Étiquette : fantastique Page 6 of 21

Sous la Colline – David Calvo

Résumé : Le 9 février 2012, un incendie défigure l’Unité d’Habitation Le Corbusier, à Marseille. Au cours des travaux de réhabilitation, la découverte d’un placard non répertorié va révéler au grand jour un secret gardé depuis l’Antiquité. Archéologue déchue de la direction des fouilles, Colline va poursuivre clandestinement ses recherches, sans se douter que son arrivée va bouleverser l’équilibre d’une fragile utopie et peut-être changer à tout jamais le visage de la radieuse cité phocéenne.

Edition : La Volte

 

Mon Avis : J’avoue, ce roman a rejoint ma PAL un peu sur un coup de tête. Je l’ai croisé lors d’une de mes nombreuses visites de librairie et je suis tombé par hasard sur sa couverture qui a attiré rapidement mon regard. Pourtant, je ne suis pas obligatoirement à la base pas un grand admirateur du Corbusier. Ajouter à cela un résumé intrigant ajouté au fait que je souhaitais découvrir un roman de l’auteur depuis un petit moment déjà, ce livre a donc terminé sa course rapidement dans ma bibliothèque.

Nous Sommes Là – Michael Marshall

nous sommes laRésumé : NOUS SOMMES LÀ. DANS L’OMBRE.
Lorsque David bouscule un parfait inconnu à New York, il entend quatre mots qui vont changer sa vie pour toujours : Souviens-toi de moi. Depuis, des phénomènes étranges et inexplicables se produisent autour de lui, et David a l’impression que quelqu’un l’observe.
NOUS AVONS PASSÉ NOTRE VIE À VOS CÔTÉS.
À New York comme ailleurs, d’autres personnes se sentent suivies, épiées par des silhouettes aux contours de plus en plus nets. Il existe des êtres cachés dans le noir, qui nous regardent, à l’affût.
Qui sont-ils, que veulent-ils… et pourquoi nous semblent-ils parfois si familiers ?
NOUS SAVONS QUI VOUS ÊTES.
NOUS SAVONS OÙ VOUS VIVEZ.
VOUS NE POUVEZ PAS NOUS VOIR,
MAIS SOYEZ-EN SÛRS : NOUS SOMMES LÀ.

Edition : Bragelonne

 

Mon Avis : De l’auteur, j’ai déjà lu son roman Avance Rapide (ma chronique ici), son recueil de nouvelles L’Homme qui Dessinait des Chats (ma chronique ) ainsi que différentes nouvelles parue dans différentes anthologies. À chaque fois j’ai passé un très bon moment de lecture, ne manquant pas d’idées et offrant des univers intéressants. C’est donc sans surprise que je me suis rapidement laissé tenter par son dernier roman publié en VF. Concernant la couverture, je trouve l’illustration accrocheuse, efficace et qui nous met directement dans l’ambiance.

Ce roman nous propose de suivre ainsi deux lignes d’intrigues, celle de John dont sa copine va lui demander d’aider une de ses amies qui se sent suivie et harcelée depuis près de 10 ans, tandis qu’en parallèle on découvre David, jeune écrivain, qui va voir sa vie bouleverser après avoir été bousculé à New York. Ce que j’apprécie avec l’auteur c’est sa facilité à jouer avec les plans classiques que l’on peut considérer comme la réalité pour surprendre, tout en collant parfaitement à son récit et en restant cohérent. De nouveau j’ai trouvé qu’il faisait mouche ici, jouant ainsi sur une idée, certes déjà vue, mais qui ne manque pas de se révéler solide et intéressante : les Ombres, et ce qui peut s’y cacher. Dis comme ça ce n’est pas sans rappeler différents films, épisodes de séries ou autres, mais voilà là grande force du récit est, cela risque d’en surprendre plus d’un je pense, de n’offrir que peu réponse. Il amène les idées et le lecteur en fait ainsi ce qu’il en veut.

Cela pourra franchement en bloquer certains, mais, oui, l’auteur ne cherche pas à offrir de réponse nette et précise à ces gens de l’ombres, ces fantômes, car finalement personne ne sait qui ils sont. Que ce soit des anges, des spectres, des gens oubliés voir d’autres points encore le récit joue clairement le mystère du début à la fin et, j’avoue, se révèle intéressant au point de me faire tourner les pages avec envie d’en apprendre plus. Surtout que l’ensemble ne laisse pas non plus indifférent, l’auteur s’amusant à soulever des réflexions efficaces tout du long. Les thèmes abordés sont ainsi vastes, allant de la perte que ce soit d’une amitié ou d’un être cher, c’est aussi un récit de regret et de mélancolie, de souffrances, mais aussi une histoire de renouveau, de reconstruction. C’est un peu le roman qui, d’une certaine façon, nous montre que la vie est faite de coups, de déceptions mais qu’elle peut aussi offrir des choses sublimes, comme une nouvelle chance d’aimer, la possibilité d’être père ou encore une possibilité d’être apprécié pour ce que l’on est. Il nous propose aussi, selon moi d’un point de vue métaphorique, de réfléchir sur ces gens sur qui on détourne le regard, qu’on « oublie » d’une certaine façon car ils sont « rejetés » par cette société qu’ils soient vagabonds, sdf ou autres. J’avoue ce que peut soulever le récit, ou ce que moi j’en ai tiré comme réflexion peut-être vu que cela repose énormément sur des non-dits et des émotions, se révèle franchement passionnant.

Le soucis vient par contre de la construction du récit qui, je trouve, est loin de permettre à l’intrigue et aux idées de s’épanouir comme il faut. Concernant l’ambiance l’auteur arrive à offrir à son récit quelque chose d’efficace jouant avec le fantastique de façon réussi et intrigante pour amener une légère tension et une angoisse bienvenue pour ce genre de récit qui joue sur les apparitions, tout en restant « réel ». J’entends par là que ce que met en place l’auteur pourrait exister. L’auteur ne cherche pas à faire peur, ou à jouer sur la surprise à tout va, mais plus à légèrement déranger le lecteur pour le happer dans les questions qui apparaissent au fil des pages ainsi que sur ces « fantômes ». Le récit est aussi construit sur une base de thriller jouant ainsi sur deux enquêtes, celle de John sur le harceleur et celle de David qui, après être bousculé, va entrer dans un monde qu’il ne comprend pas. Et c’est là que pour moi, l’auteur se perd un peu. En effet il a un peu de mal à construire ce récit sur cette forme, ce qui joue obligatoirement sur le rythme, principalement dans la première moitié. Il oscille ainsi un peu trop, l’auteur ayant la mauvaise habitude de tomber dans quelques longueurs voir des passages un peu trop verbeux, ce qui est dommage, car empêche l’ensemble d’être encore plus efficace. Cela s’améliore clairement vers la moitié du roman quand tout est mis en place et le dernier tiers se révèle assez haletant et percutant, mais voilà je pense que cette première moitié, malgré le fait que l’auteur cherche à proposer quelque-chose de différent, pourra en bloquer certains tant parfois elle prend son temps.

Concernant les personnages, ils se révèlent clairement intéressants à suivre, humains et attachants. Ils se dévoilent lentement au fil des pages, nous en apprenant plus sur eux et sur leur passé, leurs forces et leurs faiblesses, leurs secrets. Que ce soit John au passé trouble et douloureux qui cherche à se refaire une vie, Kristina sa compagne solitaire qui a toujours eue du mal à s’engager, David jeune écrivain qui se voit la chance de pouvoir publier son premier livre mais qui a connu une enfance compliquée, ou bien encore sa compagne Catherine le roc de sa vie sur laquelle il se repose. Chacun des personnages ne manque pas de s’avérer soigné, dense et offrir des héros complexes et captivants à découvrir. Les « ombres » personnages secondaires ne sont pas non plus en restes se révélant intéressant à suivre avec leurs mystères et surtout leurs motivations à la fois étranges et, d’une certaine façon, mélancoliques dans leurs besoins d’exister, de ne pas disparaitre. Les personnages antagonistes sont peut-être un peu caricaturaux, mais remplissent pleinement leurs rôles avec quelques petites surprises. Par contre, et l’auteur n’est pas le premier a user de ce genre de procédés, les chapitres qui dévoilent un personnage unique ne servant qu’à dévoiler des informations, j’ai trouvé que cela donnait une impression de remplissage plus qu’autre chose. Rien de gênant, car il n’y en a pas énormément, mais voilà j’accroche rarement.

La plume de l’auteur est efficace, entraînante et plonge le lecteur plutôt facilement dans son récit étrange aux nombreuses résonances selon moi. Au final j’ai passé un bon moment avec ce livre qui offre de nombreuses bonnes idées, mais qui aurait tout de même mérité un travail d’édition à mon goût, principalement dans la première moitié qui aurait pu être plus allégée pour la rendre plus entrainante. Cela n’empêche pas ce roman de se révéler plus que divertissant et intelligent pour autant, mais ce roman pourrait en bloquer plus d’un que ce soit sur ce que j’ai dis plus haut mais aussi sur la conclusion qui reste ouverte laissant quelques questions importantes en suspend. Pour moi ce n’est peut-être pas le meilleur livre de l’auteur, mais je suis content de l’avoir découvert et je continuerai à lire de ses écrits.

En résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui, malgré une première partie en dent de scie, offre une intrigue intelligente et plutôt intéressante. L’auteur nous offre ainsi de nombreuses réflexions que ce soit sur nous-même comme sur notre regard sur les autres, principalement le tout dans une ambiance fantastique qui se révèle efficace, légèrement angoissante sans non plus trop en faire. Le principal intérêt du récit vient, je trouve, que l’auteur laisse le lecteur se poser ses propres questions, il apporte ainsi simplement les éléments et c’est à lui d’en faire ce qu’il veut ce qui peut surprendre voir déranger même si moi j’ai apprécié. Les personnages s’avèrent très intéressants, entrainants et humains, que ce soit les héros comme les personnages secondaires ils ne manquent pas d’attrait. Je regretterai peut-être des personnages antagonistes un peu caricaturaux, mais finalement ils remplissent bien leur rôle. Au final le principal soucis de ce roman vient de ses longueurs dans la première moitié qui l’empêche de vraiment déployer tout son potentiel, même si l’ensemble reste réussi à mon goût. La conclusion est aussi ouverte, laissant quelques questions importantes en suspend cela pourrait en surprendre plus d’un.  La plume de l’auteur s’avère efficace, entraînante et je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 7,5/10

Autres avis : Lune, …

Chaos Tome 1, Ceux qui N’oublient Pas – Clément Bouhélier

chaos t1 ceux qui n'oublient pasRésumé : Paris, gare de Lyon. Une jeune femme brise une éprouvette et libère un virus inconnu qui se nourrit de la mémoire et frappe sans distinction d’âge, de sexe ou de milieu social.
Peu à peu, les infectés perdent toute capacité à penser et à agir. Malgré les mesures gouvernementales, l’épidémie se répand dans le pays, et même au-delà. Bientôt, le monde se peuple de « zombies », coquilles vides, errantes, répétant le même geste à l’infini.
Au milieu des décombres survivent quelques miraculés, des immunisés. Parmi eux, Chloé, Phil’, Claudy et Arthur. Ils n’ont rien en commun et ne se connaissent pas.
Pourtant, une voix mystérieuse leur souffle de se rencontrer. Dans cette France en proie au chaos, ils doivent découvrir qui a déclenché la pandémie et, surtout, mettre fin à son œuvre de destruction.

Edition : Critic

 

Mon Avis : Ce roman, j’avoue, il me fait de l’œil depuis que j’en ai entendu parler. Il faut bien admettre que la couverture, illustrée par Aurélien Police, a de quoi donner envie et attire rapidement le regard. Mais ce n’est pas le seul point qui m’a donné envie de le lire, appréciant un bon roman apocalyptique et post-apocalyptique, le résumé avec ce virus destructeur avait de quoi m’intriguer. Ajouter à cela des premiers retours positifs ainsi qu’une discussion avec l’auteur lors des Imaginales, ce livre a donc terminé rapidement dans ma PAL. Puis bon un diptyque qui voit sa conclusion publiée dans les prochaines semaines, ça m’évite aussi de me lancer dans une longue série.

Dès les premières pages, on découvre une jeune femme qui va libérer un virus dans la gare de Lyon. Ce virus, extrêmement efficace, ne laisse que très peu de chance à l’Homme, et ce premier tome va nous proposer de suivre l’influence qu’il va avoir sur notre monde. En effet les principaux symptômes débutent comme une méningite pour, sur la fin, effacer la mémoire des contaminés les transformant en coquilles vide. Seuls quelques personnes paraissent immunisés pour des raisons obscures. Déjà commençons par évacuer un point, ce roman n’est pas un récit de zombies. Si vous souhaitiez lire ce livre pour y trouver des hordes de morts-vivants affamés, alors passez votre chemin vous allez être déçu. Le roman se rapproche plus, selon moi, de Fléau de Stephen King avec ce virus et ce côté fantastique qui se développe. Bien maintenant que ce point est levé quel est mon retour ce roman? Pour résumé, j’avoue avoir passé un très agréable moment de divertissement avec ce premier, même si certains points auraient mérité d’être retravaillé. Mais j’y reviendrai.

Le gros point fort du roman vient de la façon dont est décrit la fin de la civilisation qu’on suit tout au long de ce roman. Démarrant par une simple grippe résistante puis allant jusqu’à l’épidémie, l’auteur nous décrit de façon détaillé et soignée la façon dont la France va gérer cette crise, comment elle va tomber dans les affres du doute et de la peur et comment va exploser notre société. Certes il ne révolutionne pas le genre, mais sa façon large de présenter la chose et sa complexité font qu’on se retrouve facilement absorbé par ce récit. La multiplication des points de vue permet ainsi de développer cette fin du monde sous de nombreux aspects, offrant ainsi une vue d’ensemble allant du simple citoyen, en passant aux médecins, jusqu’aux plus hautes instances du pays. L’angoisse se met doucement en place, la population d’abord amorphe va peu à peu tomber dans la peur. Chacun va ainsi gérer cette crise de façon différente et va devoir faire des choix qui vont avoir parfois de terribles conséquences. L’ordre, les structures, la solidarité tout va s’effondrer au fil des du récit face à quelque chose d’incompréhensible, montant en tension au fil des pages pour aboutir à une conclusion des plus sombre et percutante. On se retrouve ainsi à tourner les pages avec un minimum de plaisir et d’envie d’en apprendre plus. Il faut aussi ajouter quelques axes de réflexions simples et efficaces que ce soit sur les médias, notre société ou encore nous-même.

L’autre point intéressant du récit vient des personnages principaux que brosse l’auteur. Là aussi il nous offre des héros qui se révèlent profonds, travaillés et surtout se révélant loin des héros habituels de ce genre de récit avec un retraité, un collégien, une actrice porno et un communicant a mi-temps pour une mairie et l’autre pour un parlementaire. Ces quatre personnages vont ainsi se retrouver immuniser contre le virus et vont voir le monde changer sans comprendre ni comment, ni pourquoi. Ils vont devoir ainsi évoluer, avancer et faire face à de nombreux péripéties et de nombreuses surprises. Chacun d’entre eux se révèle ainsi soigné et on s’attache un minimum à eux, dans leurs actes comme dans leurs réactions face à l’impensable. Alors après certains aspects de leurs personnalités m’ont paru un peu mal amené, comme cette histoire d’amour avec notre assistant parlementaire, mais dans l’ensemble ils se révèlent plus qu’efficaces et donnent envie d’en apprendre plus que ce soit sur chacun d’entre eux comme sur ce qui va leur arriver.

Le dernier point intéressant du récit, je trouve, est que l’auteur ne laisse rien paraître sur son fil rouge. Je ne vais pas dire qu’on est perdu du début à la fin, mais tout est fait pour que le fil rouge soit le plus mystérieux possible, ne lâchant les informations qu’au compte goutte venant ainsi y ajouter une bonne dose d’étrangeté et aussi de fantastique que je vous laisse découvrir pour ne pas spoiler. Tout dépendra de chacun, mais moi j’aime spéculer ce qui fait que je continue à tourner les pages pour savoir vers quoi on m’entraine. Mais voilà, le principal défaut, pour moi, vient des longueurs qu’on retrouve dans le récit. Le fait de multiplier les points de vues a un effet positif, comme je l’ai dit, mais a aussi un effet de lenteur, qui se ressent principalement dans la première partie. Certes on découvre ainsi en détails les effets de la maladie ou bien les conséquences de celle-ci, mais j’ai trouvé qu’il en faisait trop et que cela devenait aussi par moment trop répétitif. C’est dommage, car cela joue sur le rythme et l’intensité de lecture de cette première partie qui fluctue. Autre point qui m’a un peu dérangé, certaines légères facilités ici ou là, mais rien de non plus trop bloquant de ce côté-là. L’ensemble est par contre bien porté par une plume dense, simple, vive et percutante qui nous plonge assez facilement dans ce récit. Au final un très agréable premier tome qui, sans non plus se révéler révolutionnaire, me donne envie de lire la suite.

En Résumé : J’ai passé un très agréable moment de lecture avec ce premier tome d’un diptyque qui se révèle très divertissant. L’histoire n’a rien de Zombies, mais nous plonge plus dans l’attaque d’un virus dont seul quelques personnes sont immunisés pour des raisons obscures. L’auteur nous propose une plongée efficace et angoissante face à cette crise qui va faire monter un peu plus au fil des pages la peur et l’angoisse dans la population, poussant ainsi les uns et les autres à faire des choix parfois surprenants. L’auteur nous offre ainsi un travail dense, détaillé et soigné sur « l’explosion » de notre société. Les personnages ne manquent pas d’intérêt se révélant travaillés dans leurs histoires comme dans leurs évolutions, devant au fil du récit attachant même si je regrette peut-être certains aspects mal amenés. Autre point intéressant le fil rouge, à la fois mystérieux et intrigant, dont l’auteur dévoile les informations au compte goutte pour mieux nous appâter avec cet aspect fantastique que je vous laisse découvrir et qui donne envie d’en apprendre plus. Alors après tout n’est pas parfait, l’auteur offre une multitude de point de vue qui certes permet de développer le récit mais fait aussi qu’il donne l’impression de se disperser, voir de se répéter, créant ainsi des longueurs. Certains simplicités se font aussi ressentir ici ou là, mais de ce point de vue rien de bien bloquant. La plume de l’auteur se révèle détaillée, simple, efficace et entraînante et je lirai la suite de ce Chaos avec plaisir.

 

Ma Note : 7/10

Le Village – Emmanuel Chastellière

le villageRésumé : Une jeune fille se réveille un matin dans une demeure inconnue.
Livrée à elle-même au cœur d’un village aussi étrange que désert, privée de ses souvenirs, elle va bien vite se rendre compte que les secrets de son passé sont liés à ceux des anciens habitants des lieux.
Pour se défaire de ces liens invisibles et espérer quitter ce village aux allures de prison hors du temps, elle va devoir raviver les cendres d’un bûcher centenaire…

Edition : Les Editions de l’instant

 

Mon Avis : Les Editions de l’Instant m’ont fait découvrir il y a quelques mois un roman de Fantasy assez atypique et vraiment fascinant : Un Étranger en Olondre. Je suis donc avec intérêt les nouvelles publications de cet éditeur, espérant réitérer quelques belles découvertes, et j’avoue avoir rapidement été tenté par ce nouveau roman proposé. Il faut dire que la couverture, illustrée par Marc Simonetti, est vraiment superbe et le résumé possède un petit côté étrange qui m’attire. Alors pour ceux qui ne connaitraient pas Emmanuel Chastellière il est connu pour être le fondateur d’Elbakin, mais aussi pour son métier de traducteur.

 On se retrouve ainsi avec ce roman, à suivre deux lignes d’intrigue. La première  concernant une jeune fille qui se réveille dans un village, qui a perdu la mémoire et qui va rapidement découvrir qu’elle est coincée et que d’étrange phénomènes surviennent et la traque. La seconde, nommée Interlude, est celle d’un village où sévit une terrible maladie. J’avoue, une fois la dernière page du livre tournée, j’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre. L’histoire, mélange de fantastique, de fantasy et avec une légère pointe d’historique qui vient exacerber cette ambiance légèrement angoissante, se révèle vraiment accrocheuse et, la tension montant au fil du récit, on se retrouve à tourner les pages avec envie d’en apprendre plus. On se rend rapidement compte que l’auteur ne laisse rien au hasard, qu’il parait avoir peaufiné son récit jusque dans les moindres détails, alternant efficacement phases d’angoisse, d’action, de sentiments et de réflexions, de façon à ne jamais nous perdre ou nous ennuyer. Alors après, c’est vrai, le démarrage m’a paru un peu austère, la faute a, je trouve, un peu trop de description. L’auteur m’a paru chercher un peu trop vouloir en faire, à trop aller dans le détail, mais par la suite cela se calme et une fois emporté on l’oublie, cherchant à en apprendre plus sur les aventures de nos héros se laissant captiver au fil d’une intrigue qui se ressert jusqu’à une conclusion percutante, explosive et pleine de surprises.

Le gros point fort pour moi de ce roman vient de son ambiance. Cette étrangeté qui flotte du début à la fin, ce malaise, que ce soit concernant ce fameux village étrange où atterrit la jeune fille, comme dans ce qui tourne autour de cet interlude, de ces villageois, de leurs tensions, de leurs souffrances et de leurs choix. J’avoue aussi, cela peut jouer, je suis un fan de ce genre de fantastique, qui ne cherche pas à offrir toutes les réponses mais plutôt à clairement jouer sur l’atmosphère, à surprendre tout en gardant une certaine logique. Là, j’avoue, j’ai tout de suite été captivé par les nombreux mystères qui sont soulevés, par la façon dont l’auteur les amène, les fait évoluer et leur offre une réponse, voir laisse le lecteur se faire ses propres réponses. Ajouter à cela un sentiment de traque, où chaque personnage va se retrouver à lutter pour survivre, pour continuer à avancer et à exister, on obtient alors quelque chose de vraiment envoûtant, stressant et limite fascinant.

Autre point intéressant c’est l’univers que construit l’auteur, que ce soit aussi bien dans l’aspect historique, qui sans être non plus le gros point du roman, se révèle efficace, comme dans l’aspect fantastique, mais aussi sur le village en lui-même. En effet au fil du récit il en devient un véritable personnage avec, on peut dire, sa propre vie, se révélant dense et travaillé offrant quelques pièges. Il ne donne franchement pas envie de le visiter, mais il a ce côté intrigant qui fait qu’on se laisse captiver par son histoire. Mais surtout malgré cette densité, l’auteur arrive à rester cohérent et offre ainsi un univers qui, je trouve, ne laisse pas indifférent que ce soit dans ces passages angoissants, intimistes ou entraînants.

Concernant les personnages, ils se révèlent soignés et captivants à découvrir. Il y a finalement que peu de personnages, mais cela permet d’offrir à chacun d’entre eux une profondeur, une histoire et surtout une évolution au fil du récit qui font qu’on s’attache rapidement à eux. Certes leurs vies ne sont pas faciles, devant fuir pour ne pas mourir, mais voilà chacun d’entre eux se révèlent unique. Principalement dans la partie avec les enfants et les adolescents qui n’est pas sans rappeler les « enfants perdus » de Peter Pan, mais avec une bonne dose de Sa Majesté des Mouches (dont la citation en quatrième de couverture n’est pas illogique), leur offrant ainsi un voyage initiatique qui va les marquer. Une jeunesse poussée à devenir adulte trop vite sous la faute de leurs ancêtres. Il y a d’ailleurs, je trouve, une certaine réflexion derrière tout cela. Concernant l’interlude on est plus dans une autre phase d’accroche, jouant sur la découverte, happé par les conflits et les choix de chacun. Alors après certains personnages secondaires usent peut-être un peu trop de stéréotypes, je pense par exemple au bourgmestre, mais cela ne se ressent qu’à peine et ne dérange en rien la lecture.

Je trouve par contre légèrement dommage le traitement qui est au fait au niveau des « relations amoureuses ». En effet les histoires entre les uns et les autres paraissent amenés trop rapidement et de façon un peu brusque, ce qui fait que j’ai trouvé que cela manquait d’un peu de cohérence et d’émotion, même si rien de vraiment bloquant. D’autres points m’ont aussi un peu dérangé. Premièrement l’auteur monte en tension et en rythme au fil des pages pour offrir une conclusion efficace et percutante, mais voilà j’ai trouvé que l’auteur offrait un peu trop d’informations et d’éléments d’un coup sur la fin, ce qui fait qu’on est parfois un peu submergé. Ensuite j’ai trouvé que certaines résolution se faisait un peu trop rapidement, comme s’il était pressé et qu’il fallait rapidement débloquer la situation. Alors après ce ne sont que des défauts mineurs, tant l’ensemble a réussi à me captiver. La plume de l’auteur se révèle efficace, soignée et entrainante et je lirai sans soucis et avec plaisir d’autre de ses écrits.

 En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman mélange des genres qui offre un récit fantastique étrange, efficace et captivant. Le démarrage m’a paru un peu austère, se révélant trop descriptif, mais très vite par la suite je me suis retrouvé facilement happé, à tourner les pages avec envie d’en apprendre plus sur les aventures de nos héros. Le gros point fort du récit, vient, je trouve, de l’ambiance légèrement dérangeante, mystérieuse et angoissante qui est mise en place ainsi que de l’univers qui est construit autour. L’auteur arrive vraiment à offrir un ensemble qui est cohérent, logique et donne envie d’en apprendre plus. Concernant les personnages ils se révèlent soignés et efficaces. On s’attache à eux au fil des pages devant leurs choix et leurs développements, même si certains personnages secondaires usent un peu trop des stéréotypes. Rien de non plus trop gênant. Je trouve par contre légèrement dommage le traitement fait aux relations amoureuses qui m’a paru trop brusque et manquant d’émotion, l’accumulation d’information sur la fin qui donne l’impression d’être submergé ou bien encore certaines résolutions un peu trop rapide et facile. Après rien de dérangeant tant j’ai été emporté par l’ensemble, bien porté par une plume efficace, soignée et entraînante. Je lirai sans soucis d’autres des écrits de l’auteur.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis :

American Gothic – Xavier Mauméjean

american gothicRésumé : A l’heure du maccarthysme, Hollywood est le théâtre d’une lourde rivalité. Pour supplanter Disney, le patron de la Warner Bros projette d’adapter sur grand écran Ma mère d’oie, un recueil de contes et légendes urbaines dont les Américains raffolent. C’est à Jack Sawyer, scénariste obscur, que revient la mission d’enquêter sur l’auteur, Daryl Leyland, et de « nettoyer » sa biographie, rectifiant au passage tout ce qui heurterait le conformisme moral et politique.

Edition : Alma
Poche : 10/18

 

Mon Avis : Xavier Mauméjean fait partie des auteurs que je lis et découvre avec grand plaisir à chaque fois, proposant régulièrement une plongée dans une histoire prenante et qui ne manque pas de finesse. Cette fois ci j’ai donc décidé de me lancer dans ce American Gothic dont j’entends énormément parler en bien. J’en ai tellement entendu parler qu’il a fait parti de ces livres dont on a un peu de mal de sortir de sa PAL, de peur de ne pas avoir le même ressenti général. A noter une illustration de couverture que je trouve sobre et très sympathique.

Ce roman nous emmène ainsi aux Etats-unis au milieu du 20ème siècle, le studio ciné de la Warner ayant décidé pour concurrencer le succès du film Le Magicien d’Oz de réaliser une adaptation des contes de Ma Mère L’Oie, et plus précisément la version de Daryl Leyland. Pour permettre cela et pour éviter tout scandale, une enquête est menée sur l’auteur pour nettoyer sa biographie. C’est cette enquête que l’on suit au fil des pages, à travers de nombreux rapports, interviews et messages qui vont définir l’icône qu’est Daryl Leyland pour les américains. Sauf que voilà, une fois la dernière page tournée je dois bien avouer que je me suis demandé comment j’allais rédiger ma chronique. Posons déjà les bases, j’ai énormément apprécié ce roman, une très grande lecture, mais voilà l’ensemble se révèle un tel patchwork et surtout le feeling reposant sur chaque lecteur, la façon dont il rentre dans cette histoire, il me parait ainsi difficile de franchement pouvoir expliquer et surtout « vendre » mon ressenti. On va essayer quand même.

Pourtant, le récit n’a rien de compliqué, on  ne se lance pas dans un roman au sujet ardu et pointu qui pourrait rebuter. Non, ici on est dans le témoignage, la construction de la personnalité de Daryl Leyland auteur connu et reconnu, avec son compère et ami Max Von Doren, des contes qui ont véritablement bouleversé l’Amérique et se sont posés comme référence dans le pays. Une sorte de biographie à la fois fascinante et étrange qui vient dévoiler un personnage ambigu, à la fois génie, faussaire, monstre et innocent. Chaque chapitre apporte ainsi un nouveau fragment au « héros » qui devient ainsi de plus en plus dense, de plus en plus complexe et qui surtout gagne une vie propre. On découvre ainsi au fil des pages un peu le rêve américain avec ce héros qui vient d’une famille moyenne, pas obligatoirement aimé de ses parents, qui a connu de grands traumatismes et de grandes souffrances, que ce soit par exemple à travers son enfance à l’Orphelinat ou encore la première guerre mondiale, et qui a réussi à s’élever pour devenir l’un des plus grands écrivain américain.

Sauf que voilà, rien n’est jamais simple, de nombreuses zones d’ombres sont aussi présentes dans l’histoire de Daryl, des images discordantes, étranges, disséminées au fil des pages qui font que le lecteur se questionne de plus en plus. Qui est-il vraiment? Quel est son grand projet, son grand dessin? Est-il réellement ce grand prodige que tout le monde voit, ou bien simplement un grand enfant dont le côté sombre transparaît dans ses contes. On découvre ainsi un héros à la fois fascinant, étrange et mystérieux qui ne laisse pas indifférent et dont chaque lecteur devra tirer sa propre conclusion tant les histoires racontées sur lui paraissent toujours un peu biaisées. Il devient ainsi un peu personnage de conte, dans son ambiguïté, dans son questionnement, dans la morale qu’il soulève. Son compère n’est pas non plus en reste tant Max Von Doren oscille lui aussi du génie de l’image au simple copieur d’oeuvres, un personnage énigmatique dont on a du mal à en définir l’intérêt ou la folie. Cela soulève ainsi de nombreuses questions sur la véracité et la profondeur d’une biographie, de la vie d’un personnages qui dépend de points de vues tous faussés les uns les autres par les émotions. Situer ainsi le récit en pleine période du Maccarthysme n’est donc pas anodin.

De plus l’intérêt du récit vient aussi franchement, je trouve, dans ce jeu de faux semblants que propose l’auteur, mélangeant ainsi des fait réels avec des aspects totalement imaginaires. Surtout que l’auteur glisse aussi de nombreuses références, discrètes ou non, que ce soit sur les contes, l’imaginaire et autres, et qui ne manquent pas de titiller le lecteur. On se lance ainsi dans une sorte de jeu de piste, tentant de déconstruire, pour reconstruire et dévoiler la vérité historique de l’ajout. Surtout que l’ensemble est tellement bien amené, construit, que tout parait cohérent, réel, palpable. On a clairement l’impression que l’ensemble qui nous est conté a vraiment existé. American Gothic offre aussi une lecture qui se veut un minimum exigeante, où le lecteur ne reste pas obligatoirement passif, devant de lui-même s’investir pour construire le récit, ce qui je trouve offre un vrai plus.

Le travail de l’auteur se révèle aussi fascinant dans la palette de personnages construite autour, ces multitudes de voix qui viennent parler de Daryl et se révèlent toutes uniques, captivantes, fascinantes, et qui collent parfaitement au récit, mais qui surtout nous offre une image de l’Amérique finalement attendu et pourtant profonde et soignée. C’est d’ailleurs un des autres points intéressants du livre, cette construction en fond des USA qui elle aussi joue de faux-semblants. Pays patchwork lui aussi, qui fait donc écho au héros et aux contes. Il y a ainsi une véritable fascination qui se dégage pour ce pays jeune, que ce soit d’un point de vue de l’Histoire comme des la mythologie et des contes et qui se construit. Ce ressenti se voit d’ailleurs clairement avec le point de vue du traducteur français qui lui possède plus une vision des contes européens. On y retrouve aussi tout cet aspect très « cinématographique » comme par exemple dans la représentation de la mafia, de la grandeur du pays et d’autres encore. C’est d’ailleurs aussi, je pense, parce-que ce pays est jeune que se dégage une certaine liberté et une certaine noirceur, un côté sanglant et violent qui se dégage de ces contes de Ma Mère l’Oie. Cela se ressent aussi dans la période présentée, où le Maccarthysme et ses casses aux « sorcière » sont en pleine explosion. L’ambiance se révèle ainsi à la fois candide et dérangeante, jouant sur le fait que j’ai tourné les pages facilement avec l’envie d’en découvrir plus.

Je ne suis pas sûr d’avoir réussi à mettre en avant dans cette chronique ce qui ressort clairement de ma lecture tant il s’agit d’un mélange à la fois complexe et captivant, où chacun se fera son propre avis et son propre ressenti. Que ce soit mélange des genres, mélange des styles dans les différents témoignages et contes, ou bien encore des mélanges plus profonds qui transparaissent dans les différents personnages, les différentes révélations. On sent aussi que l’ensemble est clairement maîtrisé de la première à la dernière page et je dois bien avouer que je ne me suis pas ennuyé un seul instant avec ce roman qui nous manipule pour mieux nous captiver. Une excellente découverte.

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec cet American Gothic, et pourtant il est difficile de le chroniquer tant je pense il dépendra de chacun. Ce roman est un véritable Patchwork nous proposant de découvrir, à travers témoignages et retours, Daryl Leyland auteur avec Max Von Doren des contes de Ma Mère l’Oie. On découvre ainsi un personnage à la fois étrange et surprenant dont on ne sait pas s’il s’agit d’un génie ou s’il est fou. Représentant un peu de ce rêve américain, on va aussi se rendre compte qu’il possède une zone plus sombre. J’ai ainsi été fasciné par cet icône ainsi que son compère qui ne manque pas d’intriguer aussi. Mais surtout c’est dans le jeu de faux-semblants que l’auteur réussi à happer je trouve, dans cette sorte de réécriture de l’histoire, mélange de faits historiques et d’invention. On découvre aussi en fond une Amérique à la fois fascinante et imagée, qui ne manque pas de rappeler certains films, et qui pourtant est palpable, captivante. Un pays jeune en pleine construction qui se cherche une mythologie. L’ambiance à la fois candide et angoissante colle aussi parfaitement au récit. Au final ce roman propose un mélange complexe, aux nombreuses clés de lecture, dont chacun se fera son propre avis, son propre ressenti. Moi j’ai passé un excellent moment avec ce récit maîtrisé du début à la fin et où l’auteur joue avec le  lecteur et avec les styles.

 

Ma Note : 9/10

Cru – Luvan

cruRésumé : Des cris étranges sur un brise-glace en pleine mer, une morsure fatale en Afrique, la disparition de Maria du côté de Kiruna, les loups, les ours, les morts qui attendent dans les bois, le… courbe dans le noir, ou encore ce jeu de l’oie bizarre auquel joue Selma, à la recherche de son anneau dans Paris, et qui finit toujours par tomber dans le puits.
Cru c’est le bruit que fait un glacier quand il craque. C’est une fissure qui s’ouvre dans la glace, et qui dit que ça bouge en dessous.

Edition : Dystopia

 

Mon Avis : J’avoue, je me suis laissé tenter par ce petit livre il y a un long moment déjà, un peu sur un coup de tête, un peu suite à différents avis plus que positif que j’ai vu passer. Il faut dire que, comme toujours avec Dystopia, j’ai aussi rapidement été attiré par le travail graphique du livre, réalisé par Stéphane Perger, qui attire vraiment le regard par son côté un peu étrange et attirant. Cru est ainsi un recueil de 11 nouvelles (10 assez courtes et une de près de 80 pages) et, contrairement à mes habitudes, je ne vais pas chroniquer chaque texte, mais plutôt faire une chronique d’ensemble tant elles forment d’une certaine façon un ensemble cohérent et aussi pour éviter de dénaturer chaque histoire.

Entrer dans Cru n’est pas obligatoirement chose aisée aux premiers abords, car il faut dire que l’auteur a un univers fantastique qui lui est propre. Il faut ainsi complètement lâcher prise et se laisser porter par chaque texte, qui oscille entre réel et imaginaire, construisant une mythologie dense et propre à chaque texte et qui ne laisse pas indifférent. Les nouvelles du livre sont ainsi déroutantes, offrant plus des écrits brisés dans la construction, des images, de sensations, des émotions qui prennent peu à peu forme, se révélant au fil des récits pour offrir quelque chose de complexe, de marquant voir même de touchant. L’ensemble possède aussi une ambiance froide, détachée, qu’on pourrait trouver légèrement austère mais qui finalement en grattant un peu et en se laissant happer offre finalement une poésie étrange. C’est à la fois fascinant et perturbant tant j’ai été fasciné par ces textes, happé par eux, tout en constatant une fois la dernière ligne atteinte qu’ils restaient, par certains aspects, abstraits, ouverts. Dans ce recueil il y a ainsi un vrai échange entre l’auteur et le lecteur, où chacun fournit sa part pour ainsi construire un récit qui est à chaque fois unique.

L’aspect fantastique n’est pas non plus anodin chez l’auteur, on a ainsi clairement l’impression de jouer un jeu d’équilibriste entre réalité et fantastique. Chaque héros donne ainsi l’impression de pouvoir basculer à tout instant, voir à même pu déjà basculer, sans que le lecteur le sache, où ne puisse le juger. Le surnaturel est ainsi, d’une certaine façon, insidieux et pourtant tellement naturel et présent, il se montre sans vraiment complètement se dévoiler et donne l’impression de jouer avec le lecteur. On y retrouve ainsi des images qui peuvent paraître connus, mais que l’auteur amène avec originalité et pas mal de surprises. On sent aussi les connotations du nord, de la Suède dans sa mythologie, on se rend compte que l’auteur a l’air, soit de bien connaître, soit de s’être fortement documenté pour construire ses écrits. Dans tous les cas chaque texte, qu’il soit court ou long, offre au final un dépaysement efficace et d’une certaine façon marquant, le tout avec finalement parfois peu de description. Chacun d’entre eux possède ainsi son atmosphère propre, unique et qui donne envie d’en apprendre plus.

Le panel de personnages qui est développé par l’auteur ne manque clairement pas d’intérêt que ce soit dans leurs constructions, leurs visions de leur monde ou encore dans leur façon de l’appréhender. Entre amnésique, radio opératrice d’un brise-glace, chanteuse etc… l’auteur offre ainsi différents portraits à la fois fascinants et déroutants qui devraient ne pas laisser indifférent. On accroche ainsi très rapidement à leurs histoires, leurs aventures et leurs quêtes qui sont à la fois étranges et envoûtantes. Au milieu de tout cela l’auteur nous offre aussi de nombreux axes de réflexions que ce soit sur l’amour, la folie, l’amour qui ne se révèlent pas anodins, efficaces et s’avèrent parfois marquantes.

Comme je l’ai dit chaque nouvelle nous plonge dans un univers propre à l’auteur, qu’on découvre au fil des pages, où au final on découvre que la fin n’est qu’un commencement, ou l’ensemble possède de multiples couches et dont il faut relire pour bien en comprendre toutes les nuances. La Dernière nouvelle, qui est la plus longue du livre, joue ainsi avec tout cela développant et densifiant de nombreux aspects de façon efficace, mais j’ai par contre trouvé qu’il tirait peut-être légèrement trop en longueur. Alors après, certains textes m’ont trop dérouté pour que je rentre complètement dedans, voir parfois m’ont perdu, mais cela n’enlève en rien la qualité globale plue que positive de ce recueil. La plume de l’auteur colle finalement bien à cet univers, à la fois simple et pourtant percutant par ses phrases courtes, et efficace. Dans tous les cas je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.

En Résumé : Cru se révèle un livre difficile à chroniquer, mais aussi à appréhender finalement. Il propose ainsi 11 nouvelles qui vont nous plonger dans l’univers assez unique de l’auteur, où il faut se laisser porter par ces récits déstructurés, mélange d’émotion, de rebondissements, d’images qui viennent ainsi assaillir le lecteur et former au final un tout cohérent et ouvert. Il y a un vrai échange entre l’auteur et le lecteur, ou chacun doit faire sa part de travail pour aboutir à une histoire unique. On a clairement l’impression d’osciller entre réalité et surnaturel, offrant ainsi un fantastique surprenant, insidieux, à la fois présent et pourtant qui ne se dévoile pas vraiment, pas complètement. On plonge ainsi dans une atmosphère unique, froide, déroutante et entrainante qui donne envie d’en découvrir plus. Au milieu de tout cela on découvre un panel de personnages uniques qui nous font réfléchir sur l’amour, la folie, l’Homme qui ne laissent pas indifférent. La plume de l’auteur a un côté simple et pourtant percutant, d’une certaine façon poétique et efficace. Alors certes, il est arrivé qu’un ou deux textes me déroutent de trop, voir m’ont perdu, mais dans l’ensemble un recueil de textes fantastiques que je suis content d’avoir découvert. A chacun de voir si vous vous laissez tenter.

 

Ma Note : 8/10

 

Autres avis : Vert, julien le naufragé, Lune, …

CRAAA

Challenge CRAAA 17ème lecture

Page 6 of 21

© 2010 - 2024 Blog-o-Livre