Les Dieux Sauvages Tome 1, La Messagère du Ciel – Lionel Davoust

Résumé : Mériane est une trappeuse, une paria, une femme. Autant de bonnes raisons d’en vouloir aux Dieux qui ont puni le peuple de la Rhovelle pour les fautes de ses aïeux. Car depuis la chute du glorieux Empire d’Asrethia, le monde est parcouru de zones instables qui provoquent des mutations terrifiantes, les gens ont faim, et une religion austère qui prêche la haine des femmes soutient un système féodal.
Pourtant, quand les Dieux décident de vider leur querelle par l’intermédiaire des humains, un rôle crucial échoit à Mériane. Pour elle débute une quête qui la verra devenir chef de guerre et incarner l’espoir de tout un peuple.

Edition : Critic

 

Mon Avis : Lionel Davoust est un auteur dont je suis assidument les différentes publications depuis ma lecture de son premier livre La Volonté du Dragon. Il faut dire que, outre sa capacité à proposer des romans accrocheurs et efficaces, la construction de son univers Evanégyre au travers des différentes textes indépendants qu’il propose est vraiment fascinante et complexe. Cela permet aussi de proposer une large panel d’histoires, sur une ligne temporelle assez grande. D’ailleurs pour situer ce texte dans la chronologie il se situe avant Port d’Âmes, mais après la chute Saint Empire d’Asrethia. Cette fois l’auteur nous propose de revisiter  dans cet univers l’histoire de Jeanne d’Arc. Concernant la couverture, illustrée par Alain Brion, colle bien à l’ambiance du roman.

On plonge ainsi dans le royaume de Rhovelle, composé de sept duchés et gouverné par le roi Eol. Sauf que le roi n’a plus toute sa tête et a été obligé de laisser le pouvoir à un conseil composé d’un membre de chaque duché et de la reine. Sauf que certains se verraient bien redorer le blason du royaume à la place d’un roi malade. D’un autre côté les dieux Wer, dieu actuel de la Rovelle, et Aska se préparent à livrer une grande bataille, mais pour mener à bien cette bataille décisive ils vont devoir se reposer sur des Hérault. Mériane va alors se retrouver Hérault de Wer. Problème, la religion mise en avant par le dieu est une religion patriarcale, où les femmes n’ont pas d’autres rôle que de gérer le foyer et faire des enfants. Une fois la dernière page tournée j’ai passé un très bon moment de lecture avec le premier tome de cette trilogie. Certes, on ressent un peu le tome d’introduction, servant aussi bien à mettre en avant les personnages qu’à poser les bases de l’intrigue, mais le récit le fait de façon très efficace, pertinente et réussie. L’auteur construit ainsi son histoire en se servant d’une narration multiple, ce qui permet d’enchevêtrer de façon prenante différentes intrigues, que ce soit aussi bien Mériane qui devient Héraut du dieu, les dieux et leurs querelles, ou bien encore les jeux de pouvoirs et de trahisons porté par différents personnages. L’ensemble s’avère ainsi maîtrisé, bien porté par une tension qui monte lentement au fil des pages.

J’ai aussi replongé avec plaisir dans l’univers d’Evanégyre qui a bien changé depuis l’empire d’Asrethia bien connu avec ses technologies et son énergie quasi mystique, l’Artech, qui s’est depuis effondré pour laisser un monde en pleine reconstruction. Un avenir finalement plus moyenâgeux, mais contaminé par des zones instables qui transforment tout ce qu’il touche en abomination et poison. Une fusion entre biologie et technologie des plus immonde et effrayante. L’auteur montre ainsi qu’il continue clairement à s’amuser avec son univers, ce qui au final est plutôt une bonne chose, car cela permet d’éviter de s’enfermer dans la routine et par la même occasion offrir au lecteur régulièrement quelque chose de nouveau. Alors oui, c’est toujours risqué, mais je trouve que Lionel Davoust s’en sort bien, offrant ainsi un monde solide, plus âpre, plus violent et plus sauvage, mais qui aussi questionne sur ce qui a bien pu l’amener à une telle situation. On plonge aussi dans une construction qui peu paraitre binaire, avec d’un côté les fervents religieux et de l’autre les fervents technologiques, mais qui va finalement se révéler plus complexe au fil des récits. On découvre ainsi que chaque camp est loin de proposer le paradis et qu’en plus les humains ne sont pas non plus en reste pour venir tout compliquer. Au final j’ai plongé avec plaisir dans l’univers qui est proposé ici, bien porté par une ambiance sombre et efficace et qui offre de nouvelles perspectives. L’aspect politique est toujours bien présent et même s’il se révèle plutôt classique dans ces révélations (surtout si on connait un peu l’histoire de France) cela ne l’empêche pas de se révéler prenant et d’offrir tout de même quelques surprises.

Concernant les personnages le gros point fort du roman est ainsi d’arriver à offrir plusieurs points de vues, sans jamais vraiment donner l’impression d’ennuyer le lecteur ou de le perdre dans quelque chose de trop dispersé ou qui manque d’harmonie. Au final, ce roman propose des personnages sortent vraiment du lot. Je pense par exemple à Mériane l’héroïne qui ne cherche qu’à vivre sa vie en marge d’une société qui la rejette pour ses idées, ses choix de vie, et qu’elle ne comprend pas, qui va se retrouver guider par le dieu qui a justement crée cette société. C’est d’ailleurs elle qui soulève le plus de questions que ce soit sur la religion, notre regard sur les autres et sur les femmes ou bien encore la notion de bonheur et de connaissance. Il y a aussi Juhel, plus classique dans sa construction, mais qui s’avère efficace et offre quelques surprises. Les dieux Wer et Askaqui, au fil du récit, dévoilent une relation plus complexe qu’une simple haine. Je pense aussi à Chunsène qui a eu un peu de mal à me convaincre au début, mais qui très vite offre un regard intéressant et surtout permet de croiser certains personnages qui, je pense, vont se révéler par la suite. Au fil du récit l’auteur propose ainsi de suivre de nombreux protagonistes intéressants, certes parfois un peu convenus par moment, mais qui s’avèrent plus que solides, entraînants et proposant une intrigue captivante avec son lot de rebondissements entre complots, trahisons et conquêtes. Les dialogues ne manquent pas non plus de se révéler percutants.

Alors après, je ne regretterai finalement que deux petits points qui m’ont légèrement dérangés. Le premier, c’est une transition dans l’intrigue autour du Duc Juhel qui m’a paru un peu trop rapide. L’ellipse utilisé m’a paru peut-être un chouïa précipitée par rapport aux évolutions qui surviennent, surtout quand parfois l’auteur donne l’impression de bien prendre son temps pour expliquer d’autres changements, principalement au début. Enfin, j’ai trouvé que dans les scènes de batailles, l’utilisation de l’arc par Mériane m’a paru un peu trop facile. Elle donne franchement l’impression de positionner une flèche et de tirer trop rapidement je trouve ce qui fait qu’elle parait enchaîner les tirs à une vitesse hors norme. Bon après ce ne sont que deux petits points qui n’ont en rien gâché ma lecture, tant l’auteur offre un premier tome réussi, captivant, qui vient tout mettre en place pour la suite tout en offrant une tension qui monte crescendo et qui fait que je me suis retrouvé à tourner les pages avec plaisir et envie d’en apprendre plus. La plume de l’auteur est fluide, dense, prenante et j’ai hâte de découvrir la suite des aventures de Mériane tant j’ai de nombreuses questions qui me trottent dans la tête pour la suite.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce premier tome de cette trilogie qui offre une intrigue qui, certes, fait un peu à penser à un tome d’introduction, mais remplit parfaitement son rôle. On plonge ainsi dans une intrigue solide, efficace et entraînante avec son lot de rebondissements et de trahisons. J’ai replongé avec plaisir dans l’univers d’Evanégyre qui continue surtout à évoluer, proposant même une sacrée variation avec ce qu’on connaissait. C’est finalement ce que je trouve intéressant, arriver à renouveler l’univers, à lui proposer des variations logiques et solides. C’est à nouveau le cas ici, avec un univers âpre, violent, sauvage et prenant, avec un aspect social et politique intéressant. Les personnages ne manquent clairement pas d’attrait, certains sortant vraiment du lot comme Mériane, Juhel ou bien encore Chunsène et les protagonistes secondaires ne sont pas non plus en reste, me donnant envie d’en apprendre plus sur certains d’entre eux. Après, je regretterai peut-être une transition que j’ai trouvé un peu précipité, ainsi que la capacité à Mériane d’utiliser son arc, qui m’a paru un peu trop facile, mais rien de trop bloquant. La plume de l’auteur est fluide, soignée et prenante et j’ai maintenant hâte de découvrir la suite.

 

Ma Note : 8/10

 

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