Résumé : The half-forgotten streets of Barlewin, in the shadow of the High Track, are a good place to hide: among the aliens and the couriers, the robots and the doubles, where everyone has secrets.

Like Eva, a 3D-printed copy of another woman, built to be disposable.She should have disintegrated days ago… and she hasn’t.

And now her creator wants her back.

Edition : Abaddon

Mon Avis : Dernièrement, j’ai l’impression d’être dans ma phase découverte qui se font sur un coup de tête. En effet, comme ce fût le cas pour Bedfellow, que j’ai chroniqué il y a quelques jours, j’ai fais entré ce Green Jay and Crow dans ma PAL, un peu sans savoir clairement dans quoi je me lancer. J’ai été surtout rapidement intrigué par les différents messages que j’ai vu passer dans mes fils de réseaux sociaux, ou sur différent blogs qui présentent chaque mois les livres les plus intéressants à découvrir. J’ai ainsi été rapidement attiré par l’univers présenté dans le quatrième de couverture, par son côté assez bizarre et étrange, mais aussi, c’est vrai, par la couverture, illustrée par Pye Parr, que je trouve superbe.

Ce roman nous fait ainsi suivre deux lignes narratrices, celle de Green Jay/Eva, une copie d’une autre femme qui cherche à s’émanciper, pouvoir vivre sa propre vie. En parallèle on se retrouve à suivre The Crow/Kern Bromley qui est un coursier et va se retrouver un jour à devoir transporter une « time-locked box » au parrain de la ville. Sauf que Eva a besoin de cette boite. The Crow va alors se retrouver à sauter dans le temps et va découvrir une histoire plus complexe qu’une simple livraison. Alors j’avoue, au moment où j’ai fais entrer ce roman dans ma bibliothèque, plusieurs retours US ont été publiés, se révélant plutôt mitigés. J’avais un peu peur, alors, de moi aussi passer à côté de ce récit, pour autant finalement j’ai globalement bien accroché à ce récit. On est clairement dans un roman original, qui ne cherche pas obligatoirement à construire un récit très dense, très dans sa toile de fond, mais qui va jouer sur son côté étrange, son mélange de genres et ses idées pour faire réfléchir. Par conséquent si vous cherchez un récit plus pointilleux, au background riche et soigné il vaut mieux passer votre chemin. On est clairement dans un récit de science-fiction qui ne cherche pas obligatoirement à expliquer son fond, mais s’en sert plus pour amener des idées et pour questionner. Je comprends les retours que j’ai vu passer, Green Jay and The Crow est un roman déroutant, un peu frustrant, mais qui, de mon côté, m’a offert de bonnes choses.

Le récit brasse ainsi de nombreuses idées dans son univers, que ce soit de l’impression 3D à partir de matière végétale, au voyage temporel en passant la présence d’extra-terrestre. Ainsi l’aspect technologique et futuriste ne manque pas d’attrait dans sa représentation, mais surtout principalement dans les thématiques que cela amène. En effet le but de l’autrice n’est pas de nous en expliquer leur existence, leur mode d’utilisation ou leur emploi, tout restant ainsi en surface, mais plus d’en imaginer certains impacts sur notre vie. Si on accepte cela c’est intéressant, même si c’est vrai par moment cela reste un peu frustrant. Le tout se situe dans la ville de Barlewin, une ville assez immatérielle je trouve, qui a un aspect intéressant dans l’image et l’ambiance qu’elle offre au récit, aussi dans sa vision du futur avec ses écrans et ses entraînements cérébraux. Pour autant j’ai ressenti un manque de profondeur pour vraiment devenir plus qu’une simple toile de fond. Il y a aussi un mélange de polar et de récit d’aventure dans la représentation de cette ville. Ce mélange, l’étrangeté qui s’en dégage, offre ainsi au récit une ambiance assez particulière, éthérée et sombre. Au final on découvre un univers à la fois intéressant dans le fond, mais qui manque quand même d’un peu de consistance sur la forme ce qui est parfois dommage tant une ou deux fois cela aurait pu apporter plus au récit. Là où par contre j’ai été un peu plus frustré c’est dans l’utilisation que fait DJ Daniels de la présence alien, l’idée développée est intéressante, mais je pense qu’il y avait mieux à offrir.

Le gros point fort de ce récit vient ainsi clairement des nombreuses thématiques qu’il vient soulever, que ce soit sur la notion de transhumanisme, la possibilité d’avoir des doubles, la notion d’être vivant et d’être humain, d’humanité, la façon dont nous considérons les autres et dont nous les traitons, notre vision de la technologie et l’impact qu’elle peut avoir, la notion de choix à travers les réalité alternatives. Je ne vais pas le nier, ce récit brasse de nombreuses idées, de nombreuses réflexions et il le fait, pour ma part, de façon globalement efficace et intéressante. Je me suis retrouvé de nombreuses fois intrigué par ce que soulevait l’autrice, à me questionner et le récit continue un peu à me trotter dans la tête une fois terminé. Certes parfois ça manque un peu de finesse et l’autrice cher à trop en faire, mais rien de très bloquant. L’ensemble est porté par des personnages qui ne sont pas mauvais, mais s’avèrent très fonctionnels. Ce n’est pas dérangeant quand il faut promouvoir et développer des idées et des spéculations, mais c’est un peu plus frustrant quand l’autrice cherche, vers la fin, à construire un aspect émotionnel qui a alors du mal à pleinement fonctionner.

Le principal reproche que je ferai finalement dans ce roman et qui transparait, je pense dans ma chronique, c’est qu’autant le récit m’a fait réfléchir, autant son exécution manque quand même un peu de profondeur, d’une richesse qui aurait pu le rendre plus marquant. Il se passe ainsi énormément de choses dans ce récit et prendre le parti pris de ne rester qu’en surface de tout le côté « pratique » s’avère parfois frustrant, et pourtant j’apprécie les récit barrés et étranges. L’autre point vient clairement de la plume de l’autrice qui a un côté un peu trop froid, un peu trop distant et même par moment un peu trop fonctionnelle. Elle arrive par certains passages à me toucher, mais par d’autre j’ai trouvé qu’elle était trop aride dans sa « représentation ». Pour autant comme je l’ai dit j’ai trouvé ma lecture plus que sympathique, j’ai aimé découvrir ce monde, son côté étrange et surtout les idées qu’il développe, maintenant ce n’est pas le genre de récit qui plaira à tout le monde. Pour un premier roman il y a du potentiel et je ne serai pas contre découvrir autre chose de DJ Daniels.

En résumé : J’ai passé un moment de lecture plus que sympathique avec ce roman qui, c’est vrai, vaut peut-être plus pour les idées et réflexions qu’il soulève que pour la richesse et la cohésion de ce qui est construit. En effet on plonge dans un monde assez étrange, avec la possibilité d’avoir des doubles, de voyager dans le temps ou encore avec la présence d’extra-terrestre. Un univers qui brasse énormément de choses, mais qui pour autant reste peut-être un peu trop en surface, un peu comma la ville qui parait n’être que trop objet dans le récit par moment. Pour autant il y a de bonnes choses dans cet univers qui offre aussi des aspects intéressants. Le gros point fort de ce roman vient ainsi des nombreuses réflexions et des nombreuses idées que ce soit ainsi sur la notion d’humanité, d’existence, de choix et autres encore. Franchement c’est le genre de récit, pour ma part en tout cas, qui soulève interrogation et discussion, même si c’est vrai parfois cela manque de finesse ou parait un peu simpliste. Les personnages sont très fonctionnels, ce qui ne dérange pas quand il faut véhiculer des idées, mais devient bloquant quand il faut faire passer des émotions, principalement sur la fin. L’a plume de l’autrice a un côté un peu trop froid, un peu trop distant et même par moment un peu trop fonctionnelle. Pour autant même si tout n’est pas parfait j’ai trouvé ce livre intéressant, dans son image de fond barré, étrange, éthéré et dans ses réflexions.

Ma Note : 7/10