ptah hotepRésumé : Ptah Hotep, prince de Hagaptah, partage sa jeunesse dorée entre l’étude, la recherche spirituelle et la compagnie de la fastueuse courtisane Aset. Mais un coup d’État va contraindre l’adolescent à un apprentissage d’un tout autre ordre : celui de la misère et de l’exil. Dans un décor évoquant à la fois Les Mille et Une Nuits, l’Inde et la Chine médiévales, l’Égypte, la Rome et la Grèce antiques, d’aventures en histoires d’amour, il revêtira l’armure de Soliman pour libérer le monde de la tyrannie.

Edition : Denoël Lunes d’Encre

 

Mon Avis : Bon, je dois bien avouer, ce qui m’a en premier lieu attiré avec ce roman c’est sa couverture, illustrée par Sébastien Hayez, que je trouve vraiment superbe. Ajouter à cela un résumé, certes qui parait assez classique, mais un minimum intriguant, voilà pourquoi ce livre a donc terminé sa course dans ma PAL. Bon comme souvent il a un peu traîné dans ma bibliothèque avant que je décide de l’en sortir et de me lancer dans sa lecture histoire de me faire mon avis.

Ce roman nous propose donc de suivre la jeunesse de Ptah Hotep, à travers ses chroniques qu’il écrit à son Divin Frère l’Empereur et où il va raconter comment il a été manipulé, jeté de son trône par son ministre le plus fidèle et va alors se lancer dans une quête pour tenter de récupérer son dû. Sauf que voilà, sa quête va l’emmener beaucoup plus loin que prévu. Alors je vais être clair dès le départ, Ptah Hotep est clairement un roman différent de ce qui se fait généralement en Fantasy, cela se ressent assez rapidement, et je dois bien avouer qu’il va m’être compliqué d’essayer d’en faire passer mon ressenti tant, ici plus que sur mes autres chroniques, il va se révéler personnel. En effet il s’agit d’un roman qui peut tout aussi bien fasciner, que rebuter le lecteur, tant il ne repose pas sur l’histoire ou la construction du roman, mais sur tout ce qui est autour.

Le principal attrait du roman vient, selon moi, principalement de la construction de l’univers autour, travaillant son esthétique pour offrir au lecteur à la fois quelque chose d’unique,  qui repose sur des bases connues, tout en se révélant à la fois onirique et magique. L’auteur reprend ainsi plusieurs cultures allant de l’Egypte à la Grèce, en passant par Rome et avec même une pointe asiatique, pour imbriquer le tout et offrir un croisement complexe et cohérent. On se retrouve ainsi avec un mélange foisonnant, denses de mythologie, de sociétés et de visions du monde qui se révèlent d’une certaine façon fascinantes. Sauf que voilà, l’un des points qui pourrait facilement bloquer le lecteur vient du fait que l’auteur se révèle exubérant et en fait parfois trop. Que ce soit dans ses descriptions longues ou dans ses présentations j’ai vraiment eu l’impression parfois de plonger dans des phrases sans fin, poussées à leurs paroxysmes de détails et de métaphores, cherchant la poésie au moindre recoin et à envouter le lecteur au risque de le perdre. J’avoue que de mon point de vue cette surenchère, dans un premier temps, au lieu de la trouver lourde et pompeuse a plutôt eue l’effet inverse, me transportant dans ce monde imaginaire, lui offrant ainsi une beauté supplémentaire, le rendant palpable et envoûtant. D’une certaine façon ce qu’on pourrait considérer comme des imperfections, le rend ainsi vivant. Sauf que vous allez voir par la suite qu’il y a aussi le revers de la médaille. L’auteur nous dépeint ainsi un monde « imaginaire », rêvé, qui se révèle assez saisissant et magnétique.

Le style de l’auteur joue aussi beaucoup à cette impression, se révélant assez soigné, dense et « archaïque » on va dire dans sa construction. Clairement, vu qu’il s’agit d’un lettre écrit par le héros, on sent que l’auteur cherche à coller à une époque révolue, accentuant les titres pompeux et ampoulés, tombant dans la surenchère de répétitions, tout en travaillant le verbe et le phrasé pour offrir aussi quelque chose d’unique et de patiné. De nouveau j’ai été surpris, car l’ensemble fonctionne et a réussi à me happer assez facilement dès les premières pages. Il faut dire que j’apprécie énormément les récits où je visualise l’univers se développer au fil des pages, l’imaginer et le construire à travers aventures, anecdotes ou encore batailles et si l’ensemble dégage un certain dépaysement dans l’écriture, cela peut apporter un véritable plus. Voilà clairement ce que propose ce récit, donc si vous ne vous reconnaissez pas dans cette description, alors il vaut mieux passer votre chemin. Si vous êtes intéressé alors tentez votre chance, mais même là il m’est difficile de le conseiller, tant le style peut se révéler fascinant ou rebutant selon les lecteurs, de plus  malgré ces point forts, pour moi, le livre a eu du mal à me tenir en haleine sur la longueur, s’essoufflant au fil des pages.

Le premier soucis vient ainsi, selon moi de son intrigue qui est bateau. C’est bien simple, elle est tellement bateau qu’elle n’en possède aucun intérêt autre que nous dépayser de ses décors et offrir quelques axes de réflexions. Sauf que voilà, malgré le fait que j’ai dit plus haut aimer les univers denses, il me faut aussi un minimum d’intrigue ; hors ici ce n’est pas le cas. Ce n’est pas obligatoirement que l’intrigue soit trop cliché, certes oui le prince devenu roi qui perd le pouvoir et décide de tout faire pour le retrouver c’est déjà vu et revu, mais ce que j’ai trouvé qui plombe le tout c’est l’absence de tension. On n’est jamais inquiété, ni même un tant soit peu stressé ou intrigué par ce qui arrive au héros, excepté peut-être un ou deux passages. De plus l’auteur a décidé de construire son intrigue en trois parties, sur la rencontre de notre héros avec trois femmes différentes. Chacun représentant un peu un moment différent de la vie du héros, la première l’amour passionnel, la seconde l’amour purement physique et la troisième l’amour véritable, celui qui transcende les imperfections. Chacun d’entre elle soulève ainsi des réflexions intéressantes sur l’amour, la vision du héros vis-à-vis des ces femmes, une certaine sagesse et maturité qu’il acquiert avec le temps et les échecs, sauf que voilà je suis resté perplexe tant l’ensemble me parait tirer en longueur et surtout permet à l’auteur de simplement offrir une sensualité qui ne méritait pas obligatoirement, selon moi, d’être si prononcé. Comment on peut s’inquiéter d’un héros qui dès la première jolie femme rencontrée oublie qu’il cherche à venger la mort de son père et la tentative d’assassinat qu’il a subi. On sent ainsi bien que l’auteur met l’histoire au second plan, sauf qu’en faisant cela son roman devient simplement contemplatif, ce qui en fascinera certains je pense, mais qui, moi, au bout d’un moment a fait que j’ai commencé à me lasser. C’est dommage.

Concernant les personnages Ptah Hotep se révèle intéressant dans son développement et dans la façon dont il évolue au fil des aventures qu’il rencontre. Certes on est clairement dans le roman initiatique, avec le héros qui quitte l’adolescente pour devenir adulte, le tout à travers des épreuves parfois douloureuses, mais qui vont le rend plus sage, sauf que voilà j’ai trouvé que cela fonctionnait bien. Après, certaines transitions restent un peu trop métaphoriques à mon goût et auraient mérité d’être plus développé mais rien de bien gênant non plus. Ce qui est par contre dommage c’est que les personnages qui gravitent autour de lui tombent parfois un peu facilement dans la caricature. Au final Ptah Hotep est clairement un roman atypique, qui vaut selon moi pour l’univers, la poésie ainsi qu’une plume surprenante, mais que j’ai trouvé peut être un peu trop contemplatif selon moi pour clairement me passionner du début à la fin.

En Résumé : Je ressors au final pas complètement convaincu par ma lecture, même si elle ne s’est pas non plus révélée mauvaise pour autant. Il s’agit clairement d’un roman différent de ce qui se fait habituellement en Fantasy. Le principal intérêt du récit vient principalement de sa forme que ce soit dans la construction de l’univers, qui se révèle vraiment dense et soignée, comme dans le style qui essaie de coller au récit jouant sur le côté un peu archaïque. En effet on se retrouve plonger dans un monde, mélange de cultures disparates, qui va se révéler complexe, fascinant, onirique et envoûtant. Certes l’auteur pousse le tout à son paroxysme, avec des phrases qui paraissent sans fin, ou l’auteur pousse au maximum le sens du détail et de la métaphore, qui pourrait en dérouter plus d’un, mais qui a réussi à m’attirer. Sauf que voilà au fil des pages l’ensemble s’essouffle. Il faut dire que l’intrigue, pour l’auteur n’est clairement que secondaire ce qui fait qu’il n’y a aucune tension et transforme l’histoire en simple récit contemplatif. Pour moi il me faut tout de même plus. Ensuite autant le personnage de Ptah Hotep est intéressant à suivre par son évolution et ses réflexions, autant j’ai trouvé les personnages secondaires un peu caricaturaux. Il m’est donc difficile de recommander ou non ce livre, si pour vous le travail sur l’univers et le verbe passe avant tout ou si vous cherchez un roman de Fantasy totalement différent, alors tentez votre chance et faites-vous votre avis.

 

Ma Note : 6/10

 

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