J’agonise Fort Bien, Merci – Oren Miller

Résumé : NE CRAIGNEZ PAS LES MONSTRES, CRAIGNEZ CEUX QUI SE CACHENT DERRIÈRE…
Sainte-Marie-La-Grise.
Son cadre exceptionnel près de la Côte d’Émeraude en fait une destination de vacances des plus prisée. De magnifiques paysages, un mystérieux folklore breton et des morts qu’on a aidés à trépasser raviront les plus aventureux d’entre vous.
Profitez de l’hospitalité chaleureuse des habitants qui sauront vous mettre à l’aise.
Afin d’apprécier pleinement votre séjour, veillez cependant à respecter trois règles :
1 – Écoutez toujours les murmures de ceux que vous ne voyez pas.
1 – Gardez-vous des créatures sinistres qui frappent avant d’entrer.
3 – Soyez sage. Très sage.

Edition : L’Homme Sans Nom

 

Mon Avis : J’ai découvert l’autrice, Oren Miller, il y a un peu plus de deux ans maintenant avec son tout premier roman Le Roi Sombre. Il s’agissait d’une réécriture du comte de Monte-Cristo dans un univers de Science-Fiction. Ce livre m’avait offert un moment de lecture assez sympathique et divertissant. Je m’étais dis que je me laisserai tenté  par d’autres écrits de l’autrice pour voir comment elle allait évoluer. Il était donc logique que je me décide de découvrir son second roman, J’agonise fort bien merci. Comme souvent, c’est vrai, le roman traîne dans ma PAL depuis plusieurs mois maintenant, mais vu que j’essaie depuis peu d’en ressortir certains qui se cachent depuis un certain temps, j’ai offert une chance à ce récit. Concernant la couverture, illustrée par Emile Denis, je la trouve pour ma part très réussie. Je ferai juste un point concernant le travail mené sur cette édition, je ne suis pas la personne qui remarque le plus les fautes et erreurs de typo, mais là une relecture aurait clairement été un plus je trouve.

Ce roman va nous plonger en Bretagne, à Sainte-Marie-La-Grise, dans les années 50. On se retrouve ainsi à suivre Isabeau qui vient accueillir et aider un notaire venant de Paris, Evariste Fauconnier, qui arrive dans la région gérer les dossiers de succession de Catherine Lozac’mher, une vieille amie à lui qui était aussi sa cliente. Sauf que voilà, très vite, notre duo nouvellement formé va se rendre compte que de nombreux secrets se cachent à Sainte-Marie-La-Grise et que Catherine pourrait ne pas être morte de façon naturelle. Bon autant être clair, une fois la dernière page tournée je dois bien admettre que je n’ai tout simplement jamais réussi à me captiver pour ce récit. Tout n’est pas mauvais, mais dans l’ensemble je ressors un peu déçu de ma lecture. J’ai ainsi eu l’impression tout du long, que l’autrice se cherchait, que ce soit dans l’intrigue et le style, et qu’elle ne parait enfin se trouver que dans le tout dernier quart du roman. L’histoire est ainsi construite comme une énigme policière, qui joue sur l’étrange ainsi que de façon légère le fantastique. Récit policier d’ailleurs accentué par les références que font les protagonistes à Agatha Christie qui m’ont paru pas obligatoirement utiles, comme s’il fallait bien accentuer la référence et le parallèle. On ne peut pas enlever à cette histoire une certaine envie de divertir, ainsi qu’un rythme un minimum soutenu et entraînant qui fait que, si on se laisse porter, si on accroche aux héros, on se retrouve à tourner les pages avec l’envie d’en comprendre plus, d’en dévoiler les mystères.

Le soucis c’est que pour ma part je n’ai jamais justement réussi à me laisser porter par cette intrigue qui m’a paru se perdre dans des fausses pistes, sans que ces dernières apportent grand-chose au récit. J’ai ainsi clairement eu l’impression que l’autrice cherchait à jouer avec le lecteur, accumulant les sous-intrigues, ce qui a eu pour effet au final de rallonger inutilement le récit, sans jamais réussir à me captiver. Cela manquait d’un peu de liant, de cohérence à mon goût. Ainsi chaque sous-intrigue, chaque mystère, chaque personnage un peu énigmatique, m’ont paru n’être au final que des « effets de manches » plus que de véritables éléments intégrés dans le récit, qui sont là pour retarder la révélation finale. Après je ne doute pas que pour certains lecteurs cela fonctionne, je n’étais peut-être pas dans le bon état d’esprit pour me laisser surprendre. J’ai aussi lu beaucoup de policiers ce qui fait que certains schémas, certaines constructions, certaines ficelles m’ont paru trop classiques, sans que Oren Miller arrive à y apporter sa propre voix. Autre problématique selon moi, l’impression de passer d’une scène à l’autre sans que cela soit toujours fluide, l’autrice cherchant parfois à trop en faire, mais j’y reviendrai plus tard. Concernant l’intrigue en elle-même, la résolution du mystère, je dois bien admettre que, malgré les fausses pistes, l’ensemble m’a paru assez devinable, il y a bien un ou deux points que je n’ai pas vu venir, mais pas de quoi non plus trop me surprendre.

En ce qui concerne les personnages, là où je trouvais la caractérisation de l’autrice efficace et percutante dans Le Roi Sombre, ici m’a paru perdre de son intérêt. En effet je n’ai jamais réussi à franchement m’attacher ou m’intéresser à eux, à commencer par notre duo de choc qui m’a laissé de marbre. Après, de ce côté là cela vient principalement, je pense, de moi. En effet Evariste et Isabeau jouent clairement sur le décalage entre deux personnalités opposées, la différence entre par exemple un personnage rationnel au possible et un autre plus « romantique » dans ses idées. C’est finalement un duo assez classique, qui apparaît régulièrement et pour réussir à toucher le lecteur ils doivent arriver à aller plus loin que ses archétypes, sauf qu’ici j’ai trouvé que notre duo n’y arrivait pas et tombait un peu trop dans la caricature. En effet, il aligne clairement les passages prévisible et déjà-vu, jusqu’à même offrir l’histoire d’amour convenue et attendu de l’un des protagonistes. Je ne doute pas que certains accrocheront à ce duo de choc, pour ma part je suis passé à côté, surtout qu’il faut aussi ajouter qu’ils m’ont paru extrêmement bavard. L’autrice m’a ainsi paru un peu abuser des dialogues, ce qui, je trouve ici, alourdit le récit et n’apporte pas toujours grand-chose. Concernant les personnages secondaires, on aligne les personnes plus ou moins mystérieuses, qui sont là pour jouer sur l’ambiance étrange du coin, mais qui manquent quand même clairement de profondeur à mon goût.

D’ailleurs en parlant de l’ambiance étrange, mystique, sombre que veut construire Oren Miller, j’avoue qu’il y a un petit quelque-chose qui se dégage de ce récit, un léger sentiment d’angoisse, mais qui n’arrive jamais à franchement se démarquer, plombé par une envie de trop en faire. En effet l’autrice a l’air de très bien connaître la Bretagne, elle cherche ainsi régulièrement à nous rendre sa passion pour cette région, sauf que, personnellement, je trouve qu’elle devient plus guide touristique. Cela a le donc de façon régulière de casser le récit à chaque fois qu’elle cherche à nous faire découvrir un lieu, un bâtiment ou autre, ce qui hache le rythme et donne l’impression de trop vouloir en faire. La toile de fond doit se fondre dans le récit, ici elle parait être en décalage. Il m’a finalement fallu attendre le dernier quart pour que je me laisse porter par le récit, arrivant enfin à trouver une fluidité et une montée en tension au fil des révélations. Je me suis ainsi retrouvé à tourner les pages jusqu’à la révélation finale qui, même si elle est convenue et prévisible, est plutôt bien amenée tout de même. Concernant le style d’Oren Miller, je ressors mitigé, elle a une envie de trouver un style un peu « d’époque », mais avec l’envie de trop bien faire elle offre parfois des passages ampoulés et figés qui sont frustrants. Ajoutez à cela de nombreuses répétitions, parfois dans la même phrase, j’avoue cela a jouer à me déconnecter du récit. Pourtant il y  un petit quelque-chose dans sa façon d’écrire qui est, par passage, entraînant, dommage. Je ne pense pas me replonger dans de nouveaux écrits de l’autrice.

En Résumé : Je ressors au final pas complètement convaincu par ce roman qui n’a jamais réussi à totalement me convaincre. Ainsi l’intrigue m’a paru aligner les fausses-pistes et les jeux avec le lecteur, plus pour « remplir » que vraiment s’intégrer à l’histoire. Je l’a aussi trouvé finalement assez prévisible dans ses grandes lignes, il y a bien une ou deux révélations qui m’ont surpris, mais rien de non plus marquant. Concernant les personnages, j’ai eu du mal à m’accrocher à eux, principalement de notre duo de choc qui joue finalement sur l’opposition de personnalité des deux héros. Sauf que voilà, c’est très classique dans la construction, Oren Miller a du mal à dépasser les stéréotypes tombant même parfois dans la caricature. Les personnages secondaires apporte une sorte d’étrangeté par moment au récit, mais manquent clairement de profondeur. Concernant l’ambiance, un peu étrange, sombre, mystique, il y a un petit quelque-chose qui se dégage, mais qui n’arrive jamais à percer un peu plombé par une toile de fond par moment lourde. On sent que l’autrice apprécie la Bretagne, qu’elle a envie de partager cette passion, sauf que parfois elle oublie le récit pour devenir guide touristique ce qui donne l’impression de hacher le récit. Cela joue ainsi sur l’atmosphère, mais aussi sur le rythme du récit ce qui est dommage. Il faut attendre le dernier quart pour que le récit devienne fluide et que je me laisse porter par les révélations. La conclusion, même si prévisible, est plutôt bien amené. Concernant le style je l’ai trouvé bancal, une envie d’offrir une plume un peu d’époque, mais avec une envie de trop bien faire ce qui rend certains passages ampoulés. Ajouter à cela de nombreuses répétitions et, j’avoue, il joue au fait que je ne sois jamais complètement entré dans le récit. Je ne doute pas que ce roman plaise à d’autres lecteur, pour ma part je ne lirai pas la suite.

 

Ma Note : 4/10

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  1. On me l’a offert en me le recommandant chaudement, mais je n’ai pas encore eu le temps. Ton avis mitigé m’invite à être prudente sur le niveau de mes attentes quand je m’y mettrai pour ne pas être trop déçue.

    • Après ça dépend de chacun et des attentes justement que tu aurais pu ou pourrais avoir. Le roman a trouvé son public vu les autres retours que j’ai vu, maintenant oui pour ma part il ne m’a pas convaincu.

  2. L'ours inculte

    Je l’ai en numérique mais j’me rappelle même plus quand je l’ai chopé XD
    Pas une priorité à priori

  3. J’ai été plus enthousiaste face à l’humour surtout des protagonistes mais clairement niveau éditorial c’était la cata genre au moins une faute assez marquante à chaque page ou presque

    • Je peux comprend qu’on puisse accrocher à l’humour, j’avoue je suis un peu difficile. Par contre oui, concernant l’édition là il y a clairement quelque chose à faire et pourtant je suis loin d’être la personne la plus regardante de ce point de vue-là. Et plus j’avançais plus il y avait de coquilles.

  4. Ceci-dit, le titre était sympa 😉
    Je n’en avais jamais entendu parler. Bon, je passe mon tour de toute façon.

    • Le titre est original, c’est vrai.
      Après à voir avec d’autres chroniques, d’autres lecteurs ont énormément apprécié ce livre.

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