Étiquette : karim berrouka

Utopiales 2016, Anthologie – Collectif

Résumé : En 2016, les treize nouvelles de l’anthologie officielle des Utopiales s’interrogent sur la thématique de la machine.
Pèle-mêle, on y croise ainsi une vieille dame artificielle pas décidée à mourir, un diable lumineux gardant un terrible secret, un homme dont plus de 50 % du corps a été remplacé par des prothèses, une femme robot aux charmes ambigus…
… mais aussi un concert virtuel plus vrai que nature, des tofus permettant de voyager dans l’espace, une course-poursuite de magiciens, un étrange artefact martien, un gentleman aux manières trop parfaites, un jeu vidéo meurtrier, une montre à l’origine de curieux décalages temporels, des truites psalmodiant en choeur «Innsmouth» et même André Brahic et une licorne.
Treize textes pour s’émerveiller, s’interroger et se marrer franchement, portés par treize plumes incontournables de l’imaginaire actuel, francophone comme étranger.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : On ne change pas une tradition et, comme depuis maintenant quelques années, quand je participe à un festival je repars dans la majorité des cas avec l’anthologie associée. Concernant les Utopiales, c’est aussi pouvoir se lancer dans une lecture commune avec Marie-Juliet, mon acolyte de LC depuis quelques temps maintenant. Cette année le thème de l’anthologie est « La Machine », et le recueil est composé de treize nouvelles d’auteurs différents. Concernant la couverture, illustrée par Denis Bajram et reprenant l’affiche du festival, je la trouve très sympathique et efficace. Comme souvent on retrouve une préface efficace, qui nous offre de bonnes réflexions sur le thème du recueil et s’avère soignée, même si parfois pas facile d’accès.

Le Club des Punks contre l’Apocalypse Zombie – Karim Berrouka

le-club-des-punks-contre-l-apocalypse-zombieRésumé : Paris n’est plus que ruines.
Et le prix de la cervelle fraîche s’envole.
Heureusement, il reste des punks.
Et des bières.
Et des acides.
Et un groupe électrogène pour jouer du Discharge.
Le Club des punks va pouvoir survivre à l’Apocalypse.
Enfin, si en plus des zombies, les gros cons n’étaient pas aussi de sortie…

Il est grand temps que l’anarchie remette de l’ordre dans le chaos !

Edition : ActuSF

 

Mon Avis : De Karim Berrouka, j’ai lu sa nouvelle qui avait été publiée dans l’anthologie Lancelot (ma chronique ici), ainsi que son roman Fées, Weed & Guillotines (ma chronique ), qui m’avaient chacun offert un bon moment de lecture à la fois plein d’humour barré et d’énergie. Il est donc logique que je me sois laissé facilement tenter par son dernier roman publié, qui a décidé de revisiter à sa façon le mythe du zombie. On notera la couverture, illustrée par Diego Tripodi, qui a le chic pour nous mettre directement dans l’ambiance.

On se retrouve ainsi à suivre un groupe de punks qui squatte une ancienne fabrique de vitraux, le collectif 25, luttant chacun à leur façon contre certaines idéologies. Sauf que voilà, en cette nuit de juin tout va basculer, les zombies vont apparaitre. L’idée même de mélanger le concept de Punks et de zombies à quelque chose d’intéressant, entre le no futur rebelle, sauvage et l’apocalypse mangeur de cervelles, il y a de quoi offrir des idées originales ce qu’il faut bien admettre le récit offre justement.  Je me suis ainsi rapidement retrouver happé par les aventures que vont vivre cette bande de keupons. Il faut dire aussi que le début se révèle terriblement efficace, que ce soit dans l’introduction de l’apocalypse qui est du pur délire, comme à travers la façon dont vont la vivre chacun des héros, entre survie et rêves les plus fous. L’ensemble se révèle ainsi clairement barré et surtout possède une énergie communicative qui fait qu’on se laisse ainsi facilement emporter, tant par le délire proposé que par les péripéties qu’ils vont rencontrer. Chaque page  fait sourire le lecteur, que ce soit dans la façon dont l’auteur met en avant sa vision de cette fin du monde, mais aussi dans chacun des personnages. Pour bien rentrer dans ce livre il faut par contre oublier une partie de la logique, mais j’y reviendrai plus tard.

Le point le plus intéressant du récit, autre que l’aspect déconne, vient clairement des personnages. Dire qu’on sort des héros classiques de ce genre de récit est un euphémisme, on est loin ainsi des survivants apeurés qui fuient pour survivre ou des militaires baraqués, et la façon dont chacun des personnages principaux va « gérer » cette apocalypse va se révéler vraiment intéressante, percutante et frénétique. Surtout que bon, libéré de la société, de ses règles, il y a de quoi parfois s’épanouir au mépris de la plus grand logique. L’intérêt principal vient principalement que l’auteur a réussi à nous offrir des personnages complexes, humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs combats et leurs envies. Il offre ainsi une diversité qui, d’une certaine façon, ne tombe jamais dans la caricature et permet ainsi d’amener quelque chose de plus dense et de plus travaillé. On est loin de l’image que se font la plupart des gens du mouvement punk, offrant ainsi au final des gens comme vous et moi à la vision simplement et fortement différente de la vision générale du monde. Alors parfois on tombe un peu trop dans certains stéréotypes, mais rien de non plus trop gênant. Par contre, je regrette un léger manque d’émotion, principalement dans certaines scènes dont je ne dirai rien pour ne pas spoiler, mais qui paraissent un peu « surjouées » ce qui fait qu’on se doute qu’il y a quelque chose de plus.

Concernant l’univers, d’un point de vue zombie on reste dans le classique et le solide, avec les morts qui reviennent à la vie, avec  la grande force et l’effet de masse, et toutes les faiblesses qu’on connait. L’auteur s’offre bien une originalité avec la musique, que je vous laisse découvrir, mais qui par moment m’a paru offrir un peu trop de facilités.. Non, l’intérêt vient principalement quand l’auteur profite de cette apocalypse pour y glisser une réflexion sur notre société et principalement sur le capitalisme qui amène la « mort » de notre société à travers exacerbation de l’individualité de chacun ou encore par notre consumérisme outrancier. J’évite de trop en dire, car certaines analogies liées aux zombies sont vraiment délirantes. Le parallèle se révèle ainsi efficace, percutant et ne laisse pas indifférent, même si c’est vrai on tombe parfois un peu trop dans le binaire avec les gentils d’un côté, les méchants de l’autre et les moutons au milieu. Sauf que voilà cette « caricature » accentuée permet surtout d’exacerber le message qui est transmis, à le rendre plus marquant, pousser le lecteur d’une certaine façon à se sentir troubler, déranger, pour mieux se poser des questions. Ça ne marche pas toujours selon moi, tant parfois l’auteur en fait trop, et tombe dans un message trop simpliste, ce qui fait qu’il passe moins, mais dans l’ensemble ça reste efficace.

Autre point fort du récit, toute la culture punk, révolutionnaire, qui est mise en avant tout au long du récit. Je ne suis pas familier du milieu, mais on sent que Karim Berrouka, lui-même chanteur dans un groupe de punk, en est imprégné et nous la fait partager que ce soit dans la musique, les titres de chaque chapitre ou dans les grandes figures. Il arrive surtout à lier les deux univers pour nous le partager sans se révéler trop lourd ou ennuyeux. Enfin dernier point concernant l’univers, il vient de l’aspect mystique, car oui l’auteur y a ajouté une touche de religion et de vision, tout en gardant toujours cet esprit acerbe et critique. J’avoue je suis resté un peu perplexe, parfois je trouvais que ça n’apportait pas grand chose, mais au final je l’ai trouvé intéressant face à la conclusion qu’il va proposer. En effet la fin est le point d’orgue, cette façon de retourner la situation de façon cynique, je l’ai trouvé réussie et efficace.

Sauf que voilà malgré toutes les qualités que possède ce roman et son esprit complètement barré, certains points m’ont un peu dérangé. Déjà je trouve qu’au niveau du rythme après une première partie plus qu’efficace, l’ensemble s’essouffle doucement, un peu comme si l’auteur tirait un peu trop l’intrigue en longueur ce qui se ressent au milieu du récit, avant de repartir de plus belle. Ensuite, j’ai eu un peu de mal avec la construction du récit, certes c’est énergique, mais l’utilisation récurrente des flashback m’a légèrement frustré, nous faisant vivre des scènes déjà passées qui ne méritaient peut-être pas autant de développement. Enfin j’ai trouvé un peu dommage certains Deus Ex Machina qui finalement servent un peu trop l’intrigue, comme je l’ai dit plus haut il faut parfois oublier la logique et je n’ai pas toujours réussi. Au final cela n’empêche pas non plus ce récit de se révéler très  sympathique et divertissant. La plume de l’auteur se révèle efficace, entraînante et simple, plongeant finalement assez facilement le lecteur dans son délire, offrant ainsi quelques sourires et quelques rires.  Si vous aimez les romans barrés, la révolution, le no future ou encore les zombies, alors pourquoi ne vous laisseriez-vous pas tenter?

En Résumé : J’ai passé un sympathique moment de lecture avec ce roman qui nous propose de découvrir l’apocalypse zombie à travers un groupe de Punks. Le récit démarre fort, se révélant énergique et surtout offre un pur délire qui nous fait sourire régulièrement, voir même rire. Les personnages sortent clairement des carcans de ce genre de récit, mais surtout l’auteur offre des personnages humains, loin des caricatures et de l’image que peut se faire le grand public des punks ce qui les rend attachants. Je regretterais peut-être juste un léger manque d’émotion par moment. L’univers zombie se révèle classique, ce qui ne l’empêche pas de s’avérer solide et entraînant avec cette originalité concernant la musique qui possède quand même ses limites. C’est surtout concernant toute la culture punk qu’on sent toute la passion de l’auteur ; qu’il cherche à nous faire partager. Il n’oublie pas non plus de chercher à nous faire réfléchir sur notre société, certes parfois de façon frontale, parfois tombant trop dans la caricature, mais dans l’ensemble c’est efficace. Alors après, je reprocherais tout de même un certain essoufflement vers le milieu du récit, une utilisation un peu trop systématique des flashbacks ou encore un peu trop de Deus Ex Machina. Cela n’empêche pas l’ensemble de se révéler plus que divertissant, mais l’empêche de se révéler vraiment marquant. Le tout est porté par une plume simple, efficace et captivante.

 

Ma Note: 7/10

 

Autres avis : L’Ours Inculte, …

Fées, Weed & Guillotines : Petite Fantasie Pleine d’Urbanité – Karim Berrouka

fees, weed & guillotinesRésumé : La dernière fois que Jaspucine a mis un pied dans le monde des hommes, elle en a littéralement perdu la tête : la Révolution française n’a pas été une période très profitable pour les créatures féeriques. Sauf pour Zhellébore, l’enfoirée qui l’a envoyée à l’échafaud. La vengeance étant un plat qui se mange froid, Jaspucine est bien décidée à retrouver la traîtresse. Même si pour cela elle doit s’attacher les services d’un détective. Mais à force de remuer ciel et terre, c’est sur une conspiration bien plus grande que la fée et l’enquêteur vont tomber.

Edition : Actu SF

 

Mon Avis : Ce roman n’a pas fini par hasard dans ma PAL, a force d’en entendre parler, souvent en bien, depuis sa sortie je me suis laissé intriguer.  Présenté comme un roman noir, mais à l’humour qui parait déjanté, je ne pouvais que le faire entrer dans ma bibliothèque, ce qui fut chose faite lors des dernières Imaginales. De plus la nouvelle écrite par l’auteur dans l’anthologie Lancelot (chronique ici) et qui reprenait des personnages du livre, m’a encore plus donné envie de le découvrir. Vu que ce roman est nominé pou le prix Julia Verlanger lors des prochaines Utopiales, j’ai donc décidé de me faire par la même occasion mon propre avis. À noter la couverture, illustrée par Diego Tripodi, que je trouve réussi, reprenant bien les codes du polar avec un vernis de fantasy.

L’histoire nous propose ici de découvrir Jaspucine, Fée de son état, qui est renvoyée pour la première fois sur terre depuis son fiasco lors de la révolution française, pour y retrouver la traitresse Zhellébore. Pour cela elle va s’adjoindre l’aide d’un détective prive, mais par n’importe lequel : Marc-Aurèle Abdaloff. Très vite les choses vont se révéler beaucoup plus compliqués et rien ne va, bien entendu, se passer comme prévu. On plonge finalement assez rapidement et facilement dans ce récit qui démarre sur les chapeaux de roues, reprenant les codes classiques du polar noir, avec cette histoire de kidnapping de bébé, mais qui va aussi rapidement se révéler complètement barré. L’auteur maîtrise parfaitement bien le démarrage de son récit entre humour, cynisme, action et aventures et le lecteur se retrouve alors à tourner les pages avec plaisir et envie d’en apprendre plus. Surtout que l’auteur n’oublie pas pour autant son intrigue qui va se révéler beaucoup plus complexe qu’initialement prévue avec son lot de complots, de trahisons et de mensonges. Entre roman d’aventure, roman policier, fantasy urbaine et aspect humoristique c’est un début réussi, entrainant et assez fascinant que nous propose l’auteur.

Le problème avec ce genre de récit, qui certes mélange les genre astucieusement, c’est de tenir sur la longueur et là je dois bien admettre que j’ai trouvé que l’auteur ne remplissait pas parfaitement le cahier des charges. Rien de bien méchant, ni de bloquant non plus, mais vers le milieu du livre j’ai commencé à ressentir un léger essoufflement, l’intrigue se retrouve alors en transition et redémarre avec quelques coups de pouces un peu trop faciles, partant d’ailleurs un peu dans tous les sens, et l’humour se révèle aussi alors moins mordant, moins percutant. Ça se lit quand même assez facilement et le rythme fait qu’on tourne toujours les pages avec un minimum de plaisir, mais voilà le lecteur se sent légèrement moins emporté par l’ensemble. Il faut ainsi attendre les 100 dernières pages pour de nouveau repartir tambour battant et à nouveau se retrouver happé avec entrain et envie d’en apprendre plus. D’ailleurs à noter que l’auteur nous offre une conclusion que j’ai trouvé réussie, énergique, tout en restant assez ouverte pour pouvoir offrir de possible suites.

L’univers de Fantasy Urbaine qui est construit au fil des pages se révèle solide, efficace et ne manque clairement pas de charme. On y retrouve la classique différenciation entre l’univers des fées et celui des humains, mais l’auteur joue astucieusement là-dessus pour nous offrir des aspects intrigants et fantaisistes qui se révèlent efficaces, offrant aussi de nombreuses anicroches entre les deux peuples qui sont des plus savoureuses. D’ailleurs c’est justement sur cette différence que l’auteur s’amuse pour nous offrir quelques piques sur notre société et notre façon de vivre toujours trop vite, sans prendre le temps, sans parfois réfléchir à ce qui est bon pour nous. Le tout possède aussi un vernis historique original, en effet le récit décide de revisiter l’histoire à sa façon, principalement concernant la révolution française, tout en restant cohérent et sans jamais alourdir ni la narration, ni le récit. L’aspect féérique et mystique ne manque pas d’intérêt, avec son lot de magie et de mystères qui se développe au fil des pages et se révèle prenant. L’aspect politique chez les fées ne manque pas non plus, lui aussi, d’ironie et de surprises, ressemblant au final assez fortement à celui des Hommes, avec sa reine, son conseil et ses nombreux complots pour obtenir le pouvoir.

La grande force du récit vient pour moi des personnages, principalement de leurs interactions, qui se révèlent fascinantes et ne manquent pas de faire sourire. Comment ne pas réagir devant Jaspucine qui redécouvre un monde qui a profondément changé et dont elle est loin d’en comprendre toutes les règles, ce qui amène de sacrées occasions surprenantes et cocasses. Comment ne pas rire non plus devant l’association de Jaspucine avec Marc-Aurèle, qui rêvait justement d’une vie plus mouvementée, dont l’alchimie marche à la perfection ; tous les deux si différents et pourtant complémentaires qui nous offrent des dialogues des plus savoureux et percutants. À ces héros viennent s’ajouter Etienne Petiot inspecteur complètement dépassé par les évènements et qui au fond de lui ne cherche qu’une vie normale, ou bien encore Bugnard personnage tout en muscle qui ne manque pas surprendre, mais aussi et surtout Premier de la Classe qui à lui seul vaut le déplacement par sa grande intelligence, sa façon de voir la vie, mais aussi les nombreux mystères qui planent sur lui. Des héros qui se révèlent donc efficaces, truculents, loufoques et pourtant humains, on s’accroche facilement à eux et j’aurai plaisir à les retrouver dans d’autres aventures, surtout s’ils continuent autant à me faire rigoler.

La plume de l’auteur se révèle assez soignée, jouant sur les mots et les phrases pour mieux surprendre le lecteur, même si elle tombe parfois un peu trop facilement dans le familier ce qui peut être lassant. Rien de bien gênant non plus. J’avoue qu’au moment où j’ai entamé ce livre j’avais Les Petites Fées de New-York en tête, mais l’auteur a réussi à finalement offrir quelque chose de vraiment différent dans le ton et la présentation, même si c’est vrai un tout petit peu moins drôle que ce que j’espérais. Dans tous les cas j’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman et si l’auteur se propose d’écrire des suites je les lirai avec grand plaisir.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce roman qui nous propose une intrigue très polar noir mélangé à de la Fantasy et le tout complètement barré. Le démarrage nous happe dès les premières pages et on se retrouve entrainer avec plaisir dans les aventures de ces héros complètement truculents et aux dialogues percutants. Alors c’est vrai, j’ai ressenti un léger essoufflement vers le milieu du récit, l’enquête devenant calme s’offrant aussi quelques facilités et l’humour se révèle moins mordant. Mais une fois dans les 100 dernières pages on se retrouve de nouveau emporté pour aboutir à une conclusion efficace et réussie qui laisse la porte ouverte à des suites. L’univers de Fantasy Urbaine qui est développé au fil des pages est solide et offres des aspects originaux. La plume de l’auteur s’avère soignée jouant sur les mots et les expressions, même si parfois un peu trop familier. Au final un roman qui se lit facilement, qui m’a fait sourire et qui m’a envie de lire les suites si jamais l’auteur y revient un jour.

 

Ma Note : 7,5/10

© 2010 - 2024 Blog-o-Livre