singulariteRésumé : « Les Xeelees possédaient l’univers…
Quand les hommes avaient émergé du système solaire en se traînant à vitesse subluminique sur les premiers vaisseaux GUT, ils étaient entrés dans un environnement complexe peuplé de nombreuses races intelligentes dont chacune obéissait à ses propres impératifs et poursuivait ses propres buts. […] Moins de deux siècles après l’époque de Michael Poole, la Terre était conquise, puis transformée en camp de travail par les gestalts aquatiques que les humains avaient appelé les Squeems. [Mais] où que les hommes et les races qu’ils avaient rencontrées regardent, ils voyaient l’empreinte des Xeelees. Se tenant à l’écart de l’univers, ils évoquaient des dieux : indifférents à tout, concentrés sur leurs vastes œuvres et leurs mystérieux projets… »

Edition : Le Bélial’
Poche : Pocket

 

Mon Avis : Après avoir découvert le premier tome de ce cycle qui, malgré un aspect premier roman et quelques défauts, m’avait laissé un sentiment plutôt positif, dont les idées donnaient fortement envie de découvrir la suite (ma chronique ici), j’ai donc fait rentrer ce tome deux dans ma PAL. Un des points qui m’a fait aussi continuer ce cycle, c’est que chaque roman peut, sauf exception, être lu indépendamment des autres, l’auteur ne cherchant pas à construire une intrigue continue, mais plutôt à offrir plusieurs histoires qui forment une fresque. À noter de nouveau une magnifique couverture illustrée par Manchu.

Finalement j’ai bien fait de me laisser assez rapidement tenté par ce second tome, car une fois la dernière page tournée, je l’ai trouvé un ton au-dessus que Gravité et m’a offert un bon moment. L’auteur nous offre de nouveau un Space-Opera, mais qui cette fois prend place, non pas dans un anneau monde, mais dans l’univers de la Terre. À partir de là on va découvrir une humanité sous le joug des Qax, qui va tenter de se rebeller, offrant alors au lecteur une intrigue qui va s’étendre à travers l’espace et le temps, se révélant fascinante, flamboyantes et pleine d’aventures. Singularité se révèle alors, selon moi, plus maîtrisé, plus efficace et plus abouti que l’était Gravité. On obtient ainsi un récit moins stéréotypé et moins caricatural, même si classique dans ses grandes lignes, et plus entrainant, mélangeant habilement l’aspect scientifique avec rebondissements tout en y offrant aussi un souffle cosmique captivant, qui arrive à happer le lecteur facilement. Dès les premières pages on entre dans l’histoire, l’auteur évitant la longue introduction pour nous plonger dans cette lutte au rythme soutenu et qui possède son lot d’action et de révélations.

Concernant l’aspect scientifique il s’agit bien entendu de Hard-Science et, oui, il vaut mieux posséder un minimum de bagage et aimer la science, pour ne pas se perdre dans toutes ces explications. Entre Schrödinger, Wigner, les trous noirs, les singularités, les trous de vers, la matière exotique l’auteur travail sur énormément de théories pour construire son récit et, malgré une explication fluide et assez simplifié, se révèlent pas toujours facile d’accès. Personnellement, j’ai trouvé cet enchevêtrement de théories et d’explications assez fascinant, principalement dans la capacité à s’en servir pour construire, développer et densifier son intrigue au fil des pages. Surtout il expose des postulats qui se révèlent étourdissantes et pourtant réalistes, comme par exemple celle que propose les Amis de Wigner que je vous laisse découvrir, qui offre une réflexion assez surprenante sur l’univers.

L’univers qui est développé tout au long roman se révèle intéressant, mélangeant les époques, entre avenir, présent et futur nous offrant alors une humanité en constante évolution, connaissant des hauts et des bas entre domination et soumission. Elle va sans cesse réagir, mais pas toujours de la meilleure façon tombant parfois dans le fanatisme. On découvre aussi les fameux Xeelees, leurs influences sur toutes les espèces ainsi que leur fameux projet concernant cet univers. Mais aussi les Qax des êtres assez fascinants par leur existence biologique qui repose à travers les turbulences. L’aspect technologique est  soigné et efficace que ce soit aussi bien, par exemple, les vaisseaux humains qui reposent clairement sur la technologie, que les vaisseaux Qax qui, eux, reposent sur la biologie, un peu comme ce qu’avait déjà proposé l’auteur dans son premier tome. Il arrive aussi à nous intriguer avec cette technologie Xeelee qui parait tellement évolué et donne clairement envie d’en apprendre plus. Le tout est aussi porté par des descriptions dans l’espace qui se révèlent superbes.

Et pourtant ce roman possède encore quelques défauts qui font qu’on sent que l’auteur possède encore une marge de progression. Déjà j’ai eu l’impression d’un décalage entre l’ambition qu’il cherchait à proposer dans ce roman et ce que j’ai ressenti, l’ensemble possède encore certaines facilités et une impression que certains aspects auraient mérité plus de développement que ce qui nous est proposé. Ensuite concernant les explications scientifiques j’ai senti une certaine redondance dans la façon dont il amène l’ensemble ; c’est simple on a toujours deux ou plusieurs personnages , un qui connait la théorie et qui se met alors, tel un professeur, à tenter de l’expliquer aux autres. Une variation dans la présentation aurait peut-être apporté un plus, surtout que, parfois, cela offre des passages surprenants où, en plein milieu d’une scène mouvementée, un protagoniste se met alors à réciter une théorie scientifique plutôt que de penser à sauver sa peau.

Concernant les personnages j’avoue que je ressors légèrement mitigé de ma lecture. Ils ne sont pas mauvais, mais voilà ils ont du mal à n’être plus que de simples pions qui permettent de faire avancer l’intrigue, l’histoire et amener des explications. Ils manquent clairement de caractère et de profondeur par moment. Le seul qui m’a paru sortir du lot c’est Jasoft Parz par sa capacité à toujours survivre quoi qu’il arrive, ce qui le rend assez ambigu dans sa façon de voir les choses, voir humain. Concernant le héros, Michael Poole, on sent bien le savant intelligent solitaire, humaniste, mais il a du mal à être plus que ce que propose son caractère scientifique. Pourtant l’auteur essaie bien de le rendre plus complexe, que ce soit par sa relation avec son père ou son amour perdu, mais, sans se révéler mauvais pour autant, il n’arrive jamais vraiment non plus à le rendre véritablement convaincant, complexe et attachant, n’offrant que le minimum. Ce qui ne l’empêche pas de se révéler entrainant dans ses actions et explications. Concernant les personnages plus secondaires ils remplissent efficacement leurs rôles, avec un intérêt particulier pour les Amis de Wigner, mélange de fanatisme glacial et d’intelligence au service du futur.

La plume de l’auteur se révèle toujours aussi simple, efficace, entrainante et surtout didactique lors des explications scientifiques, offrant ainsi un récit de Space-Opera efficace, complexe et vraiment intéressant que ce soit par le souffle qu’il offre comme les réflexions qu’il propose. Surtout il offre une conclusion qui se révèle majestueuse, offrant une frise de l’univers voulu par l’auteur que je vous laisse découvrir. Alors certes il y a encore, pour moi, des défauts dans ce second tome, mais j’ai passé un bon moment de lecture avec ce Singularité que j’ai trouvé meilleur que le tome précédent. Je lirai donc le troisième tome sans soucis.

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce second tome du cycle des Xeelees que j’ai trouvé un cran au-dessus que le précédent. L’histoire nous offre un Space-Opera qui s’étend à la fois dans le temps et l’espace, où l’humanité va tenter de quitter le joug des Qax et qui se révèle efficace, flamboyant avec de nombreux rebondissements. L’aspect scientifique peut, certes, paraitre complexe et demander un minimum de connaissances, mais se révèle fascinant par les possibilités qu’il développe. L’auteur offre aussi de nombreuses réflexions qui se révèlent intéressantes et efficaces. L’univers qu’on retrouve au fil des pages est vraiment fascinant, bien porté par les aspects technologiques et les descriptions. Je regrette par contre un certain décalage entre l’aspect ambitieux que cherche à mettre en place l’auteur, mais qui perd de sa force devant certaines facilités déconcertantes, de plus je trouve que les explications scientifiques sont présentées de façon un peu trop répétitives. Rien de non plus bloquant. Concernant les personnages, ils remplissent parfaitement leurs rôles pour faire avancer l’histoire de façon efficace, mais manquent de profondeur et de sentiments pour se révéler complètement accrocheur. La plume de l’auteur se révèle simple, efficace et entrainante et arrive à happer le lecteur dès les premières pages pour aboutir à une conclusion fascinante sur la frise qu’il construit. Au final un roman réussi, malgré quelques défauts, et je lirai le troisième tome sans soucis.

 

Ma Note : 7,5/10