Le Meilleur des Mondes Possibles – Karen Lord

Résumé : Autrefois la race la plus avancée de la galaxie, les Sadiris ont été exterminés et leur monde natal détruit. Pour préserver leur espèce de l’extinction, les derniers survivants, en majorité des mâles, doivent s’organiser. Sur Cygnus Beta, des conseillers sadiris partent à la recherche des descendants d’une ancienne diaspora de leur peuple, dans l’espoir de trouver des femelles génétiquement compatibles afin de sauvegarder la société et le mode de vie sadiris.
Commence alors pour les derniers Sadiris une quête désespérée qui les amènera à percer les secrets de leur passé. Mais la survie de l’espèce passera par l’acceptation de leur condition, la refonte de leur société et ultimement, la recherche de l’amour…

Edition : Eclipse Panini Books

 

Mon Avis : La maison d’édition Eclipse, avant de plonger dans une surdose de Zombie puis de disparaitre complètement des radars, était une maison d’édition que j’appréciais beaucoup. Elle possédait selon moi une ligne éditoriale très intéressante, qui prenait des risques dans ses choix de publications. Certes il m’est parfois arrivé de ne pas accrocher à certains de leurs romans, mais ils ont aussi su proposer des romans différents et passionnants. Le Meilleur des Mondes Possibles est ainsi le dernier roman de cette maison d’édition qui traînait dans ma PAL, si je ne me trompe pas, il fallait bien le sortir un jour. Concernant la couverture, j’avoue que pour moi, elle me parait très simple et manque quand même un peu d’un petit quelque-chose.

Le récit nous plonge dans ce qui parait être un futur lointain. Les Sadiri ont vu leur planète, Sadira, être détruite par des ennemis. Eux qui étaient un peu les êtres les plus intelligents de l’univers, sont maintenant au bord de l’extinction et doivent se réfugier sur une autre planète pour reconstruire. Chose difficile quand la majorité des survivants sont des hommes. Dllenahkh va alors se lancer avec Grace Delarua à la recherche de cousins proches des Sadiris, qui ont décidé au fil du temps de s’exiler, pour voir s’il n’est pas possible de contracter de nouveaux mariages et ainsi pouvoir reconstruire. Bon, alors, je dois bien admettre, une fois la dernière page tournée, je n’ai pas trop accroché à ce roman. Il y a pourtant de bonnes choses dans ce roman, un certain potentiel s’en dégage, mais voilà pour autant il n’a jamais réussi à me captiver et à me faire entrer dans son histoire.

J’ai eu ainsi un peu le même ressenti que lors de ma lecture des romans de Becky Chambers ; trop de bons sentiments et un énorme manque de tension. Sauf que là où Chambers, pour moi, sauvait son récit par ses personnages, Karen Lord n’y est pas arrivé je trouve. De plus ici l’autrice a aussi une capacité à trop tomber dans le côté guimauve très facilement. Pourtant l’ensemble démarrait bien, une première scène qui venait poser les bases du récit sur l’extinction, avec une tension qui se met directement en place et accroche. La suite amène alors des problématiques intéressantes, puis Karen Lord se lance dans sa quête de ces fameux cousins. Et là pour moi le récit a perdu alors de son intérêt dans une narration répétitive, sans aucune tension, avec des problématiques soulevées par chaque chapitre, résolues dans la foulée ou presque. On se retrouve ainsi, pour moi, avec un récit qui avance mollement, au fil des aventures sans véritables surprises de nos héros, le tout se dirigeant vers une conclusion prévisible depuis le premier quart du bouquin. Reste les réflexions qui sauvent un peu ce récit, mais j’y reviendrai plus tard car là aussi c’est loin d’être toujours réussi.

Concernant l’univers, j’avoue, il a du mal de se débarrasser de son aspect simple toile de fond mis en place pour discuter d’un sujet de réflexion actuel. Car oui, le futur lointain et l’extinction des Sadiri par un peuple ennemi est là surtout pour tenter de soulever des questions sur aussi bien la haine que la gestion des immigrés. Le récit aurai pu ainsi se situer à n’importe quelle époque sans que cela gêne clairement l’intrigue. L’autrice n’arrive pas, je trouve, à profiter pleinement de son aspect Science-Fiction futuriste alors qu’elle cherche pourtant à développer de telles idées comme par exemple l’idée temporelle avec les vaisseaux mentaux ou encore les capacités psy des héros permettant de lire les pensées des autres ou encore d’influencer son environnement. Sauf que voilà ces idées restent vaguement au second plan, sauf quand ça sert à l’autrice pour parler de différences, de questionnements, ou amener des péripéties, mais c’est tout aussi vite mis de côté. Surtout il n’y a jamais aucune explication ou aucune véritable tentative de vouloir cadrer ses « avancées » pour les rendre cohérentes et plausibles.  Pourtant il y a un potentiel qui se dégage de cet univers, et l’idée de vouloir traiter de la guerre et de l’extermination en ne parlant pas de conflit, mais de reconstruction a de quoi séduire. Sauf que voilà Karen Lord se perd dans son histoire d’amour et accessoirement dans cette quête génétique. D’ailleurs en parlant de la quête, elle aurait pu offrir plus, montrant différentes voies prises par les Sadiri au fil des générations, mais vu qu’on reste à chaque fois en surface de chaque société on ressort, je trouve, plus frustré qu’autre chose. Au final un univers SF qui m’a paru sans saveur.

Pour les personnages, là aussi j’ai eu du mal à m’intéresser à eux. Pour moi Karen Lord passe à côté de leurs potentiels pour se perdre dans son récit et sa love story ce qui est dommage. Aucun d’entre eux n’a ainsi réussi à me toucher, me marquer, me donner franchement envie de suivre leurs aventures, leurs péripéties. Il faut dire aussi qu’on tombe assez facilement, peut-être pas tout à fait dans la caricature quand même, mais dans les stéréotypes de personnages déjà vus et revus. De plus, mis à part Grace que l’autrice tente un peu de développer, les autres sont aussi épais et dense qu’une tranche de feuille de papier ce qui est dommage, car là aussi il y avait du potentiel. Principalement, selon moi, dans le personnage de Dllenahkh, qui doit faire face à l’extinction de son peuple et doit pourtant le mener vers une nouvelle voie, sauf que cet aspect n’est quasiment jamais présenté. Certes on sent ses blessures, sa souffrance, mais pour moi elles sont effacées par le reste du récit. Pour ce qu’il s’agit Grace, comme je l’ai dit elle m’a paru devenir intéressante au moment où le récit développe sa famille, sauf que l’ensemble est balayé en quelques pages et un peu facilement. L’héroïne perd même de son intérêt face à sa capacité à surinterpréter et son côté sur-émotionnel vite lassant. Dommage. Les personnages secondaires n’arrangent pas non plus le récit tant ils m’ont paru unidimensionnels.

Alors après ce roman ne possède pas que des défauts, sa grande qualité vient ainsi des différentes réflexions qu’elle cherche à soulever. Alors certes, le côté très optimiste et le fait que l’autrice désamorce rapidement toute tension qu’elle crée font que parfois elles perdent de leur intérêt et manquent de force, mais cela n’empêche pas certaines questions soulevées de marquer le lecteur. Que ce soit sur la notion d’immigration, de génocide, de victimes de guerres, de la façon dont nous les voyons, dont nous les traitons ou bien encore certaines dérives des sociétés. Sauf que voilà même si certains messages touchent, dans l’ensemble je n’ai jamais franchement réussi à entrer dans ce roman qui, justement, cherche trop à offrir le meilleur des mondes possibles, à vouloir être optimiste au point qu’à l’inverse de certains qui vont trop dans le côté sombre au point de se perdre, ici Karen Lord tombe un peu trop dans le côté guimauve avec un happy-end convenu et prévisible. Je sais que l’autrice a écrit d’autres romans, mais je pense en rester là de mon côté. Je ne doute pas que ce roman a son public, il n’était juste pas fait pour moi.

Résumé : Je dois bien admettre que je ressors plutôt déçu de ma lecture de ce roman. Tout n’est pas mauvais, mais dans l’ensemble je n’ai jamais réussi à entrer dans ce récit. Il y avait pourtant du potentiel dans le démarrage de ce récit, que ce soit par un premier chapitre assez prenant et captivant et des questions soulevées intéressantes. Mais voilà, dès que l’autrice se lance dans sa quête principale le récit perd de son intérêt face à une histoire d’amour convenue et prévisible, et aussi grâce à une capacité à désamorcer toute tension des différentes péripéties rencontrées. L’univers a du mal a être plus qu’une simple toile de fond avec des aspects SF qui ont du mal à se révéler en soit plausibles ou cohérents tant ils ne sont là que pour faire plaisir ou aider l’autrice. Les personnages reposent trop sur des stéréotypes et surtout manquent de profondeur, ce qui est dommage car certains ont du potentiel. Les personnages secondaires sont oubliables, je trouve, tant ils sont unidimensionnels. Alors oui Karen Lord offre des réflexions qui sont en grande partie intéressantes, cela en est même le point fort du roman, même si certaines tombent à plat. On réfléchit ainsi sur la notion de génocide, d’immigrés, de reconstruction. Mais voilà cela ne suffit pas, ce roman n’était simplement pas fait pour moi. Je ne doute pas qu’il puisse trouver son public, pour ma part je l’ai trouvé trop simpliste, trop optimiste et parfois guimauve à mon goût.

 

Ma Note : 4/10

 

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  1. Le souci, c’est que j’ai l’impression qu’on va avoir droit à beaucoup de romans « guimauve » / feel good, avec un univers en carton-pâte et un aspect purement SF qui est plus un prétexte qu’autre chose, dans les mois à venir, en VO bien sûr mais aussi en VF. Vu le contexte IRL, les gens sont apparemment en demande de livres de SF légers, et certaines de nos maisons d’édition se sont déjà positionnées pour répondre à cette demande (l’Atalante par exemple).

    Concernant Eclipse, oui, ils étaient audacieux, mais par contre ils ont torpillé certains cycles majeurs et novateurs en les abandonnant purement et simplement après le tome 1 et en réduisant la promo au strict minimum (les Poudremages, les Mille noms, etc).

    • C’est vrai qu’il y a de plus en plus de demandes concernant ce genre de romans, je n’en suis simplement pas le lecteur cible et je ferai plus attention (surtout face à une PAL au bord de l’explosion).

      Pour Eclipse je suis d’accord qu’ils ont aussi plombé des séries. Après à la base ça ne devait pas se passer comme cela et il ne devait pas rejoindre Panini. De ce que j’avais entendu il avait un vrai plan de développement qui a pris du plombe dans l’aile au moment où la maison d’édition la Bibliothèque Interdite (du même créateur que Eclipse) a perdu les droits des romans de la Black Library.

      De toute façon on ne refera pas le passé, Eclipse a maintenant disparu et je trouve ça dommage, surtout concernant les publication de romans anglo-saxons voir d’autres pays.

  2. J’avoue que le roman ne me tente pas trop, mais je suis d’accord avec toi en ce qui concerne Eclipse : c’était une maison d’édition qui publiait des trucs sympas et souvent original (du moins au tout début). Dommage qu’elle ait entamé plusieurs séries justement très prometteuses mais dont on attend la suite…

    • J’aurai du mal à le conseiller, sauf peut-être si tu es un grand fan des romans de Becky Chambers ou tu pourrais y retrouver le même ton optimisme. Par contre il ne faut pas être allergique aux romances qui durent.

      Oui, moi aussi j’aurai aimé lire la suite de Poudremage, Les Milles Noms, Matthew Swift, …. Je vais peut-être faire comme Apophis et les lire en VO.

  3. Ah, ouf, dirai-je… j’ai hésité à en faire l’acquisition, à sa sortie (c’était quand, déjà, 2015, non ? ) je trouvais la couverture sympa et le résumé intéressant. Mais bon, il est passé en wish, y est resté durant quelques temps et a fini par en sortir… Ma wish est régulièrement épurée, je note la date d’entrée en wish et si au bout d’une année le livre y est encore, c’est que finalement, il ne me plaisait pas tant que ça ^^

    Bonnes fêtes de fin d’année, gros bisous, nanet

    • Il a été publié en 2014, je crois d’ailleurs que je l’avais acheté quasi au moment de sa sortie.

      Bonne fêtes de fin d’année à toi aussi. Biz.

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