Les Chants de la Terre Lointaine – Arthur C. Clarke

Résumé : La Terre se meurt et les derniers représentants de l’espèce humaine prennent place à bord du Magellan pour un voyage de plusieurs centaines d’années. Au cours d’une escale sur une planète-océan colonisée longtemps auparavant par des vaisseaux-semeurs, l’équipage du Magellan rencontre des humains pour qui la Terre n’est déjà plus qu’un lointain souvenir, une légende.

Edition : Audible

 

Mon Avis : Je continue ma découverte, grâce aux audio-livres, de classiques de l’imaginaire et aussi ma plongée dans les écrits de l’auteur Arthur C. Clarke, que j’ai très peu lu finalement. Après Rama, dont le premier tome m’avait emporté, mais où le second m’avait un peu laissé de côté, je me lance cette fois dans Les chants de la Terre Lointaine qui est souvent cité dans les grands classiques à lire de l’auteur, tout du moins dans les articles anglophones que j’ai vu passer. Concernant la narration de Slimane-Baptiste Berhoun elle est agréable, mais légèrement plombé, je trouve, par les musiques de transition entre chaque chapitre complètement en décalage du récit. On a un récit qui se base sur la construction et un rythme lent et on nous met une musique qui cherche plus le côté un peu épique. Certes, rien de bien méchant, mais c’est étonnant.

Ce roman nous plonge dans un avenir lointain, sur la planète Thalassa, colonisée au moment où la Terre, mourante, n’avait d’autres choix que de s’essaimer dans l’espace. Pour cela des vaisseaux semeurs ont été envoyés sur différentes planètes, potentiellement habitables, avec des embryons de vie, pour pouvoir permettre la terraformation et la colonisation, dont la planète Thalassa. Un jour pourtant un vaisseau va faire escale sur leur planète, il s’agit du Magellan emportant avec lui, de façon cryogéniser, les derniers humains de la Terre. En effet l’humanité a énormément évolué sur la fin et le voyage dans les étoiles est devenu enfin accessible autrement que sous la forme d’embryons. Reste à savoir comment cette rencontre entre les derniers humains terriens et ceux de Thalassa dont la Terre n’est qu’un vague souvenir dans les livres d’histoire va se passer. Surtout que le Magellan a besoin de rester plusieurs mois, le temps de réparer son bouclier pour repartir.

Alors, autant le dire tout de suite, une fois la dernière page tournée je suis un peu passé à côté de cette lecture. Attention, tout n’est pas mauvais, et si on adore Arthur C. Clarke on pourrait accrocher, y retrouvant certaines des nombreuses qualités de l’auteur, mais autant être clair pour ma part, j’ai trouvé qu’il ne se passait rien dans ce roman. De plus, la moindre tentative pour essayer de complexifier un peu le récit m’a paru ne jamais aboutir franchement, comme si l’auteur ne voulait pas déranger l’harmonie calme de son récit. C’est dommage. Pourtant l’univers en lui-même ne manque pas d’attrait, cette vision du futur que nous offre l’auteur est intéressante. Il imagine une planète où la « nouvelle » humanité aurait trouvé une sorte de sérénité, loin des problèmes de religions, de pouvoirs, de relations et autres. C’est une sorte de paradis, même si c’est plus nuancé et loin d’être aussi simple que je le présente, mais d’une certaine façon les Hommes se sont émancipés sur Thalassa de certains de leurs défauts. En arrière plan la planète est aussi très intéressante à découvrir, principalement à travers l’imagination de l’auteur, des descriptions assez idylliques, qui dépaysent un minimum le lecteur et fait limite penser à des vacances donnant envie de découvrir cette planète. Là-dessus, l’auteur cherche aussi à amener à Thalassa son originalité avec, sans trop en dévoiler, son travail sur la biodiversité et l’évolution de cette planète qui démarre de façon intéressante, mais au final n’a pas répondu complètement aux attentes que je pouvais avoir, restant un peu trop en retrait et vite expéditif sur la fin.

L’aspect scientifique est, comme toujours avec l’auteur, l’un des points forts, selon moi, du récit. Il présente ainsi des idées, des technologies, des concepts parfois pointus, mais le tout de façon très lisible et limite didactique. C’est toujours plaisant et très intéressant de découvrir aussi bien les technologies qu’il propose, leurs concepts ou bien encore la vision du futur qu’il nous offre et que se révèle cohérente, soignée et logique. Concernant les idées développées dans ce roman elles ne manquent pas non plus d’intérêt, que ce soit dans la vision de la société qu’il nous présente, comme par exemple au niveau des relations de couple, de la sexualité, de la gestion ou encore par exemple au niveau des croyances. Il y aussi un travail de réflexion sur la rencontre entre deux humanités identiques et pourtant différentes sur de nombreux points, avec les influences que cela peut créer, les envies, ainsi que les jalousies que cela pourrait amener. Enfin l’auteur cherche à construire un aspect philosophique sur la fin de l’humanité, la notion de survie, la notion de connaissance et de transmission. Pour autant, même s’il y a de nombreuses idées traitées, j’ai toujours trouvé qu’on ne faisait que rester en surface. Je ne sais pas si le récit cherche à viser un public très large, mais je suis resté frustré face à, soit cette incapacité, soit cette non-volonté, de vouloir complexifier tout cela. Un peu comme si l’auteur avait peur de briser le côté un peu bisounours et gentil de son texte avec des possibles conflits.

Concernant les personnages, de ce que j’ai lu de l’auteur, cela n’a jamais été franchement son point fort, encore une fois il le prouve ici. Ils ne sont jamais complètement mauvais, Arthur C. Clarke démontre une vraie envie d’offrir des protagonistes avec un minimum de profondeur, de background, avec leurs envies, leurs passions leurs faiblesses. Pourtant, à chaque fois je reste distant vis-à-vis d’eux, tant ils me paraissent avoir un côté froid, figé, beaucoup trop cartésien, n’ayant pas obligatoirement cette notion d’imprévisibilité et de complexité émotionnelle que l’on pourrait espérer. Je ne demande pas des personnages qui viennent me toucher obligatoirement, maintenant ici, avec de tels héros, les conflits n’existent quasiment pas, s’effondrant aussi vite qu’ils sont apparu par la magie de la logique, un peu comme cette relation à trois autour de Marissa dont on a du mal à quand même tout accepter. De plus on sent une construction un peu forcée. Ainsi d’une certaine façon les protagonistes en deviennent d’une certaine façon légèrement déshumanisé, devenant même de simples objets qui n’ont d’autres rôles que de faire avancer le récit.

Le second soucis qui m’a dérangé dans ce texte, c’est que d’intrigue il n’y en a pas, où tout du moins au-delà de la rencontre il ne se passe rien. L’auteur cherche bien à apporter un peu d’intensité au récit avec sa notion de rébellion ou encore par un côté premier contact, mais soit j’ai trouvé cela fade, soit c’était résolu aussi vite que c’est arrivé et trop facilement, soit le récit reste trop en surface. Ainsi une fois l’écoute de ce roman terminé, je me suis demandé ce que j’avais écouté. Alors, oui, il y a un côté plaisant à se promener, à découvrir cet avenir, mais voilà ce n’est pas suffisant pour me tenir en haleine durant toute la longueur de ce récit qui reste quand même assez court. Après si vous aimez ce genre de récit qui reste très contemplatif, qui cherche à amener des concepts, peut-être que vous accrocherez plus que moi, mais même de ce point de vue là, comme je l’ai dit, je trouvais que le récit restait un peu trop en surface. J’ai aussi trouvé qu’il y avait certaines facilités un peu grossières aussi. Après, peut-être que ce roman était initialement prévu pour un lectorat plus jeunesse, je ne sais pas. La plume de l’auteur est toujours aussi simple et didactique, maintenant, pour ma part, je suis un peu passé à côté de ce roman, même si certains points ne manquent pas d’intérêt.

En Résumé : Je ressors de ma lecture avec un sentiment d’être en partie passé à côté de ce roman. Pour autant il y a de bonnes choses dans ce récit, mais voilà tout du long je n’ai jamais réussi à être complètement captivé. L’univers est un point très intéressant je trouve, offrant une toile de fond qui ne manque pas de dépayser un minimum, bien porté par une imagination et des descriptions soignées. De même l’aspect scientifique est toujours l’un des gros points fort que ce soit par sa richesse, son travail de fond, mais aussi son côté très didactique qui le rend facilement accessible. Ainsi cette vision du futur, les technologies et autres aspects scientifiques sont captivants à découvrir et à comprendre. Maintenant, par moment j’ai trouvé qu’ils ne restaient qu’en surface, je pense à la biodiversité spécifique à Thalassa qui est développé sur un point en particulier de façon important mais qui pourtant ne m’a pas paru aboutir à quelque-chose d’intéressant. Concernant les personnages, encore une fois avec un écrit d’Arthur C. Clarke, je les ai trouvés plats, distants et même si l’auteur tente de les développer j’ai trouvé qu’ils manquaient quand même un peu d’humanité et de chaleur. Mais le gros soucis, pour moi, de ce livre, il vient du fait qu’il ne s’y passe pas grand-chose. Certes il y a une intrigue avec des tentatives de rebondissements, mais j’ai trouvé que cela ne fonctionnait jamais, soit car trop simpliste, ou parce que la résolution est trop rapide, facile et sans surprises. De plus, l’intrigue en elle-même m’a paru un peu fade. La plume de l’auteur est toujours aussi simple et didactique, on se laisse entraîner, pour autant une fois la dernière page tournée j’étais un peu déçu.

 

Ma Note : 4,5/10

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  1. Je l’ai lu, il y a très longtemps (surement l’un de mes premiers livres de SF) et j’en garde un bon souvenir ou plutôt le souvenir que j’avais bien aimé. 😉

    • Je pense qu’à un e époque j’aurai pu plus facilement accrocher, mais là l’absence de tension et d’intrigue ont fait que je suis passé à côté.

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