7 Secondes pour Devenir un Aigle – Thomas Day

7 secondes pour devenir un aigleRésumé : Lumière Noire a dit : « J’ai mes croisés, mes anges, et maintenant ma papesse… »
Une île du Pacifique à la fois tombeau de Magellan et unique territoire d’un arbre à papillons endémique…
Un homme au visage arraché par un tigre mais qui continue de protéger « la plus belle créature sur Terre », coûte que coûte…
Un Sioux oglala sur le chemin du terrorisme écologique…
Un trio de jeunes Japonais qui gagne sa vie en pillant la zone d’exclusion totale de Fukushima…
Des Aborigènes désœuvrés cherchant dans la réalité virtuelle un songe aussi puissant que le Temps du Rêve de leur mythologie…
Une Terre future, post-Singularité, inlassablement survolée par les drones de Dieu…

Edition : Le Bélial’

 

Mon Avis : De Thomas Day j’ai lu il y a un peu plus d’un an son recueil de nouvelles, Women In Chains, traitant de la violence sur les femmes, qui s’était révélé être une lecture choc, vraiment percutante, prenante, dérangeante et qui poussait clairement à la réflexion (ma chronique ici). Je n’ai donc pas mis longtemps à faire rentrer dans ma PAL le dernier recueil de l’auteur. Surtout qu’il faut bien l’avouer les différentes illustrations d’Aurélien Police, que ce soit celle de couvertures ou celles à l’intérieur du livre, se révèlent vraiment magnifiques. À noter que ce recueil comporte six nouvelles de l’auteur ainsi qu’une postface de Yannick Rumpala sur la science fiction.

Mariposa : Cette nouvelle va nous plonger dans la découverte de l’île mystérieuse qu’est Mariposa, une petite île du Pacifique qui a vu mourir Magellan. Un texte intrigant, qui est clairement porté par le jeu de style proposé par l’auteur, mélange de narration sur différentes époques, jouant avec le lecteur pour l’amener vers cette révélation finale. Une conclusion qui se révèle surprenante, efficace et qui fait clairement réfléchir le lecteur sur le lien entre l’Homme et la nature, même si j’avoue j’avais deviné rapidement l’aspect fantastique de cette fin, ressemblant à un autre roman. Au final une nouvelle forte, touchante montrant aussi que les hommes peuvent aussi bien détruire que s’associer malgré les différences, les haines et les adversités. Mon seul regret est qu’elle m’a paru trop courte.

Sept Secondes pour Devenir un Aigle : Cette nouvelle nous plonge dans la vie d’un jeune amérindien qui va découvrir la vérité sur son origine et se retrouver dans un voyage avec celui qui est son véritable père. Un texte qui se révèle sans fioriture, plongeant de façon franche et directe le lecteur dans son intrigue pour ne jamais vraiment le lâcher jusqu’à la fin. Un texte qui va se révéler vraiment prenant, rempli de fureur et de passion nous présentant un personnage en lutte contre une société consumériste et destructrice. La force de l’auteur est justement de ne jamais juger ou imposer ses idées, le héros ne cherchant pas à faire changer son fils mais simplement à lui ouvrir les yeux à travers ce voyage. Mais surtout c’est la symbolique de la conclusion qui m’a marqué avec cet acte, limite inutile et futile et pourtant tellement fort.

Éthologie du Tigre : Cette nouvelle nous raconte l’histoire d’un homme, marqué à vie par les tigres, qui se bat pour leur survie. Il se retrouve à devoir enquêter sur la présence d’un tigre sur un chantier de construction d’un hôtel de luxe au Cambodge. Les thématiques de ce récit se révèlent vraiment intéressante avec cette lutte d’une espèce en voie de disparition qui tente de survivre face à une humanité envahissante, ou encore cette critique efficace sur le fameux tourisme écologique, ou bien ce rapport trouble entre le héros et les tigres. Mais voilà je n’ai pas réussi à accrocher à la relation ambiguë que va naitre entre le héros et sa guide. Ce qui ne gâche en rien l’aspect cynique du texte sur les différentes idées misent en avant, mais fait que je n’ai pas non plus accroché totalement.

Shikata ga nai : Cette nouvelle m’a faite clairement penser à Stalker; que j’ai lu il n’y a pas longtemps, sauf qu’ici au lieu de braver une zone contaminée par les aliens, les pilleurs doivent braver les radiations de Fukushima. Un texte court, sans concession sur la vie et la survie de certaines populations dans une région sinistrée. Un texte fort et crédible avec des personnages cohérents et qui vivent leurs vies pleinement tant qu’ils n’ont rien à perdre.

Tjukurpa : J’avoue je ressors mitigé de ma lecture de cette nouvelle. J’ai été vraiment saisi par les passages de l’héroïne, son esprit simple offrant une vision vraiment sans concession et cynique de sa vie et son univers. J’ai apprécié aussi les réflexions intéressantes, comme par exemple la recherche, dans un monde en perdition, d’une vie virtuelle meilleure et qui repose sur des bases définies plus saines par certains, ou encore sur l’influence de l’avatar qui nous transforme et peut grandement nous influencer. Mais voilà je n’ai pas vraiment accrocher à cette intrigue sur l’élimination des colons qui sert de fil rouge.

Lumière Noire : La plus longue des nouvelles, qui nous propose ici une histoire post apocalyptique à la Terminator où l’IA lumière noire cherche à changer le monde selon son idée. Une histoire qui va se révéler vraiment efficace, où l’auteur joue habilement avec le lecteur au fil des pages pour aboutir à une conclusion vraiment surprenante, captivante et qui offre même une certaine forme d’espoir. Ce texte nous fait aussi réfléchir sur la tendance actuelle à tout reposer sur l’internet, le cloud et le tout connecté. Alors bien sûr cela a déjà été fait dans d’autres récits, mais Thomas Day arrive vraiment à apporter sa propre voix, sa propre vision de la chose. Un récit soigné et surtout cohérent, principalement dans sa façon de présenter l’évolution de notre monde, mais aussi dans ses descriptions comme celles informatiques. Un récit sombre et saisissant.

À noter aussi la postface de Yannick Rumpala qui discute de la Science-Fiction, de sa vision et de ses messages. Vous pouvez retrouver ce texte ici. Un texte qui se révèle vraiment intéressant avec de nombreux exemples, principalement sur le lien entre l’Homme et son habitat. J’y ai trouvé aussi pas mal d’idées de lecture.

Alors c’est vrai on peut dire que le style de l’auteur s’est un peu assagi, a gagné en maturité et cherche moins les passages chocs pour surprendre le lecteur. Pour moi je vois la chose de la façon suivante, à force de crier, maintenant qu’il espère avoir l’attention de son lectorat, il cherche à lui ouvrir les yeux, à le faire réfléchir en profondeur sans trop le secouer. Ce qui n’empêche en rien la plume de l’auteur de se révéler incisive, souvent percutante, sombre et captivante. Mais surtout il développe des thématiques d’actualité de façon soignée et intelligente. Des nouvelles où l’humain prend une place importante, dans une toile de fond rarement rose, mais toujours probable, réaliste et passionnante. Mais surtout des récits qui offrent un espoir si on sait le capter et le voir. Même si certains textes sont un peu en dessous, une très bonne lecture.

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce recueil de 6 nouvelles de l’auteur.  On retrouve à chaque fois des histoires qui se révèlent efficaces, percutantes, et captivantes, mais qui surtout nous offrent des axes de réflexions vraiment intéressants et soignés. L’humain est souvent au centre de l’histoire, apportant sa vision et son espoir d’un monde qui est souvent malmené par l’Homme. Comme on l’annonce dans la préface, on sent bien que la plume de l’auteur s’est un peu assagie, moins de violence et de sexe, mais elle se révèle toujours aussi puissante et percutante, juste plus mature. A noter aussi une postface intéressante sur la science-fiction de Yannick Rumpala. Alors bien sûr un ou deux textes m’ont paru légèrement en dessous ou m’ont un peu moins accroché, mais au final un très bon recueil de nouvelles qui mérite d’être découvert.

 

Ma Note : 8/10

 

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  1. Il faut que je le lise, ça semble du très bon Thomas Day (pléonasme, n’est-ce pas ?) !

  2. Un Thomas Day un peu assagi, mais qui n’a pas perdu son engagement.
    Une très bonne lecture !

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