anasterryRésumé : Rien ne saurait ébranler Anasterry, la plus riche et intellectuelle baronnie de Civilisation. Rien… sauf peut-être un défi de gamins.
Quand Renaldo, fils du baron de Montès, et son meilleur ami entreprennent de trouver la faille de cette utopie pour séduire une jeune fille, ils ignorent qu’ils vont déterrer de sombres secrets…
Quels sont ces monstres découverts dans les marais ? Sont-ils liés à la tolérance d’Anasterry pour les mi-hommes qu’on opprime partout ailleurs ? Après trente ans de paix, Civilisation risque-t-elle d’être si facilement bouleversée ?
Pour réparer ses erreurs, Renaldo devra choisir entre son patriotisme, ses idéaux et ses responsabilités d’homme libre. Il apprendra surtout qu’on ne pardonne rien aux donneurs de leçons, surtout quand ils ont raison…

Edition : Bad Wolf / Actu SF

 

Mon Avis : On rentre en pleine semaine de la rentrée littéraire dans le monde littéraire en général mais aussi de l’imaginaire. Les indés de l’imaginaire ont donc décidé, comme depuis quelques années, de proposer chacun une grosse sortie pour cette rentrée. Actu SF nous présente donc ainsi un roman de Fantasy avec Anasterry d’Isabelle Bauthian. Il est à noter que ce livre n’est pas clairement une « nouveauté », puisqu’il est paru il y a quelques mois aux éditions Bad Wolf. Concernant la couverture, je la trouve assez sympathique, même si elle a un côté un peu convenu à mon goût.

Ce roman nous fait ainsi suivre les pas de Renaldo, fils du Baron de Montès, et son meilleur ami Thélban, héritier de la guilde des Epiciers, qui ont été envoyés un peu contre leurs gré espionner la célèbre baronnie d’Anasterry qui prône l’art, la culture et l’égalité. En voulant trouver une faille, ils vont alors réveiller de nombreux secrets. Je dois bien admettre qu’une fois la dernière page tournée, j’ai passé un bon moment avec ce livre, même si j’ai trouvé que certains aspects l’empêchent de révéler complètement son potentiel. Clairement le résumé paraît pourtant très classique, avec cette quête de vérité de deux adolescents, mais voilà là où l’auteur réussi son coup c’est justement de laisser un peu l’intrigue au second plan pour se servir de son récit pour nous faire réfléchir.

En effet elle soulève au fil des pages de nombreux thèmes, que ce soit sur la position de la femme, sur l’égalité des uns et des autres, sur la notion de paix et la façon de l’obtenir, notre vision vis-à-vis des autres et des étrangers, notre façon de les traiter et de les accepter, ou bien encore la façon dont on gère le pouvoir. L’auteur essaie ainsi de montrer que la Fantasy peut être autre chose qu’une simple quête. Certes elle n’est pas la première, mais c’est plutôt rare pour être souligné et elle s’en sort franchement bien, ne cherchant jamais à nous imposer son point de vue tant les personnages sont différents et ont des visions et des idées complètement différentes. Elle laisse ainsi au lecteur le soin de faire ses propres choix, ses propres avis, tout comme les personnages qui sont obligés d’évoluer au fil des pages. Alors c’est vrai, parfois, l’ensemble se révèle un peu binaire dans son argumentation, et certains argument paraissent tourner en rob et se révéler un peu répétitifs, mais rien de trop dérangeant non plus. Par contre si vous êtes fan d’action passez votre chemin, car même si le roman en possède, ce n’est pas non plus son point central.

Sauf que voilà là où, je trouve, le roman pêche c’est dans son intrigue. Pas tant dans son côté classique, loin de là, je considère qu’on peut offrir de très bon récit sans révolutionner le genre. Non là où j’ai été légèrement frustré par Anasterry c’est plus dans sa prévisibilité. C’est bien simple au bout d’à peine une grosse centaine de pages j’avais déjà deviné la conclusion, ce qui est quand même dommage. Alors certes, je maintiens que l’intérêt premier du roman vient de sa réflexion et de son travail de fond, mais voilà l’auteur joue aussi pas mal sur ce mystère et ses révélations qui quand on le voit venir perdent un peu de leur côté entrainant. Après je regretterai aussi une ou deux facilités ici ou là ainsi que cette fameuse faille qui doit faire tomber Anasterry n’en soit finalement pas tout à fait une. Après pas non plus de quoi me bloquer, l’ensemble reste fluide et assez efficace pour m’avoir fait assez rapidement tourner les pages et offre même quelques scènes bien nerveuses et quelques retournements de situation efficaces.

Concernant l’univers développé tout le long du récit, il s’avère solide et intéressant à découvrir. Pourtant, j’ai eu un peu peur au début, un pays divisé en régions, avec une d’entre elle qui doit défendre un mur pour empêcher des créatures de pénétrer, cela annonçait une forte impression de déjà-vu. Heureusement au final il ne s’agit que d’un petit élément de l’intrigue, l’auteur développant tout autre chose. Ce monde joue un grand rôle dans le travail de réflexion mis en avant par l’auteur, venant confronter, d’une certaine façon, un système plus « féodal » à un système qui prône l’égalité de tous dans une sorte d’utopie imparfaite. Certes cela peut paraître un peu réducteur, mais cela n’empêche pas d’être intéressant. Surtout que l’un et l’autre des pouvoirs ont leurs avantages et leurs inconvénients selon ce que l’on cherche. Alors parfois l’auteur tombe un peu dans une légère caricature, je ne le nie pas, mais ça ne m’a pas dérangé tant il ne laisse pas indifférent. J’aurai peut-être aimé que les « dilués », ces croisement entre humains et être féeriques, aient un peu plus d’importance, mais je ne m’en fais pas, ils devraient trouver leur place par la suite. Dans le dernier tiers l’intrigue ouvre aussi une nouvelle voie, que je ne développerai pas pour ne pas spoiler, mais qui laisse planer un léger mystère qui donne envie de découvrir la suite.

Pour les personnages, une chose est sûre ils sont loin d’être figés. En effet, chaque dialogue, chaque débat, chaque rencontre les pousse continuellement à se remettre en question, à réfléchir, ce qui les oblige à avancer et évoluer au fil des pages. Certes parfois l’évolution est un peu « grossière » et facile, mais ça marche. De plus l’auteur nous offre des personnages un minimum soignés et intéressants à suivre, même si j’avoue ils m’ont paru avoir un petit côté « jeunesse » parfois frustrant. J’ai bien aimé le personnage de Thélban, tout en finesse, en retenu et en intelligence, mais qui doit faire face à des attentes et des évènements qui l’éloigne de ses rêves, mais aussi Constance dans son rôle d’héroïne obligée de lutter pour qu’on la reconnaisse à sa juste valeur. Par contre, j’avoue, j’ai eu un peu de mal avec Renaldo. Il n’est pas un mauvais personnage en soit, mais il m’a légèrement bloqué sur son décalage entre son passé et le présent. L’auteur nous présente ainsi un héros qui a une histoire déjà assez chargé, le rendant ainsi d’une certaine faon plus « mature » par rapport à ce qu’il a vu et vécu, pourtant le Renaldo du présent donne l’impression de l’adolescent, joueur, bougon, qui râle pour un rien et à la finesse politique d’un éléphant, comme s’il avait oublié une grande partie de ce qui l’a forgé. Alors rien de non plus trop dérangeant, mais voilà c’est dommage. Les personnages secondaires se révèlent efficaces, même si parfois leur façon de faire avancer l’intrigue est un peu facile.

La plume de l’auteur est entraînante, fluide et nous plonge finalement assez facilement dans son récit qui cherche à offrir une Fantasy différente. Au final je dois bien admettre que le récit se révèle agréable à lire et offre quelques bonnes réflexions, même si tout n’est pas non plus parfait. De plus il est à noter qu’il s’agit, si je ne me trompe pas, d’un premier roman. L’intrigue secondaire maintenue ouverte me donne bien envie de découvrir la suite et de savoir comment elle va la développer.

En Résumé : J’ai passé un moment de lecture très sympathique avec ce roman dont l’intrigue peut, aux premiers abords, être classique mais dont l’auteur ne fait finalement que se servir pour nous faire réfléchir. En effet elle soulève ainsi au fil des pages de nombreuses réflexions que ce soit sur notre façon de traiter les autres, les étrangers, le pouvoir, la position de la femme ou bien encore, même si c’est un peu binaire, le parallèle entre un pouvoir plus « féodal » et un autre qui cherche l’égalité. Alors parfois ça manque de finesse, certains arguments donnent l’impression de tourner en rond ou d’être répétitifs, mais dans l’ensemble j’ai trouvé que ça fonctionnait plutôt bien. Dommage que j’ai trouvé l’intrigue de fond facilement devinable, ce qui joue obligatoirement sur le rythme et les surprises. L’univers s’avère solide et intéressant à découvrir, gardant tout de même quelques mystères pour les suites, comme principalement cette révélation sur la fin qui me donne envie d’en savoir plus. Les personnages sont intéressant à suivre que ce soit dans leurs idéologies comme dans leurs façon d’évoluer. Seul Renaldo m’a un peu moins accroché tant le décalage entre son passé et son présent me laisse perplexe. La plume de l’auteur est entraînante, fluide et efficace et je me laisserai assez facilement tenter par la suite.

 

Ma Note : 7/10