. Mon seul regret est que l’auteur parfois se perd dans l’esthétisme de ses nouvelles au point de parfois rendre ses textes sans sentiments ce qui fait que, parfois, on a du mal à pleinement rentrer dans l’histoire.

 

Ma Note : 8/10

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