Résumé : When Shuos Jedao wakes up for the first time, several things go wrong. His few memories tell him that he’s a seventeen-year-old cadet–but his body belongs to a man decades older. Hexarch Nirai Kujen orders Jedao to reconquer the fractured hexarchate on his behalf even though Jedao has no memory of ever being a soldier, let alone a general. Surely a knack for video games doesn’t qualify you to take charge of an army?
Soon Jedao learns the situation is even worse. The Kel soldiers under his command may be compelled to obey him, but they hate him thanks to a massacre he can’t remember committing. Kujen’s friendliness can’t hide the fact that he’s a tyrant. And what’s worse, Jedao and Kujen are being hunted by an enemy who knows more about Jedao and his crimes than he does himself…

Edition : Solaris

 

Mon Avis : L’année dernière je me lançais, suite à mon challenge personnel concernant le prix Hugo 2017, dans la lecture du premier tome de cette série. J’avais été rapidement emporté par une histoire de SF militaire percutante, offrant un univers original, différent et porté par des personnages marquants et charismatiques. Le second tome m’avait aussi offert un très bon moment de lecture, proposant de nouveaux rebondissements et de nouvelles surprises et amenant un fil rouge plus complexe. (Chronique Tome 1, Tome 2). C’est donc sans surprise qu’au moment de la sortie de ce troisième et dernier tome de ce cycle, je l’ai rapidement fait entrer dans ma PAL pour le découvrir. Concernant l’illustration de couverture elle dans les mêmes tons que les précédentes et je la trouve très sympathique.

Neuf ans ont passé depuis le coup d’éclat de Kel Cheris qui a vu l’Hexarcate se déliter et une fragmentation apparaitre dans le calendrier. Aujourd’hui le pouvoir se partage principalement entre deux entités : le Protectorat qui conserve l’ancien calendrier, le Compact (traduction littérale) mouvement crée par le coup d’état de Cheris, qui a depuis disparue, mais a apporté un nouveau calendrier espéré plus égalitaire. Sauf que dans l’ombre Kujen l’immortel, le Nirai Hexarch, qui a vu ses plans connaitre un coup d’arrêt avec cette guerre a ramené un nouveau Jedao, plus jeune et amputé d’une partie de sa mémoire, pour remettre en place l’ordre ancien, tel qu’il a toujours été, lui permettant ainsi de contrôler le calendrier et ses effets. La dernière grande bataille est engagée. Alors, que dire une fois la dernière page tournée, que j’ai passé un très bon moment avec cette trilogie de Science-Fiction militaire qui ne manque pas d’originalité, d’intelligence et de tension.

Ce troisième tome vient ainsi clôturer de façon terriblement efficace ce cycle, même si un ou deux points m’ont légèrement surpris, et j’ai passé un très bon moment de lecture, ayant du mal à lâcher ce récit pour savoir ce qui allait arriver. L’un des premiers points qui m’a surpris ici c’est que la construction de ce récit est, on va dire, plus classique, plus didactique si je peux me permettre. En effet les deux premiers tomes avait cet aspect, certes qui pouvait en déranger certains, de plonger le lecteur dans un monde aux règles « flous », laissant à chacun mener, on va dire, sa propre enquête, faire ses propres liens, ses propres conclusions. Chaque élément donné était ainsi une pièce supplémentaire pour essayer de reconstituer cet univers unique et surprenant. Ce troisième tome offre un peu l’effet inverse, il donne l’impression de prendre un peu le lecteur par la main pour lui dévoiler enfin une partie importante des rouages et des mécanismes.

Cela offre un avantage certains, il permet ainsi à chacun de se voir répondre à nombreuses de ses questions concernant l’univers, à mieux comprendre l’importance du calendrier, des effets sur les technologies ou bien encore de l’adhésion nécessaire au calendrier pour qu’il s’impose. Adhésion qui, pour rappel, peut être aussi bien amené par choix que par la contrainte. On en apprend aussi un peu plus sur l’aspect politique de ce monde, qui a pendant longtemps connue un pouvoir assez totalitaire avec l’Hexarcate, ce qui en a finalement été les prémisses, à travers son histoire, sa construction. On se rend aussi compte que construire une politique n’est jamais simple, encore plus dans un univers qui a, d’une certaine façon, connu la paix depuis tellement longtemps qu’il est difficile pour beaucoup d’adhérer au changement. On se rend compte aussi que chaque aspect politique est loin d’être binaire. Chacun ayant des avantages, des inconvénients, des conséquences, qu’il n’existe pas obligatoirement d’aspect politique parfait même si, c’est sûr, certains sont plus moralement intéressants que d’autres.

L’aspect militaire et tactique ne manque pas  non plus d’intérêt, de complexité, que ce soit dans les choix et les alliances de chacun, mais aussi à travers quelques batailles et escarmouches qui ne manquent pas de fougue. Il n’y a ainsi pas la place aux émotions lors de ce genre de tractations, de jeux de pouvoirs, le but est toujours de sortir « gagnant » tout en essayant de ne pas trop se désengager de ses convictions, ce qui dégage un côté un peu froid, mais réaliste. Enfin l’autre point intéressant, et qui gagne en ampleur, c’est l’aspect technologique, que j’ai trouvé captivant avec toutes les possibilités que peut amener les conséquences des changements de calendrier et les calculs que cela amène, les effets des armes ou encore les constructions. C’est un univers toujours aussi fascinant que nous fait découvrir Yoon Ha Lee. Maintenant, l’inconvénient du côté didactique, même s’il reste très léger, vient du fait qu’après avoir poussé chaque lecteur à construire lui-même le puzzle de cette toile de fond, le guider dans un troisième tome a, pour ma part, paru un peu frustrant.

Les thématiques soulevées s’avèrent aussi très intéressantes, que ce soit sur la notion sociale et politique comme je l’ai dit, mais aussi sur cet aspect calendrier qui n’a rien de futile même dans une société comme la nôtre, ou bien encore sur la notion de choix, de se battre ou non. L’ensemble est construit de façon intelligente et soignée, amenant une certaine ambiguïté montrant, d’une certaine façon, qu’il n’y a pas toujours de réponses toutes faites. L’ensemble est toujours porté par des personnages toujours aussi prenants, intéressants à suivre et à voir évoluer et aussi charismatiques. Que ce soit la réincarnation de Jedao plus jeune, qui se croit encore cadet à l’académie, mais qui va se retrouver propulser général et devoir faire face à des gens qui connaissent son « passé » là où lui ne l’a finalement pas encore vécu (oui je sais c’est compliqué). Un personnage d’une certaine façon touchant, qui doit apprendre, dont on apprend aussi plus sur la relation qui le lie à Kujen. Cheris/Jedao dont l’absence de dualité m’avait fait un peu peur, mais qui finalement s’avère toujours aussi captivante, cherchant à mener à bien ce qui lui parait juste, même si ce n’est jamais sans conséquence. Brezan, lui qui n’avait rien demandé, idéaliste, qui se retrouve un peu par hasard au pouvoir et va rapidement se rendre compte que rien n’est jamais facile. Mais surtout on en apprend plus, obligatoirement, sur Kujen, qui est un peu l’antagoniste de ce cycle, celui qui, dans l’ombre, joue depuis des siècles avec les ficelles, qui va finalement, certes, se révéler un vrai « monstre », mais dont on va aussi se rendre compte qu’il est plus complexe que l’on pourrait croire. Encore une fois une galerie de personnages dans l’ensemble fascinante, soignée et passionnante à suivre, même les visages secondaires arrivant à sortir du lot.

L’intrigue s’avère aussi terriblement efficace, montant lentement en tension jusqu’à cette conclusion prenante et explosive. Alors je regretterai peut-être que le personnage de Mikhodez qui avait de l’importance dans le tome précédent, froid calculateur, se retrouve un peu plus en retrait dans ce tome. Cela ne gâche en rien la lecture de ce troisième tome, mais voilà, pour ma part, j’espérais le voir plus, tant il y a encore des choses à dire sur son compte je pense. Un ou deux passages m’ont aussi paru un peu trop linéaires, mais franchement là je chipote tant ce troisième tome m’a paru à la hauteur des deux premiers, venant conclure de façon très intéressante et passionnante ce cycle. La plume de l’auteur est toujours aussi efficace, vivante et entraînante au point que j’ai eu du mal à poser le livre. Même si je sais que ce cycle ne plaira pas à tout le monde, je ne peux que, pour ma part, vous en conseiller la découverte pour vous faire votre avis tant j’ai trouvé l’ensemble réussi, cohérent, entraînant et original.

A noter que le premier tome de ce cycle doit sortir en VF chez Denoël dans la collection Lunes d’Encre pour la fin de l’année 2018.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce troisième tome qui vient conclure une série de SF militaire que j’ai trouvé efficace, originale, percutante et intelligente. Alors, pour ma part, j’ai trouvé ce troisième tome peut-être plus didactique, prenant un peu plus la main du lecteur que les tomes précédents. Cela permet ainsi de lever de nombreuses zones d’ombres dans l’univers, de mieux en comprendre les rouages, l’aspect politique et autre. J’ai a nouveau été captivé d’ailleurs par ce que construit l’auteur que ce soit du côté social, jeux de pouvoirs et autres mais aussi dans sa notion de calendrier et de fois qui influe sur les technologies. Maintenant cet aspect didactique m’a légèrement frustré car j’adorais, dans les deux premiers tomes aller à la « pêche aux indices » et reconstituer le puzzle, même si rien de bien bloquant. Concernant les personnages ils sont tous toujours aussi passionnants, complexes et captivants à découvrir et à voir évoluer. L’auteur nous offre un panel de héros complexe, soignée et qui marquent, je trouve, le lecteur. L’intrigue de ce troisième tome s’avère prenante, efficace, montant en tension au fil des pages jusqu’à un final que j’ai trouvé réussi et explosif. Alors après je regretterai une présence moins forte de Mikhodez dont j’espérais voir plus le personnage et aussi une ou deux facilités, mais franchement rien qui ne vienne gâcher cette lecture, porté par une plume vivante, prenant et percutante. Je me doute que ce cycle ne plaira pas à tout le monde, mais pour ma part je ne peut que conseiller la découverte du premier tome au moins pour se faire un avis.

 

Ma Note : 8/10