Good Morning, Midnight – Lily Brooks-Dalton

Résumé : Augustin, un brillant astronome, est en mission dans l’Arctique lorsque sa base est évacuée. Alors que les militaires rapatrient ses collègues, il refuse de quitter l’Observatoire. Quel que soit le danger, il veut finir ses jours ici, les yeux dans les étoiles. La rencontre avec une fillette de huit ans change ses plans : il doit reprendre contact avec le monde pour qu’elle soit sauvée. Mais toutes ses tentatives restent sans réponse…
Alors qu’une jeune astronaute, Sully, quitte Jupiter pour regagner la Terre avec son équipage, elle perd tout contact avec Houston. Augustin capte son appel. Au fil des échanges, ils vont se découvrir et se rapprocher, malgré l’immense vide qui les sépare. Ensemble, ils affrontent leurs peurs et leur solitude, réfléchissent sur leurs choix passés et affrontent le futur qui les attend.

Edition : Les Presses de la Cité

 

Mon Avis : J’avoue, concernant ce roman je n’avais rien entendu avant de me le voir proposer lors d’un masse critique Babelio. J’avoue ainsi avoir été tenté par le résumé qui proposait une histoire clairement intrigante et ouverte ainsi qu’une couverture sobre et efficace dans son rendu. J’ai donc décidé de tenter ma chance et j’ai été sélectionné. Je remercie donc Babelio ainsi que les éditions Les Presses de la Cité de m’avoir permis de découvrir ce livre.

Ce roman nous plonge ainsi plusieurs années dans l’avenir, rien ne permettant de définir en quelle année nous sommes, mais plusieurs indices montrent bien que nous nous situons dans le futur. Une catastrophe indéterminée s’abat sur terre et l’humanité parait s’être éteinte. Seuls survivants, Augustin un vieux scientifique perdu dans l’Arctique avec Iris une jeune fille et une mission spatiale comprenant six membres d’équipages qui rentrent de mission de Jupiter et que l’on suit à travers le regard de Sully. Une fois la dernière page tournée, je dois bien avouer que je ne suis pas sorti totalement convaincu, pas que le roman soit mauvais, loin de là, mais je pense que ce n’était clairement pas le roman que j’attendais et que je n’en étais pas la cible première. Le principal soucis vient déjà du quatrième de couverture, qui présente cette histoire comme un dialogue entre nos deux groupes de survivants. J’avais ainsi l’attente d’une construction, certes pourquoi pas philosophique, sur notre société et aussi sur les failles des héros. Un partage de point de vue et une réflexion sur nous-même, la peur et l’espoir. Hors ce contact n’interviendra que 30 pages avant la fin du roman et se limitera à trois lignes de dialogues. J’avoue avoir été un peu frustré. Au final ce roman nous plonge finalement dans la vie de nos deux héros, Sully et Augustin, qui devant ce drame vont faire le point sur leurs passés, leurs erreurs et cette nouvelle peur de l’avenir. C’est ainsi un récit doux-amer sur leurs vies qui va nous questionner sur notre façon de gérer la nôtre. Sur ce point je trouve que l’auteur d’ailleurs s’en sort bien, mais voilà des points m’ont dérangé.

Déjà soyons clairs, ce roman n’est pas clairement un roman de Science-Fiction comme on peut l’entendre habituellement. Ce n’est pas péjoratif, c’est un fait. La fin de l’humanité n’est ainsi qu’un prétexte au récit pour travailler sur ces personnages. C’est bien simple de cette apocalypse on ne saura rien, juste que l’Homme a disparu d’un coup sans qu’on sache trop pourquoi. Pour peu qu’on soit un peu pointilleux cela va vite légèrement dérangeant, car au vu du peu d’indice mis en avant par l’auteur on dirait que l’humanité est parti en éteignant bien la lumière et fermant la porte derrière elle tant il n’y aucune trace de quoi que ce soit, ni dégâts, ni informations. Rien. J’avoue, j’ai un peu de mal à adhérer à cette hypothèse l’apocalypse se révélant simplement un fait qu’il faut accepter sans rien dire, même si dans le récit ça ne dérange pas non plus trop. En effet comme je l’ai dit Lily Brooks-Dalton nous offre plutôt ici un roman qui se veut contemplatif et spéculatif à travers les différents regards que l’on croise. L’ensemble est donc construit sur un rythme assez lent, qui colle bien à l’histoire, mais qui pourra en bloquer certains, surtout qu’il n’y a pas non plus d’intrigue ni de gros rebondissements. On est dans le récit d’introspection, où nos deux héros face à ce bouleversement se reconsidèrent face à leurs actes et vont chercher un nouvel espoir, une évolution qui va leur permettre de continuer à avancer.

Les personnages font d’ailleurs parti de la grande force du roman, principalement dans le travail qui est réalisé sur eux pour les rendre humains et complexes. On découvre ainsi deux héros solitaires, qui ont énormément sacrifié dans leurs vies pour satisfaire leurs ambitions, mais aussi finalement maintenir cette peur de l’engagement, la peur d’une certaine façon de l’autre qui pourrait tout changer dans leurs vies et remettre en cause le socle de leurs certitudes. Face à l’absence d’humains ils se retrouvent ainsi à devoir réfléchir sur leurs vies, leurs pertes, leurs victoires et ainsi que se rendre compte que finalement la vie, le temps, les émotions, les changements reposent principalement sur les liens que nous avons avec les autres. Sans le regard de l’autre ce qu’on fait n’a finalement que peu de valeur et peu d’importance. L’auteur nous construit ainsi, de façon sensible, une réflexion sur la solitude, la construction de soi mais aussi en filigrane notre apport au monde, notre vision de celui-ci et ce que nous en faisons. C’est à travers cette réflexion que nos deux héros vont plonger peu à peu dans une certaine catharsis, les brisant d’une certaine façon pour qu’il puisse mieux s’accepter et pourquoi pas se reconstruire. Je ne le nie pas certains passages sont poignants et magnifiques. J’ai aussi beaucoup apprécie Iris qui joue d’une certaine façon pour Augustin le rôle de catalyseur, jeune fille qui ne laisse pas indifférent même si parfois elle manque manque de finesse dans le message qu’elle cherche à faire passer. Je pense par exemple à la scène du loup qui en fait un peu trop.

Autre point intéressant, c’est ce qui est proposé par Lily Brooks-dalton au niveau du travail descriptif et au niveau de l’ambiance, que ce soit aussi bien dans l’Arctique que dans le vide de l’espace. Il se dégage ainsi une certaine beauté et une certaine magie dans ce qui nous est présenté qui donne envie d’en découvrir plus, de le vivre, de le partager. Ainsi de façon simple elle arrive ainsi à nous offrir des vues et des images très visuelles et accrocheuses. Je soulèverai juste un point de déception venant d’ellipse d’élément qui aurait pu apporter encore une beauté supplémentaire à l’ensemble mais qu’elle évite, peut-être pour ne pas passer à côté, comme quand le vaisseau spatial s’approche de Mars, annonçant une vue magnifique que l’on ne verra jamais clairement. Mais bon rien de très dérangeant non plus. La plume de l’auteur arrive à nous embarquer dans ces grands espaces, dans ce vide de l’espace ou bien encore le côté sauvage et envoutant de la nature. Surtout qu’elle parsème le tout d’une légère dose de fantastique, de réalisme magique qui vient apporter un petit plus à l’ensemble. Le style est aussi un point fort du récit, s’avérant poétique, prenant et plutôt efficace.

Après comme je l’ai dit tout n’est pas non plus parfait, déjà si je reviens sur les personnages, comme je l’ai expliqué il y a des moments poignants, touchants et pour autant il y a aussi des moments où je n’ai pas complètement réussi à me connecter à eux, à leurs réflexions, comme s’il y avait un voile entre eux et moi. Ensuite, je l’ai expliqué, ce roman est très contemplatif dans ce qu’il construit, et parfois il y a un pas entre le contemplatif et la langueur. Hors sur certains passages l’auteur franchit ce pas, ce qui fait que je me déconnectais un peu du récit. Je noterai aussi certains points qui m’ont paru légèrement incohérents, que ce soit dans l’idée d’apocalypse comme dans certains passages avec Augustin et Iris. Enfin dernier point que je soulèverai, tout comme La Femme d’Argile et l’Homme de Feu je n’ai pas eu ce sentiment de rappel que j’attends d’un livre, ce qui me donne envie d’y replonger une fois fermé. J’appréciais la poésie et les réflexions qu’il proposait, mais voilà je ne ressentais pas cette frustration de ne pas retourner dans cette lecture rapidement. Au final je reconnais clairement les qualités de ce roman dans ses démonstrations et son envie de nous faire réfléchir, sauf qu’il n’a pas non plus complètement répondu aux attentes que je pouvais avoir.

En Résumé : Je ressors de ma lecture pas totalement convaincu, le récit ayant de nombreuses qualités, mais ne répondant pas obligatoirement aux attentes que je pouvais avoir en me lançant. En effet la quatrième de couverture met en avant de façon importante un élément qui n’arrive qu’à 30 pages de la fin et s’avère qu’anecdotique, ce que j’ai trouvé frustrant. Déjà il faut savoir que ce roman n’est pas un livre de SF dans le sens où on l’entend d’habitude. Ici la fin de l’humanité n’est qu’un fait pour isoler nos deux héros et les pousser à se questionner. J’avoue j’ai eu un peu de mal à accepter cette apocalypse tant elle manque un peu de cohérence dans le peu d’explication donné. Cela n’empêche pas par contre les réflexion et le travail sur les personnages de s’avérer franchement intéressant. L’auteur nous offre ainsi un travail efficace sur la solitude, la famille ou bien encore notre existence par rapport et grâce au regard des autres. Les deux héros s’avèrent soignés et captivants, même si parfois sur certains passages j’ai quand même eu du mal à m’accrocher complètement à eux. La petite Iris aussi offre un personnage intéressant à découvrir, même si certaines métaphores qu’elle apporte sont un peu caricaturales. L’autre point intéressant vient du travail de description de l’auteur ainsi que de l’aspect poétique qu’elle met en place qui offre un vrai plus à l’ambiance du récit. Je regretterai par moment certains passages où je me déconnectais trop du récit tant il offrait un rythme langoureux et aussi cette absence de sentiment de rappel qui fait que quand je pose un livre j’ai plus ou moins envie d’y replonger dedans rapidement. Le style de l’auteur s’avère poétique, dense et efficace.

 

Ma Note : 6/10

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  1. Dommage, ça aurait pu me plaire… Ça attendra un peu (dans le meilleur des cas…).

    • Après il faut peut-être attendre d’autres avis, car bon mon retour est quand même influencé par les attentes que j’avais en lisant le quatrième de couverture.

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