Blind Lake – Robert Charles Wilson

blind lakeRésumé : Utilisant une technologie quantique qu’ils ne comprennent pas totalement, les scientifiques des complexes de Crossbank et Blind Lake observent des planètes extraterrestres distantes de la Terre de plusieurs dizaines d’années-lumière. À Blind Lake, Minnesota, Marguerite Hauser s’intéresse tout particulièrement à un extraterrestre qu’elle appelle « le Sujet », mais que tout le monde surnomme « le homard », à cause de sa morphologie. Et voilà qu’un jour, personne ne sait pourquoi, le Sujet entreprend un pèlerinage qui pourrait bien lui être fatal. Au même moment, l’armée américaine boucle Blind Lake et instaure une quarantaine qui tourne à la tragédie quand un couple qui tentait de s’échapper en voiture est massacré par des drones de combat. Que se passe-t-il à Blind Lake ?

Edition : Denoël Lunes d’Encre
Poche : Folio SF

 

Mon Avis : Je me suis dernièrement rendu compte que cela faisait un petit moment déjà que je n’avais pas lu de livres de Robert Charles Wilson, auteur de Science-Fiction que j’apprécie énormément, proposant régulièrement des histoires soignées et efficaces avec des personnages qui se révèlent denses, riches et profondément humains ; ce qui fait la grande force de ses récits. Sachant que j’avais encore des romans de l’auteur qui trainait dans ma PAL je suis allé fouiller un peu et j’ai décidé d’en sortir ce Blind Lake, au quatrième de couverture accrocheur et à la magnifique couverture illustrée par Manchu.

Je dois dire que, une fois la dernière page tournée, je ressors avec un sentiment ambigu concernant ma lecture. Alors rien à dire, le roman se révèle intéressant et m’a offert un bon moment de lecture, mais plusieurs points me laissent perplexe, j’avoue. Concernant le récit l’auteur nous offre deux lignes de conduites principales celle liée à cette technologie quantique inexplicable qui permet l’observation de planètes alien et, plus précisément, un de ses membres appelé « le sujet », et une seconde à propos de cette quarantaine où on se retrouve à suivre différents personnages face à cet enfermement, cet isolement ainsi que leurs façons de réagir principalement devant l’absence d’information et l’incapacité de sortir sous peine de mort.

En soi l’histoire se révèle efficace et entrainante, jouant justement sur le mystère, le lecteur se posant alors énormément de questions, amenées de façon intelligente par l’auteur, et cherchant le lien qu’il peut y avoir entre le sujet, son observation, l’isolation de Blind Lake et le fait que les militaires abattent sans sommation toute personne qui cherche à sortir. La grande force du roman est justement qu’on ne sait pas vraiment où on va aller, mais le chemin pour y aller se révèle tellement malin et entrainant qu’on se laisse porter. La tension monte graduellement au fil des pages de façon réussie, ayant pour effet que le lecteur tourne les pages assez facilement pour essayer alors d’en apprendre et d’en découvrir plus. L’auteur sait garder son lectorat en alerte lâchant rebondissements et informations au bon moment et parfois de façon surprenante. L’ambiance se révèle, elle aussi, assez prenante avec ce sentiment d’enfermement, loin de toute communication, dans ce complexe, sans rien savoir, ce qui pousse les habitants cloisonnés à spéculer et à ne pas toujours dévoiler le meilleur d’eux-même.

Mais voilà deux points m’ont quand même dérangé. On se retrouve ici dans un univers futuriste, où les technologies ont fortement évolué et l’auteur chercher à nous livrer un récit tout de même un minimum scientifique, pourtant le principe de base de ce télescope quantique, qui se révèlent auto-évolutifs, d’une ne repose donc sur aucune véritable logique (mais cet aspect est encore négligeable) et de deux le fait que personne ne comprenne comment il marche me laisse terriblement perplexe sur le fait qu’ils soient donc si facilement acceptés utilisés. Je côtoie un peu le monde scientifique, il a l’habitude de chercher justement  le maximum possible pour en connaitre le fonctionnement évitant justement ainsi toute mauvaise surprise. J’avoue cela m’a rendu le postulat de départ un peu frustrant. Autre point qui m’a un peu surpris c’est l’aspect vase clos que met en place l’auteur, certes je l’ai dit, cela offre une ambiance assez stressante et prenante, mais l’ensemble n’explose jamais complètement non plus. On laisse plus d’une centaine d’hommes enfermé sans communication, loin de leurs familles et pourtant ils restent quasiment tous civilisés. Que personne ne tente de sortir je le comprends, vu que la mort parait inévitable, mais que personne ne craque psychologiquement ou autre à l’intérieur me paraît un peu trop gentil.

Concernant les personnages je dois bien avouer qu’il s’agit de nouveau d’une des grande réussites du roman, comme c’est souvent le cas avec l’auteur, même si je les ai trouvés légèrement moins bons que dans certains de ces autres romans. Pourtant les personnage présenté (mis à part un dont je reparlerai après) se révèlent profondément humains, avec une psychologie riche et soignée, que ce soit par exemple Chris le journaliste désabusé qui, suite à un livre polémique, se rend compte que le monde est beaucoup plus complexe qu’il le croyait ; Marguerite jeune divorcée qui cherche à reconstruire sa vie à Blind Lake, fascinée par le sujet, mais qui se retrouve à devoir lutter contre son ex-mari ou encore Tess la jeune fille renfermée, au bord de la folie face aux visions qu’elle a de son double appelé la « fille miroir ». Mais voilà malgré les héros fascinants que l’auteur dessine au fil des pages, j’ai quand même trouvé qu’il avait parfois un peu de mal à les caractériser, cherchant à trop en faire là où l’imagination devrait prendre la place, à trop les caractériser, ce qui les rend parfois un peu trop rigide. De plus je n’ai pas réussi à accrocher à l’un des personnage, Ray, l’ex-mari de Marguerite et le père de Tess. L’auteur cherche clairement à en faire le personnage ambigu, qui va sombrer au fil des pages, le soucis c’est que finalement il l’a rendu trop détestable. On se rend rapidement compte qu’il n’a que des défauts et les qualités qu’on nous présente, voir les motivations qui expliqueraient ce qu’il est manquent de force où sont retournés contre lui dans la foulée. Je n’ai jamais réussi à clairement le comprendre donc à m’intéresser à lui.

L’auteur n’oublie pas non plus d’essayer de nous faire réfléchir, de nous faire voir les choses de façon différente, comme par exemple cette idée sur la science sans réflexion qui se laissent dépasser par leurs inventions, car même si j’ai dis que le postulat me paraissait trop bancal présenté ici il n’empêche certaines observations et certaines remarques pertinentes et intelligentes. On trouve aussi des axes intéressants sur le côté froid de la science. Autre point, qu’on retrouve souvent chez l’auteur, c’est la découverte de cette vie alien à travers le sujet observé qui offre aussi son lot de révélations avec cette idée pertinente d’un quotidien répétitif et des modifications que peuvent apporter de ne plus se savoir seul dans l’univers. À noter d’ailleurs aussi l’aspect poétique de cette planète extraterrestre porté par des descriptions sobres et magnifiques d’un monde à la fois civilisé et sauvage qui m’a clairement donné envie d’en savoir plus.

Puis arrive cette conclusion et, j’avoue, je m’attendais à quelque chose de plus grandiose, je ne sais pas trop pourquoi, mais vu tout ce que mettait l’auteur en place je prévoyais une fin de haut vol. Alors attention, la fin est toute de même réussie et intéressante, mais voilà elle parait quand même légèrement convenue et surtout se résout un peu facilement. Une belle fin, ouverte, mais qui aurait pu être mieux je pense. Finalement cela résume bien aussi le livre, un bon livre, sympathique, mais qui aurait pu être supérieur, avec des défauts qui font que c’est loin d’être le meilleur Robert Charles Wilson. La plume de l’auteur se révèle par contre toujours aussi entrainante, fluide et subtile, sachant jongler entre thriller et SF et surtout entrainant finalement assez facilement le lecteur dans son histoire. Dans tous les cas je continuerai à me plonger dans les œuvres de l’auteur sans soucis.

En Résumé : Je ressors de ma lecture de ce roman avec un sentiment légèrement ambigu, j’ai passé un bon moment de lecture mais certains aspects m’ont laissé perplexe. L’histoire se révèle intéressante, efficace et entrainante jouant de façon réussie au fil des pages sur l’ambiance et la tension ce qui fait que le lecteur se retrouve rapidement happer. Le monde futuriste, les technologies ainsi que le monde alien se révèlent eux aussi de qualité avec même des aspects et des descriptions poétiques. Les personnages sont, comme souvent avec l’auteur, profondément humains et travaillés, même si par moment je les ai trouvés un peu trop figé. Par contre je n’ai jamais complètement accroché à Ray, trop désagréable. Mais voilà j’avoue avoir bloqué sur le postulat de base qui veut qu’on se serve d’une technologie quantique que personne ne comprend ni ne maitrise clairement, ce qui m’a paru un peu gros, et aussi le fait que les gens restent civilisé malgré près de six mois d’enfermement sans communications et loin de leurs familles. J’attendais aussi peut-être aussi un peu plus de la conclusion même si elle se révèle tout de même plutôt réussie et intéressante. La plume de l’auteur se révèle toujours aussi soignée, entrainante et fluide. Blind Lake est au final un bon roman de Robert Charles Wilson, mais loin d’être le meilleur. Je lirai sans soucis d’autres récits de lui.

 

Ma Note : 7/10

 

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  1. je suis assez d’accord, pas son meilleur loin de là. Mais c’est toujours du haut de gamme avec Wilson et oui c’est toujours des histoires mettant l’humain en avant.
    Un auteur totalement incontournable pour moi 😉

  2. Pour Ray je pense que c’était le but recherché par Wilson qu’on n’accroche pas au personnage, pour moi il a été conçu pour être un méchant…

    • Après le méchant très méchant mais qu’on ne comprend pas vraiment j’avoue il m’a toujours laissé de marbre. Là dans ce roman je trouvais justement que l’auteur en faisait trop. Après c’était peut-être fait exprès et je suis passé à côté de l’aspect recherché.

  3. J’ai peu lu Wilson, mais j’ai toujours aimé.
    Ça fait un moment que je n’ai pas lu quelque chose de lui d’ailleurs, il faudrait que je m’y remette, j’aime sa façon de placer des êtres ordinaires dans des situations extraordinaires. 😉

    • C’est vrai que c’est un peu sa grande force, de développer le côté humain et c’est ce qui me plait chez cet auteur. Après je n’ai pas non plus encore tout lu de lui non plus.

  4. Je savais bien que tu étais un amateur de RC Wilson, et j’avais loupé ta critique dont je partage le sentiment.
    Oui, il y a pour moi aussi une certaine forme d’ambigüité dans mon ressenti, et cet histoire de technologie m’a quand même fait tiquer. DU coup, il m’a fallu quelques jours pour « digérer » le roman. Le second point que tu soulèves est effectivement surprenant maintenant que je te lis même si à la lecture je n’ai pas tilté.

    Ceci dit, j’ai beaucoup aimé la plume et l’ambiance de plus en plus oppressante. Belle découverte pour ma part.

    • J’aime beaucoup RC Wilson par son travail sur les personnages principalement. Maintenant c’est vrai que Blind Lake n’est pas, pour moi, le meilleur roman de l’auteur même s’il est loin d’être mauvais pour autant.

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