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Fées & Automates – Anthologie 2016 des Imaginales dirigée par Jean-Claude Vantroyen

fees & automatesRésumé : Le thème de l’anthologie des Imaginales 2016 ose le face à face entre deux personnages archétypaux provenant de mondes différents. La fée, figure principale de la rêverie médiévale, du fantastique, de la fantasy, et l’automate, un produit de la culture quasi industrielle, de la pensée scientifique, de la science-fiction. Deux univers qui s’opposent sans doute, mais dont la rencontre est propice à l’imagination et fait jaillir des étincelles. Cette anthologie va vous étonner et vous passionner.

Edition : Mnémos

 

Mon Avis : Si vous suivez régulièrement mon blog, vous commencez sûrement à connaître la musique. Chaque année je vais au festival des Imaginales et je repars avec son anthologie que je lis en Lecture Commune avec d’autres lecteurs. Sauf que cette année on a décidé de faire les choses en grands, puisqu’en plus de Snow, et Mariejuliet nous ont aussi rejoint PetiteTrolle et Rose. Concernant la couverture, illustrée par Hélène Larbaigt, je la trouve superbe donnant envie de la découvrir. Cette anthologie comporte treize nouvelles, ainsi qu’une préface qui, j’avoue, ne m’a pas accroché plus que cela ne retrouvant pas obligatoirement ce que j’espère et j’attends dans une préface.

Smoke et miroirs d’Estelle Faye : Cette nouvelle se décompose en trois scénettes. Trois héroïnes qui ont comme ambition de réussir dans le show-business. J’ai bien aimé cette nouvelle, toujours bien porté par une plume efficace et poétique, elle nous happe ainsi facilement. L’histoire ne manque pas d’intérêt avec cette notion, selon moi, de l’oubli du merveilleux pour un monde plus terre-à-terre voir égoïste dans cette chute assez cynique et percutante. Le récit est aussi très typé cinéma que ce soit dans sa construction, comme dans certains clin d’œil comme, je pense, l’automate qui me fait penser à celui du film Big avec Tom Hanks. Pas obligatoirement la meilleure nouvelle de l’auteur, mais un texte réussi et efficace qui ouvre bien l’anthologie.

Le Rouet Noir de Charlotte Bousquet : Cette seconde nouvelle nous plonge dans l’univers de Jadis que je n’ai pas encore lu et qui m’attend dans ma PAL. La plume de l’auteur est toujours aussi dense et soignée et l’univers construit autour donne vraiment envie d’être découvert, mais, je ne sais pas trop, je n’ai jamais réussi à rentrer complètement dans le texte. Je ne sais pas si c’est le fait de ne pas avoir lu Jadis ou pas, mais j’avais l’impression d’être spectateur d’une histoire dont il me manquait certaines clés. Chronique peut-être à rediscuter une fois lu Jadis.

Le crépuscule et l’Aube de Fabien Cerutti : Cette nouvelle nous plonge dans l’univers du Bâtard de Kosigan et nous fait découvrir le destin des fées. J’ai bien aimé cette nouvelle, on sent bien la maîtrise de l’auteur nous proposant un texte pleine de rebondissements et de surprises qui nous happe facilement. L’ensemble se lit vite et avec un minimum de plaisir et d’envie d’en apprendre plus. Je regretterai juste une présence de trop de personnages, principalement chez les antagonistes, ce qui fait qu’ils ont du mal à vraiment « exister », ainsi qu’une ou deux facilités. Rien de bien bloquant tant l’ensemble s’avère divertissant et plutôt efficace.

Le comte et l’horloger de Benoit Renneson : Cette nouvelle nous fait suivre un horloger qui va être mandaté par un comte de venir réparer son automate. Il va alors découvrir quelque-chose de surprenant. Bon, j’avoue, ce récit ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. L’ensemble m’a paru vraiment trop convenu et manquer de surprises pour vraiment arriver à me captiver. L’ensemble manque je trouve d’émotions et de peps, même si sur l’ensemble elle n’est pas non plus mauvaise. Le récit est ainsi plutôt bien maîtrisé et la plume de l’auteur simple et efficace. Au final un texte qui me laisse sur ma faim avec une fin un peu trop happy-end à mon goût.

L’énergie du désespoir d’Adrien Tomas : On suit ici Kimba, chasseuse professionnelle, avec son automate et un apprenti. Leur quête est simple, chasser et ramener des fées pour pouvoir nourrir en énergie la ville qui a subi un attentat. L’auteur nous offre une histoire efficace, bien rythmé, offrant rebondissements et surprises qui possède même le luxe de nous proposer quelques réflexions intéressantes. L’ensemble se révèle fluide et entraînant, bien porté par des personnages hauts en couleurs et percutants, même si parfois il en fait un peu trop. Par contre je regrette une certaine linéarité dans le récit, ainsi que certains rebondissements facilement devinables, mais rien de non plus trop bloquant. Au final une nouvelle agréable et plus que sympathique.

L’étalon de Paul Béorn : Une nouvelle qui nous fait suivre notre héros, enfermé par une fée depuis tout petit et qui va se rebeller. Bon j’avoue ce texte, en soit, n’est pas mauvais, il se laisse lire facilement, l’histoire s’enchaîne bien et ne manque ni de fluidité, ni de rythme . Les idées sont là, mais voilà il lui manque un petit quelque-chose pour se révéler marquant. L’ensemble m’a paru trop classique et manque de surprises, la conclusion je l’ai vu venir assez rapidement et un des rebondissements m’a paru trop facile. Au final une nouvelle que je classe dans le vite lu, apprécié, vite oublié.

Magie de Noel de Gabriel Katz : Cette nouvelle nous fait suivre un père de famille qui décide de braver la loi pour ramener une fée automate interdite de vente. Concernant ce texte il y a pour moi du bon et du moins bon. J’ai beaucoup aimé l’univers avec tout ce no man’s land du seize à la fois étrange, sombre, angoissant, mais aussi un peu le quartier où on trouve de tout. Le principe de la fée automate interdite par la loi apporte aussi quelques réflexions intéressantes et l’ensemble repose sur un rythme vraiment entrainant et haletant. Mais voilà, la conclusion ne m’a pas accroché, trop bordélique, voulant trop en faire et donnant l’impression de contredire les propres bases de son univers. La chute ainsi que le choix final du héros m’ont aussi surpris par une certaine facilité et une non remise en question. Au final une nouvelle avec du potentiel qui aurait, je trouve, mérité un traitement plus long.

Al’Ankabût de Nabil Ouali : De nouveau une nouvelle qui me laisse un sentiment légèrement mitigé. Franchement, l’auteur nous plonge clairement dans un récit à forte connotation sur notre monde actuel, suivant le destin d’une jeune fille qui va voir sa ville se retrouver plonger d’un coup en pleine guerre et va se retrouver à fuir. On ne reste pas indifférent devant ce destin, le tout porté par une plume efficace et poétique, malgré, j’avoue quelques lignes au début qui ne m’ont pas plus accroché que cela. Sauf que, pour moi, là où l’auteur a manqué le coche c’est dans la tentative de son parallèle entre l’art et la guerre, qu’on retrouve régulièrement, mais qui ici n’a pas la force nécessaire pour marquer vraiment et parait même un peu déconnecté du récit. L’ensemble manque aussi d’explication, de liant, ce qui donne une impression à la fin de manquer de cohérence. Par contre l’auteur offre une conclusion complètement ouverte qui s’avère marquante dans son aspect visuel je trouve.

Le tour de Vanderville de Pierre Gaulon : Cette nouvelle nous fait suivre un inventeur qui va, pour la première fois, dévoiler sa dernière trouvaille dans une foire. Il va alors rencontrer un autre forain. J’avoue cette nouvelle démarrait bien, se dirigeant vers le fantastique jouant sur l’étrangeté des foires même si cela manquait de Freak Show. Mais voilà plus j’avançais dans le récit, plus je trouvais que l’auteur avait peur de vraiment se lancer, restant dans un aspect un peu trop classique. Cela a pour conséquence de rendre finalement l’ensemble facilement devinable et linéaire, le tout dans un univers où il manque un petit truc pour vraiment captiver. Dommage, car l’ensemble avait du potentiel. Là je ressors avec le sentiment d’une nouvelle vite lue, un minimum apprécié, mais vite oublié.

AuTOMate de Pierre Bordage : Cette nouvelle nous fait découvrir une fée qui est tombée amoureuse d’un homme, mais dont le couple va très vite tomberdans la routine. De nouveau une nouvelle qui me laisse un petit sentiment mitigé, les idées sont là dans la tentative de dénonciation sur la dérive de l’Homme concernant la nature, ou encore une dépendance accrue à la technologie, mais voilà j’ai trouvé que l’ensemble manquait de finesse et paraissait mal amené. Le récit va trop vite et cherche trop à imposer ses idées j’ai trouvé. De plus, l’auteur tombe un peu dans des clichés caricaturaux. Dommage, car l’ensemble possédait du potentiel.

Son dernier coup d’échec de Jean-Claude Dunyach & Mike Resnick : Cette nouvelle nous fait suivre un automate champion d’échec qui se lie d’amitié avec une humaine et va se retrouver au milieu d’un conflit d’échec que je vous laisse découvrir. J’ai bien aimé cette nouvelle, la construction est efficace, le message se veut simple et percutant et les personnages sont intéressants à suivre dans leurs aventures. La conclusion offre une surprise efficace tout en ayant en fond une légère pointe de mélancolie. Je ne dirai pas que cette nouvelle est révolutionnaire, mais elle est réussie et offre un bon moment de lecture dont, finalement le seul point qu’on pourrait lui reprocher et la très faible présence de la fée.

Tsimoka de Cindy Van Wilder : Comme toujours avec l’auteur on se retrouve avec un texte bien construit, dense et avec des héroïnes et des personnages secondaires qui ne manquent pas d’attrait et marquent assez facilement le lecteur dans leurs quêtes. L’ensemble se situe ainsi dans l’univers des Outrepasseurs, mais voilà j’ai trouvé l’intrigue un peu convenu et manquant d’un peu de force pour franchement nous offrir plus qu’un simple récit très sympathique et agréable. Par contre, j’ai bien aimé la mythologie que construit l’auteur derrière, avec en message sous-jacent l’esclavage, mais il aurait, je pense, mérité d’être encore plus présent.

Le plateau des chimères de Lionel Davoust : On termine cette anthologie avec un auteur habitué, puisqu’il s’agit de la nouvelle Lionel Davoust qui nous revient dans son univers Evanégyre. J’ai bien aimé cette nouvelle, que ce soit dans sa construction comme dans la confrontation des deux personnages qui se révèlent bien plus que de simples protagonistes, avec, en fond, une confrontation entre la Nature et la Technologie. L’ensemble est ainsi très bien maitrisé, j’ai très vite été happé par ce texte offrant de nombreux rebondissements et quelques surprises tout en nous faisant réfléchir sur nos actes. je regretterai peut-être juste que le retournement de situation sur le fin se révèle facilement devinable. Au final un dernier texte qui conclut de très bonne façon cette anthologie.

En Résumé : J’avoue je ressors moins enthousiasme que les années précédentes avec ma lecture de cette anthologie. L’ensemble n’est pas non plus mauvais, mais j’ai trouvé que, mis à part quelques exceptions, les textes sont moins marquant que les années précédentes, avec des hauts et des bas. Après il faut aussi bien admettre que le thème n’était pas non plus des plus facile, l’association automates et fées tombant au final ici facilement dans le convenu ou dans le mal amené. L’anthologie reste tout de même sympathique à découvrir et à lire et quelques textes sortent assez du lot pour donner envie, mais voilà rien de vraiment mémorable, elle ne dépasse pas le sympathique et divertissant à lire. Cela ne m’empêchera pas pour autant de faire rentrer la version 2017 dans ma PAL.

 

Ma Note : 6/10

Avis de mes collègues de LC : Snow, Mariejuliet, PtiteTrolle, Rose

Autres avis : Boudicca (Bibliocosme), Celindanaé, …

Kirinyaga suivi de Kilimandjaro – Mike Resnick

kirinyagaRésumé : Kirinyaga est le nom que portait le mont Kenya à l’époque où y siégaient encore Ngai, le dieu des Kikuyus. C’est aussi, en ce début du XXIIe siècle, l’une des colonies utopiques qui se sont créees sur des planétoïdes terraformés dépendant de l’Administration.
Pour Koriba, son fondateur – un intellectuel d’origine kikuyu qui ne se reconnaît plus dans un Kenya profondément occidentalisé –, il s’agit d’y faire revivre les traditions ancestrales de son peuple, en refusant coûte que coûte ce qui pourrait menacer la permanence de cette utopie africaine. Mais que pourra-t-il bien faire quand une petite fille surdouée voudra apprendre à lire et à écrire alors que la tradition l’interdit? Ou lorsque la tribu découvrira la médecine occidentale et cessera de croire en son dieu, et donc en son sorcier?

Edition : Denoël Lunes d’Encre

 

Mon Avis : Kirinyaga fait partie des livres considérés comme des lectures importantes de la Science-Fiction et à découvrir. Construit sur près de 10 ans, l’histoire est ainsi assemblée sur près de 10 nouvelles pouvant être lues de façon indépendantes, mais qui dans l’ordre forment un roman. Je ne m’étais encore jamais plongé dans cette histoire, mais quand j’ai vu que les éditions Denoël la rééditait, agrémenté d’un autre récit dans le même univers, j’ai décidé rapidement de le lire. Concernant la couverture, illustrée par François Baranger, je la trouve vraiment magnifique. A noter que les textes qui composent ce récit sont présentés comme la série de nouvelles la plus récompensée de l’histoire de la science-fiction, ce qui est à double tranchant, car cela pose certaines attentes. Contrairement à d’habitude je ne vais pas traiter de chaque texte, mais de l’ensemble vu qu’il forme un tout.

Nous nous retrouvons ainsi plongé en plein futur, dans une Afrique qui a rejeté les Européens, mais qui est devenue complètement occidentalisé dans sa façon d’évoluer, rejetant leurs traditions pour le progrès. De nombreux animaux ont disparus, tel que les rhinocéros, les éléphants, etc… C’est dans ce monde que de nombreux kenyans décident de bâtir une Utopie Kikuyu, retrouver leurs racines, sur une planète terraformé selon leurs besoins. On suit ainsi Koriba, intellectuel qui devient mundumugu, le grand sorcier et surtout le sage de ce monde. Une fois la dernière page tournée, je dois bien avouer que j’ai été assez fasciné par ce roman, à travers dix histoires différentes l’auteur nous propose de découvrir un récit qui se révèle intelligent, et offre de nombreuses réflexions qui ne laissent pas indifférents. Mais surtout la grande force, pour moi des textes, vient du fait que l’auteur ne prend jamais parti, certes son narrateur possède ses convictions, mais chaque récit offre plusieurs facettes, plusieurs points de vue permettant au lecteur de se faire son propre avis sur chaque question soulevée et de construire ainsi sa propre conclusion.

Et pourtant il faut dire qu’on plonge tout de suite dans une ambiance, un peu dérangeante, car dès le second texte (qui est le premier sur Kirinyaga la planète) on se trouve percuté par ce retour aux traditions, par ce questionnement entre coutumes ancestrales et modernité face à cette nouvelle qui nous explique que dans le folklore Kikuyu, quand un enfant né par le siège il doit être sacrifié car il possède en lui un démon, ou que les anciens et les infirmes sont sacrifiés aux hyènes. Et c’est l’une des pierres angulaires des récits, cette différence entre tradition et modernité, qui fait qu’on se retrouve à se poser de nombreuses questions, chacun possédant des intérêts, mais aussi ses failles voir ses horreurs. L’auteur n’en reste pas là, sinon les récits tourneraient vite en rond, il offre aussi des réflexions soignées que ce soit sur l’identité culturelle, l’accès à la connaissance et son influence sur l’évolution, la position de la femme, l’acceptation des autres et la jalousie, la quête de la perfection et du bonheur, sur la notion ambigu de vérité, ou encore sur les coutumes considérés comme barbares, comme la circoncision ou encore l’excision qui socialement pour les kikuyu signifie le passage à l’âge adulte, mais qui pour le lecteur paraissent choquantes. Un roman qui ne laisse pas indifférent, où chacun se fera ses propres observations et ses propres conclusions grâce à un travail de fond psychologique et sociologique efficace. Il n’y a ici ni bien, ni mal, juste des choix de vie et la façon dont chacun voit son avenir.

Ce roman offre surtout la possibilité de réfléchir au terme Utopie et à quoi cela correspond, car au fil des textes on se rend très vite compte que la perfection recherchée par Koriba n’est pas obligatoirement celle voulu par tout le monde sur la planète. Certes, chacun peut repartir sur terre à tout moment, mais comment quitter un monde qui est finalement le leur et à qui ils ont tout donné. Finalement une utopie est-elle possible pour un peuple entier? Doit-elle passer par l’absence de réflexion de chacun et la centralisation du savoir en une seule personne ? On ne tombe pas ainsi dans l’utopie d’un seul homme ? Chaque texte va ainsi amener sa problématique, qui vont ainsi s’ajouter et changer complètement la vision de ce monde. Le tout reposant aussi sur les paraboles misent en avant par les petites histoires que raconte le mundumugu qui, je trouve, apporte un aspect plus imagé et conte à l’ensemble, même si on est loin des contes qui terminent bien. Après l’aspect à double tranchant du récit vient de Koriba, le narrateur, qui croit profondément en son utopie, qui en est limite fanatique, défendant becs et ongles ses toutes ses traditions, même les plus horribles, même si cela doit passer par l’abrutissement du peuple, car il sait que si on touche à l’une d’entre elle les autre vont s’effondrer. Cela le rend donc parfois antipathique dans son argumentation et dans sa vision de ce monde. Surtout qu’il est ambigu, il veut revenir aux traditions, mais gère la météo de la planète par ordinateur, faisant de lui, d’une certaine, façon, une figure divine. Il en devient limite le Dieu sur la Montagne, l’être suprême remis en cause. Mais voilà, certes je ne l’ai pas apprécié sur certains points, je l’ai rejeté sur d’autres, mais clairement le but du récit n’est pas de nous faire aimer son héros, mais de nous montrer une vison de son monde et de tous ses aspects.

Pour le moment ma chronique se consacrait à Kirinyaga, je vais maintenant m’attarder sur Kilimandjaro, dont mon avis sera plus court, pas qu’il soit mauvais, juste que l’ensemble m’a paru un ton en dessous et moins percutant. Le récit est construit de la même façon, plusieurs textes qui peuvent être lus indépendamment mais, qui, ensemble, forment un tout. Il nous propose de suivre une nouvelle utopie, cette fois Massaï, qui pour éviter de faire les mêmes erreurs que celle des Kikuyus a décidé de ne pas figer ses traditions, mais d’offrir un monde où tout le monde s’exprime et où chacun est accepté, traditionaliste ou moderne. Le narrateur est cette fois un historien, on évite ainsi le fanatique pour une vision plus neutre, plus aseptisé, même s’il va régulièrement se retrouver au milieu de choix cruciaux. Clairement les réflexions sont là, cette fois sur des aspects plus modernes et plus sociaux, les récit se révèlent efficaces ne laissant pas le lecteur indifférent, mais voilà chacun des textes, pour moi, est trop court et à la résolution trop rapide, simple et parfois facile. C’est un roman sympathique à découvrir, qui nous offre une autre vision que son prédécesseur dans le livre, mais voilà, à côté de Kirinyaga la différence de niveau entre les deux récits se ressent obligatoirement et, surtout, Kilimandjaro perd cette notion de conte et de parabole qui m’avait accroché, ce qui est dommage. Concernant la plume de l’auteur elle se révèle soignée, d’une grande perspicacité, arrivant rapidement à happer le lecteur et à le plonger dans un récit intelligent et efficace. Pour moi voilà un roman à découvrir.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce livre qui regroupe deux histoires, deux tentatives de construction d’une Utopie. Chaque récit est ainsi composé de plusieurs nouvelles qui peuvent être lus indépendamment, mais qui ensemble forment un tout. La grande force du livre vient des nombreuses réflexions qu’il soulève face aux différents aléas que vont rencontrer les différentes utopies que ce soit d’un point de vue culturelle, identitaire, etc… mais qui surtout soulève le point même de l’utopie et de ses nombreuses failles, le tout en restant assez neutre dans sa façon de présenter les choses pour permettre à chacun de se faire son avis. Des textes intelligents et soignés. Alors après, c’est vrai, il est difficile de s’attacher au personnage principal de Kirinyaga, plongeant dans le fanatisme malgré une certaine ambiguité, mais ce n’est pas le but du récit de nous faire aimer son héros, simplement de nous montrer l’évolution de son monde. Concernant Kilimandjaro j’ai un peu moins accroché, l’ensemble n’est pas mauvais, loin de là, mais parait franchement un ton en-dessous face à Kirinyaga, ce qui est légèrement dommage. Au final un roman qui mérite d’être découvert, au moins pour se faire un avis sur les différentes réflexions qu’il propose.

 

Ma Note : 8/10

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